L'Angleterre
sort encore un groupe qui frappe fort d'entrée de jeu.
Il ne faut que quatre titres à The None pour que les
esprits s'affolent. Matter est noise-rock par essence
mais d'une façon qui lui est propre, comme s'il existait
encore des façons de faire du noise-rock qui pouvait
être personnel tout en étant de dignes rejetons
de toute la scène Wiiija records. A commencer par ce
chant féminin qui a du coffre et de la présence,
qui crie sans casser les tympans, qui module les intonations,
capable de réellement chanter sans jamais perdre de
l'intensité. Et comme la musique jongle également
sur des vibrations dissonantes, claires, fines, urgentes,
tranchantes, saturées, violentes sans jamais perdre
le fil avec une rythmique qui bastonne, racle et décalotte,
ça donne vraiment un mélange qui n'appartient
qu'à The None sans avoir l'air d'y toucher de la part
d'un groupe en totale maîtrise de compos enthousiasmantes,
intelligemment élaborées et inspirées,
qui vous prend par la main et ne la lâche plus. The
None, retenez bien ce nom.
[publié le 23 septembre 2024]
Church
Of The Rat/
Fool's Russian-Dissociation Blues
La
paroisse de Church Of The Rat, c'est saint noise-rock, une
écriture divine qui va encore écrire une belle
page. Dans le rôle des rats d'église, quatre
londoniens qui ont publié coup sur coup cette année
deux singles numériques. Blue Blood Moon/Domesticated
Animal en juin et très récemment, Fool's
Russian/Dissociation Blues. Vous prenez du Metz en mode
granitique, Blacklisters pour sonner les cloches, la fée
inspiration qui s'est penchée sur leur berceau à
défaut de leur donner l'originalité (mais l'important
c'est d'y croire) et vous pouvez allumer un cierge pour que
ces quatre compos fassent des petits.
[publié le 17 septembre 2024]
Screw/
Near Automata
Une
vis sur la pochette de Screw, quoi de plus logique. Bienvenue
à ce nouveau groupe anglais (Bristol) qui signe Near
Automata (un rapport direct avec le jeu vidéo Nier:
Automata qui a inspiré les paroles) sur Hollow Life
records, cinq titres qui interpellent fortement. Il ne faut
croire les références que le groupe cite sur
sa page, tout ça n'est que fourbe duperie et attrape-nigaud.
Mais on est entre bonnes mains. Volontiers répétitif
jusqu'à l'outrance sur [Ending C] répétant
inlassablement I never quite realized... how beautiful
this world is pour unique phrase, façon méthode
Coué ou sarcastique à souhait, magnifiquement
dissonant, déviant, vrillant avec une touche mélodique
qui va magnifiquement dans l'intense sur Archive Obtained,
des chants qui se croisent, parlent, mettent la pression.
L'art de suggérer, d'insuffler une tension à
la Slint qui ne vient jamais vraiment (Dirge For This Singular
Moment), contrôler les dynamiques, les courants
ascensionnels, Screw possède déjà la
science du noise-rock et peut aller très loin dans
la vie.
[publié le 14 septembre 2024]
Machine
Country /
Example N°1
Ce
premier enregistrement a le statut de demos recorded in
our basement. Et il faut effectivement augmenter le son
pour apprécier pleinement les bienfaits des trois premiers
morceaux de Machine Country, nouveau trio de Portland. Mis
à part ça, c'est du tout bon. Noise violence
que c'est marqué sur le fronton de la page. Et c'est
vrai, ya de ça. Une bonne rasade. Qui te prend bien
aux tripes. Sans trop de calcul et une belle conviction pour
t'enfoncer leur désir d'en découdre et hurler
leur rage sans en faire des tonnes parce que ça fait
du bien d'expulser tout ça. Affaire sérieuse
à suivre.
[publié le 11 septembre 2024]
Department
Of Teleportation/
Forward Stories Told Backwards
Nouvelle
transmission de Department Of Teleportation, toujours dans
le monde du virtuel. Le groupe de Providence avait suscité
un vif intérêt à la suite de Lifestyles
Of The Spatially Unreasonable. L'attraction ne faiblit
pas avec Forward Stories Told Backwards, huit nouveaux
titres naviguant toujours aux frontières du noise-rock,
du post-punk, de l'indie-rock avec une articulation qui leur
est spécifique et Cop Shoot Cop toujours tapi dans
l'ombre. La basse possède du coffre, ça tabasse
mais c'est également mélodique. Nerveux et enlevé,
syncopé et recherché tout en restant simple
avec synthés/claviers et la trompette de l'invité
Taylor Temple sur une poignée de morceaux pour rendre
les étiquettes encore plus fragiles et incongrues.
C'est surtout un plaisir continu de s'enfiler ces compos parfaitement
agencées et fortement séduisantes de la part
d'un groupe confirmant tout son talent à chaque sortie.
[publié le 07 septembre 2024]
Sheenjek/
Sham Tivey
Sheenjek
traîne ses guêtres depuis pas mal d'années
désormais, depuis 2018 et un premier EP où ce
groupe de Portland s'auto-décrivait comme Jesus Lizard
et No Means No jammant dans l'espace. Tout ça est très
incertain mais ce qui est sûr, c'est que Sheenjek s'égare
de moins en moins dans l'espace et a de plus en plus les deux
pieds sur terre pour asséner un heavy-noise-rock qui
maintient fermement au sol. Sham Tivey, quatre compos
dont les titres sont les noms de personnages de films ou séries
et qui évoquent aussi et surtout toute la lourdeur
sans le gras d'un Elephant
Rifle ou Tad sur une rythmique plus nerveuse que massive
et un art indéniable pour écrire des morceaux
solidement charpentés avec juste ce qu'il faut de dérapages,
de riffs qui sifflent et de structures accidentées
pour vous convaincre que le meilleur de Sheenjerk est devant
lui.
[publié le 05 septembre 2024]
Demikhov
- Nadsat/
Calling All Evil Sons
Un
split entre italiens. Si le dernier album en date
de Demikhov avait laissé dubitatif, on savait très
bien ce que le trio était capable d'asséner
en matière de noise-rock expérimental. Avec
ces deux inédits, Demikhov privilégie l'approche
plus rock, rythmique, radicale, notamment sur le très
bon Der Abend Der Schwarzen Rumore. Les six minutes
et quelques de No Way, bien que plus barrées,
n'en restent pas moins un beau moment de bruit vénéneux,
intense et schizo. Demikhov en grande forme. Nadsat
est un duo de Bologne. Son premier enregistrement remonte
à 2016, plusieurs disques/albums à leur actif
dont un Crudo en 2017 qui n'avait pas laissé
un souvenir impérissable. Mais la grande nouveauté
depuis l'album Torn Times l'année dernière,
c'est que le duo instrumental a rajouté du chant. Et
ça fait toute la différence. Le guitariste Michele
Malaguti s'est mis à crier dans un micro et leur noise-rock
matheux a pris des allures de pitbull mordant dans le même
nerf que 400 Blows, ça vire beaucoup plus punk et c'est
drôlement plus convaincant. Cassette éditée
par Overdrive records et Produzioni Rumorose.
[publié le 31 août 2024]
Oort
Cloud /
Invest!
Oort
Cloud, c'est suisse, un trio de Berne qui trompe son monde
dans le genre inclassable sans avoir l'air d'y toucher. Un
premier album en forme de cassette huit titres explorant différentes
facettes du bruit avec l'angle expérimental en approche
constante mais dans un cadre rock, rythmé, intense,
nerveux. La mise en place, les structures, les articulations,
les sonorités, les chants, tout contribue à
faire sonner ces morceaux subtilement déviants, étonnants
et haletants. Une manière bien à eux de mettre
le noise-rock/post-punk dans un courant plus free et aventureux
sans perdre l'urgence d'un propos qui peut aussi se mouvoir
dans des ambiances plus aériennes, mélodiques,
répétitives, avec du cuivre sur Fail!
(tous les titres et les paroles sont tirés d'un manuel
d'une console Nintendo), des digressions guitaristiques (Change
Password!) et une multitude d'idées qui font de
Invest! un enregistrement à prendre en haute
considération.
[publié le 29 août 2024]
Muscle
Vest /
Every Day For The Rest Of Your Life
Le
groupe anglais Muscle Vest se fait toujours désirer
pour un premier album et continue d'égrener les courts
formats. Le dernier né se trouve en CD recyclé
quatre titres chez Muzai
records et son contenu ne déroge pas à la
longue liste qui avait été résumée
sur Three
EPs. Every Day For The Rest Of Your Life allume
pétard sur pétard et ils ne sont pas mouillés.
C'est même à longue mèche, ça grésille
et ça flambe de partout avec surplus de hargne et une
bonne dose de sarcasmes, notamment quand il s'agit de parler
de Landlord Cull qui a gagné un truculent clip
dont le quintet londonien a le secret. Et pour The Dentist
aussi car ça fait mal et Muscle Vest n'a pas hésité
à rajouter des couches d'abrasions, de fritures et
de violence jamais gratuite pour muscler son noise-rock toujours
aussi bouillonnant et déglingué. On n'ose même
plus leur demander un véritable album mais ils seront
toujours les bienvenus parce que ce groupe sait se faire aimer.
[publié le 27 août 2024]
Spoiled
Brat/
Laughter
Après
Humility,
Laughter. Car c'est bon de rire. Et de hurler aussi.
Spoiled Brat l'a bien compris et fait les deux. Il n'est pas
donné à tout le monde de balancer en mode napalm
des morceaux en moins de deux minutes, de se déchirer
les cordes vocales comme des damnés et de tout mitrailler
à la ronde sans faire de survivant et arriver à
être aussi consistant et convaincant. Le trio du Delaware
y arrive sans aucun problème. C'est même le haut
du panier sur AI Handjob avec sa note de piano fantomatique
et obsédante dans le fin fond (tendez bien l'oreille).
Idem avec R.M.B. et ces voix furieuses qui se croisent,
confirmant que ce groupe a un beau grain de folie coincé
dans la caboche et qu'il n'en fait pas n'importe quoi. Un
groupe qui aurait magnifiquement sa place sur Three One G
records. C'est quand ils veulent.
[publié le 26 juillet 2024]
Gloop/
Tension
Encore
une nouvelle cassette EP pour Gloop. C'est la troisième
fois depuis l'album Crayon
Sun qui était lui-même sorti sous ce
format. Et après la dernière en date
qui voyait le trio américain se frotter à des
terres plus punk-garage-noise, Tension est une furieuse
salve noise-rock comme Gloop n'en avait jamais engendré.
Cinq titres remontés à bloc, plus massifs qu'à
l'habitude, se frottant au tumulte d'un Nerver, noise volcanique,
violente avec un grain de folie en son centre. C'est vraiment
du tout bon, sûrement le meilleur enregistrement que
Gloop ait publié depuis ses débuts. Il serait
temps de sortir un album en bonne et due forme sur un label
genre The Ghost Is Clear ou Reptilian, histoire que ce groupe
reçoive toute l'attention qu'il mérite.
[publié le 21 juillet 2024]
Teeth
Kids /
Is This Loss?-Weight
C'est
du lourd qui nous tombe dessus depuis Chicago. Un sextet du
nom de Teeth Kids et ya de quoi s'arracher les dents avec
ce premier single numérique. Le groupe se définit
comme un croisement entre Kowloon Walled City, Chat Pile,
Oxbow et mewithoutYou. Faut reconnaître que c'est quand
même le versant noise-sludge qui mène (largement)
la danse et que si vous gardez que les deux premiers groupes
cités, vous serez plus proche de cerner les intentions
de Teeth Kids. Is This Loss?, six minutes de puissance,
de rythmes appuyés, de déchirement et de torture
mental. C'est beau et douloureux. Et ce n'est pas qu'une question
de coups dans les gencives, c'est aussi une histoire d'atmosphère,
ce que confirme Weight, plus court mais tout aussi
dense et naviguant dans de magnifiques eaux troubles, angoissantes,
violentes. Teeth Kids, retenez bien ce nom.
[publié le 16 juillet 2024]
Docents/
The Salamander-A Reasonable Man
Docents
continue d'égrener des morceaux. Dans le sillage du
single Substance/Laser
Image en février dernier qui lui même
faisait suite au mémorable album Figure
Study, le groupe new-yorkais sème The Salamander
et A Reasonable Man. Deux graines succinctes mais productives
dans un registre noise plus acéré, bruyant,
concassé et punk (surtout A Reasonable Man).
Mais on commence à avoir l'habitude avec Docents de
son talent à visiter toutes les facettes du noise-rock
et il le fait de manière encore une fois unique et
divinement inspiré. Vivement les prochaines semailles.
[publié le 15 juillet 2024]
Mast
Year /
Point Of View
Deuxième
sortie pour Mast Year après le tranchant Knife
l'année dernière. Seulement six titres pour
Point Of View dont deux sont du domaine de l'interlude/bizarrerie
bruitiste/atmosphère angoissante, une spécialité
du groupe de Baltimore. Mais les quatre titres restants démontrent
un noise-rock toujours aussi féroce. Dont un Figure
Of Speech de neuf minutes trente qui va faire trembler
plus d'une chaumière. Partir à la guerre ne
fait pas peur à Mast Year. Combat rapproché
dans les tranchées, tirs en rafale, coup de poignard
dans le dos, cris inhumains et un terrible bombardement final
à rendre dingue pour finir. Orgiaque. Comme les trois
autres titres sont également un grand moment de bagarre
dont Mast Year a le secret, tout en vélocité,
puissance et crispation, Point Of View est un nouveau
régal signé Mast Year. Un enregistrement qui
ne connaît pas les joies de la sortie physique comme
pour Knife mais ce n'est peut-être que partie
remise.
[publié le 13 juillet 2024]
Gnat
Hatcher /
Today Is Close
Today
Is Close est le jour de Gnat Hatcher. Le reste est mystère.
La sortie d'une cassette cinq titres existant aussi en format
CD maison qui fait date. Le trio de Portland aime son noise-rock
quand il est épais, massif, le plus souvent mid-tempo,
méthodiquement virulent, régulièrement
vibrant et terriblement prenant. Le chant parlé avec
la tension aux bords des lèvres qui sait se montrer
plus véhément, les riffs aussi implacables que
les effluves mélodiques qui en ressortent, la finesse
sous la lourdeur, la lenteur d'une profonde et sourde mélancolie,
tout participe à faire de Gnat Hatcher un groupe drôlement
prometteur.
[publié le 09 juillet 2024]
Force
Model /
Found Camera
En
direct de Los Angeles, Force Model déboule avec une
cassette sur laquelle figure son premier album Found Camera.
Douze titres qui brassent large et embrassent aussi bien les
dissonances et les fractures du noise-rock qu'un psychédélisme
bizarre, le post-punk alerte, le rock alternatif cher aux
90's, qui n'a pas peur des mélodies mais aussi les
triturer, les étirer, secouer le cocotier rythmique,
jouer au punk de service (Dumb Box) ou multiplier les
accroches (le très beau Hangnail) d'un groupe
n'hésitant pas à se montrer sous ses plus beaux
atours. C'est loin d'être toujours convaincant, notamment
dans la manière de poser le chant qui heureusement
sait se diversifier et certains passages qui font tiquer mais
Force Model possède suffisamment de matière
attrayante pour donner envie de les suivre et s'envoyer avec
plaisir ce premier enregistrement.
[publié le 04 juillet 2024]
Brunsten/
Ethyl
Cet
enregistrement verra peut-être le jour sous une forme
physique mais il existe un tel écart généralement
entre la sortie numérique et un disque en dur chez
Forbidden Place records (cela avait déjà été
le cas avec leur album précédent 1500)
qu'il est préférable de ne pas attendre pour
parler du second album du trio danois Brunsten toujours à
la pointe du combat noise-rock. Voilà des gars qui
ont dû aussi beaucoup pleurer la disparition du père
Albini. Leur approche doit énormément à
tout ce que Steve Albini représente, autant pour ses
groupes, Big Black en tête, que ceux qu'il a enregistré.
Ethyl, huit titres acérés, sanguins,
généralement brefs, qui vont droit au but mais
où l'essentiel est dit. Un chant mordant et fielleux
comme on adore, des compos intenses et pétries de classe
se permettant même d'introduire ce qui ressemble à
une cornemuse sur Chopjob sans qu'on trouve quelque
chose à redire à cette drôle d'intrusion
dans ce noise-rock aussi classique qu'indispensable. Du grand
art.
[publié le 27 juin 2024]
Shlug/
Split The Grin
Shlug,
c'est le bruit du poignard qui s'enfonce dans la chair. Il
est l'oeuvre d'un trio de Cardiff et ça fait un sacré
geyser. Après plusieurs titres disséminés
un à un comme le petit Poucet dont un Baby
Teef qui vaut largement le détour, Shlug qui
a plutôt des airs de grand méchant loup publie
Split The Grin, quatre titres dont une version vinyle
serait à paraître sur Clwb
Music mais quand c'est chaud, urgent et terriblement intense,
ça n'attend pas, il faut s'attaquer à l'incendie
à la base avant que tout crame. Split The Grin,
un brûlot noise-rock comme on n'en fait peu avec un
batteur déchaîné qui a le feu au cul,
ce qui est la cas également de ces deux comparses,
une émulation tout en fureur mais avec une belle maîtrise
pour que ça soit encore plus beau et efficace. Furieusement
saisissant.
[publié le 23 juin 2024]
Panikatax
en provenance de Dublin. La cause soudaine de cette crise
de frayeur, un quatuor irlandais publiant sa première
cassette cinq titres. A Sudden And Unpleasant Change,
un agrégat de sources bruyantes et dissonantes, de
télescopages de sonorités lourdes, sifflantes
et de zébrures électroniques anxiogènes,
une matière sombrement grésillante et trépidante
d'un groupe foncièrement remonté et qui donnera
du fil à retordre à n'importe quel fan de Gilla
Band. Entre chaos maîtrisé et claques dans les
gencives, Panikatax a largement de quoi augmenter le flux
sanguin et provoquer de grosses poussées de stress.
Mais c'est pour mieux le soulager au final dans des compos
rondement élaborées. Danger imminent.
[publié le 20 juin 2024]
The
Swabs /
The Boy Flew Out The Window
Si
on en croit la photo de profil de The Swabs, il n'y a pas
que le chapeau de cowboy de Tracy Pew que The Swabs a piqué
à Birthday Party mais aussi une bonne dose de leur
inspiration musicale. Mais ce groupe de Chicago ne s'arrête
pas là, même si dans le genre inspiré
par, il le fait magnifiquement bien et que la comparaison
n'est pas un problème. The Boy Flew Out The Window
est un premier album virtuel qui hurle à la lune, la
piétine, la transperce, l'illumine et finit par l'atteindre.
Une bonne rasade de swamp-rock qui a de la classe, de noise-rock
qui cogne ou plonge dans un chaos incandescent, de blues qui
fait ruisseler les caniveaux, des punks chevauchant sans la
selle pour dix morceaux splendides qui ont continuellement
le pouvoir de tenir en haleine. Aucune idée d'où
sortent les membres de ce groupe dont la première trace
d'enregistrement remonte à 2019 mais là, The
Swabs vient de frapper un grand coup.
[publié le 14 juin 2024]
New
Money /
Dinero Nuevo
New
Money déboule dans le paysage comme une furie avec
Dinero Nuevo. Ne vous fiez pas au titre, ce nouveau
trio n'a rien d'espagnolisant mais vient du Danemark (Copenhague)
et les trois membres se sont déjà fait remarqués
au sein de LLNN ou Fossils. Huit morceaux violemment expédiés
en moins de vingt minutes. Grosses bastonnades en mode noise-hardcore
faisant preuve de discernement, Breach et compagnie version
attaques éclairs, c'est massif et nerveux, intense
et inspiré. On sent que ces trois là n'en sont
pas à leur premier coup d'essai. New Money fait sauter
la banque.
[publié le 11 juin 2024]
Stuck/
Freak Frequency: B-Sides
Stuck
n'en finit pas de disséminer des morceaux depuis le
second album Freak
Frequency. Après deux inédits publiés
en mars dernier, le groupe de Chicago offre encore un cadeau
sous forme de deux compos issues de la session d'enregistrement
de Freak Frequency mais qui n'avaient pas trouvé
place sur le disque. Des B-Sides qui n'en ont que le
nom. Moth Joke et Shift qui était prévu
pour clore l'album sont une nouvelle démonstration
du talent supérieur de Stuk en matière de post-punk
intelligemment et finement mené, avec le dosage idéal
de mélodie, de tension et de sombritude. Tous les bénéfices
iront à l'organisation Palestine Children's Relief
qui répond aux besoins humanitaires urgents et soutient
les efforts de rétablissement à long terme à
Gaza.
[publié le 04 juin 2024]
Less/
Make Them Bleed
Un
nouveau titre pour Less qui nous avait laissé sur un
Social
Disappointment qui n'avait pas du tout été
une déception. Le trio de Tours affiche une forme plus
étincelante que jamais avec Make Them Bleed
(sous-titré Session Bruit d'Avril), un vrai
bon morceau noise-rock tendu, nerveux et agressif, que dis-je,
de la bombe qui, pour sûr, va faire saigner plus d'un
tympan. Du grand art, vivement la suite (qui devrait arriver
début 2025 avec un nouvel album sous le coude).
[publié le 03 juin 2024]
Usurp
Synapse /
AssIIAss
Usurp
Synapse a repris du service. Le groupe de Lafayette a été
actif entre 1999 et 2005 et a décidé l'année
dernière de revenir à la vie. Jamais d'albums
mais un nombre impressionnant de split singles avec notamment
Jeromes Dream ou Index For Potential Suicide et autres singles
regroupés un beau jour de 2004 sur la compilation double
CDs Disinformtion Fix par Alone records. Soit la bagatelle
de 61 morceaux pour une heure trente de musique seulement
parce que dans le monde de Usurp Synapse, dépasser
les deux minutes était un évènement.
Hardcore, screamo, powerviolence et une touche de grind, c'était
marche ou crève. Pas le truc le plus intéressant
du monde, il faut bien l'avouer. Mais avec ce retour sous
forme de cassette sept titres par Zegema Beach records, Usurp
Synapse s'est accordé avec l'âge de ces artères.
Ça crie moins ou alors moins fort et plus à
bon escient. La fougue s'est canalisée. Et si les morceaux
sont toujours brefs, Usurp Synapse, à l'instar du retour
de Jeromes
Dream, a réussi à insuffler du poids à
leur rage qui n'est plus juvénile mais autrement plus
consistante.
[publié le 01 juin 2024]
Horseboy/
self-titled
Nouvelle
furie en provenance du Missouri. C'était ainsi
que la chronique de Nerver avait débuté pour
introduire le premier album Believer's Hit. Ça marche aussi pour Horseboy,
nouveau groupe de Kansas City dans le Missouri donc. Deux
groupes ne partageant pas que la même ville d'origine.
Un vent de noise-rock furieux avec une tendance hardcore ne
faisant pas mine de martyriser le micro. Six titres publiés
sur une cassette par Tomb
Tree Tapes, une féroce attaque sale, bruyante,
terriblement abrasive avec ce chant tour à tour qui
bave de partout ou plus parlé/modéré
voir les deux en même temps pour un effet encore plus
aliénant. Un beau bordel jouissif et mordant derrière.
Horseboy au grand galop dans un rodéo d'enfer pour
débuter dans la vie.
[publié le 01 juin 2024]
Guilt
Grip /
self-titled
Guilt
Grip, un groupe qui fait de la pop comme seuls savent le faire
les groupes de Nouvelle-Zélande. Tendue, abrasive,
bruyante, dissonante, trépidante, un peu étrange
et ce sens de la mélodie dégageant sans cesse
un parfum unique comme sur Peerage.
Avec ce premier album sous forme de cassette, Guilt Grip qui
respecte la parité (deux filles, deux gars) où
tout le monde se partage le chant et le plus souvent à
plusieurs sur le même titre et une batterie très
remontée et décidée, Guilt Grip se montre
aussi dur qu'envoûtant, anguleux, perturbé et
d'un allant assez fondant. Guilt Grip, un plaisir même
pas coupable.
[publié le 29 mai 2024]
Tickle
Fight /
Somes Ongs
En
voilà un sacré beau foutoir ! Tickle Fight,
un nouveau groupe de Denver qui a mis tout ce qui lui passait
par la tête en quatre titres inclassables mais fortement
intrigants et attirants. Expérimental doit être
le qualificatif principal. Avec des poussées de noise
chaotique, d'électroniques stridentes et perturbées
dans un quintet où sévit un type aux synthés,
d'art-punk cérébral mais qui parle au physique
en le traverse de violentes embardées, des airs lugubres,
de grosses montées de fièvre, de l'agitation
perpétuelle, des tentatives de mélodies qui
ne durent pas, un fil décousu et tout un tas de bordel
qui tiennent miraculeusement la route. Tickle Fight ne donne
pas envie de chatouilles mais plutôt de se gratter jusqu'au
sang en se frappant la tête contre un mur. Et c'est
très bien comme ça.
[publié le 20 mai 2024]
Predeceased/
The News-Sun Reader
L'année
dernière, Predeceased avait publié What Do
You Do?, un premier album avec une influence de Fugazi
tellement énorme que ça ne pouvait pas être
vrai. Écouter le titre d'ouverture Fancy
Prison et persuadez vous que ce n'est pas une reprise
de Ian Mackaye et sa troupe. Heureusement, le trio de Manchester
a plus d'une influence à son arc. Avec un nouveau single
numérique sous le bras, Predeceased montre désormais
que c'est une grosse boule de rock qui a amalgamé tout
un tas de groupes qui les ont précédés
sur le grand organigramme du rock'n'roll pour délivrer
deux titres furieusement incendiaires, excités, notamment
toute la fin de l'urgentissime et hyper intense Sun Reader
et que le trio roule désormais pour sa propre bosse.
L'avenir est devant eux.
[publié le 16 mai 2024]
Grizzlor/
I Hate The Internet
I
Hate The Internet. Nous aussi c'est pour ça que
nous y sommes tous. Nouvel EP trois titres des mécréants
de Grizzlor. Un bon vieux CD-r des familles, tout fait à
la main, à la sueur et à la rage qui ne quitte
jamais le trio de New Haven. I Complain Too Much. Le
noise-rock de l'enfer est leur évangile et c'est une
nouvelle et concluante affaire saignante et ultra percutante
que Grizzlor balance à la face de ce pauvre monde ultra
connecté. Avec samples de modem 56K intégré
sur le troisième morceau I Hate The Internet,
la préhistoire quand télécharger une
chanson prenait une heure en espérant que ça
plante pas au milieu. Et qu'il faille tout recommencer. Grizzlor
est chaud bouillant pour donner une suite à Hammer
Of Life.
[publié le 07 mai 2024]
Family
Band /
The Dog Box
Family
Band vient d'une famille lointaine qui fait rêver. Auckland,
Nouvelle-Zélande. Et qu'importe si ce nouveau trio
se dit influencé par le Chicago noise-rock. J'ai eu
un peu peur au début en entendant des réminiscences
de Facs. Mais c'est un Facs qui ne serait pas d'un ennui mortel,
où il se passe des choses. Une rythmique pas si répétitive
que ça, une magnifique guitare qui écorche,
une vraie tension à l'intérieur, qu'elle soit
sous-jacente ou explosive, une basse pas frileuse et un chant
n'hésitant pas à s'époumoner quand il
faut. Quand en plus vous avez cinq titres très bien
élaborés avec un son d'enfer, vous n'avez plus
qu'à souhaiter la bienvenue à ce trio dans la
grande famille noise-rock.
[publié le 03 mai 2024]
Daggers/
Chaos Magic
Daggers
ne tarde pas à donner une suite à leur cinquième
album The Fable
Of The Bees, ça s'appelle Chaos Magic
et vous allez prendre cher. Ce n'est qu'un EP trois titres
mais le groupe belge revient avec des intentions farouches,
plus brutes et directes que leurs précédents
enregistrements et c'est un vrai festin. Avec une coloration
hardcore et noise plus affirmée sur ce EP, Daggers
déploie une sombre puissance plus envoûtante
que jamais, une lourdeur écorchée et raboteuse
filant grand train à l'instar de l'excellent Rancor
avec cette alchimie toujours unique et particulière
maintenant Daggers dans un univers troublé et chargé
en bile se déversant de façon encore plus agressive
sur Chaos Magic. Comme The Fable Of The Bees,
ce EP ne connaîtra que le monde digital mais ça
vaut vraiment le détour pour ce groupe qui mériterait
une bien plus grande exposition.
[publié le 01 mai 2024]
Dad's
Apartment /
Flesh And Bones Become Nothing In The Light
C'est
un sacré beau bordel dans l'appartement de papa. Le
rangement n'est pas fait tous les jours, ça s'entasse
dans tous les coins et on ne s'y retrouve pas à tous
les coups. Mais on ne s'ennuie jamais. De la vie à
foison, de la folie aussi, beaucoup de folie, pas de tout
repos, on n'en sort pas indemne mais la visite vaut largement
le détour. Dad's Apartment, un groupe de Roswell (Nouveau
Mexique) qui ne fait pas une musique non-identifiée
mais ne se laissant pas approcher facilement pour autant.
Flesh And Bones Become Nothing In The Light est un
premier album rempli ras la gueule d'une noise au sens large,
orgiaque, furieusement bruyante, chaotique, expérimentale,
fulgurante, sporadiquement apaisée, explosive avec
des traînées de poudre crépitant pendant
de longues secondes. Un long périple plein de reliefs,
de fureur et de cris, des vrais qui viennent des tréfonds
d'un chanteur habité et s'étalant souvent dans
des compos longues durées (jusqu'à 17 minutes
pour I Will Not Scream s'ouvrant évidemment
sur un très long hurlement). La démesure de
Sprain,
l'absurdité du monde qui brûle et tout ce qui
peut servir à évacuer cette terrible tension.
L'Enclos des fous de Francisco de Goya est une très
judicieuse pochette pour représenter ce qui se passe
à l'intérieur de Dad's Apartment.
[publié le 30 avril 2024]
Crop
Rot /
Demo '24
Cette
première sortie de Crop Rot a beau avoir la mention
Demo '24 pour titre, ça sonne de feu de dieu.
Des démos comme ça, on en veut tous les jours.
Un trio de Louisville, Kentucky, alignant huit titres qui
ne traînent pas en route. Un noise-punk visant les deux
minutes en moyenne pour foutre le bordel avec une urgence
non-feinte, une batterie te roulant dessus sans vergogne,
des larsens pour faire le lien entre et pendant les morceaux,
une abrasion de tous les instants, du basique qui n'a rien
de simple se terminant par un excellent Feelings Will Follow
plus épais. Cette démo est une parfaite carte
de visite pour le futur.
[publié le 27 avril 2024]
Mouthbreathe(r)/
Knife After Death
Forcément,
un groupe qui prend pour nom un fameux morceau de Jesus Lizard,
même avec un r entre parenthèse, ça attire
de suite l'attention. Mais si la sphère est noise-rock,
la musique Mouthbreathe(r) n'a rien d'un hommage appuyé
aux dieux vivants de Chicago (dont il se murmure un possible
retour avec de vraies nouvelles compos). Un groupe australien
qui connait donc ses tables de la loi noise-rock avec Knife
After Death, ses composants, ses ramifications, ses affluents
pour élaborer un album (virtuel comme tout ce que ce
groupe fait depuis 2020) tranchant comme une lame avant le
coup fatal avec suffisamment de malice pour que ça
ne sonne jamais attendu, voir tirer des bords vers des relents
plus grunge et sludge car une bonne dose de lourdeur et de
rock'n'roll poisseux et juteux n'a jamais fait de mal à
personne. Mouthbreathe(r), pas aussi stupide qu'il le dit
et tout l'avenir devant lui et, espérons le, autrement
que dans le monde numérique uniquement.
[publié le 23 avril 2024]
Falooda/
Demo 2024
Pour
un blindtest, comme ça, vite fait, j'aurais dit groupe
japonais sur Skin Graft. Pas de chance, ça vient de
Grèce et c'est leur première démo. Quatre
titres d'une noise absurde et farfelue, déglinguée
et pas loin aussi d'un esprit no-wave sans la couche de nihilisme
qui va avec. Ça explose en couleurs avec un chant ne
semblant pas dire des mots intelligibles, quelle que soit
la langue utilisée, un instrument à part entière
se glissant dans des structures mouvantes, piégeuses,
anguleuses, pétaradantes et pas mal jouissives au final.
Falooda est le nom de ce nouveau groupe originaire d'Athènes
et c'est à retenir dans un coin de votre sale caboche
qui, ça tombe bien, n'a que ça à faire.
[publié le 18 avril 2024]
Ann
Bonny /
Nee
Harpon
n'est plus, pulvérisé en plein vol alors qu'un
nouvel album était en boite ou pas loin de l'être.
On se console comme on peut avec certains membres du groupe
de Reims qui rebondissent tout de suite au sein de Ann Bonny.
Différente musique mais l'intérêt reste
vif. Domaine noise toujours mais dans un versant plus expérimental,
étrange bien que Midgrave et Poor Random
Melody gardent ce nerf, cette tension, une rythmique et
des éclats de guitare propres au noise-rock et rappelle
qu'un ancien 37500
Yens traîne aussi chez Ann Bonny. Chant trafiqué,
vicié et plein d'effets à la Fleuves
Noirs, ambiance encore plus vaporeuse/défoncée
sur Jazz-X qui n'a rien de jazz et cette intensité
larvée dans un cadre tout de travers mais néanmoins
percutant sur Match Mort, les quatre titres de Ann
Bonny sont très prometteurs et atténuent la
tristesse de savoir que Harpon a raccroché définitivement.
[publié le 17 avril 2024]
Easy
Blame /
Little Devices
Déjà
une suite pour Easy Blame, onze mois après leur superbe
premier album
sur The Ghost Is Clear. Cette fois-ci, c'est une version uniquement
numérique (pour l'instant ?) mais on prend quand même.
Little Devices, cinq titres roulant le hardcore dans
la ferraille pour que ça en ressorte tout vibrant et
crépitant. On avait parlé de Circus Lupus et
Universal Of Armageddon la dernière fois. Il pourrait
être question aussi de Moss Icon et Yaphet Kotto avec
cette touche farouchement passionnée et une sensibilité
sauvage se débattant dans des affres rock et noise.
Easy Blame a remis Equinox en jeu, dans une nouvelle
version et on va pas s'en plaindre tellement ce titre est
beau et bon. Little Devices mais grands effets.
[publié le 11 avril 2024]
Dead
Mammals /
Killjoy
Vous
reprendrez bien une rasade de Dead Mammals ? Après
leur tout récent second album,
le duo anglais ne s'arrête pas en si bon chemin et ajoute
cinq nouveaux titres sous le nom de Killjoy. Mais de
rabat-joie, Dead Mammals ne l'est toujours pas. Des titres
enregistrés entre 2022 et 2023 ne faisant pas office
de chutes de studio ou de recyclage bien qu'un titre ait le
statut de demo (Waste Of A Day). Et si ça s'entend,
dans le son, ça lui donne un air abrasif et plus noise
dont je me réjouis. Quant à des titres comme
Forceps, Consumer et Bloodworm, Dead
Mammals continue de jongler avec le noise-rock sans jamais
tomber dans le banal, maîtrisant parfaitement son sujet
et les accroches qui font de Killjoy un heureux bonus
et un peu plus.
[publié le 10 avril 2024]
Wipes/
Vacuum
Wipes
étrenne un nouveau guitariste. Ben Roysdon remplace
Matt Molchany. Alors je sais pas si c'est cette force nouvelle
qui les booste mais dans le sillage de leur premier album
Making
Friends, le trio d'Allentown est bigrement inspiré
sur ce nouveau quatre titres Vacuum. Toujours ce noise-rock
lourd et raboteux mais avec un allant ne donnant pas matière
à discussion. Wipes déchire. Les vibrations
de la basse rentrent dans les entrailles. Le nouveau gratteux
connaît les riffs qui écharpent l'épiderme
et la fait frétiller de bonheur, les saturations qui
enflamment et les dérapages qui désorientent.
Et plus c'est lourd, plus ça décolle, un vrai
miracle de la nature à l'instar de Stone Eater
alors que Speedway crie sa fougue et le grandiose Medicine
Man tape dans tous les angles, bûcheronne, pressurise
pour soigner au final tous les maux. A une époque,
cela aurait fait un génial 45 tours. Maintenant, ça
fait une bonne cassette sur Avarice
records. Wipes n'aspire qu'à votre plaisir.
[publié le 04 avril 2024]
Black
Beach/
Psychic War
Black
Beach était tombé dans les oubliettes depuis
leur dernier album en date Tapeworm en 2019. Mais voilà
que le trio de Boston ressurgit cette année avec deux
nouveaux titres (et une cassette, Giallo, passée
à l'as entre temps courant 2021). Et il est pleine
forme. Une trompette, des samples, des bris de synthé
se sont amalgamés à leur mixture punk-noise-garage
depuis le second album transformant Psychic War en
un champ de bataille hautement jouissif et abrasif. Et qui
se danse toute la nuit grâce à une section rythmique
ne bougeant pas d'un iota tout au long d'un titre multi-directionnel
palpitant. Et comme le second morceau Secret War n'a
pas que la guerre en commun mais aussi la qualité,
on se met à espérer d'un nouvel album très
bientôt dans cette veine très inspirée.
[publié le 03 avril 2024]
Foreign
Body/ Fixed
Voilà
pourquoi il faut sortir les disques en chair et en os sinon
ça s'entasse sur le disque dur d'un ordinateur déjà
largement surchargé et ça dort dans un coin
oublié de tous. Alors que si Foreign Body avait publié
un vinyle, même moche, il aurait été tout
en haut de la pile. Et il ne l'aurait jamais quitté
parce que Fixed, premier album de ce groupe de Brooklyn,
est juste un grand disque de noise-rock malsain et cinglé
comme on adore. Un an quasi jour pour jour que Fixed
est sorti mais il faut vraiment vous le coller entre les deux
tympans si des groupes comme Urine
Hell avec qui Foreign Body ne partage pas que la ville
d'origine mais aussi une vision similaire du noise-rock nihiliste.
Et un timbre de chant féroce très proche, à
se demander si c'est pas le même chanteur. Urgence à
fleur de peau, hyper tendu et toujours à la limite
sans que ça explose réellement, amour des stridences
et tout ce qui ne va pas dans le sens du poil, esprit expérimental
et perturbé, rythmique en béton, lenteur destructrice
(les cinq minutes finales de Confession), un son épais,
granuleux, salement abrasif, morceaux froidement tourmentés
et anxiogènes qui scotchent au mur, Fixed est
totalement aliénant. Mais pas autant de savoir que
seul un label de Malaisie, Menora
records, s'est manifesté pour publier 100 cassettes
de Fixed. Ce monde est dingue. Comme cet enregistrement.
[publié le 29 mars 2024]
Fiasco
/ Dualité
Fiasco
persiste. A son rythme, ya rien qui presse, on chantera quand
on aura envie de chanter. Alors Fiasco délivre au compte-goutte
ses secrets, se dévoile sereinement. Plus d'un an après
des premiers titres qui avaient fait couler un peu d'encre,
le groupe français revient avec Dualité.
Ça sent la randonnée en montagne qui a mal tourné,
le rythme suit la difficile progression, l'intensité
va crescendo avec l'effort, les répétitions
s'accélèrent avec le pouls et une fois là-haut,
c'est l'extase, la récompense d'un titre qui a l'air
tout simple comme les mots utilisés et répétés
comme les pas qui s'enfilent et s'enfilent encore, c'est limpide,
sobre, ça claque et ça possède toujours
un style unique sans avoir l'air d'y toucher. Vivement la
suite. Mais à leur rythme.
[publié le 27 mars 2024]
Buice
/ One Day You'll See The Sun
One
Day You'll See The Sun. Jusqu'à brûler la
rétine. Un enregistrement qui arrive totalement par
surprise et apporte une divine lumière. Buice, jeune
groupe d'Atlanta dont les premiers émois remontent
à 2019, frappe un très grand coup avec cet album.
Tout est bruit et passion. Intriqué, dense mais jamais
complexe. Furieux, une énergie incroyable, une intensité
encore pire mais ça claque incroyablement. Des compos
n'hésitant pas à s'étirer mais donnant
l'impression de durer deux minutes. L'invitée au chant
Karina Teichert sur Untitled apporte une dimension
encore plus dingue et prenante. Des titres aux structures
merveilleusement tumultueuses, mélodiques, urgentes
tissant une trame dont on ne comprend rien mais qui font l'unanimité.
Le rêve serait désormais que cette sortie numérique
et aussi cassette (Familiar
Face records) voit la couleur d'un vinyle ou d'un CD tant
vous avez là un enregistrement de qualité supérieure.
Révélation.
[publié le 23 mars 2024]
Stuck
/ Deep Tunnel - Aita?
Stuck,
jamais avare d'efforts, publie deux nouveaux inédits.
Leur dernier sublime album en date Freak
Frequency est toujours bien en tête. Le frénétique
et enlevé Deep Tunnel finissant dans un halo
désordonné où on jurerait entendre un
cuivre enchaînant sans un silence avec le court Aita?
sont deux belles et intrépides boules du trio de Chicago.
Stuck sera en tournée européenne en avril avec
seulement deux dates en France. Paris le 16 et Lyon le 17.
Alors si vous traînez dans les parages, foncez, chanceux
que vous serez.
[publié le 21 mars 2024]
Minor
Discord / Facial Composite
C'est
une drôle de bestiole qui débarque de Perpignan.
Déjà rien que la ville. Pas l'habitude d'entendre
parler de groupes de ce coin de la France. Mais en plus dans
un style noise, no-wave, inconfortable, expérimental,
bruitiste et dérangé du bulbe, encore moins.
Minor Discord est le nom de ce nouveau projet avec cinq morceaux
qui mettent mal à l'aise, jouent avec les nerfs (les
répétitions tarées de Pardal 023,
les rires de Fanfare) mais aussi fument le cerveau,
l'explosent dans un délire paranoïaque et percutant
(Blind AM, Missing) avec des sons rampants,
une basse épineuse et une guitare stridente malmenées
de façon très personnelle et une voix de psychopathe
aliénante. Un esprit qui n'est pas sans rappeler la
démarche d'anciens groupes barrés français
comme RWA, Voodoo Muzak, Krümel Monster ou Escare remis
au goût du jour. Très curieux d'entendre la suite.
[publié le 18 mars 2024]
Pliers
/ Ugly Spirit
Première
réalisation de Pliers, trio en provenance de Portland,
Ugly Spirit invoque que des ondes positives. Un noise-rock
et affinités très classe et drôlement
bien roulé, aussi nerveux que mélancolique,
des vibrations multiples parmi d'autres pour six titres seulement
mais prenant le temps de développer son parfum magnétique
sur un peu moins d'une demi-heure passionnante. De l'esprit
moche comme ça, j'en veux tous les jours.
[publié le 15 mars 2024]
Naked
Objects / Disasters
Alors
que Naked Objects avait l'habitude de livrer de nouveaux morceaux
quasi tous les mois, ne serait-ce qu'un seul titre ou des
remixes, on était sans nouvelles du groupe new-yorkais
depuis l'été dernier. On se serait presque inquiété.
Naked Objects répond bel et bien présent et
Disasters n'est pas le signe d'un sale pressentiment,
juste le nom de quatre inédits qui fleurent toujours
aussi bon le post-punk façon Gang Of Four. Et un peu
plus que ça car Naked Objects n'a jamais eu peur de
rajouter une bonne couche de bruit et d'échardes noisy
avec une guitare magnifiquement brûlante, une basse
qui fait des ravages et un ton général pugnace,
explosif, brillant, serti avec toujours autant de soin par
le rennais Vincent Chevalier (Le
Café Mixé). On sait où on met les
pieds mais c'est un plaisir sans cesse renouveler d'écouter
Naked Objects et quatre nouvelles compos de haute volée.
[publié le 10 mars 2024]
Weird
Machine / Normal Music I
Weird
Machine pas si bizarre puisque on sait très bien où
on met les pieds. Du bon vieux noise-rock qui ne vient pas
de Chicago mais Boston. Le problème est que ce nouveau
trio sait y mettre les formes et que les quatre titres de
Normal Music I sont du genre irréfutablement
bons. Avec Seth Manchester dans les parages, c'est en plus
l'assurance d'un son qui transperce de part en part. Suffit
d'écouter la fin de Dreg Heap pour s'en convaincre,
morceau fulminant qui s'enchaînait parfaitement avec
le précédent Generator. Du noise-rok
avec tous les éléments qu'il faut dedans, un
assemblage qui leur est propre, des idées qui fusent
et une partition de haute-volée se terminant par les
cinq minutes de Coping Mechanism pour insuffler un
brin de mélancolie dans ce monde féroce. Weird
Machine, votre nouveau jouet noise-rock préféré.
[publié le 06 mars 2024]
Sleepwell
/ Buried Young
Second
chapitre de la vie de Sleepwell à peine moins d'un
an après le premier jet Growth//Rot.
Trois nouveaux titres qui montrent que le trio de Brooklyn
a toujours soif de distribuer des pains et dans la tronche
de préférence. Un hardcore dans le sillage de
Show Me The Body mais sans le banjo et que Sleepwell va ratatiner
s'il continue à ce rythme là, avec un flow des
rues encore plus sauvage appelant à l'émeute,
un groove incendiaire qui casse les reins et des compos méchamment
éclatées à l'instar du saisissant Piss.
Sleepwell mais certainement pas sur les deux oreilles que
le trio frictionne jusqu'au sang.
[publié le 04 mars 2024]
Catcher
/ 300 Million Windows
Catcher
revient hanter le monde du numérique et toutes les
plates-formes virtuelles, même les plus viles, avec
le nouvel EP cinq titres 300 Million Windows comme
il l'avait fait avec le premier album The
Fat Of A Broken Heart. Et c'est bien dommage. Mais
on ne va pas bouder son plaisir tout de même car le
sextet new-yorkais manie le bruit et la noire passion toujours
aussi ardemment. Avec son violon, ses guitares, sa rythmique
tumultueuse et chant qui se lamente sur tous les malheurs
du monde. Et comme Catcher sait toujours torcher une compo
qui colle au corps et à la caboche, voir totalement
dichotomique entre douceur éplorée et brutale
violence, ça donne un 300 Million Windows aux
multiples éclats se plantant en plein dans ton petit
coeur.
[publié le 01 mars 2024]
Après
Demonstration, un premier CDEP en septembre 2022, Suntouch
House revient avec Laugh To Myself. Quatre titres à
nouveau qui ne donnent pourtant pas envie de rigoler et encore
moins de leurs propres tronches. Avec des membres de Colonial
Wound et Yashira, c'est le genre de hardcore-noise atomisant
toutes volontés de moquerie et de légèreté.
Lignée Deadguy et compagnie, on sait où on met
les pieds mais on est entre de très bonnes mains.
[publié le 24 février 2024]
Sundowner
/ Asbestos Tiles
Sundowner.
On a vu coucher de soleil plus romantique. Un nouveau trio
canadien (Toronto) qui envoie son noise-rock dans les cordes,
le lamine et inflige une magnifique branlée. C'est
le gros son sans les muscles (surtout comparé à
leur premier enregistrement un an auparavant où il
fallait quasi tendre l'oreille pour s'apercevoir que yavait
de la vie là-dedans), de la basse qui charcute, de
l'abrasion instantanée, un minimum de calcul et un
maximum de matraquage/saccage pour roucouler de plaisir devant
telle décharge jouissive. Asbestos Tiles, cinq
titres édités sur une cassette qui les mettent
direct en orbite sur la planète noise.
[publié le 21 février 2024]
Black
Tape / Anti-Materiel EP
Black
Tape, c'est l'Angleterre (Wolverhampton) mais le premier réflexe,
c'est de penser à Seattle et Nirvana avec le premier
morceau qui ne s'appelle pas Tastes Like White Spirit
par hasard. L'humour anglais à son top. Une compo clin
d'oeil qui n'est cependant pas une reprise même si ça
y ressemble fortement. Juste une indication d'un enregistrement
cinq titres se démarquant ensuite, bien que cet esprit
grunge/fil rouge perdure, parce que Black Tape rajoute un
esprit noise et rageur largement plus prononcé. Ça
ne fait pas dans la dentelle, ça martèle sévère,
ça vibre de partout et ça fait un bien dingue.
Après un premier album tout aussi numérique
et recommandable en février 2023, Black Tape confirme
que c'est le pied. Gauche de préférence. Ça
porte chance parait-il.
[publié le 18 février 2024]
Marvin's
Revenge / VR Porn
Après
une série de EPs tous virtuels depuis 2020, Marvin's
Revenge confirme avec VR Porn qu'il semble prendre
la bonne tangente. Quatre titres de plus en plus noise, puissants,
denses, tapageurs et agressifs. Le trio anglais de Nottingham
abandonne toutes idées de légèreté
et de gimmicks plus faciles entendus auparavant pour plonger
dans les affres tourmentés et sombres de morceaux prenant
de la consistance à l'instar des plus longs VR Porn
et Wealth sans se départir d'accroches rythmiques
et de riffs furieusement prenants et d'un chant très
abrasif. De bonne augure pour la suite.
[publié le 17 février 2024]
Docents
/ Substance - Laser Image
Docents
ne tarde pas à donner de ses nouvelles après
le sublime album Figure
Study. Deux nouvelles offrandes du groupe new-yorkais
qui étale toute sa science du noise-rock et son approche
diversifiée avec une classe intacte. Avec des cascades
de guitares électrisantes sur Substance ou avec
plus de mélancolie et de pesanteur sur Laser Image,
morceau qui finit par repartir de plus belle dans une éclatante
gerbe dissonantes alors qu'on croyait que la lumière
s'était éteinte. Docents marque encore de précieux
points.
[publié le 10 février 2024]
Holy
Popes / Apples
Holy
Popes s'en prend à la police britannique et ce n'est
pas pour une sainte bénédiction. Apples
pour la version pourrie, la police et son système qui
la protège sur cette vidéo explicite comme les
textes. Un nouveau single du trio anglais dont on vous avait
déjà dit le plus grand bien lors de leur premier
album
et confirmant que ce trio de Hull est à suivre impérativement.
Man
Demolish records a eu le nez creux avec ce titre sanguin,
incisif, tout simplement un putain de bon morceau de rock
bruyant. Ça s'annonce parfait pour la suite qui devrait
arriver dans le courant de l'année.
[publié le 08 février 2024]
Low
Animal / New Nature
Noise,
Chicago, version matraquage et sévices. Low Animal,
un nouveau groupe féroce déboulant dans le sauvage
et intraitable paysage du noise-rock avec la bave aux lèvres
et une sacré envie d'en découdre. New Nature,
quatre titres cognant avec un certain art de la répétition,
une guitare n'affichant jamais un riff conventionnel, des
voix malades de la vie. Ça met la pression comme rarement,
étouffant, explosif, cinglé, avec parfois des
rythmes qui pourraient se danser (Pending Horror) comme
sur un bon vieux Arab On Radar dont les stridences hantent
aussi la nature brutale et bruitiste de Low Animal. Dans tous
les cas, un groupe de noise-rock, un vrai, qui fait mal, dérangeant,
aliénant. Vivement la suite.
[publié le 02 février 2024]
FAxFO
/ Up To Ere
Parce
qu'un peu de DBeat et grindcore n'ont jamais fait de mal à
personne, parce que ça soigne votre mauvaise peau et
nettoie votre graisse abdominale, parce que Human Worth est
un label qu'on suit (presque) aveuglément, parce que
c'est pas les raisons qui manquent par les temps qui courent
pour monter sur les barricades, FAxFO est ce qu'il vous faut.
Un quintet de Leeds l'incontournable avec des membres de Thank,
Fatalist, Cattle ou Grub Nap pour une première cassette
avec huit titres qui poussent au cul et aussi de bonnes montées
de fièvre punk et hardcore et que ça dérange
le mélomane. En un peu plus de dix minutes, c'est emballé
et c'est parfait comme ça.
[publié le 31 janvier 2024]
Arcwelder
/ Continue
Encore
un retour improbable. Après plus de vingt ans de silence,
Arcwelder qui avait commencé sous le nom de Tiltawhirl
revient avec un nouvel album. Le trio de Minneapolis des frangins
Graber (Rob et Bill) et du batteur Scott MacDonald aux six
albums entre 1990 et 1999 dont quatre sur l'emblématique
label Touch And Go publie Continue, uniquement en version
numérique. Arcwelder n'avait jamais officiellement
splitté et continuait à donner des concerts,
notamment pour le All Tomorrow's Parties en Angleterre quand
c'est Shellac qui invitait ou pour le 25ème anniversaire
de Touch & Go en 2006. Mais là, c'est carrément
l'album, huit inédits de leur indie-rock toujours aussi
catchy, reconnaissable de suite et qui ma foi, sonne plutôt
agréablement bien que ça fasse tout bizarre
d'écouter encore ce genre de musique en 2024.
[publié le 26 janvier 2024]
Sinews
/ Reanimated EP
La
porte s'entrouvre sur Sinews, un nouveau groupe anglais (Oxford
précisément), qui la défonce sans vergogne.
Reanimated, une cassette six titres louvoyant avec
force et habileté entre noise-rock, post-hardcore et
quelque chose de plus indéfinissable, un parfum transversal
où les émotions qui s'en dégagent sont
variées et pas mal magnétiques. Abrupt, colérique,
ramassé sur lui mais capable d'aspect plus mélodique
(l'étonnant Sinking Feeling) ou de retenue,
Sinews fait déjà preuve d'un sacré tempérament
et d'une très belle maîtrise dans l'art de manier
le bruit. Retenez bien ce nom.
[publié le 25 janvier 2024]
Sentries
/ Snow As A Metaphor For Death
Il
ne fait pas bon voir tomber la neige chez Sentries car le
blanc manteau lui fait penser à la mort. Lui parce
que Sentries est le projet solo du canadien Kim Elliot. I
made this album entirely on my own. L'écriture,
l'enregistrement, le mixage, la mastérisation. Seul
l'artwork de cet album virtuel lui a échappé.
Ce qui n'était pas le cas de Agonizer,
son premier album paru en mai 2023 et qui avait bénéficié
d'aides extérieures. Un album également recommandable
mais un peu moins que Snow As A Metaphor For Death
qui jamais ne donne l'impression d'être un effort en
solitaire. Vive la technologie. Qui n'a jamais sonné
aussi dense et vivante. Une frénésie d'obédience
noise mais variée et surtout plus cohérente
pour ce deuxième jet. Des vagues déferlantes
de guitares très dissonantes, du matraquage rythmique,
une course poursuite avec un vrai allant dedans s'engageant
dès Performance Art et finissant par les treize
minutes finales du titre éponyme beaucoup plus ambitieuses
dans une démarche de symphonie noise tumultueuse et
fragmentée, Sentries broie large. Avec de l'incisif
furieux et pas seulement dans les titres (How Many Fools
Can I Kill Today, Force), des rythmes lobotomisant
et du bidouillage électro possédant de faux
airs de Gilla Band et Thank comme sur Entity/Selector,
ce n'est pas que la neige qui s'abat, c'est un déluge
noise-rock au sens large, vivifiant et très prometteur.
[publié le 19 janvier 2024]
Nervous
Tension / Dosage
Dosage
le bien nommé car effectivement, tout est histoire
de dosage sur le premier EP cinq titres que Cow
Tool records édite en cassette. Nervous Tension,
nouveau groupe de Melbourne manipulant le noise-rock et la
noisy-pop avec tout ce qu'on peut verser entre les deux. Si
le début du EP tend vers la face plus urgente et tendue
du noise-rock avec les excellents Plunge et Paroxysm,
la bascule se fait avec Comedown. Nervous Tension dévoile
un coté beaucoup plus mélodique avec son lot
de dissonances fines comme un My Bloody Valentine sans le
même volume bruyant et enfonce le clou avec Scorpio
Season et Prescription. La tension s'estompe, les
voies masculines et féminines se mélangent,
une certaine mélancolie s'installe. Le rock est toujours
là mais dilué dans une intention plus pop. Un
dosage qui ne convainc pas complètement mais ce n'est
qu'un début et il est très intéressant.
[publié le 14 janvier 2024]
Yobs
/ Fortune Teller
Yobs
déboule pied au plancher dans le paysage avec deux
titres aussi courts que fulgurants. Un nouveau groupe de Liverpool
qui donne un sérieux coup de boost au garage-punk avec
une dimension noise, un gros abattage rythmique méchamment
basique, du volume, du fun et deux morceaux, Fortune Teller
et Cemetery Man sur Fuzz Club annonciateurs d'un premier
album à sortir cette année qui fait baver d'avance.
[publié le 12 janvier 2024]
MoE
/ Silent Night
C'était
le cadeau de Noël de MoE, un inédit publié
le soir du réveillon. Ça sera notre morceau
pour débuter la nouvelle année. Silent Night,
un titre issu de la session d'enregistrement de leur dernier
album en date The
Crone. Et s'il a été recalé,
ça devait uniquement être par manque de place
car ce Silent Night est très bon. Avec un rajout
de cordes angoissantes d'un violon et de percussions pour
donner encore plus de coffre. Silent Night marche sur
vous et vous engloutit.
[publié le 01 janvier 2024]
Kitchen
Tool Set / Lockstepping
Kitchen
Tool Set remet le couvert. Quasi dix ans que le groupe de
Douai n'avait pas donné de nouvelles, depuis l'album
Écorce/Essence.
Enfin si, le groupe avait montré en 2019 qu'il existait
toujours lors d'un split
avec Devon Miles. Cette gazette internet était complètement
passée à coté. Un groupe qui déclare
faire de la musique pour le plaisir de la faire, en prenant
son temps, sans aucun plan ni aucune contrainte. À
vrai dire, ça c'est toujours ressenti et c'est parfait
ainsi. Kitchen Tool Set fait de la musique qu'il a en lui
sans se soucier des modes, des flux et des reflux, juste suivre
son instinct et tracer sa route. Celle de Kitchen Tool Set
a souvent croisé le parcours de Dischord records et
ses groupes affiliés comme Fugazi ou Lungfish. Mais
le quatuor semble s'en démarquer de plus en plus. Juste
garder les émotions qui suintent à travers des
structures tendant vers une souplesse exponentielle, des mélodies
encore mieux mises en valeur à l'instar du très
bon Between The Lines. Un titre qui est tout un symbole
pour le groupe. Se placer entre des influences sans les heurter
frontalement, suggérer, s'insinuer, des non-dits, tout
en subtilité mais avec fermeté. Lockstepping,
sept titres où le soin apporté aux ambiances
se fait grandement ressentir, avec une pointe de mélancolie
supplémentaire, des convulsions parfaitement contrôlées
et bel allant général et intemporel mené
avec classe. Une sortie hélas uniquement en version
numérique.
[publié le 30 décembre 2023]
Terrible
Lovers / Ghosting
Cela
fait un moment que Terrible Lovers est dans nos radars. Depuis
son premier EP en 2019. Au départ, le projet solo de
Kenny Johnson qui s'est désormais mué en trio.
Mais à chaque fois, c'est la même rengaine. Terrible
Lovers ne publie que du virtuel. Mais ces enregistrements
valent toujours le détour. Il est donc temps de passer
à l'action avec le dernier en date, les cinq titres
de Ghosting. Kenny Johnson, un gars de l'Alabama qu'on
suit depuis El
Chupa Cobras et qui s'écoute toujours par ici
pour notre plus grand bonheur. Ed Kemper Trio, Black Racers
ou Reverse Engineer sont ou ont été ses autres
groupes et des exemples parmi d'autres car Kenny n'arrête
jamais de former des projets et de composer. Et de faire ce
qui lui passe par la tête. Pour Ghosting, une
chanteuse qui ne dit pas son nom a été engagée
sur trois titres, donnant une coloration hurleuse-hystérique
surprenante à son noise-punk qui nous avait pas habitué
à une telle rage. Terrible Lovers plus terrible que
jamais, sauf sur The Introduction et l'instrumental
de sortie Aftercare sur lesquels le trio calme le jeu.
Et n'hésitez surtout pas à aller écouter
ces enregistrements précédents pour passer de
bons moments en compagnie de Terrible Lovers.
[publié le 27 décembre 2023]
Shan
/ Knotweed
Dans
le cortège ininterrompu de sorties principalement en
format cassette par Cruel Nature records, il faut savoir faire
le tri. Shan est une bonne pioche. Un duo guitare/chant et
batterie originaire de Newcastle Upon Tyne versant dans le
sludge lourd, agressif, hargneux, piétinant les plates-bandes
de Melvins et autres avatars du genre pour mieux les massacrer,
leur donner un coup de pied au fondement parce que Shan est
autrement plus téméraire, punk, violent et y
croit dur comme fer. Comme nous. Au point de tendre également
vers du 400 Blows. Cinq titres furieusement primaires et bons.
[publié le 23 décembre 2023]
Muscle
Vest / Three EPs
Muscle
Vest résume la situation. Les trois courts formats
ou Three EPs en langue originale du groupe londonien Muscle
Vest sont disponibles en une seule fournée digitale.
Hot Hot Hate
et Live Laugh
Loathe avaient déjà eu le droit de citer
dans ces pages. Le quintet anglais a rajouté le premier
EP Human Resources remontant à 2020 ainsi que
le titre God Doesn't Love You qui était publié
dans le monde virtuel par Muzaï records en tant que split
single avec Struggles With Synthax et Glue Trap, dernière
composition en date et se retrouvant en ultime position sur
cette compilation qui va du plus ancien au plus récent.
Dans tous les cas et à n'importe quelle époque,
le noise-rock de Muscle Vest bombe le torse et s'en amuse,
aussi furieux que jovialement excitant. Un des groupes anglais
à suivre de ces deux dernières années
et qui mérite amplement de passer au long format avec
un vinyle à la clef histoire de bien mettre tout le
monde d'accord.
[publié le 19 décembre 2023]
Con
Art / Running Of Dogs
Con
Art, le nom peut prêter à sourire pour les francophones
mais ce groupe australien vous fait vite ravaler votre rictus
moqueur. Ou alors si, un sourire jusqu'aux oreilles d'être
tombé sur un groupe épatant. En provenance de
Perth et après une première cassette en 2020,
le quintet Con Art revient avec Running Of Dogs, cinq
titres balayant un spectre noise assez large allant du canal
historique à la Jesus Lizard sur Over Again
à Burn The Words s'achevant dans une sorte de
slow bizarre avec un crooner déviant. Au milieu, de
l'acerbe mélodique tendance post-punk qui pourrait
venir de la grise Angleterre, de l'agité qui flingue,
une humeur entraînante et récréative sous
l'abrasion naturelle et dans tous les cas, cinq morceaux très
accrocheurs, quelle que soit la coloration. Con Art, un nom
à retenir.
[publié le 14 décembre 2023]
Slavian
/ Bruxism
Slavian,
c'est neuf, c'est français et Bruxism est leur
premier enregistrement dévoilé à la face
du monde. Cinq titres qui vous pètent à la tronche
en mode noise-rock à la Unsane et ça fait de
très sérieux et beaux dégâts. La
rythmique lamine et assure un groove de feu. Le slide de la
guitare est parfois de sortie pour tirer ce bruit blanc et
brutal vers des contrées blues sauvages. Chaque titre
percute, casse la nuque et fait mal. Slavian, retenez bien
ce nom.
[publié le 08 décembre 2023]
Imelda
Marcos / Agita
On
avait laissé Imelda Marcos à trois.
Il revient en duo. Soit le cheminement opposé de leur
dernière apparition. La chanteuse Donna Diane est repartie.
Le groupe de Chicago à nouveau dans sa configuration
instrumentale d'origine. Batterie, guitare et toujours une
incroyable densité de sonorités, une guitare
et ses effets qui vous emberlificotent autant que ça
vous hypnotisent, un son qui écorche, accroche, gratte
et caresse en même temps. Les boucles qui s'enchaînent,
l'intensité crescendo, le souffle qui grossit, la batterie
qui s'emballe et la folie qui guette comme sur Convulsive
ESP, c'est l'alchimie unique de Imelda Marcos frappant
une nouvelle fois et fort. Pris dans un engrenage infernal
que ne démentiront pas les cinq minutes finales de
(Noise Of City) férocement prenantes et grinçantes.
Quatre nouveaux morceaux à se procurer en cassette
sur Already
Dead Tapes.
[publié le 04 décembre 2023]
Maze
/ Inner Bliss
Youff
nous a amené jusqu'à Maze. Via son guitariste
Arjen Verswijvelt qui prend le micro uniquement dans Maze.
Mais c'est le seul point commun. Avec leur Belgitude. Le credo
de Maze, c'est le post-punk. Autant dire que ça nous
avance pas à grand chose de savoir ça. Mais
vous avez compris. L'important, c'est que chacun des six morceaux
se révèle extrêmement séduisant.
Qu'importe le parfum. Ou le flacon, c'est pareil. L'ivresse
est est la même. A ta santé Joy Division. La
basse mélodique, la batterie qui claque, les arpèges
qui cinglent, l'intensité qui ne se relâche jamais
et qui en rajoute une couche histoire de verser sur le coté
punk de l'approche sans jamais renier la perspective entraînante
et mélodique. Maze, un groupe bien de son temps. C'est
ça le pire. Et c'est parfait. Cassette publiée
par Stadskanker et Feles Music.
[publié le 30 novembre 2023]
Blacklisters
/ Auf Dem Tisch
Blacklisters
s'amuse à sortir des formats courts et bâtards.
Après la cassette quatre titres Leisure
Centre l'année dernière, nos quatre
Anglais reviennent avec quatre nouveaux titres uniquement
(pour l'instant ?) numériques. Blacklisters se gausse
également d'allemand avec le titre Auf Dem Tisch
et sur la table justement, Blacklisters pose ses gargouilles
pour faire couler un flot de bordel qui a tout l'air d'être
enregistré dans des conditions live en studio, une
seule prise et qui m'aime me suive. Blacklisters n'a jamais
sonné aussi punk, sauvage, débraillé,
prenant ainsi leurs distances avec un noise-rock plus anguleux
et sous influence et c'est très bien ainsi. Blacklisters
a augmenté la dose de noise, de chaos et de dinguerie
à l'image de Smart Guy et surtout les six minutes
de Personal Training sur lequel les Anglais lâchent
les chevaux pour notre plus grand bonheur. La table, Blacklisters
l'a fait voler en éclats.
[publié le 28 novembre 2023]
Dust
Muscle / EP
Chicago,
Illinois. Rien que ces deux mots devraient accélérer
le débit de ta fibre noise-rock qui résonne
en toi, nuit et jour. Et c'est pas pour capter la 5G mais
pour Dust Muscle et leur premier EP cinq titres. La réalité
est cependant plus complexe. Avec notamment Kayhan Vaziri
(Yautja, ex-Coliseum et ça n'étonnerait personne
que les trois autres membres soient aussi connus du milieu),
Dust Muscle joue un noise-rock qui devrait autant à
The Conformists qu'à Chat Pile. Des ondes qui mettent
mal à l'aise, jouant sur les répétitions,
les angoisses, une lourdeur abrupte, une menace diffuse, une
tension inconfortable. Et quand Dust Muscle accélère
pour de vrai, ça donne Piss And Shit, lui même
suivi de Hell Isn't Far car la logique, c'est important.
Camisole de force.
[publié le 23 novembre 2023]
Mistress
Bomb H / Les Nerfs
La
parole de Mistress Bomb H se fait rare mais elle ne fait jamais
le déplacement pour rien. Cinq ans après Say
It Loud : Im Girl And Im Proud, Mistress
Bomb H a Les Nerfs. La pochette de Matthieu Bourel
met dans lambiance. Et cétait un défi
pour cet artiste visuel habitué des collages dont le
challenge était de créer un artwork à
partir de lintelligence artificielle. Tous crocs dehors,
parfum démeute, le troisième album de
la Mistress rennaise fouette le sang, cingle les consciences
si jamais tu avais tendance à faire lautruche
et appelle un chat, un chat. Ta France, je men branle.
Le chant est parfaitement distinct et pas besoin de longs
discours pour faire passer le message, quelques mots, quelques
samples bien choisis et répétés suffisent.
Cest dailleurs lensemble de lattirail
électronique-synth-punk convulsif de Mistress Bomb
H qui se fait de plus en plus percutant et précis malgré
les sonorités non-identifiées qui grouillent
et zèbrent lespace, malgré ce sens du
rythme qui zigzague, sentortille dans des angles jamais
carrés, se brise pour laisser passer les vibrations
sensuelles simmisçant dans le dédale des
machines azimutées, pour se laisser bercer par le chant
comme une dangereuse sorcellerie sur un titre qui sappelle
pourtant Fumiers. Sept titres dune cassette publiée
par Kerviniou Recordz qui a le don dexciter les nerfs
et de les soulager.
[publié le 22 novembre 2023]
Baby
Fire / A Year Of Grace
A
Year Of Grace clôt la trilogie amorcée par
le EP Searching For Grace en 2020, puis l'album Grace
l'année dernière et enfin ce nouvel EP dont
il existe une version cassette sur le label marseillais Coeur
Sur Toi. Une année de grâce marquée par
la dépression post-covid, l'impression que rien ne
bouge dans la scène musicale belge où on cultive
l'entre-soi (et ça, ce n'est pas qu'en Belgique) et
qu'après 30 ans d'activisme, il est toujours aussi
difficile de se faire entendre et accepter pour une artiste
de la trempe de Dominique Van Cappellen-Waldock, alias Baby
Fire. Trop intègre, trop singulière, ne rentre
dans aucun moule que ce soit avec Von Stroheim, Veda ou Baby
Fire. Il en découle deux titres inédits, Like
Stars et A Year Of Grace, plus lourd, dense et
sombre que tout ce qu'à pu faire jusqu'ici Baby Fire.
La lumière qui s'en dégage n'en est que plus
violente. Baby Fire, à l'instar d'un Big Brave en plus
épuré, impose des volumes d'une grande noirceur
avec une sobriété exemplaire et une tension
palpable qui n'explose jamais mais vous fait décoller
dans une autre sphère mystérieuse, une lenteur
qui n'a que le nom alors que la profondeur est insondable.
Deux titres tout simplement touchants et très beaux.
A la suite de ces deux compos, Baby Fire propose trois remixes
de titres de Grace par le multi-instrumentiste
et producteur Déhà. Sing In Brightness
avec une rythmique qui apparait pour une séduisante
touche Portishead ainsi que Eternal (avec Laetitia
Shériff) et Like William Blake pour un rendu
là aussi plus lourd et sombre même si assez proche
des originaux.
Brûlez avec Baby Fire ou aller en enfer.
[publié le 17 novembre 2023]
Proofs
/ s/t
Proofs
coule de source. Une évidence faite noise-rock trouvant
sa place avec éclat et limpidité entre The Stnnng
et Shellac avec le brin de classe de certains groupes néo-zélandais
quand il s'agit de distiller des mélodies sombrement
lumineuses. Anguleux, racé, nerveux, sobre, avec une
qualité de morceaux qui vous prend de cours car ils
ont l'air si simples et évoluant dans un cadre mainte
fois entendu mais ils deviennent spontanément et profondément
obsédants. Un trio de Seattle dont c'est le deuxième
album. Il aurait été préférable
d'avoir une sortie autre que uniquement numérique car
cet album mérite réellement d'être mis
en valeur. Et n'hésitez pas à aller écouter
leurs précédents enregistrements, ils valent
également le détour et vous pouvez aussi les
télécharger gratuitement si le porte-monnaie
vous en dit.
[publié le 14 novembre 2023]
Stolen
Kidneys - Grins/ Split
Deux
des meilleurs représentants de la scène noise-rock
européenne se sont regroupés sur une cassette
que Suspected Of Arson records va se charger de publier. Et
ces deux représentants sont finlandais.
D'un coté Stolen Kidneys qui nous a déjà
maintes fois subjugué
avec leur rock qui est devenu de plus en plus noise et de
moins en moins (post) hardcore. Ces trois nouveaux titres
persistent et signent. Le chant éraillé, cassé,
écorché, les guitares perçantes, la rythmique
qui pulse, tout concourt à ce que ce noise-rock là
pénètre profondément les chairs. Et Grins
va faire en sorte de cogner encore plus fort sur les chairs
meurtris. Grins n'a sorti que des cassettes jusqu'ici. Elles
ont fait un sacré effet.
Les trois titres ici présents font encore plus mal.
Grins accentue le poids de la rythmique dont c'est le gros
point fort. Dantesque basse. J'imagine même pas la gueule
de l'ampli. Le duo basse-batterie est d'enfer, écrase
tout en assénant un groove carnassier irrésistible.
La guitare sonne comme du métal chauffé à
blanc. Le chant prend de plus en plus la tangente, de liberté,
de variété. Et mon tout est magnifiquement résumé
sur les sept minutes et quelques de Flat Tire. Alors
que les deux morceaux précédents avaient déjà
mis sur les genoux, Flat Tire éclate tout, aussi
bien la structure que les dents, aussi carré, martial,
répétitif, tendu que branque et disloqué
avec la guitare qui pète brièvement un câble
et que le chant est plusieurs dans sa tête. Ne croyez
pas la pochette. Strictement rien à jeter dans ce split.
[publié le 13 novembre 2023]
Yellow
Bulb / Cabal
On
continue de suivre les travaux de Travis Kuhlman (Dug et ex-Buildings).
Deux ans après Data
Reject, lui et Drew Haddon creuse un peu plus le sillon
d'une musique experimentale-electro-indus avec toujours l'aide
de Jake Cregger (Multicult, Triac) et cette fois-ci David
Mansfield (Stranded)
pour son jeu de guitare singulier. Et l'étrangeté,
ce n'est pas ce qui manque à Cabal. Un troisième
album sorti par Propitious Artifacts sous forme de cassette
ou CDr qui pue toujours l'angoisse, les couloirs hantés
autant que les chants fantomatiques, les drones rugueux, les
rythmes sporadiques se jouant à deux batteries. Pas
toujours facile mais Yellow Bulb arrive à en tirer
une sorte de sombre hypnose qui peut se révéler
attirante comme un puits sans fond.
[publié le 11 novembre 2023]
Pleasure
/ Candy Samples
J'aime
ce hardcore crapoteux fait de glaires et salement débraillé.
Qui attaque la jugulaire et laisse pisser le sang. L'aseptisation
ne passera pas par Pleasure. Un groupe Anglais qui n'en a
rien à foutre du beau, basique et bordélique,
marchant sur ses ancêtres servant d'anciens projets
(The
Wound, Mob Rules, Perspex Flesh) pour rajouter une couche
primaire d'irrévérence, de déviances,
de virulence brutale et de guitares qui raclent en profondeur,
partent en vrille, tartinent du riff en parpaing pendant que
le batteur sait se faire entendre et respecter et que le chanteur
mord les mollets. Le genre de types qui aiment s'arracher
les croûtes. Pleasure est à ce prix et il prend
la forme d'une cassette cinq titres éditée par
Donor records.
[publié le 10 novembre 2023]
Human
Worth records / v/a Vol. III
Le
label anglais Human Worth sort sa troisième compilation
en version numérique uniquement. Chaque réalisation
du label a un but caritatif et c'est encore plus le cas pour
ces compilations. Pour le Vol. III, l'objectif est
de collecter des fonds pour Save the Childrens Gaza
Emergency Appeal. Pas la peine de traduire, tout le monde
aura compris. C'est aussi un très bon moyen de découvrir
l'impressionnant catalogue du label dont cette gazette se
fait régulièrement l'écho et tous les
groupes qui gravitent autour. 28 titres sont proposés.
Pas vraiment d'inédits et quand il y en a, ça
va pas durer longtemps puisque ce sont des morceaux en avant-première
qui ne vont pas tarder à sortir sur des albums à
venir. L'occasion de mettre l'eau à la bouche sur les
futurs disques de Pascagoula, Warren Schoenbright, Beige Palace
ou Cower. D'entendre The Eurosuite reprendre et azimuter Zero
de Smashing Pumpkins. Avec également des versions demo
ou live de Kulk et Why Patterns, un Catch The Flare
par Thee Alcoholics qui ne dit pas s'il figurera sur leur
1er album à paraître en février sur Rocket
records et découvrir T-800 dont le nom sonne comme
un char d'assaut, ce qui est aussi le cas de leur musique.
[publié le 04 novembre 2023]
Dastard
/ Remote Control From A Distance
Le
retour de Dastard dans nos radars. Après un premier
jet en 2022,
le trio canadien revient avec cinq nouveaux titres. L'enregistrement
semble live et plus cru, ça sent la prise directe mais
ça ne serait tarir votre plaisir. Si des groupes comme
Shale, Swob, Six Horse ou Shiny Beast ont compté pour
vous, tout comme tout ce que le noise-rock dans les 90's a
fait de mieux, Dastard doit devenir votre préoccupation
principale, séance tenante. Surtout que Dastard a su
remettre à jour les données. Et rien ne déconne
dans vos enceintes sur le dernier titre Chimneysweep,
tout est sous contrôle de Dastard et nous, sous leur
charme.
[publié le 31 octobre 2023]
Nod
Off / LP#1
La
dernière fois que cette gazette a parlé de Nod
Off, c'était 10 ans plus tôt à l'occasion
d'un single intitulé EP#1.
Un vrai, en vinyle. Depuis, un autre était sorti (EP#2),
tout numérique hélas comme ce premier album
LP#1 (les noms de disques, c'est pas vraiment leur
truc à Nod Off). Un duo lyonnais qui se fait trop discret
avec Gaëlle (voix) et Fred (voix et instruments) pour
une alchimie particulière rejaillissant idéalement
sur ces onze titres qui font quasi tous la même durée.
Une mécanique bien huilée et pourtant imprévisible.
Une histoire de mélange entre des cordes acoustiques
et l'électricité rampante et heurtée,
entre le chant féminin et masculin se complétant
merveilleusement bien, entre fragilité et nervosité,
entre mélodie et tumulte. Le groove singulier trébuche,
se tord tout en se montrant entraînant. Les guitares
grincent, des bruits ou des grincements semblent interférer,
se greffer, ça titube et ça se fait émouvant
également comme sur Song #11 ou Song #7
(les noms de morceaux, c'est pas vraiment leur truc à
Nod Off), sculptant des compos déglinguées et
incisives. Bref, Nod Off possède son truc bien à
lui et mériterait bien plus que cette sortie s'annonçant
confidentielle comme par exemple un label qui aurait la bonne
idée de sortir cet album dans la vraie vie.
[publié le 27 octobre 2023]
D.R.L.N.
/ Broadcasting
D.R.L.N.
pour Doppler Radar and the Local News. Un groupe de Indianapolis
qui a sorti son 1er album en cassette (des exemplaires sont
aussi dispos sur Noose
Knot records), il s'appelle Broadcasting et il
ne diffuse que des ondes positives bien que totalement déviantes
et corrosives. Un truc punk et noise où c'est tout
urgent et cassé là-dedans, aussi incisif qu'embrouillé,
une façon bien à eux de faire du bordel, variée
et créative. Avec un peu de sax sur le titre éponyme,
une basse qui tricote et qui ne serait pas sans rappeler (et
pas que la basse) Dazzling Killmen sur Power Static
et bien d'autres évocations qui font qu'on se retrouve
au final avec un groupe punk singulier qui fait franchement
du bien à entendre.
[publié le 18 octobre 2023]
Kircher
/ s/t
Kircher,
c'est le projet solo de Nathaniel Dominy, guitariste de Prayer
Group. Pour la batterie, c'est son pote Andrew Barnes
(Florida Man) qui lui donne un coup de main, les deux s'étant
connus au sein de Gifts
From Enola. Le champ d'action de Kircher se rejoint avec
celui de Prayer Group. Un noise-rock encore plus sombre, dur,
viscéral. Avec une pointe de détresse urgente
supplémentaire et un pas dans l'action expérimentale
et plus personnelle avec le troisième morceau sans
nom, How I Learned To Start Worrying And Love Eating Alone
In My Car qui n'a pas que son titre de savoureux et surtout
le dernier Gone. Du haut de ces presque six minutes,
ça respire l'angoisse et la parano avec ces synthés
inquiétants et sa violence latente. Aucune idée
si ces six titres vont sortir sur un format autre que digital
mais Fisher
King records est sur le coup.
[publié le 14 octobre 2023]
Sweepers
/ Demonstrations
Sweepers
donne un bon coup de (micro) balai
à la no-wave et envoie valdinguer les résidus
du post-punk sous le tapis en huit morceaux pour autant de
minutes. Un nouveau groupe de Philadelphie qui fait augmenter
la tension artérielle, trépigne, s'amuse comme
des dingues, en font profiter tout le monde, cogne et passe
la crème la seconde d'après, comme une version
encore plus courte et sur-speedée de Landowner. Un
beau numéro de voltige noise-rock qui en appelle d'autres
et c'est quand ils veulent.
[publié le 12 octobre 2023]
Crying
Loser / Oaf Milk
Crying
Loser est un nouveau groupe débarquant d'Irlande (Cork)
avec Oaf Milk sous le bras, cassette six titres et
ya franchement pas de quoi pleurer, sinon de bonheur. Avec
un membre uniquement à la clarinette basse et à
la flûte, il était pourtant permis d'avoir peur.
Cela leur confère au contraire une originalité
en plus à un groupe ne manquant déjà
pas de piment. Crying Loser convoque James Chance pour se
contorsionner comme un ver, salut brièvement le mouvement
no-wave pour s'envoler vers des strates free, noise, rock,
jazzy, shamaniques. Les sept minutes de Muscle Man
sont tout en élasticité, remplies de convulsions,
de grincements, de stridences pour une hypnose irrémédiable.
Et ainsi va Oaf Milk tout du long. Intense, vibrant,
étrange, concassé, singulier, poétique.
Non, franchement pas un enregistrement de loser.
[publié le 07 octobre 2023]
Louse
/ Wet Work
Il
a été récemment question de Louse. C'était
lors du split
10'' avec The Shits. Deux groupes différents. Mais
des membres en commun. Et cet amour identique, déraisonnable
et humide pour le scum rock. Tout ce qui colle, bave, traîne
dans le caniveau sur fond d'histoires sordides parce que la
bêtise humaine est infinie, c'est pour Louse. Six titres
que le groupe anglais a regroupé sous le nom de Wet
Work. C'est Industrial
Coast records qui régale la cassette. Et comme
le groupe anglais le fait encore mieux et plus dépravé
que sur le split, notamment pour l'enregistrement qui retranscrit
à merveille leurs noirs desseins, aucune raison de
bouder son plaisir.
[publié le 01 octobre 2023]
Urine
Hell - Nüde / Split
Urine
Hell. Derrière ce nom commercialement suicidaire se
cache le groupe de Chicago qui nous avait totalement retourné
l'année dernière avec sa première cassette
Weakling.
Le quatuor remet son titre en jeu de groupe le plus malade
et intense depuis Dazzling Killmen avec trois titres sur une
split cassette avec Nüde, toujours sur Already Dead Tapes.
Dreams Return avait déjà été
publié par le même label en décembre dernier
sur la compilation Honk If You're Already Dead, histoire
de nous montrer que le groupe n'avait rien perdu de son aura
paranoïaque. Et les deux suivants, Pitiable et
The Missionary sont encore une belle et grande débauche
de folie ordinaire. L'alternance entre le chant parlé
et les cris d'aliéné accentue le malaise. Un
noise-rock qui embrase autant qu'il fout les jetons. Faudra
juste penser un jour à sortir un vrai disque parce
que ce groupe est dingue. Dans tous les sens du terme. Et
ce n'est pas Nüde, autre groupe de Chicago, qui va arranger
notre santé mentale. Un duo avec Ruby Lucinda et Luke
Clohisy se montrant aussi schizo que leurs compères
de cassette. Deux titres magnifiquement dérangés
avec plein d'effets électroniques pervers, de la saleté
et de la rage digne de Uniform, notamment sur les cinq minutes
de Gospel Of The Midwest qui te feront monter direct
en enfer. Ou Urine Hell t'attend déjà.
[publié le 29 septembre 2023]
War
Club / Hostile Environment
War
Club monte au front avec Hostile Enivronment, quatre
titres qui font suite à Ultranormal, un premier
EP publié l'année dernière, toujours
dans le monde perdu du numérique uniquement. Un trio
de Londres jouant un noise-rock très lourd, épais
avec un son qui craque de partout. Un peu comme si Part Chimp
s'était mis au hardcore tout en frayant avec le stoner
(Set Me On Fire). Et si le trio aime la vélocité
et envoyer de gros parpaings, il aime également la
lenteur avec les six minutes de Cucumber pour une certaine
interprétation personnelle du doom, bien que War Club
n'est jamais aussi convaincant que lorsqu'il insuffle tension
sur le vénéneux There's Something About Microplastics
qui tape aussi les six minutes. War Club possède plusieurs
cordes à son arc. C'est à suivre.
[publié le 27 septembre 2023]
Muell
/ Kunde
Une
belle soufflante en provenance de Berlin. Muell, nouveau groupe
se résumant à deux types. Un qui hurle dans
un micro en faisant crier les cordes d'une guitare. L'autre
qui tape comme un sourd sur une batterie tout en actionnant
un petit clavier. Kunde, une cassette en guise de carte
de visite avec six titres en quasi autant de minutes. De quoi
se faire flinguer en bonne et due forme dans un mélange
de noise-punk et synthcore (c'est eux qui le disent) donnant
envie de sauter sur tous les murs. Bref mais suffisant pour
soigneusement noter le nom de ce duo pour le futur.
[publié le 24 septembre 2023]
Statoil
/ Black Gold
Statoil,
c'est le son du Danemark qui marche sur les charbons ardents
des Norvégiens de Noxagt ou Staer. Autant dire qu'on
les attend arriver de loin. Black Gold, une première
cassette dont les quatre titres ont tendance à s'étirer,
histoire de bien marquer son territoire. De répéter
ses rythmes pour rendre fou. Pour que le poids de la batterie
et percussions métalliques rentrent parfaitement dans
le cerveau jusqu'à implosion ou l'ivresse d'avoir tourner
sur soi-même trop longtemps. Que le bruit des frottements
et des stridences cordes mettent les plaies à vif.
Statoil n'a pas trouvé le pétrole avec Black
Gold (et n'a surtout pas envie de le trouver puisque cet
enregistrement est censé dénoncer les tourments
causés par l'or noir), mais le trio continue de creuser
avec bonheur dans ce noise-rock expérimental, raboteux,
méthodiquement combatif et va vite faire son trou.
[publié le 22 septembre 2023]
Mclusky
/ Unpopular Parts Of A Pig
Mclusky
revient parmi les siens.
18 ans plus tard. Le nouvel album est pour l'année
prochaine. Mais enregistrer, ça coûte des sous.
Alors Mclusky aimerait une avance. Du coup, le groupe anglais
a mis quatre titres en ligne du futur album car la moitié
a déjà été mis en boite. Et que
l'autre moitié devrait suivre rapidement. Parce que
Mclusky n'a pas perdu la main et ces quatre nouveaux morceaux
le prouvent. Faut dire que Andy Falkous n'avait pas perdu
son temps et gardé la forme avec Future
Of The Left et Christian
Fitness. Au fait, tout est bon dans le cochon.
[publié le 14 septembre 2023]
Cere
/ Healing Fires
Deuxième
sortie pour le trio belge Cere, Healing Fires confirme
tous les bienfaits que ce noise-rock fulminant peut procurer
après Endless
Days en 2021. Avec de nombreuses déclinaisons.
Comme le titre d'ouverture Wheels qui commence avec
un faux air de Hot Snakes particulièrement urgent puis
prend une tournure plus noise, dure et s'embrase dans des
sonorités plus post-punk avec toujours une furieuse
intensité en fil rouge. Quatre titres marqués
par la vélocité, à la limite de la transe
parfois, la soif d'en découdre, la course poursuite.
Ce qui n'excluent pas les mélodies, les répétitions
qui se déchirent dans de belles envolées intensément
poignantes. Et pour conclure, les presque huit minutes d'un
Croupier éclaté qui en font voir de toutes
les couleurs et montrent que Cere a plus d'un tour dans son
sac en matière de bruit à toutes les sauces
qu'il maîtrise parfaitement. Cere s'est fendu d'un CD
(digisleeve) alors n'hésitez pas, c'est du très
bon.
[publié le 09 septembre 2023]
Bastard
Salt / Secret Moon
Bastard
Salt, joli nom épicé en provenance de Portland.
Un noise-rock des plus costaud, solidement charpenté
et alimenté en puissance qui fait suite à Bad
Magic, un premier album (virtuel) en 2019, ne présentant
pas la même consistance. Bastard Salt a relevé
tous les curseurs, du volume et de l'intensité. Ça
tape plus durement, ça se lâche, ça gonfle
les pectoraux sans esbroufe pour quatre titres formant un
Secret Moon étincelant.
[publié le 08 septembre 2023]
The
Hand / Vol. 5
The
Hand revient dans le jeu. Cinq ans après When
All Of The Shit Hits All Of The Fans, le trio basé
à Minneapolis avec Zak Sally (Low), Dale Flattum (Steel
Pole Bath Tube) et un nouveau batteur (Kal Tebeest) sort un
Vol.5 de leurs péripéties en dilettante.
Trois inédits qui les montrent toujours aussi fondants
et faciles dans les mélodies, c'est finement noisy
et écorché, tendu et sombre juste ce qu'il faut.
Douce magie. The Hand n'a pas perdu la main. On peut même
dire qu'elle est toujours aussi verte.
[publié le 31 août 2023]
Means
Of Entry/ means of entry
Means
Of Entry, c'est la division sculpteur de paysages sonores
noise, celle qui transforme la matière brute en une
procession électrique dense, aussi tumultueuse que
déchirante, traversée par une multitude d'éclairs
abrasifs, de feedbacks et de remous se fracassant sans cesse
contre un amas de meurtrissures. C'est beau, c'est lourd,
ça rend sourd. Un nouveau groupe de Lansing (Michigan)
avec le chant de la bassiste Audrey Rose qui vient régulièrement
susurrer à l'oreille ou la remplir d'un trop plein
de frustration pour rendre l'air encore plus insoutenable.
Une rythmique puissante, deux guitares comme des vagues de
ronces sachant distiller de profondes entailles mélodiques
pour laisser échapper le spleen puis repartir à
l'assaut dont les douze minutes de The Spectator sont
un grandiose numéro de haute voltige au-dessus d'un
gouffre insondable. Cinq compos pour une entrée fracassante
dans le monde du noise-rock au sens très large du terme.
[publié le 30 août 2023]
Docents
/ Figure Study
Docents
a beau débarquer sans crier gare avec une modeste cassette
sous le bras (avec l'aide de Ten
Tremors records), Figure Study est un premier album
qui frappe un très grand coup. Basé à
Brooklyn, le quatuor visite toutes les facette du noise-rock,
tous ses penchants, variantes, tendances et possibilités,
ses vices et ses brillances, se plaçant entre The Conformists
et Enablers, c'est à dire une position bien personnelle
au final, pour accoucher d'un album totalement bluffant. Dix
titres d'une grande maturité et diversité avec
de nombreux coups d'éclats aussi sombres que mélodiques
ou colériques, des cassures pour mieux rebondir sur
des structures aventureuses, entre complexité et uppercut
et un chant en mode spoken-word grondant au-dessus de tout
ce magnétisme absorbant. Docents donne la leçon
et c'est du grand art.
[publié le 28 août 2023]
Curve
/ For The Guilty
Dug
est le nouveau terrain de jeu des ex-Buildings Travis Kuhlman
et Mike Baillie. Mais on était sans nouvelle du chanteur-guitariste
Brian Lake. C'est chose faite désormais avec Curve,
nouveau trio avec aussi Adam Rucinski (batterie) et Jeff Marcovis
(basse). For The Guilty, trois titres jetés
en pâture pour faire connaissance. Accent noise-rock-grunge
avec des relents de Nirvana sur I Could Break. Pas
vraiment concluant que tout ça, on attendra d'en entendre
plus pour se prononcer et que Curve avance dans la vie mais
on prend note.
[publié le 22 août 2023]
Split
Silk / Drown
Six
mois après un premier
enregistrement qui avait provoqué un bel émoi,
Split Silk revient avec six nouveaux titres. Lucca Cassandra
Anastasia Carver et ses ami-e-s (sans qu'on sache qui c'est)
proposent une nouvelle fois un noise-rock à fleur de
peau, bouscule Unwound et Sonic Youth sur son propre terrain
de dissonances et de mélodies déchirantes et
désenchantées. Split Silk appelle ça
du post-hardcore pour fille triste, des berceuses bruyantes
pour de délicates jeunes filles du royaume des fées.
Quoi qu'il en soit, Split Silk ne croit plus depuis longtemps
au prince charmant qui peut bien brûler sur un bûcher
de compos toujours aussi haletantes et magnétiques.
(dispo en cassette limitée à 30 exemplaires).
[publié le 20 août 2023]
Taylor
/ Live @ PRFBBQ 2022 Chicago
Ce
n'est pas le signe d'une reformation (quoique, allez savoir)
mais un concert pour fêter les vingt ans (et quelques)
d'un groupe dont seuls les plus férus, mordus et obsédés
de noise-rock (et de tout ce qui a été enregistré
par Steve Albini) se rappellent. Taylor. From Chicago, Illinois.
Un unique disque à leur actif et pour lequel on vous
a raconté
à plusieurs reprises toute la tendresse que nous avions
pour ce modeste bout de métal coupant. Du trio originel,
on retrouve le bassiste Tony Aimone (Nonagon),
le guitariste Jeffrey Burton qui chantait aussi parfois. Seul
le batteur Tom Florio n'a pas répondu à l'appel
et a été remplacé par James Connelly.
Taylor interprète ses plus grands tubes, c'est à
dire les six présents sur cet unique disque en version
instrumentale. Taylor ne chantait pas souvent en 1997 mais
il le faisait bien et ça s'entendait parfaitement.
25 ans plus tard, c'est à peine si on entend dans le
fond Burton s'époumoner. Le micro n'avait pas été
prévu mais il n'a pu s'empêcher de gueuler comme
sur Mine si on tend bien l'oreille. Par contre, le
petit cadeau bonus, ce sont les trois inédits à
la fin. Bug Attack, Super Art, le meilleur
du lot
et Sorta Metal qui possède aussi son charme,
le charme de ce noise-rock si typique de Chicago se retrouvant
ici de façon anecdotique. Mais le charme opère
toujours.
[publié le 17 août 2023]
Badge
Grabber / Fallopian Tube Amplifier
Badge
Grabber, c'est Riley Ponce. Un type un seul né à
Los Angeles et qui vit maintenant à San Diego. Seul
avec ses instruments, ses machines, sa boite à rythme,
sa haine, son lance-flammes, ses rugissements, sa fureur.
Et tout ce que vous pouvez mettre entre Big Black et Unsane.
Songs about fucking total destruction. Douze titres rudement
bien menés dont on ne ressort pas indemne. Badge Grabber
sévit depuis 2021 avec pléthore de disques.
Tous dans le domaine du virtuel numérique. Fallopian
Tube Amplifier aurait mérité un bien meilleur
sort mais foncez dessus quand même.
[publié le 14 juillet 2023]
Slunk
/ Pigtails
Slunk,
un nouveau groupe anglais (Bristol) mais quasiment un projet
solo. Celui de John Bannister (chant, guitare) qui a retrouvé
le chemin de la musique après une longue pause quand
il a quitté Milk
Teeth en 2016. Avec Peter Miles à la batterie,
Slunk forme un duo à caractère relativement
intimiste et sobre, tendance slowcore parfois, acoustique
le temps de Hold The Pain And Dance mais également
souvent et c'est tant mieux, dans une version post-punk-indie-noisy
anguleuse, tendue, nerveuse, revêche. Ce qui n'empêche
jamais les coups de mélancolie, quand le slowcore revient
mettre toute son intensité sans avoir l'air d'y toucher,
une désillusion attachante qui traîne dans le
fond, même sur les titres les plus directs et mordants.
Pigtails, le nom d'un premier album en version numérique
uniquement qui donne fortement envie de suivre Slunk.
[publié le 12 juillet 2023]
Romcom
/ Future Nuisance
La
scène de Melbourne sans cesse en pleine bourre. Les
petits nouveaux du jour se nomment Romcom et viennent de sortir
une cassette cinq titres au nom qui sonne bien de chez nous,
Future Nuisance. Le post-punk version australienne,
c'est à dire avec des pourtours suffisamment noisy,
des triturations sonores non-identifiées et une attitude
rock'n'roll pour trépigner et faire couler la sueur
jusqu'au bout de la nuit.
[publié le 01 juillet 2023]
Naked
Objects / Attack Ships
Naked
Objects n'arrête jamais. Depuis Blue
Sunlight Artifical Living, l'entité new-yorkaise
a eu le temps de sortir Dub Isolate (une cassette trois
titres), trois nouvelles compos et maintenant Attack Ships,
quatre inédits (+ DME, un bonus digital track
uniquement) qui ont la chance de voir le jour sur un vinyle,
hélas tiré à très très
peu d'exemplaires. Ce qui n'empêchera pas de glisser
quelques mots sur cette musique toujours aussi classiquement
et diaboliquement post-punk, avec encore des titres hypnotisants,
une rythmique de feu qui cogne dans la tête, une guitare
et ce son magnifiquement acéré dans la droite
ligne de Gang Of Four, noisy juste ce qu'il faut avec un surplus
de hargne pour donner envie d'écouter en boucle des
titres comme Broken et Orion ou DME avec
sa petite mélodie envoûtante et sa ligne de basse
dantesque.
[publié le 18 juin 2023]
Hubert
Selby Jr. Infants / Good Evening, Pricks!
Les
enfants de Hubert Selby Jr. ne viennent pas de Brooklyn mais
sont irlandais et montrent qu'à Dublin, l'imagination
ne manque pas. Une première cassette cinq titres dont
la mélodie du titre d'ouverture How To Steal A Car
fait inlassablement penser à Dinosaur Jr en mode Hüsker
Dü. La suite est plus insaisissable, entre noise-rock
tendu à tendance grungy, indie noisy foutraque et nerveux
avec un souci continuel des accroches mélodiques et
un titre de sortie Build Me A Monster de plus de cinq
minutes étrangement mélancolique et entre deux
eaux. Suffisant pour se demander ce que la descendance de
Hubert fera plus tard.
[publié le 07 juin 2023]
Faints
/ Flat Fields EP
Faints,
c'est le Canada. Et c'est à peu près la seule
chose que l'on sait sur ce nouveau groupe. Et le fait que
US Maple est une de leur grande influence. Merci de nous le
dire parce que ça s'entend pas du tout. Ou alors dans
certaines sonorités ou plans de guitare, à la
marge, pourquoi pas. Qu'importe. Un groupe qui cite US Maple
ne peut être qu'un bon groupe. Et Flat Fields,
un EP cinq titres sur Darkk Era records, est effectivement
un enregistrement marquant. Post-punk, no wave, noise-rock,
ce que vous voulez mais Faints le fait avec tranchant, déviance
racée, détachement et mélodies piquantes
où il est donc question de ces guitares cinglantes
qui font des merveilles. Faints, le nouveau groupe qu'il vous
faut.
[publié le 30 mai 2023]
Daggers
/ The Fable Of The Bees
Le
cinquième album de Daggers est digital only.
Et c'est bien triste. Mais on va quand même en parler
un peu avant qu'il ne tombe dans les oubliettes numériques
des disques qui n'existent pas vraiment. Parce que The
Fable Of The Bees est un nouvel acte de classe du groupe
belge. Un mélange si particulier et unique qui peut
se résumer sobrement sous l'étiquette de rock
sombre, dans la lignée de Neon
Noir Erotica. Magnifiquement âpre et puissant,
douloureusement tendu, rocailleux avec ce grain de voix de
granit qui fend l'âme en deux, féroce et agité
plus d'une fois, riffs simples mais à l'impact dingue,
la dynamique de The Fable Of The Bees transcende une
nouvelle fois tous les styles. Seulement six titres (plus
deux, Sentinel et Of Cinders, repris en version
live) mais tous profondément marquants et charriant
un fort sentiment de brûlure noire pour le pire qui
reste toujours à venir.
[publié le 24 mai 2023]
Stella
Research Committee/ Killed Alive
Sixième
enregistrement pour le groupe de Cincinnati Stella Research
Committee, Killed Alive ne sortira hélas qu'en
cassette contrairement au précédent
qui avait connu les joies du vinyle. Par contre, le trio pousse
encore plus loin le bouchon d'un noise-rock expérimental
qu'il en devient totalement hybride et inclassable. Aussi
bien White Suns que Colossamite voir Flying Luttenbachers,
aussi bien désaxé que hyper tendu, aussi free
que frénétique, mélangeant guitare cisaillante,
fourmillante et synthé/sample pad, rythmiques technoïdes,
azimutées et trépidantes issues de boites à
rythmes ou d'une vraie batterie, créant l'angoisse
et la parano dans des ambiances industrielles et flippantes
avec ce nerf punk bien présent tout comme les bourrasques
électroniques, SRC est sans cesse en recherche et en
besoin de créativité pour sortir des sentiers
battus. Killed Alive, une oeuvre à part qui
vaut la peine d'être vécue et que le groupe annonce
comme une réalisation posthume... en tant que trio.
Stella n'a pas fini de nous surprendre et c'est une très
bonne nouvelle.
[publié le 23 mai 2023]
Sunnnerds
/ Fool On The Hill
Voilà
un nouveau projet qui renvoie à Socrates. Non, pas
le joueur de foot. Encore moins le philosophe. Mais le groupe
de Lyon qui a sévi au milieu des années 2000
et qui a sorti deux belles boules
noise-rock. Sunnnerds avec un abus de n est composé
du guitariste (Franck Gaffer) et du batteur de Socrates plus
un chanteur. Et ça fait beaucoup de bruit comme on
aime. Trois vieux potes qui se remettent ensemble et la soif
d'en découdre comme au premier jour. Une guitare qui
racle pour deux et en profondeur. Des réminiscences
de Arab On Radar mais sans les déhanchements. Un truc
bien rugueux, dissonant, cogneur et une voix qui essaye de
se frayer un chemin sans chercher à hurler, créant
ainsi un certain décalage. Fool On The Hill
et My Phone, deux excellents titres annonciateurs d'un
futur EP qui est déjà attendu de pied ferme.
[publié le 17 mai 2023]
Vendettas
/ Coherent Feelings
Cela
fait déjà plus d'un an qu'il avait été
question du premier EP de Vendettas.
Un seul titre à l'époque.
Le vinyle est toujours espéré, on croise les
doigts. En attendant, les cinq titres de Coherent Feeling
s'écoutent et se consomment sans modération.
Un post-punk volontaire qui dépasse ce cadre trop restrictif,
des titres pugnaces, un batteur qui sait se faire entendre
et remarquer, une face noisy, une autre plus swamp-rock et
poignante. Le trio anglais a de la ressource et tout l'avenir
devant lui.
[publié le 16 mai 2023]
Un
titre. Un seul titre. Mais quand le groupe s'appelle Heir
Traffic, on ne boude pas son plaisir. Dans le sillage de son
magnifique premier album No
Hearth, le quintet de Melbourne délivre un
inédit, Digging. Et question de creuser, Heir
Traffic continue toujours plus profond à creuser dans
notre petit coeur de rocker pour déposer une sublime
touche de swamp-rock lumineux unique en son genre (avec Jemma
Hollway invitée au chant), hyper classe et dont ils
sont les seuls dépositaires. Splendide.
[publié le 11 mai 2023]
Green
Aisles / s/t EP
Green
Aisles n'est ni un nouveau groupe ni à son premier
essai. Mais c'est tout comme. Après un split en 2018
avec Heavensend, le groupe de Raleigh a disparu des radars.
Il réapparaît cinq ans plus tard en passant de
quatuor à trio et seul le bassiste-chanteur Nathan
Forbes est survivant. Il est désormais accompagné
de Maxton Collins (guitare) et Zachary Mega (batterie,chant)
pour trois nouveaux titres qui évoqueront joyeusement
Shotmaker
pour les anciens et plus généralement un post-hardcore
à émotions, abrupte et mélodique, avec
un certain talent pour accoucher de titres épatants
comme Subversion Subversion.
[publié le 02 mai 2023]
On
/ Hissunkissun
Quasi
un an jour pour jour, cette modeste gazette internet se faisait
l'écho des
premiers émois de On, un groupe finlandais avec un
membre (le chanteur-guitariste) de Loins.
L'album était prévu sur Sideeffect records.
Il n'en sera rien. Les six titres de Hissunkissun ne
verront que la couleur du numérique. Un nouveau projet
bien loin des affres noise-rock mais évoluant dans
une sphère kraut-rock minimaliste et répétitive.
C'est subtil et assez hypnotique avec sa rythmique inventive
très présente qui tourne et tourne encore mais
ça vibre constamment d'une électricité
noire ne demandant qu'à s'échapper. Ça
peut aussi s'énerver et virer plus rouge et noise (Hissunkissun
et Kuunaama, seul titrequi se fend d'un chant
en finnois) et même devenir bien tripant avec les huit
minutes et quelques finales du titanesque Goliath,
façon Golden Oriole ou Staer. Dommage pour le disque
mais content que ces titres voient enfin le jour.
[publié le 26 avril 2023]
John
/ Trauma Mosaic
Nouveau
titre du duo anglais John. Trauma Mosaic s'inscrit
dans la récente lignée de Hopper
On The Dial, c'est à dire une compo plus longue
qu'à l'accoutumée où le duo prend ses
aises et son temps pour développer la mélodie,
donner de l'espace à la structure avant de peu à
peu emballer la machine dans une propension hypnotique plus
apaisée que leurs précédents enregistrements
malgré le sprint final. Comme une nouvelle quête
sonore. Aucune idée si ce titre sera repris sur un
futur disque. En attendant, profitez.
[publié le 25 avril 2023]
Sleepwell
/ Growth//Rot
Brooklyn,
New York, nouveau trio qui monte au créneau avec des
accointances du coté de Show
Me The Body, Sleepwell vient de publier quatre morceaux
qui sont également un beau condensé de rage
hardcore, de savoir-faire noise-rock et de punk des rues.
Les riffs qu'il faut pour aller au combat et rendre les ruines
plus belles, des rythmes qui te chopent la nuque et le la
lâche plus et des compos déjà parfaitement
en place et terriblement accrocheuses, Sleepwell tient en
éveil et promet beaucoup.
[publié le 24 avril 2023]
Bite
/ Acrobat
Bite
était sur nos tablettes depuis leur précédent
EP Never Satisfied qui avait été édité
en CD. Acrobat n'a pas cette chance et ça sera
qu'une cassette. Mais les sept titres sont du même bois
noise-punk et ça fonce dans le tas pour débiter
de la bûchette parce que Bite n'est pas là pour
faire de la figuration. Le batteur chante. Le guitariste aussi
et donne l'impression d'être plusieurs tellement le
son de sa six cordes se démultiplie et est abrasif
à souhait. Un duo allemand (Münster) méchamment
basique juste ce qu'il faut, naturellement hargneux, joyeusement
incisif que ça fait du bien par où ça
passe.
[publié le 18 avril 2023]
Piss
For Pumpkin / Scared To Die
Le
cochon d'Inde de la chanteuse Annie MacLeod a inspiré
le nom du groupe.
C'est important de le savoir. L'avenir de Piss For Pumpkin
en dépend. La bête est morte, un trio est né.
Montréal est leur terre natale. Basse, batterie, exit
les guitaristes qui font toujours trop de bordel et le chant
donc. Qui peut s'avérer furieusement criard, hystérique
mais heureusement, pas tout le temps et loin de là.
Scared To Die, premier album en mode cassette, qui
n'a pas peur de pousser ses comptines punk brèves et
incisives dans des contrées tordues, expérimentales
mais pas trop, épileptiques, subitement mélodiques
et posées comme sur Conditioner,
tout en étant tout sec et squelettique. Bref, ce groupe
spécial a un truc bien à lui qui agrippe par
les nerfs comme il faut et donne envie.
[publié le 11 avril 2023]
Spoiled
Brat / Humility
Des
enfants gâtés comme le suggère le nom
du groupe en provenance du Delaware qui piquent une crise
parce qu'ils n'ont pas eu leur goûter et se transforment
en furie. Six titres dépassant à chaque fois
à peine la minute de jeu. C'est largement nécessaire
pour succomber à leur punk-noise épileptique,
étonnamment consistant et férocement ravageur
comme leur humour avec des titres parfaits (All My Friends
Like Chat Pile ou I Discovered My Prostate, Pray For
Me). Espérons que leurs amis s'intéressent
aussi à Spoiled Brat. Humility a été
publié sous format cassette à 25 exemplaires
pour le Al Generated Tour début 2023. Vous pouvez
plus sûrement vous procurer ça en le téléchargeant
à prix libre.
[publié le 04 avril 2023]
Only
Fools And Corpses / Pissant
Only
Fools And Corpses, ça sonne comme le titre d'un roman
noir et c'est un groupe de Newport dans le sud du Pays de
Galles qui décroche la timbale et écrit son
premier chapitre avec Pissant. Toute une histoire qui
s'annonce malsaine. Celle de ce trio commence donc avec une
cassette sept titres sur Gold
Mold records. Elle narre les vicissitudes d'un trio en
pleine bourre noise-rock avec un peu de gras sur les bords,
quelques moments de flottements et inspirations moins heureuses
mais suffisamment de rage, de vivacité, de coups de
latte, de fulgurances comme avec Greenhouse et une
basse carnassière pour donner envie de suivre ce groupe
pour les prochains épisodes. Et seuls les fous et les
cadavres le savent.
[publié le 31 mars 2023]
Old
Mayor / Shelter Ceremony Collapse
Old
Mayor renaît de ses cendres. J'ai pas bien compris si
c'était juste à l'occasion d'un concert pour
célébrer la fin d'activités d'un promoteur
à Brighton qui leur avait organisé leurs premiers
concerts ou si ça va durer. Toujours est-il que pour
fêter ça, Old Mayor sort quinze ans après
la fin du groupe le EP Shelter Ceremony Collapse (sous
forme de cassette), trois morceaux enregistrés à
l'hiver 2008 à New-York mais qui n'avaient jamais vu
le jour car le groupe s'était séparé
juste après. Plus exactement un duo anglais avec Adam
Kammerling (guitare, chant) et Owen Gildersleeve (batterie),
le nom de ce dernier n'étant pas inconnu puisque c'est
le boss de Human Worth records et aussi le batteur de Modern
Technology. Et ça tombe bien car Old Mayor (qui n'avait
sorti qu'un CD cinq titres dans sa vie) présente pas
mal de similitudes avec Modern
Technology, soit une musique portée sur la lourdeur,
la lenteur, la puissance, ce qu'on appelle communément
le doom. Mais à leur sauce avec bien plus d'ingrédients
et un savoir-faire personnel. En plus, la production de Shelter
Ceremony Collapse a été complétée
pour cette publication, tout comme la mastérisation
pour que l'écrasement soit total.
[publié le 29 mars 2023]
Grub
Nap / God Pile
Grub
Nap, duo anglais avec Steve Myles (Thank,
Cattle)
à la batterie et Dan Barter (Dvne, Joe Pesci) à
la guitare sort une cassette six titres sous le nom de God
Pile chez l'incontournable label Human Worth qui reverse
comme d'habitude une partie des recettes à une organisation
caritative. Et c'est du brutal. Avec un chant hargneux et
aux abois pendant que l'autre est typé grognements
death-metal n'officiant heureusement que dans le fond et par
intermittence. Du punk-sludge bien raboteux, sale sous les
ongles et à l'ambiance aussi pesante que les rythmes
qui n'accélèrent que rarement. Ça te
lamine plus sûrement qu'une charge de CRS.
[publié le 23 mars 2023]
Ce
qui est écrit juste au-dessus, c'est du cyrillique
et ça veut dire Ersatz pour le nom du groupe et le
nom du EP signifierait Force Majeure ou un truc dans
le genre. Vous l'aurez compris, on va parler d'un groupe russe.
Pas un pays très à la mode de nos jours. Aucune
idée si ce groupe moscovite trouve que Poutine est
un vrai punk ou non. La seule chose de sûr, c'est que
ce EP cinq titres est d'une violence noise-rock de malade
et qu'il bombarde nos tympans à la vie à la
mort. L'urgence en bandoulière tout comme le désespoir,
la bave aux lèvres, l'abrasion naturelle et auto-inflammable,
les saturations comme une seconde peau, le matraquage comme
règle élémentaire de survie, Big Black
qui aurait sorti la sulfateuse et la grosse artillerie avec
une surprenante et splendide illumination mélodique
sur le dernier titre, la basse qui avance comme un tank et
d'ailleurs, ça avance toujours au pas de charge, un
son sale et méchant. C'est franchement très
très convaincant. La Russie comme on l'aime.
[publié le 17 mars 2023]
Tfbundy
/ Totally Fucked But Unfortunately Not Dead Yet
TFBUNDY
est l'acronyme de Totally Fucked But Unfortunately Not Dead
Yet qui est donc aussi le nom de leur premier album cassette
et qui est à la base un terme médical pour dire
que t'es très mal barré dans la vie. Un groupe
de Wichita (Kansas) développant des saveurs d'un noise-rock
puissamment charpenté avec des reflets swamp, une classe
rock'n'roll et une vivacité à la Gun Club sur
On The Table, des soufflantes cuivrées sur une
poignée de morceaux et tout ce qu'il faut de passion,
de chaleur, de rage, de turbulences pour composer sept titres
qui te chamboulent sans coup férir.
[publié le 10 mars 2023]
Cushing
/ In The Clutches Of...
Cushing
n'avait pas donné de nouvelles depuis 2018. Ça
tombe, on ne les connaissait pas du tout. Un groupe de Portland
qui se fait découvrir avec ce second album dix titres
(publication numérique uniquement mais ça pourrait
changer non ?) In The Clutches Of. Et dans les griffes
de Cushing justement, on retrouve pêle-mêle des
lambeaux de noise expérimentale avec des titres bruitistes
instrumentaux comme les quasi dix minutes finales du judicieusement
nommé La Fin en français dans le texte
ou Lvl1 et Zona, un noise-rock heureusement
plus entraînants et crépitants (parce que faut
avouer que les morceaux pré-cités font plus
office de remplissage), des titres plus complexes et sombres
comme Barstow et surtout Heavy Seas, des mélodies,
de l'abrasion fine dans une approche plus indie-rock mais
avec toujours une bonne grosse basse qui vibre, des explosions
punk, des stridences, des coups tordus. Bref, de quoi donner
du relief et de l'attraction à ce groupe qui a tout
pour s'établir dans le paysage noise-rock.
[publié le 04 mars 2023]
Fake
Hands / s/t
Fake
Hands, un drôle de nom pour un nouveau groupe de Seattle
qui est bien réel et n'est franchement pas manchot.
On apprendra sûrement plus tard que les cinq membres
de Fake Hands ont participé à de multiples groupes
auparavant car tout est magnifiquement en place, que ce soit
pour le son ou les compos, une maturité bluffante pour
six titres qui mériteraient bien mieux qu'une simple
sortie numérique. Fake Hands est à cheval entre
plusieurs genres, noise-rock, post-hardcore, post-punk, aussi
bien The Stnnng que The Future Of The Left ou Desperate Living.
C'est généreux dans l'effort, les guitares ont
beaucoup de choses à dire mais elles le font très
justement, les deux chants sont à l'unisson. C'est
virevoltant, catchy, piquant, enthousiasmant, c'est Fake Hands
et il est très fortement conseillé de suivre
leurs futures pérégrinations.
[publié le 02 mars 2023]
Thermostat
/ Thermostat EP
Thermostat
fait chauffer le noise-rock depuis Detroit. Tout en le faisant
disjoncter. Un nouveau groupe avec notamment Mahadeva et Sree
Kota qui séviss(ai)ent au sein de Dirt
Bomb mais là, ça n'a rien à voir.
Un noise-rock hybride, mutant, approche unique. Thermostat
maintient une pression constante, a de quoi vous faire péter
un plomb car inclassable et c'est ça qu'on aime. Quatre
titres de haut vol plus un cinquième, Wayma,
radicalement punk en cinquante seconde, une matière
incandescente, expérimentale tout en étant structurée,
fiévreuse, originale et magnifiquement magnétique.
Révélation.
[publié le 28 février 2023]
Hauspoints
/ Bloody Interference
C'est
le nom de Steven Hodson (USA Nails, Blacklisters, Rubbing)
qui a attiré notre curiosité vers Hauspoints,
nouveau projet originaire de Chorley, patelin au nord de Manchester
et qui vient de sortir Bloody Interference, une cassette
quatre titres s'éloignant des standards noise-rock
des groupes précités mais pas de notre ligne
d'intérêt. Un trio avec Hodson à la batterie
qui oeuvre dans un genre de krautrock assez tendu, mélodique,
répétitif, hypnotique, saupoudré d'électronique
et de synthés pour planer plus haut tout en restant
un peu retors. Bref, la curiosité a parfois du bon
et vous auriez tort de vous en priver.
[publié le 21 février 2023]
Inksuit
/ self-titled
Inksuit,
groupe de Nashville, Tennessee, débarque dans la vie
avec quatre titres à la personnalité déjà
très affirmée. Un noise-rock hybride et expérimental
avec des effets électronique vampirisant les dissonances,
des structures surprenantes tout comme certaines sonorités,
narratives, accidentées, mélodiques, haletantes.
Un chant intense qui peut aussi verser dans le crooner retors
ou simplement parlé et les sept minutes finales de
Belfry pour asseoir définitivement ce quatuor
dans la catégorie noise originale. Mais qu'importe
comment vous appelez ça, la certitude que Inksuit est
un sacré bon groupe en plus d'être un drôle
de phénomène est bien présente alors
vivement la suite.
[publié le 16 février 2023]
Exhibit
/ Folli Rei
Les
Italiens de Exhibit frappent un grand coup avec Folli Rei,
premier album que Controcanti Produzioni sort hélas
uniquement en cassette. Du noise-rock de haute-volée,
celui qu'on aime tant, urgent jusqu'au bout des cordes vocales,
hyper tendu, abrasif, avec des relents industriels qui doit
autant à
White Tornado qu'à Deity Guns. Dix titres qui sifflent
entre les dents, intelligemment bruitiste, c'est riche d'idées
et de convulsions explosives qui vous laissent pantois, de
noirceur impénétrable, de grésillements
mystérieux, d'ondulations vénéneuses,
d'expérimentations pénétrantes et percutantes
qui forment des morceaux magnétiques. Passionnant de
bout en bout, une vraie belle surprise.
[publié le 13 février 2023]
Ssold
/ Passionate Horse
Ssold
a un CV long comme le bras, voir les deux, tatouages compris.
Maxamillion Avila à la batterie (Antioch
Arrow, Get Hustle, Holy Molar, Chromatics etc.), Joshua
Hughes pour le chant et la guitare (Angel
Hair, Rabbits, The
VSS, etc.), Robert Comitz à l'autre guitare et
récemment entendu avec Still/Form
et Corey Dieckman à la basse et au chant (Landlord,
Ponies). Ça vous pose son groupe. Et on n'est pas déçu.
C'était déjà le cas avec leur première
cassette Ssolid
Ggold, sept titres en 2019. Passionate Horse,
nouvelle offrande numérique de quatre morceaux continuant
à merveille de maltraiter le noise-rock, l'épaissir,
le chauffer à blanc avec une section rythmique qui
pulse sans arrêt et notamment une basse de dingue sur
Honest Living, un allant de furieux et bien punk, un
chant grondant qui sait marquer son territoire et mine de
rien, une façon bien à eux de mener leur noise-rock
avec quatre compos hyper virulentes, secouées de toutes
parts et tout bonnement fantastiques. Retenez bien ce nom,
c'est du très très bon.
[publié le 09 février 2023]
Department
Of Teleportation / Lifestyles Of The Spatially Unreasonable
Department
Of Teleportation, un nouveau groupe de Providence avec de
vieux briscards dedans qui ont participé à des
tonnes de projets auparavant. Mais un seul nom m'a vraiment
parlé, c'est Marjan
Crash dont le bassiste, Scott, a fait partie. Ça
nous rajeunit pas mais ça fait surtout réellement
plaisir de retrouver un membre de cet excellent groupe noise-rock
trop tôt disparu. Lifestyles Of The Spatially Unreasonable
est leur seconde cassette six titres après une précédente
cassette self-titled
sept titres publiée en 2021 et elle aussi très
chaudement recommandable. Du noise-rock hybride. Si vous voulez
absolument un nom de comparaison, c'est Cop Shoot Cop qui
viendrait à l'esprit. Ne demandez pas pourquoi. Un
truc qui flotte dans l'air parfois. Ce qui est sûr,
c'est que ce groupe a de la moelle, un beau brin de classe,
une solide section rythmique prépondérante qui
fait des étincelles, une guitare qui griffe et la ramène
juste ce qu'il faut et un chanteur qui a du coffre, en impose
et bidouille aussi un synthé pour glisser des perturbations
entre les lignes. Ce groupe pourrait être issu de la
scène new-yorkaise avec ce sentiment urbain, sombre,
tendu mais la seule chose qu'on demande désormais,
c'est de passer à la vitesse album et vinyle parce
que Department Of Teleportation est un groupe vraiment excitant.
[publié le 07 février 2023]
Great
Falls / Funny What Survives
Funny
What Survives mais faudrait-il encore survivre à
ces trois nouveaux titres pour trouver ça drôle.
Great Falls n'a jamais eu la réputation de faire une
musique amusante et là, le trio de Seattle rigole encore
moins que d'habitude. Trois assauts de déments, courts,
convulsifs à en crever, punitifs en mode tornade, avec
des samples discrets qui font tout le charme de Up To The
Gums. Pas de survivant possible. Great Falls démontre
une fois de plus qu'il est le roi du noise metalcore de malade.
La seule mauvaise idée de ce disque, c'est que Great
Falls l'a pressé au chiffre pharaonique de trois exemplaires,
façon single lathe cut. Épuisé avant
de l'écrire. Mais le téléchargement est
libre alors gavez-vous.
[publié le 04 février 2023]
Split
Silk / self-titled
Split
Silk est une seule et même personne, Lucca Cassandra
Anastasia Carver qui se définit comme artiste Sapphic
Non-Binary Trans-Girl. Mais qu'importe, pourquoi préciser
tout ça alors que la musique se suffit à elle-même.
Et quelle musique. Ça vient d'Atlanta, ça sonne
comme un groupe à part entière avec une urgence
et une fêlure dans la voix qui fait beaucoup dans le
charme de Split Silk pour un noise-rock (avec un léger
parfum shoegaze) qui baigne dans une aura étrange et
magnétique, comme une violente mélancolie, des
mélodies omniprésentes, aigres-douces, belles,
mordantes, sur un fil, un malaise palpable et à la
fin, six titres qui vous retournent sans coup férir
méritant de sortir sur un beau disque. Pour une entrée
en matière, c'est un coup de maître.
[publié le 02 février 2023]
Rien
Virgule / Concert au Goutailloux
Rien
Virgule sort un live, en cassette, et c'est La République
Des Granges qui régale. Un concert enregistré
à la ferme du Goutailloux (Tarnac et son magnifique
et reposant Plateau de Millevaches) le 9 juillet 2021. Sept
titres extraits du dernier album La
Consolation Des Violettes plus une improvisation.
Si vous avez aimé le disque, vous allez adorer aussi
le concert, Rien Virgule étant aussi à l'aise
sur scène qu'en studio pour retranscrire toute la richesse
et la diversité de leur musique toujours aussi magique
et envoûtante. Et pour se consoler (un peu) de ne pas
avoir été présent ce soir là,
le concert a été filmé.
[publié le 24 janvier 2023]
Fiasco
/ Bas Les Coeurs
Fiasco.
Outre que c'est un nom parfait pour un groupe, Fiasco est
venu nous chatouiller les oreilles parce que l'ancien batteur
de Kourgane
y figure. Et ça, ça mérite franchement
de s'y intéresser. Musicalement, c'est très
différent sauf pour le coté original, inclassable
et un chant féminin et des paroles qui marquent et
sonnent juste. Bien en peine de décrire cette musique
mais si vous aimez tout ce qui est un peu expérimental,
avec un charisme décalé tout en restant dans
un cadre plus ou moins rock avec de l'électronique
dedans, Fiasco vous tend les bras. Bas Les Coeurs est
leur dernier titre en date mis en ligne mais vous pouvez écouter
les cinq précédents, c'est tout aussi séduisant,
notamment Droite pour les paroles. En espérant
que tout ça se concrétise un jour sur un disque
en bonne et due forme. Fiasco, une réussite.
[publié le 22 janvier 2023]
Officine
/ 2E
On
attendait comme des cons que la version vinyle sorte pour
en parler parce qu'on est des puristes butés. Il faudra
se contenter d'une cassette sur Ideal
records pour 2E, second album du trio parisien
Officine qui nous avait fortement impressionné avec
Dieu.
Et à nouveau, quelle claque. Aller et retour. No-wave
un jour, no-wave toujours. Avec une virulence accrue. Droit
dans le mur qui brûle de ses plus belles flammes. Un
son encore plus dense, charcuté, grimaçant sur
lequel souffle un vent mauvais. Les morceaux gagnent en consistance
et folie. Hakike et Injuries s'enfoncent loin
dans le crâne pour mieux le vider de toute la merde
ambiante. Le groove irrépressible et grinçant
de Thriller donne une seconde vie à Michael
Jackson. Et Officine possède aussi un art aiguisé
du malaise quand il s'agit de ralentir les pulsions sanguinaires,
dompter l'abstraction du bruit, se faire nerveusement convulsif
et imprévisible avec l'étrange, angoissante
et lancinante triplette Lamentation, A711 et
Vices. Sept titres d'un délicieux supplice noise.
[publié le 16 janvier 2023]
Risk
Relay / Dead Sitcom Star
Qui
l'eût cru ? Risk Relay respire encore. Sept ans que
le groupe de New Brunswick ne s'était pas manifesté,
depuis As
We Descend. Un groupe tellement discret et ça
fait vingt ans que ça dure. Et c'est justement pour
souffler ses vingt bougies que Risk Relay repointe son nez
avec un nouveau morceau, Dead Sitcom Star. Et c'est
toujours aussi bon et classe. Si des groupes comme Drive Like
Jehu, Unwound, Come vous font vibrer, essayer tout de suite
Risk Relay. Peu de personnes ont croisé sa route mais
chaque personne qui l'a fait s'en souvient pour toujours.
[publié le 13 janvier 2023]
Body
House / Hose Man
C'est
en 2021 que Body House s'était manifesté au
monde virtuel avec sept titres bien piquants. Le groupe de
Los Angeles revient avec Hose Man, quatre titres qui,
contrairement à ce que laisse penser la pochette, ne
sont pas dopés aux stéroïdes et anabolisants.
C'est toujours aussi acéré et nerveux, catégorie
noise/no-wave bien que la ligne de basse sur le morceau d'ouverture
(Magic Bullet) possède de forts airs de Fugazi.
Mais le reste est très tendu, dissonant façon
Sonic Youth des années 80 et ça donne envie
de les suivre inconditionnellement.
[publié le 07 janvier 2023]
Grins
/ Painful Breakup
Seconde
sortie pour le groupe finlandais Grins. Painful Breakup
est un cinq titres, une cassette qui va sortir sur Suspected
Of Arson records qui avait également fini par publier
en cassette le premier album Unflattering
Angles. Et ça commence de façon assez
surprenante comme du Kowloon Walled City avec les six minutes
et quelques The One Where Everything Fells Apart, tout
en mélancolie qui n'éclate jamais et ça
met l'eau à la bouche. Sur les quatre morceaux suivants,
le trio retrouve plus de niaque, une rythmique sèche
et intraitable, une basse qui tabasse et d'intensité,
l'école Chicago sound version grand nord. Sans en mettre
de partout. Grins devient alors un animal aux griffes acérées,
contrôlant ses gestes et ses humeurs et son noise-rock
n'en est que plus intéressant, avec cette petite touche
de désespoir qui fait mal et de rage qui voit rouge
s'entremêlant pour que ça soit encore plus splendide.
[publié le 03 janvier 2023]
Gloop
/ Maze Maker
Gloop
ne lâche pas l'affaire et on ne lâche pas Gloop.
Quatre mois à peine après Television
Fire, une cassette EP quatre titres, le trio de Baltimore
revient avec le même format et le même nombre
de morceaux sous le nom de Maze Maker. Par contre,
Gloop sonne différemment. Punk, noise toujours mais
blues aussi, au vitriol, garage, sale, déviant de sa
trajectoire habituelle, comme si Captain Beefheart bataillait
avec Hoaries, avec une guitare qui glisse admirablement bien
sur les perfidies d'un rock'n'roll malmené. Jusqu'à
devenir totalement détraqué et aliénant
sur le répétitif Drunk & Undead.
Toute la spontanéité (le chant notamment, bien
frappé) d'un enregistrement sur un jour qui voit Gloop
prendre une nouvelle tangente. On les suit sans problème,
comme toujours.
[publié le 30 décembre 2022]
Danes
/ Dislocation
Danes,
nouveau groupe canadien (Vancouver), publie Dislocation.
Six titres qui posent le décor et il s'avère
aussi imaginatif qu'insaisissable. Post-hardcore, noise-rock,
art-punk, le trio privilégie plusieurs angles d'approches
avec autant d'émotions différentes à
la clef pour former un tout cohérent. Le noise-rock
made in Chicago côtoie la sensibilité des groupes
de Dischord et renvoie à feu leurs compatriotes Rockets
Red Glare ou The
Plan. Anguleux, abrasif avec plein de pièges et
de trouvailles à l'intérieur, direct et porté
sur les ambiances à la fois, plus complexe parfois
et soyeux, Danes est particulièrement convaincant.
A surveiller de très près pour une publication
existant aussi en cassette.
[publié le 20 décembre 2022]
Less
/ Trauma
2022
aura été l'année où Less a commencé
à répandre la bonne parole. Cela avait débuté
en janvier avec le deux titres Useless et on ne s'était
pas privé de la répandre aussi la bonne parole.
Negative
Authority et Harmful
avaient continué à montrer que tout ça
n'était pas qu'un feu de paille. Et pour finir l'année
en beauté, le trio français publie deux nouveaux
morceaux sous le nom de Trauma. Et malgré un
important changement de personnel avec l'arrivée d'un
nouveau bassiste et batteur ne laissant que le bassiste-chanteur
d'origine, Less assène toujours son noise-rock avec
une virulence à toutes épreuves. Rien ne peut
le déroger de sa ligne de conduite où la rythmique
est prépondérante, lourde, pulsative et éruptive
tout en montrant un penchant aussi pour des germes plus mesurées
et mélodiques sur les cinq minutes de Substance,
sans se départir de son âme punk et jusqu'au-boutiste
sur Bad To The Bone. 2023 leur tend les bras. Espérons
qu'un vinyle aussi.
[publié le 14 décembre 2022]
Stilts
/ split with Kuroishi
Stilts,
seconde édition. La première où avait
été question de ce groupe finlandais, c'était
déjà en décembre
mais un an plutôt avec cinq titres affriolants. La nouvelle
livraison en comporte trois. La production pourrait être
plus au cordeau. Mais c'est pas le genre de groupe à
fignoler les détails, mettre trop de beauté
et prendre de gants pour asséner un noise-rock toujours
aussi badass, dans la lignée d'un Mama
Tick, Pachinko
ou Festering
Rinyanyons. Le genre teigneux, irrespectueux, nauséeux,
dérangé tout en gardant un sacré sens
du rock, du groove qui cogne et du bruit sale et abrasif se
répandant comme une traînée de poudre.
C'est censé être un split avec Kuroishi mais
pas de titres en écoute. Par contre, si c'est ce groupe
là,
vous pouvez passer votre chemin.
[publié le 08 décembre 2022]
Malflora
/ Mama I'm Bad
Grace
Ambrose, qui est aussi coordinatrice du contenu de Maximum
Rocknroll, a crée depuis Kansas City le label Thrilling
Living avec pour but de mettre l'accent sur les wild feminist
sounds. Dans son catalogue déjà fort bien
fourni et pertinent, Malflora est la dernière prise
et elle s'annonce encore judicieuse. Mama I'm Bad,
le nom d'une cassette huit titres composés par trois
filles de New Orleans dont Maria Elena qui joue dans Special
Interest, autre groupe digne d'intérêt qui a
publié un album
en 2020 sur Thrilling Living. Malflora, ça sent le
punk DIY, les intonations riot grrrl, la no-wave, le revêche,
le tendu, capable d'être basique et colérique,
d'appliquer un groove pas loin de se montrer entraînant
ou plus éclaté et imprévisible à
l'instar de Kick The Can. Mama I'm Bad et c'est
ce qu'on aime.
[publié le 05 décembre 2022]
Lassiters
/ The Charred Remains Of Gusso The Clown
Lassiters
vient de Londres. Heureusement que c'est marqué dessus
parce que franchement, on aurait juré que ce noise-rock
venait de l'autre coté de l'Atlantique. Plus punk,
plus déjanté et déconnant, plus gras
(mais le bon) avec parfois une touche stoner et moins dans
le calcul et les mélodies que le trio a de toute façon
jeté au feu. Celui dans lequel a cramé Gusso
The Clown pour un premier album en forme de cassette éditée
par Rat
Run records. The Charred Remains Of Gusso The Clown,
ça racle et ça bastonne, se débat dans
les affres d'un rock décomplexé et est un bel
antidote aux premiers frimas de l'hiver.
[publié le 01 décembre 2022]
Chat
Pile / Tenkiller Motion Picture Soundtrack
Chat
Pile a écrit la bande-son du film Tenkiller
(de Kara et Jeremy Choate, sorti le 18 novembre dernier sur
une petite compagnie insignifiante qui distribue des colis
pour passer le temps). Ne vous attendez pas à un God's
Country, second épisode. Ou à du Chat
Pile tout simplement. 17 vignettes sonores, très courtes,
la plupart du temps instrumentales, qui ont l'odeur parfois
de Chat Pile mais qui ne font que passer. On a même
le droit à un pur morceau de country avec Lake Time
(Mr. Rodan). Le seul vrai titre qui pourrait prétendre
avoir sa place sur un vrai disque de Chat Pile, c'est Tenkiller,
ultime compo de cinq minutes qui tient la route. Pour tout
le reste, avec les images derrière, cette musique peut
éventuellement s'avérer intéressante
mais se procurer cette musique qui sortira plus tard sur vinyle
n'apparaît vraiment pas judicieux.
[publié le 24 novembre 2022]
Naked
Objects / Blue Sunlight Artificial Living
Cela
fait un moment que l'on suit Naked Objects, un projet dont
on ne sait quasi rien à part qu'il est localisé
à Brooklyn. Groupe d'une seule personne ou non, Naked
Objects se présente en tout cas comme un groupe post-punk
et collectif dub. Des publications au compte-goutte très
régulières sur leur bandcamp avec des visuels
mystérieux et minimalistes, jamais aucune sortie physique
mais pour Blue Sunlight Artificial Living, Naked Objects
se dit prêt à presser un vinyle. Et ça
serait une judicieuse idée tant cet enregistrement
de huit titres est sûrement un regroupement de ce que
le groupe a sorti de plus consistant. On n'ira pas à
l'encontre de l'étiquette post-punk que Naked Objects
s'est auto-affublé. Version Gang Of Four ou NOV3L
en plus sec et dépouillé, plus noise parfois
avec de superbes parties de basse (le dub n'est effectivement
pas loin non plus) et un sens de l'écriture qui fait
passer allègrement les influences tant chaque titre
est très accrocheur. On attend donc le vinyle de pied
ferme.
[publié le 22 novembre 2022]
Blacklisters
/ Leisure Centre
Blacklisters,
même si c'est qu'un 4 titres, on prend tous les jours.
Le groupe Anglais qui n'avait pas donné signe de vie
depuis Fantastic
Man revient avec Leisure Centre, modeste cassette
publiée par Sad Tapes en Europe et Exploding
In Sound aux USA. Et les bougres de Leeds sont très
en forme et s'éclatent au Leisure Centre. Leur
noise-rock franchit un nouveau pas dans la personnalisation,
surtout avec l'ajout d'un saxophone en mode free, celui de
Rob Mitchell, sur deux titres, Why Deny It? (qui ferait
presque danser) et The Wrong Way Home. Et l'intégration
est on ne peut plus jouissive. Je ne sais pas si c'est une
piste pour le futur mais c'est tous les jours pour remettre
ce cuivre zélé dans des compos par ailleurs
toujours aussi fumantes.
[publié le 18 novembre 2022]
Dastard
/ Horselip
Dastard,
nouveau groupe en provenance du Canada (Victoria) et ça
va piquer fortement. Parce que c'est du noise-rock pointu,
qui vrille la cervelle, l'explose en mille menus morceaux,
acéré, aigu et ça fait un bien dingue.
Horselip est leur premier album qui n'a l'air de
sortir pour l'instant que sur leur bandcamp mais si vous
aimez votre noise-rock écorché, puisant dans
les meilleures sources du style en y apportant son lot d'accroches
mélodiques hautement abrasives et servies sur un
lit de fils barbelés, il ne faudrait surtout pas
bouder ces
excellents neuf titres de la part d'un trio très
prometteur.
[publié le 16 novembre 2022]
Psychic
Graveyard / Haunted By Your Bloodline
C'est
pour fêter leur tournée commune avec les inusables
Melt-Banana que Psychic Graveyard vient de publier via Deathbomb
Arc records un inédit, Haunted By Your Bloodline.
Tout ce qu'il faut pour vous rassasier d'une nouvelle lampée
de noise glaçante et sanguinairement synthétique,
ce qui ne veut strictement rien dire mais s'insérant
parfaitement dans la lignée inconfortable de Veins
Feel Strange.
[publié le 14 novembre 2022]
Lifeguard
/ Crowd Can Talk
Déjà
repéré par deux singles sur Chunklet Industries
(et rapidement épuisés) en 2021, le trio de
Chicago Lifeguard est un (très) jeune groupe puisque
ces trois gamins sont encore au lycée. Le talent (et
la productivité) n'attendant pas les années,
Lifeguard, après Dive un premier album cassette
en 2020, a publié cet été une nouvelle
cassette quatre titres (Crowd Can Talk) sur Born Yesterday
records assez bluffante. Ce n'est pas que ce soit spécialement
singulier mais leur noisy-rock agité est pleinement
maîtrisé, agencé avec ce qu'il faut de
finesse, de profondeur, de relief, de mélodies dissonantes,
d'idées pour évoluer dans les traces d'un Unwound
bien que cette comparaison soit bien sûr réductrice.
Avec un final de sept minutes (Typecast) qui montre
que Lifeguard a de la ressource et peut voir loin. L'écoute
de leurs deux singles est également fortement recommandable.
[publié le 09 novembre 2022]
Fucking
Lovely / Catalogue Of Errors
Fucking
Lovely est à la base le jouet et surtout le défouloir
de Joel Harries, membre du trio 72%.
Après un premier EP en 2019 avec James Bashford, un
autre tout aussi numérique en 2021 avec Joshua Ryan
(un camarade de 72%), Harries s'est associé avec Luc
Hess, batteur de Coilguns
et Thomas Lacey au chant (Cower,
Yards)
et c'est Human
Worth, toujours à l'affût des bons coups
qui sort la cassette répondant à l'étrange
nom de Catalogue Of Errors parce que de faux-pas, Fucking
Lovely n'en fait pas sur ces quatre titres comportant pour
la première fois une voix et quelle voix. Parfaite
de venin, de rugosité pour enflammer le noise-rock
tendu, crochu, paranoïaque et explosif de Fucking Lovely,
et de variétés aussi comme ce joli soupçon
de vocalises plus lyriques sur Billy Boy ou en mode
spoken-word caverneux sur Bricked. Une collaboration
épatante qui en appelle d'autres tant Fucking Lovely
semble avoir trouvé la formation idéale. Mais
ce n'est sans doute pas le but.
[publié le 04 novembre 2022]
Dernier
/ EP 2
Dernier,
ça sent la défaite et les week-ends moroses.
Et c'est justement pour occuper leurs dimanches brumeux que
ces trois brestois ont formé un groupe de vieux comme
ils disent. Une bonne idée qu'ils ont eu ce jour là.
Noise cinématographique et tristement élégante,
dark spoken-word, Beak, une touche à la Bästard/Zëro,
les six titres de ce EP2 publiés en numérique
sur Offoron font sacrément une remarquable impression.
Claviers, guitare, batterie et chant en anglais, c'est sombre,
c'est beau, c'est douloureusement intense. Les dimanches ont
de la gueule à Brest. Et le EP1 sorti en 2021
est tout aussi recommandable.
[publié le 30 octobre 2022]
Sweaty
Palms / The Pursuit Of Novelty
Après
Quit Now, un premier album resté trop confidentiel,
les Écossais de Sweaty Palms se sont occupés
pendant la pandémie pour ne pas tourner en rond en
se lançant dans le projet d'un morceau par mois, moyennant
un abonnement depuis leur site
(certains titres étaient tout de même dispo gratuitement
sur leur bandcamp). Désormais, ces douze titres ont
été regroupés sur une cassette, The
Pursuit Of Novelty. Sweaty Palms continue de taper dans
plusieurs genres, parfois au sein d'un même morceau
mais il existe une constante chez eux, c'est le talent pour
écrire des morceaux très accrocheurs et sans
facilité. The Pursuit Of Novelty aligne une
belle brochette de six très bons morceaux post-punk
de luxe, enrichis par des mélodies magnétiques,
de l'intensité noise, de l'abrasion sur une vague de
velours noir, un caractère sans cesse entraînant
dont le point d'orgue se nommerait Convoi Exceptionnel
dans un style poignant qui ne peut laisser de marbre. Après
ça, les six derniers sont moins prenants. Sweaty Palms
verse dans une dimension plus électro avec régulièrement
des gimmicks synthétiques un poil énervant,
notamment sur les trois derniers. Mais ça ne serait
gâcher la superbe impression du début et confirme
que ce groupe possède quelque chose de spécial.
[publié le 27 octobre 2022]
Self
Improvement / Visible Damage
En
direct de Long Beach, Californie, post-punk über alles
! Mais pas un post-punk d'école. Une mixture à
l'américaine d'un groupe qui était parti pour
faire du The Spits et se retrouve avec quelque chose de plus
anguleux, sec tout en étant mélodique, mordant,
légèrement tordu parfois avec le génial
chant de Jett Witchalls dont le timbre de voix colle à
merveille aux compos acérées de Self Improvement
tout en leur conférant plus d'ampleur et de diversités.
Visible Damage, dix compos dont une reprise de The
Prodigy (Firestarter) fortement séduisantes
et addictives pour un premier album publié uniquement
en cassette sur Floating
Mill records.
[publié le 23 octobre 2022]
Loobs
/ Word To The Wise
Melbourne
un jour, Melbourne toujours. Loobs publie Word To The Wise,
qui contrairement à son premier album Bubblewrap
en 2018, ne bénéficie apparemment pas de sortie
vinyle, juste un fanzine avec un coupon de téléchargement
à l'intérieur. Qu'importe (enfin non mais bon),
ce rock qui ne se justifie d'aucun qualificatif supplémentaire
s'écoute avec aisance et grand plaisir. Ça coule
tout seul, clair, éclatant, hyper entraînant
et futé, mélodique avec de vrais tubes dedans
comme l'irrésistible Hour By Hour et aussi I'm
Not A Communist, finement noisy, nerveux, nonchalant parfois
avec un ou deux titres plus anodins et un I Shall Remain
de six minutes délicieusement répétitif
et hypnotique. Le bonheur est souvent très simple.
[publié le 21 octobre 2022]
A
Future Of Bad Men: A Melvins Tribute
Le
label de Portland Black Donut records vient de sortir 250
exemplaires vinyles de A Future Of Bad Men en hommage
à ces increvables Melvins. Ça fait longtemps
que la messe est dite pour la bande de King Buzzo et que j'ai
décroché de l'affaire (en gros depuis le milieu
des années 90). Et ça tombe bien, les neuf titres
repris sont tous des morceaux datant des débuts du
groupe sauf un, Bride Of Crankenstein datant de 2014
sur l'album Hold It In. Ce tribute a surtout titillé
la curiosité car quelques groupes qu'on aime beaucoup
y contribuent. Grizzlor
reprend Oven (Ozma, 1989) et c'est du taillé
sur mesure pour eux. Trigger
Cut s'intéresse à Houdini (1993)
avec la reprise de Lizzy que le groupe fond parfaitement
dans son moule noise-rock. Work
Party s'attaque à Skin Horse (Stag,
1996) de façon très personnelle et surprenante
car éloigné de leur registre habituel. Les six
autres groupes me sont totalement inconnus et leurs reprises
ne donnent pas envie d'en savoir plus. Un tribute pas plus
pire qu'un autre.
[publié le 19 octobre 2022]
Venus
Twins / Raxis
Venus
Twins n'a pas été cherché loin son nom.
Jake et Matt Derting sont jumeaux, des vrais, pratiquent la
basse, la batterie, le chant du dragon et viennent de sortir
Raxis, un second album uniquement en cassette (comme
le premier, Eat Your Dog, en 2020) sur Softseed
Music. C'est du lourd, du noise-rock à l'état
pur et le duo de Brooklyn en connaît un rayon, la science
infuse du bruit épileptique, qui fait mal, jouissif
à mort, avec des bouts de mélodies qui traînent
(le génial Return To Dust), des rythmiques aussi
étourdissantes que frappantes, l'impression que les
cordes crissantes d'une guitare figurent dans la mêlée
et tout un attirail d'idées, de fritures, de saturations,
de fractures, d'explosions, de diableries jamais gratuit mais
au service de compos hautes en couleurs et rondement menées.
Même les 10 minutes de God's Machines en paraissent
moitié moins. Si tu veux des références,
Lightning Bolt et Glazed Baby auraient pu enfanter un tel
garnement mais Venus Twins a su très vite voler de
ses propres ailes. Cet album monstrueux sortait en vinyle
et c'était la perfection de l'année. Du très
grand art, à s'en repaître sans modération.
[publié le 12 octobre 2022]
Exhibit
A (A benefit compilation for the SPLC)
Une
compilation pour la bonne cause. A l'initiative de Jeff Tirabassi,
batteur de Bitter
Branches et publié en cassette par Knife Hits records,
Exhibit A regroupe 17 groupes et les recettes seront
reversées au Southern Poverty Law Center, une organisation
à but non lucratif basée en Alabama dont l'objectif
est de garantir la promesse des droits civils par le biais
de la défense juridique, la dénonciation des
groupes haineux et la fourniture de ressources éducatives.
On va pas se mentir, un certain nombre de groupes présents
sont zappés allègrement. Pas notre came tout
simplement. Mais vous avez aussi du lourd et des groupes qu'on
adore par ici. Avec quasi à chaque fois des inédits
ou des raretés comme le Sociopathetic de Exhalants
qui offre encore un excellent titre (mais ont-ils déjà
fait un mauvais morceau ?) ainsi que Faking, Multicult, Easy
Prey, Rid Of Me qui reprend Beastie Boys (Sabotage)
et bien sûr Bitter Branches. C'est toujours ça
de pris.
[publié le 11 octobre 2022]
Drill
For Absentee / Strand Of A Lake, Vol. 1
Drill
For Absentee revient d'entre les morts. Après 23 longues
années de silence, le trio américain qui avait
sévit entre 1995 et 1999 avec deux disques dont on
avait narré tous les bienfaits
a décidé de se reformer. Avec deux membres d'origine,
Mickael Nace (guitare, chant) qui se trouve à Philadelphie
et Kevin Kelly (basse, chant) à Los Angeles et Ken
Kuniyoshi, un nouveau batteur japonais (Okinawa) à
la place de Bryan Sargent, Drill For Absentee a réussi
à vaincre non seulement les barrières du temps
mais aussi géographiques pour écrire quatre
nouveaux titres regroupés sous le nom de Strand
Of A Lake, Vol. 1. Un Vol. 2 paraîtra d'ici
la fin de l'année, toujours virtuellement et mon tout
sera réuni courant 2023 sur un vinyle grâce à
l'action conjointe de Fonoradar records en Europe et Friend
Of Mine au Japon. Et le moins que l'on puisse dire après
toutes ces années, c'est que DFA n'a rien perdu de
sa fougue et de son talent. Leur noise-rock à émotions
dans le vague sillage d'un Shipping News, A Minor Forest ou
certains groupes de Dischord a même pris du muscle et
des couches de bruits supplémentaires, une tendance
post-hardcore qui se mélange idéalement avec
leur approche noise 90's toutjours emprunte de finesses. Superbe
retour et vivement la suite.
[publié le 29 septembre 2022]
Wipes
- Day Job / split tape
Le
patron de Hex records avait juré craché de ne
jamais sortir de cassette (je le soutenais secrètement)
mais il a fini par craquer. Trois titres pour chaque groupe
sur ce format qui donne un son ingrat ou comment dans ce cas
là vanter les avantages du numérique (un comble).
Wipes, deux membres de Tile avec un troisième larron
qui avaient déjà sorti un (bon) single
et qui, avant de publier imminemment sous peu un premier album
sur un vrai vinyle de champion, se fendent de trois inédits.
Productivité maximale pour efficacité redoutable.
Noise-punk avec un petit coté Hammerhead pas dégueulasse
sur Pick Me et un sens de la compo affirmée
comme sur l'excellent Disappointment Sucks (ce qui
n'est donc pas le cas ici) plus grésillant de gras
et de lourdeur, ce qui est le cas aussi de Recognize.
Day Job piétine des plates-bandes assez similaires
avec une approche plus sludge ou grunge ou métallurgique,
c'est au choix. Un nouveau groupe avec deux anciens Null qui
donne envie de surveiller la suite mais en attendant, ça
fait parfaitement... le job.
[publié le 27 septembre 2022]
Cornice
/ tape
Le
projet de sortir des inédits de Cornice était
dans l'air depuis quelques temps. Sun in yr Head, label de
Clermont Ferrand concrétise nos souhaits en publiant
une cassette d'inédits live et studio enregistrés
entre 1993 et 1997. On y retrouve The Stringed Instrument
Maker (en version live) seul morceau qui avait bénéficié
d'une sortie à l'époque et dont on vous avait
narré un bout
d'histoire l'année dernière. 16 autres compos
sont également présentes et c'est un vrai bonheur
d'entendre enfin toute l'étendue de leur poésie
punk, déglinguée, étrange, unique.
[publié le 26 septembre 2022]
Muscle
Vest / Hot Hot Hate
Plus
rien n'arrête Muscle Vest. Moins d'un an après
Live Laugh Loathe,
le quintet anglais sort Hot Hot Hate. Alors c'est toujours
un EP (4 titres), c'est même plus en cassette (sans
oublier un split 7'' également virtuel en juillet)
et c'est toujours aussi bon. Trublion noise enragé
et enthousiaste, le groupe londonien se donne sans compter,
virulent tout en ne se prenant franchement pas au sérieux
si on en croit le clip de Solitary
Life, frénétique tout en étant
punitif, à deux doigts du chaos mais délicieusement
rentre-dedans. Ruby (c'est le nom du chien sur la pochette)
peut être content, ces maîtres font du très
bon boulot.
[publié le 23 septembre 2022]
Demons
/ Swallow
Quatre
titres aussi brutaux qu'accrocheurs, chaotiques que fulgurants,
c'est Demons, groupe de Norfolk (Virginie). C'est la tradition
Botch à votre porte et elle vous claque à la
tronche en même pas six minutes avec ces brûlots
courts, lourds, denses, limpides comme un coup de trique et
ça se gobe cul sec sur Swallow, cassette éditée
par Knife Hits records.
[publié le 16 septembre 2022]
Chihuahua
/ Crythor Du
Chihuahua
sort de sa tanière pour la seconde fois après
Violent
Architecture. Et question architecture, le groupe
anglais voit ses ambitions à la hausse tout comme pour
la violence dans le sens débauche sonore. Avec l'ajout
d'un saxophoniste à plein temps et quatre invités
(trompette, trombone, scie musicale et chant), Chihuahua devient
une infernale machine krautrock-noise-free-rock. Ça
fait toujours autant de bordel façon Gnod poussé
dans ses retranchements sans se dénaturer de sa force
noise-rock, ses coups de butoir, ses déflagrations
qui prennent juste des chemins tortueux, élargis, tumultueux,
expérimentaux pour répandre toute sa nocivité
qui n'est pas dénué de beauté et d'atmosphères
sombrement troublées. Cinq nouveaux morceaux regroupés
sous le nom ésotérique de Crythor Du
et publiés en cassette par Cruel
Nature records qui mériteraient également
de sortir en vinyle.
[publié le 14 septembre 2022]
MAJ 12/10/2022 : Chihuuhua n'aura pas fait long feu. Le groupe
a annoncé le 9 octobre dernier qu'il cessait ses activités
suite à des différents personnels.
Noise
For Change ERA Benefit Compilation
Learning
Curve records et Caterwaul Society s'associent pour publier
sur le net uniquement une compilation afin de récolter
des fonds pour le Equal Rights Amendment, c'est à dire
une proposition d'amendement à la Constitution des
USA visant à garantir l'égalité des droits
juridiques à tous les citoyens américains, quel
que soit leur sexe. Quinze titres pour autant de groupes livrant
généreusement des inédits, des raretés
ou des versions modifiées et du lourd vous allez trouver
: Chat Pile (avec la version demo de Brutal Truth,
titre qui arrache tout et qui figure sur un split 7'' avec
Portrayal Of Guilt), Intercourse, Bedtimemagic, Asbestos Worker,
Dug, Bronson Arm, The Tunnel et d'autres trucs moins fréquentables
mais c'est pour la bonne cause !
[publié le 07 septembre 2022]
Tropical
Fuck Storm / Moonburn
Toujours
aussi fort sur les pochettes qui posent question sur la nature
profonde de l'être humain, Tropical Fuck Storm passe
en mode cassette avec le quatre titres Moonburn sur
Joyful Noise records. L'inédit Moonburn est
donc le titre principal dans la grande tradition des compos
de TFS qui prennent aux tripes et les font frémir coté
pile et face. Pas aussi fort qu'un You Let My Tyres Down
mais quand même. Aspirin est la version plus
ou moins acoustique et simplifiée du titre qui était
sorti à l'origine sur le second album Braindrops.
Et les deux autres sont des reprises. Ann par The Stooges
et Heaven des Talking Heads. Ces Australiens ont très
bon goût et leurs versions sont étonnantes, personnelles
et ma foi assez bluffantes, surtout concernant Ann
pour qui on avait rien vu venir.
[publié le 01 septembre 2022]
Gloop
/ Television Fire
Un
an à peine après son troisième album
Crayon Sun, le trio de Baltimore répondant au
nom de Gloop sort Television Fire, un EP quatre titres
uniquement en version numérique sur Grimoire records.
Rien de neuf depuis la dernière fois
mais une nouvelle et saine rasade d'un punk-noise aussi incisif
que pétillant. C'est tout ? Oui c'est tout.
[publié le 29 août 2022]
Polevaulter
/ Move
La
très prolifique et multiforme scène de Leeds
accouche d'un nouveau groupe (qui sévit tout de même
dans le coin du nord de l'Angleterre depuis 2017), un de plus
et c'est pas pour faire le nombre. Polevaulter, duo qui mélange
basse caverneuse, machinerie électronique avec rythmes
intégrés et spoken-word profondément
vibrant et intense est une redoutable arme à faire
du bruit penchant aussi bien du coté industriel que
post-punk hargneux ou electro-noise grésillant et sifflant.
Move est une cassette quatre titres et - c'est pas
pour vous tendre la perche - mais vous devriez fortement vous
intéresser au cas de Polevaulter. C'est quand ils veulent
pour publier un disque en bonne et due forme.
[publié le 24 août 2022]
Sue
/ I Will Dance With Hell So You Can See Heaven
Nouvelle
furie noise en provenance de la perfide Albion. Sue, un trio
anglais qui publie un premier album uniquement numérique
répondant à la douce sentence de I Will Dance
With Hell So You Can See Heaven. J'ai pas tout compris
mais ce qui est sûr, c'est que l'enfer et le paradis
vous aurez. Diabolique bande-son qui amène à
l'extase plus d'une fois, infernale fureur qui peut verser
dans le poignant et chercher à étreindre autant
qu'à tabasser (I Need A Cure et A Pathetic
Man), le désespoir et la rage dans un même
élan confus. Sue fait abondamment transpirer tout en
provoquant des frissons. L'enfer à votre porte ne demandant
qu'à s'ouvrir encore plus sur un avenir à surveiller.
[publié le 18 août 2022]
Muscle
Vest/Struggles With Syntax | split 7''
Muscle
Vest et Struggles With Syntax ont déjà eu l'occasion
de figurer dans cette rubrique lors d'enregistrements cassettes
l'année dernière. Les deux groupes anglais sont
cette fois réunis grâce à Muzai records
pour un split single virtuel. Muscle Vest montre toute sa
capacité à vriller les oreilles avec God
Doesn't Love You et son noise-rock débraillé,
perçant et un chanteur extraverti. Et se marrie très
bien avec Struggles With Syntax qui aime aussi monter dans
les aigus avec Feel Love, nouvelle preuve que leur
noise-rock est à multiples visages, imprévisible,
chahuteur et intéressant.
[publié le 12 juillet 2022]
Facet
| 44
Facet,
un trio d'Oakland qui s'était fait remarquer en 2020
par Devoid,
une reprise d'Unwound mais aussi la cassette Duck l'année
d'avant. C'est avec 44, un nouveau morceau et un clip
désopilant que Facet revient. Un pur bonheur de noise-rocker.
Cliquez sur Play, vous ne regretterez pas ou alors on ne peut
plus rien pour vous.
[publié le 11 juillet 2022]
Montbéliard
| Satisfaits
Montbéliard,
c'est pas que de la saucisse et Peugeot, c'est aussi un groupe.
Qui vient de Paris. C'est surtout un pedigree avec Vincent
Beysselance, batteur des cultissimes Cheval
de Frise (qui a joué ensuite dans Tormenta)
et Bruno Kuchalski, guitariste de POLes,
groupe mort dans l'indifférence générale
sans jamais avoir réellement vécu avant (et
c'est bien dommage car ce groupe valait le coup). Le duo fraîchement
monté qui joue ensemble depuis à peu
près huit ans vient de publier Satisfaits, un
enregistrement fait dans leur coin qui oeuvre dans ce que
ces deux là ont toujours su maîtriser, le rock
instrumental. Soit, pour faire court et facile, la rencontre
de Cheval de Frise et POLes. De beaux entrelacs et envolées
en perspective avec des bouts de synthés qui trainent
et plein de souvenirs qui remontent.
[publié le 08 juillet 2022]
Strangelight
| The World Needs Laughter
Le
monde a besoin de rire et si la musique de Strangelight ne
prête pas spécialement à se détendre
les zygomatiques, les quatre titres du vinyle uniface The
World Needs Laughter font un bien fou. Du rock qui fuse
dans la lignée de Hot Snakes en plus punk, mordant,
abrasif et tout aussi jouissif. Et on ne saurait trop vous
recommander également Adult
Themes, le premier album de ce groupe d'Oakland paru
en 2020.
[publié le 02 juillet 2022]
Daddy's
Boy | Great News!
C'est
un premier album virtuel, les onze morceaux ont bien du mal
à dépasser les deux minutes, le tout fait à
peine plus d'un quart d'heure mais c'est une tornade en provenance
de Chicago qu'il ne faudrait pas rater. Avec notamment Bryan
Gleason à la guitare (ex-Fake
Limbs) et la chanteuse Jes
Skolnik, Daddy's Boy joue un hardcore-punk frénétique
passé à la moulinette noise-rock made in Steve
Albini qui a mis Great News! en boite et ça
déboîte furieusement. Aussi dur et anguleux que
trépidant et hargneux, fait pour la vitesse parce que
c'est plus marrant quand on se fracasse contre un mur de béton
- ce que Daddy's Boy est assurément fait pour - avec
plein de chicanes au milieu de la route, c'est une musique
aussi incisive que les paroles sont perspicaces. C'est papa
qui va être content.
[publié le 23 juin 2022]
Imelda
Marcos | Albularyo
On
avait laissé Imelda Marcos à deux. Il revient
en trio. Le duo de Chicago (qui comprend le guitariste Dave
Cosejo à l'oeuvre également chez les fulgurants
Urine
Hell) revient trois ans après Tatlo
avec la chanteuse Donna Diane (Djunah)
qui bidouille aussi des machines. L'instrumental tendance
math-rock mutant de Imelda Marcos prend ainsi une nouvelle
dimension. Moins math-rock, encore plus frappé. Porté
par le chant expressif de la charismatique Donna Diane, les
quatre titres de Albularyo (édités en
cassette par Already
Dead Tapes) sont hautement percussifs, même la guitare
qui s'enchevêtre dans des sonorités frénétiques,
angoissantes, trafiquées, synthétiques et traversées
par des effets électroniques perturbants. Les structures
sont tour à tour répétitives, hypnotisantes,
disloquées, sentent le soufre et la tension, abruptement
lyriques par moment. Imelda Marcos est en passe de devenir
une sacré bestiole étrange ne demandant plus
que confirmation sur un long format.
[publié le 10 juin 2022]
Cellos
| Locked In The Stocks/Death Zone
Cinq
ans que que le trio canadien Cellos n'était pas réapparu
dans ces pages, depuis un premier album
en demi-teinte après une série de EPs épatants.
Cellos avait bien ressorti un split
7'' en 2019 avec Not Of mais l'intérêt était
retombé. Il se pourrait qu'il retrouve une belle vigueur
avec de nouvelles compositions que Cellos compte offrir tous
les mois. Cela a commencé le mois dernier avec les
sept minutes de The
Downward Gaze et ça continue en juin avec deux
nouveaux titres. Avec Locked In The Stocks, le trio
se rappelle qu'il avait débuté dans la vie en
étant un groupe viscéralement noise-rock. Un
titre qui les montre sous leur visage que je préfère,
méchamment abrasif et hargneux avec un chant plus sous-mixé,
ça s'appelle un instrumental. Avec Death Zone,
c'est leur coté plus lent, lourd, un poil stoner, mélodique
mais Cellos s'en tire avec les honneurs. Rendez-vous le mois
prochain en espérant que tout ça soit compiler
en fin de course sur un beau vinyle.
[publié le 04 juin 2022]
Gad
Whip | Sky Bird EP
Après
leur précédent album Fanimal
Arms en 2020, Gad Whip revient avec Sky Bird, EP
quatre titres qui montre le groupe anglais plus focus que
jamais. C'est rock, punk ou ce que vous voulez mais qui va
direct dans ta face avec toutes les subtilités requises.
Quatre types remontés, acérés, ne perdant
pas cette petite excentricité inexplicable dans leur
approche, carrés et enlevés comme un nouveau
souffle qui espérons va les porter très loin.
[publié le 31 mai 2022]
Hammerhead
| Excommunications
L'annonce
d'un nouvel album de Hammerhead devrait faire bondir de joie.
Excommunications va vite ramener sur terre. Le trio
cultissime d'Amphetamine Reptile n'avait pas donné
signe de vie depuis 2015 et New
Directionz. Il aurait été impossible
de reconnaître le groupe de Minneapolis si ça
n'avait pas été marqué dessus. Trois
bidouilles de moins de trente secondes. Un très long
titre d'un quart d'heure très répétitif
et psychédéliquement tordu que même un
Helios Creed en plein bad trip n'aurait pas voulu. Et quatre
autres morceaux dans un format plus normal qui ne sont que
triturations, expérimentations et vaines éjections
bruitistes. Excommunications est sorti uniquement en
CD à série limitée et est commandable
auprès du groupe uniquement et uniquement seulement
si vous êtes un habitant des glorieux États-Unis
d'Amérique. Ça tombe bien, on n'avait franchement
pas envie de l'acheter. Hammerhead annonce également
la sortie d'un second album pour cette année. Cela
permettra de savoir si Excommunications était
une sale blague à la Melvins ou s'il fallait prendre
au sérieux le titre de leur album de 2015, auquel cas,
nous ne somme pas prêt de les suivre dans cette nouvelle
direction.
[publié le 26 mai 2022]
Urine
Hell | Weakling
À
Chicago, ça ne rigole pas avec les noms de groupes.
Urine Hell ne s'est pas uniquement fait remarquer pour son
patronyme mais surtout pour sa première démo
(virtuelle) en décembre 2020. Le groupe qui comprend
un membre de Imelda
Marcos revient avec Weakling, cassette quatre titres
sur Already
Dead Tapes & Records et le jet est monstrueusement
bon. Et corrosif, méchamment incisif. Pas franchement
noise-rock dans la lignée historique de nombreux groupes
de Chicago mais un peu quand même avec du Chat
Pile ou Bruges
dedans et du Dazzling Killmen aussi dans les intentions, c'est
à dire une approche plus malsaine, torturée,
angoissante, un chant entre le mode parlé et psychopathe
pour un résultat unique qui prend aux tripes pour mieux
les retourner. Diaboliquement intense et infernal à
l'instar de la fin de Judas Song.
[publié le 13 mai 2022]
Row
Of Ashes| Bleaching Heat
Troisième
album mais cette fois-ci uniquement en cassette sur Surviving
Sounds records, Bleaching Heat est une fulgurante
et massive charge punitive. Si le premier album Let The
Long Night Fade comportait une chanteuse, le trio londonien
évolue désormais en trio, a resseré les
rangs comme le propos et tape (fort) dans un registre post-hardcore/noise/metal
particulièrement venimeux, rageur et convaincant, désespérément
intense et urgent. Ken Mode, Neurosis, Deadguy ou Kowloon
Walled City en plus sale, sombre et teigneux pour vous donner
une idée (approximative) du tableau car Row Of Ashes
est du genre à brûler tout ce qui se trouve sur
son passage et piétine tout ce qui bouge avec une colère
non feinte et des subtilités dans l'écriture
qui font les morceaux qui marquent au fer rouge. Impressionnant
et tragiquement beau comme un incendie la nuit.
[publié le 07 mai 2022]
On
| Kentällä Tavataan
Baxter
Stockman, encore et toujours. Apparemment, c'est le même
ex-Baxter Stockman, Markus Leminen, qui vient juste de créer
Loins qui participe également à On, nouveau
projet finlandais dans une veine noise-rock mais beaucoup
moins classique. Minimalist repetitive rock music qu'ils
disent. C'est pas faux mais c'est aussi bien plus que ça.
A écouter, Kentällä Tavataan, un titre
extrait du futur 6-titres Hissunkissun à sortir
sur Sideeffect records. Deux autres morceaux, Kädet
et Kivipurnu sont également en écoute.
On en reparle plus tard en détail quand on aura mis
la main sur ce disque !
[publié le 30 avril 2022]
Loins
| Mainline
Un
Baxter
Stockman au chant et à la guitare, deux Fun
à la section rythmique, vous savez où vous mettez
les pieds et aucun risque pour se les prendre dans le tapis.
Mainline est le premier titre proposé par ce
nouveau trio finlandais qui prépare sûrement
quelque chose de plus conséquent mais vous pouvez d'ores
et déjà noter le nom de Loins sur vos tablettes
noise-rock, c'est du tout bon.
[publié le 30 avril 2022]
Thee
Alcoholics | Seven Inch
Thee
Alcoholics - c'est eux qui le disent - sont anglais (n'y voyez
aucun rapport), te saoulent de coups et c'est nous qui trinquons
au doux bruit d'un noise-rock à l'haleine chargée
en frustration, construit pour la baston et la vitesse avec
une lourdeur vénéneuse, des saturations nauséabondes
et une épaisse couche de crasse. Un synthé à
temps complet vient foutre son bordel, les chants sont suppliants
et trafiqués, ça sent le soufre, les lendemains
difficiles et c'est subtilement répétitif et
terriblement accrocheur. Seven Inch est un single 4-titres
publié par Wrong Speed records et dont les 100 exemplaires
ont rapidement été épuisés. Tout
comme leurs deux albums-cassettes précédents.
C'est comme ça chez Thee Alcoholics, la descente est
rapide, les stocks partent vite alors ne ratez pas la prochaine
tournée, ce groupe vaut le détour.
[publié le 22 avril 2022]
Mirakler
| Instant Drugs
TRVSS
a décidé de changer de nom, bienvenue à
Mirakler. Le groupe de Pittsburgh en a profité pour
apporter quelques changements à sa formation mais on
a strictement rien perdu au change. Instant Drugs est
un morceau à paraître (sûrement) sur deux
singles programmés plus tard dans l'année (l'album
est à suivre) et il mérite amplement son nom.
L'addiction est fulgurante, un noise-rock de catégorie
supérieure et totalement renversant. Vivement l'album.
[publié le 15 avril 2022]
Nape
Neck | Look Alive EP
Leeds,
encore une fois. Mais cette fois-ci, le registre n'est pas
le noise-rock pur et dur. Nape Neck fait pourtant du rock,
du bruit mais la tendance est post-punk, option dissonance
et acidité, c'est à dire que ça va bien
au-delà ou quand The Slits rencontre Dog Faced Hemans/The
Ex via Theoretical
Girls. Ça fait de belles références
et Nape Neck n'a pas à en rougir. Cinq titres de haute
volée réunis sur une cassette, un groove à
se cogner la tête de plaisir, une guitare qui ponce
et écorche dans les grandes largeurs, des chants qui
débarquent de partout et se répondent et des
compos imaginatives, mordantes et carrément emballantes.
Nape Neck, un trio (avec deux anciennes Beards) qu'il est
vachement bien. Et l'écoute de leur premier album cassette
en 2020 est aussi fortement conseillée.
[publié le 07 avril 2022]
Den
| Beyond The Lantern Fire
Une
cassette en forme d'au revoir définitif. Den, un trio
de Chicago (avec notamment Dylan Piskula à la basse
des frappés Bruges)
qui n'aura eu que des miettes du gâteau sludge-doom-noise
à la sauce cosmique et nappé d'électroniques.
Ça semble indigeste dit comme ça mais leur dernier
album Iron
Desert avait de très beaux restes. Avec les
cinq titres de Beyond The Lantern Fire,Den
prouve qu'en matière de musique lourde, sale, poisseuse
et étrange, il maîtrisait les principes en insufflant
une belle vitalité sur Blackout et l'imposant
The Anti-Prophet. Par contre, vous pouvez retirer les
trois autres morceaux qui ne sont qu'interludes instrumentaux.
Ça fait peu à l'arrivée mais en guise
d'adieu, on prend avec plaisir.
[publié le 06 avril 2022]
Headkicker
| s/t EP
Headkicker,
un groupe punk de Raleigh qui sort sa première cassette
six titres sur Sorry State records. Et c'est furieusement
bon et vivifiant. Classique et déviant. Trépidant
et sinistre. Six morceaux parfaitement au point donnant autant
envie de pogoter que de hurler à tue-tête avec
eux ces airs obsédants même si on n'y comprend
rien, jusqu'à fondre comme du sucre sous une giboulée
de printemps sur Crafty pour repartir de plus belle
sous les affres intenses et jouissives de Televise
ou plus tordues de The Law. Un sans-faute. Headkicker,
c'est du sérieux.
[publié le 01 avril 2022]
Care
Home | Assisted Living (Part 1)
La
très prolifique scène de Leeds accouche d'un
nouveau groupe. Care Home est son nom et les soins prodigués
vont à l'encontre de toutes les déontologies
admises dans les établissements de santé (excepté
faite de quelques EHPAD). Les tremblements sont en augmentation,
les vomissements redoublent, la sueur froide coule en abondance,
les nez saignent et les tympans implorent. Assisted Living
(Part 1) est une cassette quatre titres d'un noise-rock
acide avec du synthé malfaisant lorgnant ainsi vers
une tendance névrotique de certains groupes de 31G
records. Vivement la Part 2.
[publié le 27 mars 2022]
Vendettas
| Never For You
Never
For You. Ce n'est qu'un titre pour l'instant mais il possède
toutes les promesses d'une histoire haletante. Vendettas,
nouveau trio anglais qui frappe sèchement le post-punk,
regard froid et vengeur droit dans les yeux, le malmène,
le secoue, à tel point que le post-punk peut aller
gentiment se faire voir. Un titre extrait de Coherent Feelings,
futur EP à venir à l'automne prochain. Et à
vrai dire, pour avoir entendu les quatre autres morceaux,
il est à espérer vivement que Cowboy à
la Mode puisse également sortir une version vinyle
d'un disque qui va être patiemment attendu.
[publié le 22 mars 2022]
Why
Patterns | Regurgitorium
C'est
une sacré cassette que Human Worth records vient de
sortir et qui aurait grandement mérité de se
faire tirer le portrait sur un vinyle. Why Patterns, nouveau
trio anglais avec des membres de Wren
(Seb Tull, guitare, basse), Warren
Schoenbright (Dan McClennan, batterie) et Deleted Narrative
(Doug Norton, voix), le tout orchestré par l'inévitable
Wayne Adams. Regurgitorium, un album qui pourrait vous
faire vomir votre dernier repas tant ça secoue là-dedans.
Une douce folie qui ne ressemble pas au truc noise-rock convulsif
habituel. Le groove est carnassier et meurtrier, un lourd
barrage rythmique qui semble frapper au hasard alors que c'est
chirurgical, synonyme surtout d'une grande liberté
et force créatrice, des figures acrobatiques de haute
volée et des murs qu'on se prend de plein fouet, entre
saccage et virtuosité. La basse fait un bruit d'enfer
avec un chant tout aussi imprévisible et désinvolte
pour aller où bon lui semble quand il ne reste pas
bloqué sur un mot pendant de longues minutes. Le mélange
s'avère assez unique, déroutant, rugueux, anguleux,
fiévreux, free, barré. Why Patterns explose
les cadres et ça fait un bien dingue.
[publié le 18 mars 2022]
Day
Job | Be A Friend, Make A Friend
Que
c'est bon quand ça donne l'impression d'écraser
des cafards sous les semelles. Day Job, nouveau trio de Birmingham
dans l'Alabama, aime son noise-rock croustillant, sale, taillant
dans le gras pour ne garder que le meilleur de la lourdeur,
en extraire un groove intenable et des riffs s'élevant
de la masse terrestre comme un bombardier venant de larguer
tous ses engins de mort. Cinq titres pour se faire des amis.
Ou les faire fuir (bien fait pour eux) parce que là,
Day Job, ça sera du genre ami pour la vie.
[publié le 16 mars 2022]
White
Suns | Dead Time
Un
an à peine après The
Lower Way, White Suns revient avec Dead Time,
cassette quatre titres publiée par Orange
Milk records. Et le trio new-yorkais ne relâche
pas la pression. C'est pas le moment. Excepté l'ultime
titre Melnais Balzams qui n'est que résidus
et crépitements marquant la fin du monde, les trois
autres compos sont violence et fragments déchiquetés.
White Suns bombarde à tout va à l'instar du
terrible de Nights Pour In, lumière fulgurante
symbolisant un enregistrement tendu comme une nuit dans une
cave. Paranoïa aiguë, stress post-traumatique et
l'art retrouvé du bruit blanc de White Suns comme à
ses plus belles heures.
[publié le 11 mars 2022]
Iron
Linings | Pressure Valve
La
route choisie par Iron Linings pour se manifester aux yeux
du monde est familière pour toutes les personnes pour
qui le noise-rock et le post-hardcore sont comme une seconde
peau. Mais le trio de St Louis (Missouri) possède déjà
tout ce qu'il faut pour vous faire vibrer. Pensez Ken Mode,
Faking, tout ce qui secoue bien sans jamais perdre le nord
avec son quota de riffs qui percent toutes les carapaces.
Pressure Valve, quatre titres qui mettent une pression
positive pour la suite.
[publié le 10 mars 2022]
Rubbing
| Vocal Harmony Trio
Rubbing,
c'est de l'inconnu avec du connu. Un nouveau trio anglais
avec Steve Hodson (Blacklisters, USA Nails) qui retrouve son
compère de Kong, Jon-Lee Martin ainsi qu'un troisième
individu pas encore identifié (mais ça ne serait
tarder), un certain C. Hartley. Tout ce beau petit monde vient
tout juste de sortir son premier enregistrement, une cassette
quatre titres, Vocal Harmony Trio, et si vous appréciez
tous les groupes qui viennent d'être cités, de
fortes chances existent pour que Rubbing soit votre came également
(tout en étant différent). Vivement la suite
!
[publié le 04 mars 2022]
Tangled
Up | Silk Embroidered Light
Tangled
Up, ça veut dire un truc du genre emmêler, enchevêtrer
et difficile de trouver des verbes définissant mieux
la musique de ce groupe de Philadelphie. Noise-rock, punk,
art-rock avec un aspect mélodique pas du tout négligeable,
une grande variété de chants dont l'importance
est évidente dans l'apport d'une musique à tiroirs
qui peut parfois paraître complexe, avec plusieurs niveaux
de lecture et en même temps capable de fulgurances et
de refrains très accrocheurs, Tangled Up, en cinq titres
d'une cassette éditée par Knife Hits records,
montre une sacré créativité et un beau
potentiel. À suivre de près.
[publié le 27 février 2022]
Abandoncy
| Pastel//Anguish
Second
album pour Abandoncy, groupe de Kansas City, mais cette fois-ci
uniquement en cassette contrairement au précédent
qui avait réussi à se faire graver sur un modeste
CDr joliment emballé. Le trio garde une optique noise
à tout va, aussi rock que emo, screamo et punk, aussi
sauvage que mélancolique, direct ou délié.
Le chant est toujours aussi régulièrement limite
voir faux (Magenta High Noon), pas fier pour deux sous
et c'est ce qui caractérise Abandoncy, ça joue
comme ça vient, ça ne calcule pas et si tout
n'est pas d'équerre et convaincant, c'est extrêmement
vivifiant et touchant.
[publié le 26 février 2022]
Catcher
| The Fat Of A Broken Heart
C'est
l'exemple type de l'enregistrement qu'il est fortement regrettable
de ne pas pouvoir écouter sur un support physique (un
vinyle s'entend). Le genre de disque que tu as envie de te
précipiter à acheter à la fin du concert,
le genre de disque qui sera appelé à disparaître
des mémoires un jour si une trace ne reste pas dans
le monde réel, à disparaître si Catcher
vient à se saborder demain comme tant de groupes avant
lui qui se sont évanouis dans la nature sans jamais
rien publier et dont l'existence est totalement oubliée.
Alors espérons que Catcher sorte The Fat Of A Broken
Heart en vrai (ce n'est pas du tout d'actualité
pour l'instant) car ce premier album est viscéralement
prenant. Une entité à six têtes en provenance
de Brooklyn dont deux guitaristes et un violoniste pour une
interprétation pleine de fouge et d'inspiration dans
le sillage de Birthday Party et surtout Nick Cave & The
Bad Seeds ou Bambara avec qui Catcher ne partage pas que la
ville en commun. Entre swamp rock, post-punk tendu et mélopées
noires, intenses, noisy, The Fat Of A Broken Heart
brise effectivement le coeur (et pas seulement parce qu'il
est virtuel) mais il l'irrigue aussi, le fait battre plus
vite et offre dix flèches volant au-dessus d'un terrain
certes connu et atteignant cependant sans difficulté
aucune sa cible.
[publié le 24 février 2022]
Big
Water | Park
Big
Water revient déjà, à peine neuf mois
après leur premier album,
sous la forme d'une cassette cinq titres dénommée
Park sur The Ghost Is Clear records. Un hardcore-noise
toujours aussi furieux, intriqué, à la limite
du chaos pour une durée qui leur va idéalement
bien au teint que le trio de Kansas City a rouge cramoisi
et qui aurait fait un single parfait.
[publié le 18 février 2022]
Running
| Asked You Nicely
Running
n'avait plus donné de nouvelles depuis 2016 et son
troisième album Wake
Up Applauding. Enfin si mais c'était une mauvaise
nouvelle, la mort du batteur Alejandro Morales en mars 2021.
Le groupe de Chicago est tout de même revenu, on ne
sait pas trop dans quelle configuration mais qu'importe. Asked
You Nicely est une cassette deux titres (plus un remix
du second morceau) sur Physical Medium records et Running
n'entend pas céder une once de terrain à la
tristesse et l'abattement. Le demander gentiment, c'est pas
vraiment le genre de la maison alors Running frappe d'abord
et pose les questions ensuite, encore plus sauvagement, intensément
en perçant les tympans avec cette drôle de lueur
dans les yeux qui fait peur. Running n'est en fait pas du
genre à attendre une réponse. Un retour en très
grande forme.
[publié le 17 février 2022]
Tue
| Misanthropic Era
Le
nom est radical. Et quand tu regroupes tes trois premiers
morceaux sous le titre Misanthropic Era, faut pas s'attendre
à de grandes déclarations d'amour. Un nouveau
groupe de l'est de la France avec deux batteurs et deux chanteurs
qui font aussi de la guitare et de la basse et que vous avez
déjà pu croiser dans des groupes comme Membrane,
Pauwels, Spanked, Kompost et bien d'autres plus obscurs. Ça
ne rigole donc pas, l'horizon est bouché et Tue l'éclate
au doux son d'un noise-hardcore cruellement éruptif,
faussement complexe mais méchamment rentre-dedans,
lourd et massif, deux batteries apportant une approche différente
et trois grandioses compos qui en disent long sur la totale
maitrise de Tue à qui on espère une longue vie
pleine de tourments à infliger.
[publié le 10 février 2022]
Yrre
| Luhlae x The Witch
Ce
n'était à la base qu'un projet éphémère
répondant au nom de Luhlae x The Witch, soit la bande-son
par cinq musiciens (Alex Straubhaar, Julien Floch, Naser Ardelean,
Anna Sauter-Mc Dowell et Iannis Valvini) du film d'épouvante
The Witch (Robert Eggers, 2015) lors d'un ciné-concert
à La Chaux-de-Fonds en Suisse. C'est désormais
un groupe qui a pris le nom de Yrre et qui a adapté
ce ciné-concert pour en faire un album. Six compositions
à part entière s'écoutant sans problème
sans les images, un déchaînement de musique forcément
diabolique avec des râles de sorcière venant
hanter des parties atmosphériques lugubres, magnifiquement
belles et funestes mais aussi de longues montées de
violence noire, de black metal déviant, de tourbillons
fulgurants, noise, saturés, hypnotisants. Une réelle
surprise que Hummus records a pressé en vinyle pour
seulement 25 exemplaires rapidement épuisés
(ça serait bien de remettre ça, ce disque le
mérite) mais que vous pouvez télécharger
à prix libre (c'est à dire gratuitement (comme
toutes leurs réalisations d'ailleurs) si les fonds
de poche sont vides) sur le site de Hummus.
[publié le 09 février 2022]
Glaas
| self-titled EP
Nouveau
projet avec Seth Sutton, un Américain exilé
à Berlin aux multiples groupes (Useless Eaters, Clock
Of Time, Idiota Civilizzato etc...) qui s'est associé
avec Raquel Torre (Lacquer) et Cosey Mueller (Das Das) pour
former Glaas. Une première cassette trois titres a
été publiée par Static Shock pour une
dose énergique de post-punk avec une forte insistance
sur le versant punk. C'est dans la mouvance de Clock Of Time
et Dïat, fonceur, brut, tendu avec des keyboards pour
dégeler l'ambiance comme cette sirène de bagnole
obsédante sur Concrete Coffin. Un album est
prévu cette année sur Static Shock records et
cette cassette promet de belles choses à venir.
[publié le 04 février 2022]
Slow
Burning Rage | self-titled
Ryan
Parrish est surtout connu et apprécié par ici
pour sa présence derrière la batterie de City
Of Caterpillar. Mais on ne compte plus sa participation
dans de nombreux groupes dont Iron Reagan, Terminal Bliss,
Suppression. Des groupes qui évoluaient tous dans la
sphère punk-hardcore. Avec Slow Burning Rage, Parrish
sort de sa zone de confort (j'adore cette expression). Un
projet né en solitaire mais ce n'est pas un disque
solo comme il tient à le préciser. Une multitude
d'invités pour mettre en forme une musique aussi variée
qu'inclassable. Esprit expérimental avant tout dans
lequel se confrontent ambiances troubles et angoissantes,
saupoudrage electronics, violence free-jazz à la 16-17
ou God (le furieux Agonal Gasp), batterie comme élément
central de Slow Burning Rage pour des rythmiques de feu culminant
dans l'orchestre de quatorze batteurs sur Dark Thunder,
basse grondante, éclairs acides pour des paysages sonores
à chaque fois (ou presque) prenants. Typiquement le
genre d'album qui aurait mérité une sortie sur
un vinyle. Il faudra se contenter de la publication numérique
sur Pax Aeternum.
[publié le 01 février 2022]
BAE
Sessions | Vol 1
Beastie
Noise est une famille très incestueuse. Le label
de Malakoff (Paris) comptait déjà dans ses
rangs Avec
Toi Dans Un Champ et Stenifer.
Avec ce troisième projet au nom de groupe ne sonnant
pas comme un nom de groupe, on retrouve une nouvelle fois
Louima de Summer à la basse (qui jouait dans les
deux précédents groupes en donnant en plus
de la voix) ainsi que DJ Gügü qui est derrière
la batterie chez ATDC. Avec Djohra (chant) et Rrrrrose Azerty
(guitare, sax), BAE Sessions se lance dans la vie avec un
court huit titres qui en appelle d'autres puisque c'est
un Volume 1. C'est pas aussi virulent, abrasif et noise
que ce que le label avait pu sortir mais ça fera
l'affaire sans problème. La colère est toujours
là, la basse gronde, le groove est plus prégnant
en présentant des formes plus hybrides et variées,
murmurantes (Liebeslied), sensuelles, cold, post-punk
avec un brin de saxo reptilien (Casework), des trafiquants
de sonorités dont la suite est donc attendue avec
curiosité.
[publié le 28 janvier 2022]
Torpors
| T.V. Genius
Torpors
va réveiller en vous des souvenirs d'Unwound, voir
de Drive Like Jehu et franchement, ya pire comme évocation
du passé. Il est permis de rajouter bien d'autres noms
dans le sillage de T.V. Genius, premier enregistrement
diffusé uniquement dans le monde numérique,
parce que ces dix titres sonnent classiquement et que pour
la surprise, il faudra repasser. Mais comme Torpors sait aussi
insuffler de la tension, une dose de noise (rock) accrue et
un sens de l'écriture emballant, ce nouveau groupe
californien a tout pour plaire et se faire une place au soleil.
[publié le 26 janvier 2022]
Rhino
Body Lover | A Tribute To Shallow North Dakota
On
aimerait parler de Shallow North Dakota autrement que pour
mentionner le fait qu'un des leurs, le batteur Tony Jacome,
est décédé mais un bel élan de
solidarité de la scène musicale s'est créé
autour de ce groupe dont les débuts remontent à
1994. On avait mentionné en octobre dernier un split
LP entre Ken Mode, Kowloon Walled City et Shallow North Dakota.
Cette fois-ci, c'est Rhino Body Lover, un double CD
(dans un boîtier DVD) dont la vente est directement
reversée à la femme et aux deux jeunes enfants
de Tony. Et franchement, vous avez de quoi faire. Deux heures
vingt de musique, 29 groupes qui reprennent un titre de Shallow
North Dakota avec sur la liste quelques beaux clients très
appréciés par ici comme Intercourse, Bedtimemagic
dans une longue reprise hallucinée, The Grasshoper
Lies Heavy qui s'est acoquiné avec Tunic, Throat, Work
Party, The Great Sabatini, Cellos, Asbestos Worker qui se
lâche deux fois dans des compos tournant autour du quart
d'heure, Adolyne, Worse ou encore Them Teeth. À chaque
fois une seule constante pour chacun des 29 groupes, connus
ou inconnus : retranscrire la lourdeur légendaire de
Shallow North Dakota. Mission accomplie.
[publié le 25 janvier 2022]
Less
| Useless
C'est
tout nouveau tout frais (merci au passage à Tom de
feu le blog Rad-Yaute
pour l'info), c'est Less, un trio d'Annecy qui vient de mettre
en ligne ces deux premiers morceaux, Nervous Breakdown
et Devil Take Care, pour se loger directement sans
coup férir dans la boite crânienne à la
case noise-rock, option sidérurgie. Deux basses, une
batterie, du chant par là-dessus, ça ne rigole
pas et c'est sacrément convaincant. On se croirait
revenu aux plus belles heures de Milkmine
mais c'est Less, un groupe bien trop jeune pour avoir connu
ces dinosaures. Cependant, la filiation est là et Less
file à toute berzingue avec acuité et une grande
maîtrise de la violence pour rudoyer le noise-rock avec
des rythmiques ultra abrasives et un chant brûlant.
Longue vie à Less.
[publié le 20 janvier 2022]
Plot
| What Happened To Your Face
What
Happened To Your Face, c'est une multitude de coups variés
et surprenants, c'est asséné frontalement ou
de biais, à déflagration lente ou par saccade.
C'est punk, noise-rock, tordu, étrange, electro, samplé,
vérolé, grave ou frénétique. C'est
l'oeuvre de Plot, un trio de Philadelphie qui avec une batterie,
une basse et un chanteur s'occupant des claviers vient de
publier un album fortement attirant à qui il ne manquerait
qu'un support vinyle pour être parfait.
[publié le 19 janvier 2022]
Nowhere
| E.P.
C'est
un premier E.P., pas loin du statut de démo avec un
enregistrement ne rendant pas totalement justice à
la fougue des cinq morceaux mais cette cassette marquant les
débuts de Nowhere, trio originaire du Nebraska, possède
un paquet de charmes donnant tout de suite envie de les adopter.
Oscillant entre un noise-rock au cordeau et sans une once
de gras, du punk acéré qui laisse de la place
pour les émotions et un chant intense, Nowhere a tout
pour plaire et tout l'avenir devant lui.
[publié le 15 janvier 2022]
Went
White | s/t
Went
White, nouveau groupe en provenance de Syracuse (New York).
Premier enregistrement, cassette six titres sur le prolifique
The Ghost Is Clear records. Rentre dans le lard direct. Tend
les muscles au maximum. Post-hardcore qu'ils disent avec du
punk dedans. Rêche avec plein de chaudes vibrations
à l'intérieur. Un truc à fleur de peau
qui interpelle. Pensez Circus Lupus et Kiss It Goodbye, quelque
chose dans ce goût là mais que du bon en tout
cas.
[publié le 12 janvier 2022]
Most
Efficient Women | Eating The Hawk
C'est
avec un split
poster entièrement numérique que Most Efficient
Women avait été découvert. Et si le trio
de Forth Worth (Texas) évolue toujours dans le monde
virtuel avec cette nouvelle offrande se nommant Eating
The Hawk, ce n'est pas une raison nécessaire pour
ne pas s'occuper de leur cas. Cinq titres (dont deux, Eating
The Hawk et Slow Fella qui figuraient déjà
sur le split poster) d'un noise-rock particulièrement
perçant, remonté, effilé et excitant
dans les parages d'un Trigger Cut et toute une lignée
de groupes qui montent au front sans se poser de questions.
[publié le 08 janvier 2022]
Recent
Ancestors | self-titled 10''
Recent
Ancestors, un nouveau duo avec que de l'ancien dedans. Matt
Grande (chant, batterie), ex-Devola et I, Robot. Craig Woods
(guitare baryton, basse, keyboards, chant), ex-Elder, Engines,
The Combine et des tonnes d'autres obscurités. La combinaison
des deux donne une violente et revigorante charge hardcore
avec voix qui s'entrechoquent, rythmes, guitares et autres
triturations dans une course à la mort pour six salves
très courtes mais méchamment jouissives. Si
vous vous dépêchez, peut-être arriverez-vous
à dégoter un des cinquante exemplaires en format
10'' lathe cut publiés par Forge
Again, Be
Happy, Middle-Man
et Protagonist
Music. En attendant éventuellement un autre pressage,
ce qui serait à souhaiter.
[publié le 04 janvier 2022]
Ex-Giant
| Sprocketland
Ex-Giant,
nouveau groupe londonien. Ils sont cinq sur la photo, six
musiciens sont crédités, qu'importe, ça
fait du monde pour Sprocketland, une cassette dont
les cinq morceaux (plus un remix dispensable) ont été
enregistrés en 2019 mais qui ne sortent qu'en décembre
2021. Ex-Giant, des ex-plein d'autres groupes, qu'importe
(bis), les compteurs sont remis à zéro avec
ce noise-rock qui n'en est pas vraiment. Du Birthday Party
encore plus titubant que l'original, du Penthouse
aussi dépravé et juteusement rock que l'original
et un truc qui n'appartient qu'à eux. Le chanteur vous
foudroie de sa grosse voie décadente et décapante.
Ça donne envie de traîner dans la nuit noire
en maintenant un équilibre précaire que seuls
les Anglais sont capables de trouver. Bref c'est du tout bon.
[publié le 30 décembre 2021]
Stilts
| Dimwit On The Loose
La
Finlande s'y connaît vraiment en noise-rock et celui
de Stilts, nouveau groupe originaire de Oulu, est particulièrement
malsain et acéré. Dimwit On The Loose,
cinq titres pour merveilleusement bien débuter dans
la vie avec une guitare qui sent régulièrement
Unsane comme sur le morceau éponyme, un chant magnifiquement
dégoûtant, une musique qui sent la bave, la sueur,
le vice, les dérapages, une odeur constante de soufre
et de baston, bref, un véritable sens du noise-rock
digne des meilleurs représentants du genre. C'est quand
ils veulent pour la suite.
[publié le 22 décembre 2021]
Futurat
| Incinerat
En
même temps que le vinyle de Elastic
Heads, le label lyonnais Echo Canyon a publié la
cassette de Futurat. Un trio ramené de Russie, Saint-Petersbourg
exactement avec une guitare généreusement arrosée
de fuzz et une approche générale punk-garage
qui n'a plus de frontières. Et qui auréole tout
ça d'une bonne couche de noise cradingue, des larsens,
de la reverb avec du chant dans le fond et une belle envie
de tout saccager.
[publié le 18 décembre 2021]
Big
Evil | We Walk On Our Dead
We
Walk On Our Dead et j'irais cracher sur vos tombes. Big
Evil n'y va pas par quatre chemins. Bille en tête sur
ce premier enregistrement avec quatre titres furieusement
noise, déjantés, saturés, alliant le
meilleur des enragés de Three One G records et des
sirènes hurlantes nous rappelant que la mort doit bien
frapper un jour. Un groupe canadien (Toronto) qu'il est bien
et qu'on va même garder un oeil dessus, au cas où.
[publié le 13 décembre 2021]
Struggles
With Syntax | Petrichor
Premier
album uniquement en cassette pour le groupe londonien Struggles
With Syntax sur Muzai records et le moins que l'on puisse
dire, c'est que Petrichor a de quoi faire perdre le
nord. Petrichor, un terme savant pour parler de l'odeur de
la terre après la pluie. C'est poétique, inattendu
et fantasque. Et c'est ce qui transpire à la fin de
l'écoute des douze compos. On part avec l'idée
d'un disque noise, batailleur, alerte et un rien foutraque
à la Future Of The Left. A l'arrivée, c'est
beaucoup plus compliqué que ça. Les approches
se montrent diversifiées. C'est souvent surprenant
rythmiquement ou vocalement quand le chanteur perd sa tonalité
nasillarde pour partir dans des envolées plus risquées.
Déviant, percutant, fuyant, goguenard, acide, original,
pas toujours probant mais avec un vrai vent de fraîcheur
soufflant sur un groupe qui laisse une odeur alléchante
qu'on suivra dorénavant à la trace.
[publié le 10 décembre 2021]
Pomelo
| Validations
Pomelo
débarque sans crier gare de Rochester dans l'état
de New York avec Validations, un premier album qui
ne connaît (pour l'instant ?) que les affres de la version
numérique. Et pour valider, on valide sans problème.
Un trio pratiquant le noise-rock élégant, sur
la retenue, précis, mélancolique parfois mais
sachant mettre les taquets quand il faut, aiguiser les angles,
faire ressortir l'intensité qui ne manque jamais et
des mélodies illuminant un propos emprunt d'un grand
classicisme à la Neutrino, voir certaines émotions
à la Hoover ou qui a également fait la renommée
d'une ville comme Chicago , notamment pour l'esthétique
sonore. Et on ne s'en lasse jamais.
[publié le 07 décembre 2021]
Gloop
| Crayon Sun
Les
deux premiers albums de Gloop avaient eu le droit à
une version CD. Crayon Sun ne verra que la couleur
de la cassette. Ce n'est franchement pas celle qu'on préfère
mais on ne va pas bouder pour autant. Sur les traces de The
Tourist et Smiling
Lines, le troisième album du trio de Baltimore
est une nouvelle salve noise-punk jouissive, spontanée
tout en étant encore plus fignolée, retorse,
piquante, éclatée, rafraichissante et plus de
longueur en bouche. Un groupe qui mériterait vraiment
une attention bien plus grande.
[publié le 06 décembre 2021]
Tongues
Of Fire | Burn My Body Clean
Tongues
Of Fire a publié son premier enregistrement en 2016,
un album cassette en 2019 (Everyone Hate Us) mais c'est
avec ce nouveau disque cinq titres, Burn My Body Clean
(CDEP et cassette sur Godless
America) que le groupe d'Asheville en Caroline du Nord
semble prendre une dimension supérieure. Aux frontières
du punk, noise, indie voir grunge et sa tête de pont
Nirvana, Tongues Of Fire a l'accroche très facile,
catchy à souhait, le son qui pétarade, presque
trop parfois diront les mauvaises langues qui ne sont pas
de feu. Mais c'est ultra efficace et faut l'avouer drôlement
bien chiadé avec ce qu'il faut de baston, de rudesse,
de frénésie, de mélodies piquantes et
des rythmiques engendrant une dynamique irrépréssible
pour rendre ce disque très attirant. Tongues Of Fire,
un nom à noter pour voir ce que ça va donner.
[publié le 02 décembre 2021]
Wipes
| Dumpster/You're The Boss 7''
Wipes,
c'est deux membres du trio américain Tile. L'habituel
guitariste Michael Morekin ayant d'autres chats à fouetter
pour l'instant, le batteur Michael Dumoff et le bassiste Ray
Gurz ont crée un autre groupe pour ne pas se rouiller.
Et pour le recrutement, ils n'ont pas été chercher
bien loin. Matt Molchany était le gars qui avait enregistré
les deux derniers disques de Tile (Stendell
et Come
On Home, Stranger). Ça tombe bien, il fait
aussi de la guitare et il sait hurler dans un micro. Wipes
pouvait ainsi débuter dans la vie. Dumpster
et You're The Boss, deux titres taillés dans
le même moule noise-punk sludge que Tile avec un surplus
de Pissed Jeans, c'est du tout bon. Seul bémol, le
single publié par Limited Appeal est déjà
out of stock. Sauf si vous êtes un petit malin
et que vous l'aviez précommandé avant le 27
août dernier. Et je ne suis pas un petit malin.
[publié le 30 novembre 2021]
Bunsen
| Antiface
L'inestimable
label finlandais Kaos Kontrol mais qui se fait plus discret
en terme de réalisation ces derniers temps a publié
cette année Antiface, une cassette quatre titres
de leurs compatriotes Bunsen. Un groupe qui avait émis
en 2013 et puis plus rien jusqu'en 2021. Un retour qui s'accompagne
d'un son fortement marqué par Godflesh, Head Of David
ou Pitchshifter, la boite à rytmhe qui cogne le plexus
autant que la basse et une ambiance encore plus sombre et
poisseuse qu'à Birmingham. Ça sent l'hommage
et c'est rudement bien fait. Depuis, Bunsen a publié
Lazarean Section, deux nouveaux titres labourant le
même terreau fertile en cauchemars et ça s'écoute
par ici.
[publié le 26 novembre 2021]
Sneers
| Ode To The Past
Tales
For Violent Days, le quatrième album de notre très
cher duo italien Sneers
ne sortira que le 4 mars 2022 sur God
Unknown records. Alors pour combler cette longue attente,
la vidéo de Ode To The Past, premier extrait
réalisé sans trucage. Le duo sera en tournée
en France à la même époque.
[publié le 23 novembre 2021]
Grins
| Unflattering Angles
La
Finlande s'y connaît en noise-rock et le nouveau trio
Grins fait honneur au pays. Unflattering Angles, un
premier album publié uniquement en version numérique
qui va surchauffer quelques processeurs. Si vous voulez rester
avec quelques bûcherons locaux, il est possible d'imaginer
un croisement entre Baxter Stockman, Hebosagil et Throat,
autant dire que du tendre. Une basse centrale et monumentale
qui racle et fend la banquise dans un même geste inconsidéré.
De la lourdeur, de la laideur, un groove qui prend autant
aux tripes qu'il les retourne, une voix qui beugle divinement
comme un cerf en rut mais qui sait se faire présentable
parfois pour neuf compositions férocement mordantes
et sauvages plus une autre, la dernière, qui cache
bien son jeu avec son titre (Sleeping Son) et dix minutes
qui vont vous faire tenir éveillé toute la nuit.
Comme l'ensemble de l'album. Du bien bel ouvrage.
[publié le 20 novembre 2021]
Muscle
Vest | Live Laugh Loathe
C'est
anglais, c'est enregistré par Wayne Adams, ça
a la gueule d'une bonne pioche et c'est effectivement une
très bonne pioche qu'on se prend pleine poire. Live
Laugh Loathe, une cassette éditée par Prank
Monkey records où explosent quatre titres d'un
furieux punk-noise-rock par un quintet londonien qui ne fait
pas mine de monter au combat. Deux guitares qui tirent dans
tous les coins, une rythmique hyperactive en béton
et un chanteur déchaîné pour un groupe
qui contrôle la bête en eux. Muscle Vest, c'est
pas de la frime et ça distribue des pains qu'on espère
se multiplier à l'infini.
[publié le 18 novembre 2021]
MTN
ISL | Big Question
MTN
ISL continue de publier des enregistrements dans une indifférence
générale. Excepté les deux premiers ayant
bénéficié d'un support vinyle pour le
split
avec Bodyfather puis le CDEP God
Become Animal et le premier album
en 2015, tout ce qui a suivi a été sorti sous
le manteau en numérique ou en cassette comme ce nouvel
album (le cinquième) Big Question. Et je pense
que ce groupe d'Atlanta s'en tape royalement de tout ce désintérêt.
Un groupe de potes, seule compte la camaraderie, se retrouver
pour refaire toujours plus ou moins la même musique
avec plus ou moins de bonheur et Big Question figure
dans le rayon des belles réussites de MTN ISL. Au carrefour
du post-hardcore, du noise-rock et d'un truc plus terreux
et poignant avec la bonne grosse voix chaleureuse de Josh
Lyner et la dextérité du jeu de batterie de
Daniel Deckebach magnifiant le mid-tempo, Big Question
est un album à chérir égoïstement
dans son coin.
[publié le 10 novembre 2021]
Horror
In Clay | Live From Toad Hall
Horror
In Clay, c'est la suite logique de Girls
Pissing On Girls Pissing, c'est le cauchemar qui continue.
Les membres du groupe néo-zélandais se sont
dispersés entre le Canada et l'Angleterre. C'est ainsi
qu'est né Horror In Clay avec notamment Casey Latimer,
son gourou illuminé. Après un premier album
en 2019 n'existant que dans le monde virtuel,
la troupe revient avec Live From Toad Hall (Muzai records)
qui est aussi live que The Fall avec son Live At Witch
Trials, soit une cassette six titres dont une version
est richement agrémentée d'un artbook illustré
par le groupe et à ne pas mettre entre toutes les mains.
Si vous êtes familiers des affres étranges de
Girls Pissing On Girls Pissing, vous ne serez pas déroutés
par Horror In Clay. Vénéneuse beauté,
ensorcelantes mélodies, chants d'inquiétantes
sirènes capables de hurler leur désespoir sans
prévenir (Last Of The Summer Whining), Horror
In Clay revient aux fondamentaux, ténébreux
et dur tableau d'un monde en lambeaux. Magie noire.
[publié le 08 novembre 2021]
Girls
In Synthesis | Pulling Teeth
Très
productif Girls In Synthesis. Après le récent
Shift
In State, un album l'année dernière
et pléthore de singles, le trio londonien revient avec
un inédit de neuf minutes trente, rien que ça.
Aucune idée de ce que le groupe va faire de Pulling
Teeth, s'il se retrouvera plus tard sur un album mais
en attendant, il serait vraiment dommage de passer à
coté d'une compo à la longueur inédite
pour Girls In Synthesis, sans temps mort, sans remplissage,
qui ressemble à ce que le trio fait habituellement
tout en étirant le fil de leur furie qui était
jusque là très condensé, leur ouvrant
ainsi de nouvelles possibilités plus expérimentales
pour le futur d'un groupe qu'on surveille de près.
[publié le 06 novembre 2021]
TRVSS
| Instant Drugs
Des
nouvelles de Trvss, trio de Pittsburgh dont l'album New
Distances est encore tout frais en mémoire.
Et c'est pas un misérable confinement qui va leur faire
peur. Instant Drugs est un nouveau titre instantanément
addictif qui vous enfume direct, une raclée noise-rock
en bonne et due forme avec un final hallucinatoire, une preuve
supplémentaire à leur dossier que ce groupe
devient un incontournable. Vivement la suite.
[publié le 05 novembre 2021]
Bronson
Arm | Tosser
Kalamazoo
dans le Michigan vient de donner naissance à un nouveau
groupe, Bronson Arm et c'est un duo. Guitare baryton/chant
(Blake Bickel) et batterie (Garrett Yates) dont les débuts
se font modestement sur une cassette cinq titres édités
par Off White House records mais sur Tosser, tout est
déjà bon. Une approche du noise-rock à
la Vaz, c'est plein de finesses et de malices, de dissonances
post-punk, anguleux juste ce qu'il faut et des idées
qui sortent du lot pour donner de la personnalité à
un groupe qu'il va être sacrément intéressant
de suivre.
[publié le 02 novembre 2021]
Stuck
| Content That Makes You Feel Good
Change
Is Bad, le premier album de Stuck, avait mis tout
le monde d'accord. Le groupe de Chicago revient avec cinq
titres, Content That Makes You Feel Good (Exploding
In Sound records) et prouve que c'était pas un
coup de chance. Toujours cette qualité scandaleuse
pour écrire des morceaux imparables entre post-punk
et noise-rock justifiant parfaitement le nom de cette cassette.
Stuck vous fait du bien, faut juste que le groupe pense à
sortir son contenu sous un autre format que la cassette et
le bonheur sera total.
[publié le 23 octobre 2021]
Totally
Unicorn | Yeah, Coach
Se
méfier des licornes, toujours, surtout si elles viennent
d'Australie. Totally Unicorn donne des nouvelles, deux ans
après leur premier album Sorry.
Yeah, Coach est le troisième nouveau titre que
le quatuor de Sydney donne en pâture en 2021. Il est
agrémenté d'une vidéo. Et si j'étais
coach de vie, j'éviterais de croiser la route du chanteur
de Totally Unicorn. Sauf si vous aimez les voyages en brouette.
Tout ça sent un nouvel album et ça s'annonce
grandiose. Yeah yeah yeah, yeah yeah yeah yeah.
[publié le 21 octobre 2021]
Enola
Gay | Gransha EP
Un
tour à Belfast avec Enola Gay dont on ne sait pas si
c'est un hommage au tube du groupe 80's Orchestral Manoeuvres
In The Dark, au bombardier ou à rien de tout ça.
Ce qui est sûr, c'est que Gransha est un EP quatre
titres tout numérique qui mélange avec bonheur
noise-rock élancé, post-punk rageur et phrasé
hip-hop à la Show Me The Body avec des stridences industrielles
et une basse irrésistible. Tout ce qu'il faut pour
se faire un nom qui fera penser à rien d'autre qu'à
eux-mêmes.
[publié le 21 octobre 2021]
The
Byker Grove Fan Club
Aucune
idée si l'enregistrement de ces cinq titres sortira
un jour dans la vraie vie. En attendant, profitez des débuts
de The Byker Grove Fan Club, nouveau trio de Bristol fracassant
le noise-rock avec une belle application, des convulsions
maitrisées et du doigté pour parfois rendre
cette rage très émouvante. Un nouveau groupe
anglais à suivre.
[publié le 16 octobre 2021]
Thought
Partner | Work Cake
En
direct de Boston, Thought Partner a sorti confidentiellement
Work Cake, un premier album qui ne connaît que
le support cassette. Et qui aurait mérité meilleur
sort tant son noise-rock déviant teinté par
une approche plus (post) punk, expérimentale, au cordeau
avec les ondes d'un synthé se mélangeant aux
fines dissonances est un début dans la vie très
enthousiasmant. Retenez ce nom et reprenez une part de gâteau.
[publié le 10 octobre 2021]
Searing
Arrow | Distress Signals
Le
premier album Paranoid
Fiction est hélas totalement passé inaperçu.
Le second, Distress Signals, qui lui ne bénéficie
qu'une sortie numérique contrairement à son
prédécesseur pressé en vinyle à
la somme astronomique de 100 exemplaires, va connaître
un sort encore pire. P&F va donc y aller de son petit
couplet pour attirer votre attention déjà fortement
sollicitée sur ce groupe Texan avec un ex-Black
Congress dans ses rangs. Parce que cette mixture de post-punk
âpre, tendu et death-rock teigneux possède un
beau brin de classe. Il existe bien un ou deux morceaux chelous
et anachroniques mais Distress Signals est une nouvelle
fois une offrande fortement délectable.
[publié le 09 octobre 2021]
Cere
| Endless Days
Six
titres pour débuter dans la vie, six titres qui marquent
d'entrée. Cere est un trio belge (Bruxelles) et ce
mélange de noise-rock passionné, d'émotions
rageuses et d'un post-punk agité et chaud dans les
angles ne laisse vraiment pas insensible, à l'instar
des morceaux Umbrellas et Roses qui sont plus
qu'un superbe bouquet final mais une belle claque en bonne
et due forme (de tempête sous un crâne). Endless
Days est sorti en numérique uniquement par l'intermédiaire
de Black
Basset records.
[publié le 06 octobre 2021]
Garbage
Collector |1988
Réédition
vinyle d'un groupe pionnier de la scène noise française
à la fin des années 80. Si vous fréquentez
régulièrement les pages de ce site, Garbage
Collector n'a plus de secret pour vous. Une Oldies,
un The
Art of Losing (avec aussi le CDEP qui suivra cet album)
et une interview.
On en rajoute donc une couche par l'intermédiaire de
Replica records, label de Metz, qui s'est occupé du
cas du groupe de Longwy. C'était dans l'air du temps
depuis un bail. Cette réédition voit enfin le
jour agrémentée d'un coupon de téléchargement
avec six titres de cet album appelé 1988 en
version démo. Toujours aussi incontournable.
[publié le 05 octobre 2021]
Shallow
North Dakota, Ken Mode, Kowloon Walled City
En
début d'année, un vinyle comprenant Ken Mode,
Kowloon Walled City et Shallow North Dakota a été
publié. Il aurait été préférable
de ne jamais le voir. Un disque pour aider Tony Jacome, le
batteur de Shallow North Dakota qui venait de se faire diagnostiquer
un cancer du pancréas, afin de récolter des
fonds dans ce système de santé américain
impitoyable. Hélas, on vient tout juste d'apprendre
que Tony est décédé. Reste ce beau disque,
cet élan de solidarité avec Ken Mode et Kowloon
Walled City qui reprennent un morceau de Shallow North Dakota,
ces derniers offrant aussi un inédit. Vous pouvez aussi
faire un tour sur le bandcamp de SND et découvrir ce
groupe canadien qui avait sévit dans les années
90 avant de réapparaître en 2004 avec l'album
Mob Wheel. Un mélange de Helmet, Tad et d'un
truc encore plus lourd. C'est du brutal, comme ce putain de
cancer.
[publié le 05 octobre 2021]
Poster
Split | Exhalants, Moon Pussy, Most Efficient Women, Dug
C'est
un poster de Ethan A. Hahn que vous pouvez acheter. C'est
surtout sept inédits de quatre groupes en vue dont
vous pouvez vous gaver. Exhalants nous gratifie de Void,
titre fleuve de dix minutes qui laisse pantois. Moon Pussy
- dont l'album
publié l'année dernière dans une indifférence
un peu trop forte alors que c'était un summum de noise-rock
- démontre toute sa dextérité avec Splice
et Erasure délicieusement mordants et acerbes.
Dug, duo avec Travis Kuhlman, le batteur de feu-Buildings,
passe à la vitesse supérieure avec deux morceaux
plus convaincants que l'album sorti quelques mois auparavant,
notamment avec le génialement angoissant I Have
The Right To Destroy Info Myself. Quant à Most
Efficient Women, il est le groupe le moins connu mais pas
le moins doué pour nous percer divinement les tympans
d'un noise-rock affriolant. Un Poster Split numérique,
format on ne peut plus étrange mais c'est pour la bonne
cause et elle se nomme Lilith
Fund.
[publié le 02 octobre 2021]
MoE
| interview + 1st preview track from The Crone
Veil
of Sound est un webzine basé en Allemagne mais de langue
anglaise. Ils ont eu la très bonne idée d'interviewer
les Norvégiens de MoE dont Perte & Fracas n'arrête
pas de vanter les mérites à la moindre occasion.
Et là, c'est coup double car en plus d'apprendre plein
de choses sur eux, on peut écouter en avant-première
un morceau de The Crone, le prochain album de MoE qui
ne sortira qu'en 2022. 9 minutes 17 dans les gencives pour
notre plus grand bonheur et qui augure du meilleur. Encore
une fois avec MoE.
[publié le 02 octobre 2021]
Buildings
n'est plus mais le batteur Travis Kuhlman reste très
actif. Outre Dug,
il n'est pas resté les bras croisés pendant
le confinement et a également formé Yellow Bulb
avec Drew Haddon. Une première cassette du nom de Data
Reject a été publié par Stickfigure
records en juin. Avec la collaboration de Jake Cregger (batteur
de Multicult) et Chris Besinger, impayable chanteur de Stnnng,
vous pouviez envisager une bonne branlée noise-rock
dans les règles. C'est un tort. L'ambiance est à
l'expérimental, à l'électronique grouillante,
la noise-indus, le ryhme sous toutes ses formes et souvent
barré, le sample angoissant et les synthés analogiques
pleins de mauvaises intentions. C'est pas simple, ça
sent le cauchemar et c'est pas inintéressant.
[publié le 02 octobre 2021]
Ash
Mouth | Infinity Land
Minneapolis,
toujours aussi prolifique quand il s'agit de fournir sa dose
de groupes noise-rock cintrés sur les bords. Les derniers
nés s'appellent Ash Mouth et leur première cassette
Guess We're Born ? publiée par le désormais
incontournable label The Ghost Is Clear est une belle invitation
à se laisser aller à des mouvements inconsidérés
et des propos déplacés parce que ça sent
l'huile de moteur et le cuir tanné. Un quintet qui
demande déjà toute votre saine considération.
Dans le même ordre d'idée qui est de vous déboussoler
et vous les faire perdre (les idées), Infinity Land
se pose comme un bel exemple de noise-rock agité du
bocal, velu, aussi carré que vicieux, incontrôlable,
prêt pour vaincre tous les assauts et franchement bon.
The Ghost Is Clear a publié cette année deux
cassettes. Quatre titres en mai, Honest Comedy, et
une pochette stressante. Et Under Light, split tape
avec Virgin Mother et Heel Turn, deux autres groupes qui n'arrivent
pas à la cheville de Infinity Land.
[publié le 02 octobre 2021]
Death
Eyes
A
lécoute des trois titres de State Of Fear,
Death Eyes sapprêtait à sortir un album
qui allait tout casser sur son passage. Hélas, cest
surtout la grande faucheuse qui est passée. Le chanteur
Alberto Jurado est décédé en janvier
2020 pendant lenregistrement de lalbum. Ne reste
plus que ces trois compos que Three One G a publié
en juillet dernier uniquement en format digital. De quoi raviver
encore un peu plus les regrets car ce punk-noise avec ce ton
acerbe de Jurado est grandiose, bien mieux que ce que Death
Eyes avait fait auparavant, cest à dire un self-titled
en 2015 et le 7 Si La Revancha Fuera Una Opcion
en 2017. State Of Fear pour la postérité.
[publié le 02 octobre 2021]