THE ART OF SELF-DEFENSE

At The Graves / Constant, Cruel Irony
At The Graves, c'est le projet solo de Ben Price, batteur de Mast Year (et jouant dans une multitude d'autres projets), groupe de Baltimore qui nous a sévèrement secoué en deux enregistrements. Avec At The Graves, la donne est différente mais pas l'intérêt. L'ambiance est bien plus lourde, sombre, torturée. Avec l'ombre de Godflesh planant au-dessus de cette tombe dont Constant, Cruel Irony est une nouvelle manifestation d'un projet remontant à 2009 avec déjà un paquet de CDs sous le bras mais ne sortant cette fois-ci uniquement en cassette sur Godno. Gros coups de latte de basse, un batteur qui semble avoir abandonné à plusieurs reprise son instrument de prédilection pour une boite à rythme. La frappe est en tout cas aussi froide, méthodique, ultra précise. Chant tourmenté et intense. Riffs pénétrants cédant du terrain parfois à des motifs de guitare plus mélodiques, répétitifs et obsédants (les neufs minutes du splendide To Remain). Si la source d'inspiration de Ben Price est connue (et c'est certainement pas la seule), il la transcende sans problème avec des morceaux très prenants et matrisés, un son qui rentre dans le lard et de quoi hurler à la lune jusqu'au petit matin. At The Graves, à réveiller les morts.
[publié le 07 novembre 2024]


Urine Hell / Weight
Un nouveau jet de Urine Hell est toujours un moment très attendu. Weight est le nom du nouvel EP cinq titres du groupe de Chicago et c'est une nouvelle branlée noise-rock comme on adore. L'intensité à couper au couteau, la tension au bord des lèvres, celle qui n'explose pas vraiment, toujours sur un fil, celle qui vous torture l'esprit, le malaise qui suinte, c'est une nouvelle démonstration de force de Urine Hell. Le son n'a jamais été aussi bon, retranscrivant parfaitement la puissance sourde de ce groupe, la folie rampante de compos venimeuses et propulsives comme sur le titre d'ouverture, le génial The Weight Of Me et sa batterie tribale ou Nothing Of Interest qui te roule dessus. Mais ce sont les cinq titres qui agrippent par la nuque, ne te lâchent plus, malmènent, rentrent dans le lard, lacèrent, désintègrent avec une maîtrise impressionnante du chaos comme sur la fin bruitiste de The Gospel Singer. Avec ce chant plus que jamais aliénant, qui se dédouble, triple et rend littéralement dingue pour une performance de haut vol. Comme savaient si bien le faire des groupes comme Kiss It Goodbye, Dazzling Killmen, Playing Enemy, Urine Hell met une pression infernale tout en multipliant les subtilités et les riffs qui piquent et est monté encore d'un bon cran dans la qualité des compos plus consistantes et féroces que jamais. Au risque de se répéter, il manque vraiment un album en bonne et due forme sur un support autre que la cassette pour que le nom de Urine Hell s'étale à la face du monde parce que c'est vraiment ce qui se fait de mieux dans le genre en ce moment. En attendant cet instant béni, la cassette de Weight se commande sur Already Dead Tapes And Records.
[publié le 24 octobre 2024]


Faze / Big Upsetter
Voilà un groupe dont les premiers enregistrements remontent déjà à 2016 mais ce n'est que maintenant, avec les six titres de Big Upsetter, que Faze apparaît sur nos écrans. On peut même dire que Faze les fracasse. Un groupe canadien, pardon, québécois (Montreal) qui fonce dans le tas, remonté à bloc, punk au cordeau, sans gras, furieux mais fun en même temps (Who Does Your Daddy Sell His Guns To?), qui claque, énervé, hyper intense, avec une batterie qui bastonne sévère, une propulsion de tous les instants, des guitares qui crachent et des titres pour aller sur les barricades. Et pour couronner le tout, une touche psychédélique infernale avec supplément de trompette détraquée sur l'ultime morceau qui a donné son nom à ce EP ressemblant fortement à un bon gros shoot d'adrénaline.
[publié le 23 octobre 2024]


Slowhole / self-titled
Bienvenue dans un monde à la paranoïa galopante. Slowhole, groupe de La Nouvelle-Orléans (Louisiane) vous enfonce la tête sous l'eau avec une pression de damnés comme Today Is The Day savait si bien le faire à l'époque de Willpower, jusqu'aux samples de dialogues ne sentant pas la quiétude. Dans le rôle du psychopathe, la chanteuse Shannon Arsenault. Si ça ne saute pas aux oreilles que ce chant est féminin, il ne tarde pas à rendre dingue derrière les saturations et les effets qui vrillent littéralement le cerveau. Il en va également de la musique qui n'est que cris et lacérations, déchirements et matraquages, sifflements et convulsions chaotiques, déferlements épiques et châtiments corporels. Impressionnant de malsain, de violence, de folie et de nihilisme avec des titres avenants comme I'm Going To Kill You Until You Die ou Only Pain & Suffering Will Make You Realize Who You Are. En guise de hors-d'oeuvre, les dix minutes de Birther, histoire d'être sûr que personne n'en réchappera. Le quintet a pressé quelques exemplaires en vinyle (Howling Mine records) pour une récente tournée avec Thou. On n'en verra jamais la couleur par ici sauf si un jour, quelqu'un a la bonne idée de sortir ce premier album de manière plus officielle. En attendant, enfilez vous ces sept tires et maudissez la terre entière.
[publié le 21 octobre 2024]


Dim Bulbs / Gift Over
Dim Bulbs, un groupe anglais (Nottingham) qui cite comme influences tous les labels qu'il faut (Sub Pop, Amrep, Touch And Go) et les groupes qui comptent aussi (Jesus Lizard, Unwound, Tar, Unsane etc...), c'est presque trop. Ça ratisse large mais ça passe. Devrait effectivement être capable d'attirer toutes les personnes pas insensibles à ces noms synonymes d'héritage noise-rock imputrescible, de rock'n'roll âpre et tendu, de convulsions aussi classiques qu'éternelles. Et pour continuer dans le révolu mais en faisant plus autochtone, citons également Wiiija records, le label londonien qui lurchait avec Sun Carriage ou Headcleaner. Bref, un album dix titres fort plaisant qui passe sans problème et sans avoir recours à tous ces fantômes du passé.
[publié le 16 octobre 2024]


Low Animal / Bedlam Hiss
Moins d'un an après New Nature, un premier enregistrement qui avait révélé
le groupe de Chicago Low Animal et son caractère bien trempé, voici Bedlam Hiss, trois nouveaux morceaux mordant à pleines dents dans le noise-rock pour mieux le déchiqueter menu menu. Les guitares imitent les sirènes de bagnoles et les portes qui grincent. Le chant provient d'une maison hantée. Arab On Radar et toute sa descendance continuent de court-circuiter Low Animal qui en rajoute une couche dans le bruit, le découpage de tôles, le malaisant mais ne donne pas du tout envie de danser. Juste se cogner la tête contre les murs. Et de faire croire qu'un titre est fini (Where We Might Meet) après trois minutes trente et quelques, afficher un silence complet puis repartir crescendo une minute trente plus tard. Low Animal plus que jamais à suivre à la trace.
[publié le 11 octobre 2024]


Danes / s/t
Après Dislocation, un précédent enregistrement particulièrement alléchant, Danes revient avec ce qui peut être considéré comme un album self-titled qui ne connaîtra toujours pas les joies de la sortie physiquement matérialisée. Soit exactement la même chose que Molds, leur premier album en 2021. Autre point commun, cette nouvelle livraison est également recorded live off the floor, c'est à dire comme si c'était en concert mais sans public, au Rain City Recorders. Mais on y voit/entend que du feu. Irréprochable session pendant laquelle Danes montre toute l'étendue de sa démarche multi-directionnelle du bruit, aussi expérimentale qu'abrasive, dissonante et immédiate. Avec quatre morceaux sous la minute qui peuvent aller de l'interlude bruitiste à l'uppercut ne prenant pas de détour pour faire saigner (Angie), le trio de Vancouver ne s'interdit rien et surtout pas les compos plus ondulantes installant des ambiances sombrement magnétiques, du fractionné plantant des pics sous l'épiderme de façon aléatoire ou des coups de butoir dont l'intensité et l'urgence est la raison d'être. Tout un tas de manières savamment dosées pour ne jamais rester indifférent à la musique d'un groupe qui mériterait bien mieux que ses modestes publications numériques anonymes.
[publié le 09 octobre 2024]


Split Silk / Bitter
Après deux EPs où seul le nom de Lucca Cassandra Carver apparaissait, Bitter, troisième EP toujours sous format cassette (Tomb Tree Tapes), voit deux autres noms s'inscrire sur la jaquette. Lucia Alejandra Careno (basse) et Will Agent Morris (batterie) pour donner naissance à un groupe à part entière. La ligne de conduite reste cependant la même. Deux inédits, Bitter et Glimmer, une nouvelle fois contagieux et dérangeants, sadcore à la violence sous-jacente, musique de princesses dépitées mais qui ne s'en laissent pas compter, ruent dans les brancards tout en arrivant à rendre leur colère belle et mélodiquement nerveuse. Deux titres live, Attune et Ocean Heart, qui figuraient sur l'enregistrement précédent Drown, sont aussi au générique.
[publié le 07 octobre 2024]


Cosmic Vomit / Lifeisfuct
Cosmic Vomit est suisse. Un duo avec Mike (YC-CY, Qitsch) dans le rôle du bassiste qui donne aussi de la voix et un batteur qui ne dit pas son nom. Pas de synthé, pas de guitare précisent les deux compères. Et pourtant, un maximum de bordel, de nuisances, de sonorités dissonantes qui sifflent et sûrement beaucoup de pédales d'effets pour arriver à vriller les tympans de la sorte. C'est punk, rapide, saccadé, très noisy, enregistré live pour être au plus proche du sang et de l'écorchure. Et Cosmic Vomit ne se prive pas pour se délester de toute la colère qui les ronge, pour cracher des rafales acides et aiguës, des tornades de rythmes qui mitraillent et une basse qui n'a de basse que le nom et se démenant dans un océan de saturations au milieu d'un gros nuage toxique. Cosmic Vomit fait son truc bien à lui. Ça fait mal, ça perce sous la peau, ça accélère le pouls et ça s'appelle Lifeisfuct parce que le duo a parfaitement compris que les dés étaient pipés d'avance. Cassette neuf titres pour s'en souvenir tous les jours.
[publié le 30 septembre 2024]


Thierry Tanguy 1972/2024
En hommage à un ami trop tôt disparu le 22 septembre 2024, instigateur de TDTB, du label Tempête Dans Ton Bourg, de concerts et avant tout, grand passionné à l'impressionnante collection de disques et passeur de musique. KFuel lui a dédié une émission de radio, elle s'écoute à partir du lien suivant :

kfuel.org/radio/playlist-26-09-2024-tout-simplement-thierry

Titi, t’es une légende et les légendes, ça meurt jamais.
[publié le 29 septembre 2024]

The None / Matter
L'Angleterre sort encore un groupe qui frappe fort d'entrée de jeu. Il ne faut que quatre titres à The None pour que les esprits s'affolent. Matter est noise-rock par essence mais d'une façon qui lui est propre, comme s'il existait encore des façons de faire du noise-rock qui pouvait être personnel tout en étant de dignes rejetons de toute la scène Wiiija records. A commencer par ce chant féminin qui a du coffre et de la présence, qui crie sans casser les tympans, qui module les intonations, capable de réellement chanter sans jamais perdre de l'intensité. Et comme la musique jongle également sur des vibrations dissonantes, claires, fines, urgentes, tranchantes, saturées, violentes sans jamais perdre le fil avec une rythmique qui bastonne, racle et décalotte, ça donne vraiment un mélange qui n'appartient qu'à The None sans avoir l'air d'y toucher de la part d'un groupe en totale maîtrise de compos enthousiasmantes, intelligemment élaborées et inspirées, qui vous prend par la main et ne la lâche plus. The None, retenez bien ce nom.
[publié le 23 septembre 2024]


Church Of The Rat / Fool's Russian-Dissociation Blues
La paroisse de Church Of The Rat, c'est saint noise-rock, une écriture divine qui va encore écrire une belle page. Dans le rôle des rats d'église, quatre londoniens qui ont publié coup sur coup cette année deux singles numériques. Blue Blood Moon/Domesticated Animal en juin et très récemment, Fool's Russian/Dissociation Blues. Vous prenez du Metz en mode granitique, Blacklisters pour sonner les cloches, la fée inspiration qui s'est penchée sur leur berceau à défaut de leur donner l'originalité (mais l'important c'est d'y croire) et vous pouvez allumer un cierge pour que ces quatre compos fassent des petits.
[publié le 17 septembre 2024]


Screw / Near Automata
Une vis sur la pochette de Screw, quoi de plus logique. Bienvenue à ce nouveau groupe anglais (Bristol) qui signe Near Automata (un rapport direct avec le jeu vidéo Nier: Automata qui a inspiré les paroles) sur Hollow Life records, cinq titres qui interpellent fortement. Il ne faut croire les références que le groupe cite sur sa page, tout ça n'est que fourbe duperie et attrape-nigaud. Mais on est entre bonnes mains. Volontiers répétitif jusqu'à l'outrance sur [Ending C] répétant inlassablement I never quite realized... how beautiful this world is pour unique phrase, façon méthode Coué ou sarcastique à souhait, magnifiquement dissonant, déviant, vrillant avec une touche mélodique qui va magnifiquement dans l'intense sur Archive Obtained, des chants qui se croisent, parlent, mettent la pression. L'art de suggérer, d'insuffler une tension à la Slint qui ne vient jamais vraiment (Dirge For This Singular Moment), contrôler les dynamiques, les courants ascensionnels, Screw possède déjà la science du noise-rock et peut aller très loin dans la vie.
[publié le 14 septembre 2024]


Machine Country / Example N°1
Ce premier enregistrement a le statut de demos recorded in our basement. Et il faut effectivement augmenter le son pour apprécier pleinement les bienfaits des trois premiers morceaux de Machine Country, nouveau trio de Portland. Mis à part ça, c'est du tout bon. Noise violence que c'est marqué sur le fronton de la page. Et c'est vrai, ya de ça. Une bonne rasade. Qui te prend bien aux tripes. Sans trop de calcul et une belle conviction pour t'enfoncer leur désir d'en découdre et hurler leur rage sans en faire des tonnes parce que ça fait du bien d'expulser tout ça. Affaire sérieuse à suivre.
[publié le 11 septembre 2024]


Department Of Teleportation / Forward Stories Told Backwards
Nouvelle transmission de Department Of Teleportation, toujours dans le monde du virtuel. Le groupe de Providence avait suscité un vif intérêt à la suite de Lifestyles Of The Spatially Unreasonable. L'attraction ne faiblit pas avec Forward Stories Told Backwards, huit nouveaux titres naviguant toujours aux frontières du noise-rock, du post-punk, de l'indie-rock avec une articulation qui leur est spécifique et Cop Shoot Cop toujours tapi dans l'ombre. La basse possède du coffre, ça tabasse mais c'est également mélodique. Nerveux et enlevé, syncopé et recherché tout en restant simple avec synthés/claviers et la trompette de l'invité Taylor Temple sur une poignée de morceaux pour rendre les étiquettes encore plus fragiles et incongrues. C'est surtout un plaisir continu de s'enfiler ces compos parfaitement agencées et fortement séduisantes de la part d'un groupe confirmant tout son talent à chaque sortie.
[publié le 07 septembre 2024]


Sheenjek / Sham Tivey
Sheenjek traîne ses guêtres depuis pas mal d'années désormais, depuis 2018 et un premier EP où ce groupe de Portland s'auto-décrivait comme Jesus Lizard et No Means No jammant dans l'espace. Tout ça est très incertain mais ce qui est sûr, c'est que Sheenjek s'égare de moins en moins dans l'espace et a de plus en plus les deux pieds sur terre pour asséner un heavy-noise-rock qui maintient fermement au sol. Sham Tivey, quatre compos dont les titres sont les noms de personnages de films ou séries et qui évoquent aussi et surtout toute la lourdeur sans le gras d'un Elephant Rifle ou Tad sur une rythmique plus nerveuse que massive et un art indéniable pour écrire des morceaux solidement charpentés avec juste ce qu'il faut de dérapages, de riffs qui sifflent et de structures accidentées pour vous convaincre que le meilleur de Sheenjerk est devant lui.
[publié le 05 septembre 2024]


Demikhov - Nadsat / Calling All Evil Sons
Un split entre italiens. Si le dernier album en date de Demikhov avait laissé dubitatif, on savait très bien ce que le trio était capable d'asséner en matière de noise-rock expérimental. Avec ces deux inédits, Demikhov privilégie l'approche plus rock, rythmique, radicale, notamment sur le très bon Der Abend Der Schwarzen Rumore. Les six minutes et quelques de No Way, bien que plus barrées, n'en restent pas moins un beau moment de bruit vénéneux, intense et schizo. Demikhov en grande forme. Nadsat est un duo de Bologne. Son premier enregistrement remonte à 2016, plusieurs disques/albums à leur actif dont un Crudo en 2017 qui n'avait pas laissé un souvenir impérissable. Mais la grande nouveauté depuis l'album Torn Times l'année dernière, c'est que le duo instrumental a rajouté du chant. Et ça fait toute la différence. Le guitariste Michele Malaguti s'est mis à crier dans un micro et leur noise-rock matheux a pris des allures de pitbull mordant dans le même nerf que 400 Blows, ça vire beaucoup plus punk et c'est drôlement plus convaincant. Cassette éditée par Overdrive records et Produzioni Rumorose.
[publié le 31 août 2024]


Oort Cloud / Invest!
Oort Cloud, c'est suisse, un trio de Berne qui trompe son monde dans le genre inclassable sans avoir l'air d'y toucher. Un premier album en forme de cassette huit titres explorant différentes facettes du bruit avec l'angle expérimental en approche constante mais dans un cadre rock, rythmé, intense, nerveux. La mise en place, les structures, les articulations, les sonorités, les chants, tout contribue à faire sonner ces morceaux subtilement déviants, étonnants et haletants. Une manière bien à eux de mettre le noise-rock/post-punk dans un courant plus free et aventureux sans perdre l'urgence d'un propos qui peut aussi se mouvoir dans des ambiances plus aériennes, mélodiques, répétitives, avec du cuivre sur Fail! (tous les titres et les paroles sont tirés d'un manuel d'une console Nintendo), des digressions guitaristiques (Change Password!) et une multitude d'idées qui font de Invest! un enregistrement à prendre en haute considération.
[publié le 29 août 2024]


Muscle Vest / Every Day For The Rest Of Your Life
Le groupe anglais Muscle Vest se fait toujours désirer pour un premier album et continue d'égrener les courts formats. Le dernier né se trouve en CD recyclé quatre titres chez Muzai records et son contenu ne déroge pas à la longue liste qui avait été résumée sur Three EPs. Every Day For The Rest Of Your Life allume pétard sur pétard et ils ne sont pas mouillés. C'est même à longue mèche, ça grésille et ça flambe de partout avec surplus de hargne et une bonne dose de sarcasmes, notamment quand il s'agit de parler de Landlord Cull qui a gagné un truculent clip dont le quintet londonien a le secret. Et pour The Dentist aussi car ça fait mal et Muscle Vest n'a pas hésité à rajouter des couches d'abrasions, de fritures et de violence jamais gratuite pour muscler son noise-rock toujours aussi bouillonnant et déglingué. On n'ose même plus leur demander un véritable album mais ils seront toujours les bienvenus parce que ce groupe sait se faire aimer.
[publié le 27 août 2024]


Spoiled Brat / Laughter
Après Humility, Laughter. Car c'est bon de rire. Et de hurler aussi. Spoiled Brat l'a bien compris et fait les deux. Il n'est pas donné à tout le monde de balancer en mode napalm des morceaux en moins de deux minutes, de se déchirer les cordes vocales comme des damnés et de tout mitrailler à la ronde sans faire de survivant et arriver à être aussi consistant et convaincant. Le trio du Delaware y arrive sans aucun problème. C'est même le haut du panier sur AI Handjob avec sa note de piano fantomatique et obsédante dans le fin fond (tendez bien l'oreille). Idem avec R.M.B. et ces voix furieuses qui se croisent, confirmant que ce groupe a un beau grain de folie coincé dans la caboche et qu'il n'en fait pas n'importe quoi. Un groupe qui aurait magnifiquement sa place sur Three One G records. C'est quand ils veulent.
[publié le 26 juillet 2024]


Gloop / Tension
Encore une nouvelle cassette EP pour Gloop. C'est la troisième fois depuis l'album Crayon Sun qui était lui-même sorti sous ce format. Et après la dernière en date qui voyait le trio américain se frotter à des terres plus punk-garage-noise, Tension est une furieuse salve noise-rock comme Gloop n'en avait jamais engendré. Cinq titres remontés à bloc, plus massifs qu'à l'habitude, se frottant au tumulte d'un Nerver, noise volcanique, violente avec un grain de folie en son centre. C'est vraiment du tout bon, sûrement le meilleur enregistrement que Gloop ait publié depuis ses débuts. Il serait temps de sortir un album en bonne et due forme sur un label genre The Ghost Is Clear ou Reptilian, histoire que ce groupe reçoive toute l'attention qu'il mérite.
[publié le 21 juillet 2024]


Teeth Kids / Is This Loss?-Weight
C'est du lourd qui nous tombe dessus depuis Chicago. Un sextet du nom de Teeth Kids et ya de quoi s'arracher les dents avec ce premier single numérique. Le groupe se définit comme un croisement entre Kowloon Walled City, Chat Pile, Oxbow et mewithoutYou. Faut reconnaître que c'est quand même le versant noise-sludge qui mène (largement) la danse et que si vous gardez que les deux premiers groupes cités, vous serez plus proche de cerner les intentions de Teeth Kids. Is This Loss?, six minutes de puissance, de rythmes appuyés, de déchirement et de torture mental. C'est beau et douloureux. Et ce n'est pas qu'une question de coups dans les gencives, c'est aussi une histoire d'atmosphère, ce que confirme Weight, plus court mais tout aussi dense et naviguant dans de magnifiques eaux troubles, angoissantes, violentes. Teeth Kids, retenez bien ce nom.
[publié le 16 juillet 2024]


Docents / The Salamander-A Reasonable Man
Docents continue d'égrener des morceaux. Dans le sillage du single Substance/Laser Image en février dernier qui lui même faisait suite au mémorable album Figure Study, le groupe new-yorkais sème The Salamander et A Reasonable Man. Deux graines succinctes mais productives dans un registre noise plus acéré, bruyant, concassé et punk (surtout A Reasonable Man). Mais on commence à avoir l'habitude avec Docents de son talent à visiter toutes les facettes du noise-rock et il le fait de manière encore une fois unique et divinement inspiré. Vivement les prochaines semailles.
[publié le 15 juillet 2024]


Mast Year / Point Of View
Deuxième sortie pour Mast Year après le tranchant Knife l'année dernière. Seulement six titres pour Point Of View dont deux sont du domaine de l'interlude/bizarrerie bruitiste/atmosphère angoissante, une spécialité du groupe de Baltimore. Mais les quatre titres restants démontrent un noise-rock toujours aussi féroce. Dont un Figure Of Speech de neuf minutes trente qui va faire trembler plus d'une chaumière. Partir à la guerre ne fait pas peur à Mast Year. Combat rapproché dans les tranchées, tirs en rafale, coup de poignard dans le dos, cris inhumains et un terrible bombardement final à rendre dingue pour finir. Orgiaque. Comme les trois autres titres sont également un grand moment de bagarre dont Mast Year a le secret, tout en vélocité, puissance et crispation, Point Of View est un nouveau régal signé Mast Year. Un enregistrement qui ne connaît pas les joies de la sortie physique comme pour Knife mais ce n'est peut-être que partie remise.
[publié le 13 juillet 2024]


Gnat Hatcher / Today Is Close
Today Is Close est le jour de Gnat Hatcher. Le reste est mystère. La sortie d'une cassette cinq titres existant aussi en format CD maison qui fait date. Le trio de Portland aime son noise-rock quand il est épais, massif, le plus souvent mid-tempo, méthodiquement virulent, régulièrement vibrant et terriblement prenant. Le chant parlé avec la tension aux bords des lèvres qui sait se montrer plus véhément, les riffs aussi implacables que les effluves mélodiques qui en ressortent, la finesse sous la lourdeur, la lenteur d'une profonde et sourde mélancolie, tout participe à faire de Gnat Hatcher un groupe drôlement prometteur.
[publié le 09 juillet 2024]


Force Model / Found Camera
En direct de Los Angeles, Force Model déboule avec une cassette sur laquelle figure son premier album Found Camera. Douze titres qui brassent large et embrassent aussi bien les dissonances et les fractures du noise-rock qu'un psychédélisme bizarre, le post-punk alerte, le rock alternatif cher aux 90's, qui n'a pas peur des mélodies mais aussi les triturer, les étirer, secouer le cocotier rythmique, jouer au punk de service (Dumb Box) ou multiplier les accroches (le très beau Hangnail) d'un groupe n'hésitant pas à se montrer sous ses plus beaux atours. C'est loin d'être toujours convaincant, notamment dans la manière de poser le chant qui heureusement sait se diversifier et certains passages qui font tiquer mais Force Model possède suffisamment de matière attrayante pour donner envie de les suivre et s'envoyer avec plaisir ce premier enregistrement.
[publié le 04 juillet 2024]


Brunsten / Ethyl
Cet enregistrement verra peut-être le jour sous une forme physique mais il existe un tel écart généralement entre la sortie numérique et un disque en dur chez Forbidden Place records (cela avait déjà été le cas avec leur album précédent 1500) qu'il est préférable de ne pas attendre pour parler du second album du trio danois Brunsten toujours à la pointe du combat noise-rock. Voilà des gars qui ont dû aussi beaucoup pleurer la disparition du père Albini. Leur approche doit énormément à tout ce que Steve Albini représente, autant pour ses groupes, Big Black en tête, que ceux qu'il a enregistré. Ethyl, huit titres acérés, sanguins, généralement brefs, qui vont droit au but mais où l'essentiel est dit. Un chant mordant et fielleux comme on adore, des compos intenses et pétries de classe se permettant même d'introduire ce qui ressemble à une cornemuse sur Chopjob sans qu'on trouve quelque chose à redire à cette drôle d'intrusion dans ce noise-rock aussi classique qu'indispensable. Du grand art.
[publié le 27 juin 2024]


Shlug / Split The Grin
Shlug, c'est le bruit du poignard qui s'enfonce dans la chair. Il est l'oeuvre d'un trio de Cardiff et ça fait un sacré geyser. Après plusieurs titres disséminés un à un comme le petit Poucet dont un Baby Teef qui vaut largement le détour, Shlug qui a plutôt des airs de grand méchant loup publie Split The Grin, quatre titres dont une version vinyle serait à paraître sur Clwb Music mais quand c'est chaud, urgent et terriblement intense, ça n'attend pas, il faut s'attaquer à l'incendie à la base avant que tout crame. Split The Grin, un brûlot noise-rock comme on n'en fait peu avec un batteur déchaîné qui a le feu au cul, ce qui est la cas également de ces deux comparses, une émulation tout en fureur mais avec une belle maîtrise pour que ça soit encore plus beau et efficace. Furieusement saisissant.
[publié le 23 juin 2024]


Panikatax / A Sudden And Unpleasant Change
Panikatax en provenance de Dublin. La cause soudaine de cette crise de frayeur, un quatuor irlandais publiant sa première cassette cinq titres. A Sudden And Unpleasant Change, un agrégat de sources bruyantes et dissonantes, de télescopages de sonorités lourdes, sifflantes et de zébrures électroniques anxiogènes, une matière sombrement grésillante et trépidante d'un groupe foncièrement remonté et qui donnera du fil à retordre à n'importe quel fan de Gilla Band. Entre chaos maîtrisé et claques dans les gencives, Panikatax a largement de quoi augmenter le flux sanguin et provoquer de grosses poussées de stress. Mais c'est pour mieux le soulager au final dans des compos rondement élaborées. Danger imminent.
[publié le 20 juin 2024]


The Swabs / The Boy Flew Out The Window
Si on en croit la photo de profil de The Swabs, il n'y a pas que le chapeau de cowboy de Tracy Pew que The Swabs a piqué à Birthday Party mais aussi une bonne dose de leur inspiration musicale. Mais ce groupe de Chicago ne s'arrête pas là, même si dans le genre inspiré par, il le fait magnifiquement bien et que la comparaison n'est pas un problème. The Boy Flew Out The Window est un premier album virtuel qui hurle à la lune, la piétine, la transperce, l'illumine et finit par l'atteindre. Une bonne rasade de swamp-rock qui a de la classe, de noise-rock qui cogne ou plonge dans un chaos incandescent, de blues qui fait ruisseler les caniveaux, des punks chevauchant sans la selle pour dix morceaux splendides qui ont continuellement le pouvoir de tenir en haleine. Aucune idée d'où sortent les membres de ce groupe dont la première trace d'enregistrement remonte à 2019 mais là, The Swabs vient de frapper un grand coup.
[publié le 14 juin 2024]


New Money / Dinero Nuevo
New Money déboule dans le paysage comme une furie avec Dinero Nuevo. Ne vous fiez pas au titre, ce nouveau trio n'a rien d'espagnolisant mais vient du Danemark (Copenhague) et les trois membres se sont déjà fait remarqués au sein de LLNN ou Fossils. Huit morceaux violemment expédiés en moins de vingt minutes. Grosses bastonnades en mode noise-hardcore faisant preuve de discernement, Breach et compagnie version attaques éclairs, c'est massif et nerveux, intense et inspiré. On sent que ces trois là n'en sont pas à leur premier coup d'essai. New Money fait sauter la banque.
[publié le 11 juin 2024]


Stuck / Freak Frequency: B-Sides
Stuck n'en finit pas de disséminer des morceaux depuis le second album Freak Frequency. Après deux inédits publiés en mars dernier, le groupe de Chicago offre encore un cadeau sous forme de deux compos issues de la session d'enregistrement de Freak Frequency mais qui n'avaient pas trouvé place sur le disque. Des B-Sides qui n'en ont que le nom. Moth Joke et Shift qui était prévu pour clore l'album sont une nouvelle démonstration du talent supérieur de Stuk en matière de post-punk intelligemment et finement mené, avec le dosage idéal de mélodie, de tension et de sombritude. Tous les bénéfices iront à l'organisation Palestine Children's Relief qui répond aux besoins humanitaires urgents et soutient les efforts de rétablissement à long terme à Gaza.
[publié le 04 juin 2024]


Less / Make Them Bleed
Un nouveau titre pour Less qui nous avait laissé sur un Social Disappointment qui n'avait pas du tout été une déception. Le trio de Tours affiche une forme plus étincelante que jamais avec Make Them Bleed (sous-titré Session Bruit d'Avril), un vrai bon morceau noise-rock tendu, nerveux et agressif, que dis-je, de la bombe qui, pour sûr, va faire saigner plus d'un tympan. Du grand art, vivement la suite (qui devrait arriver début 2025 avec un nouvel album sous le coude).
[publié le 03 juin 2024]


Usurp Synapse / AssIIAss
Usurp Synapse a repris du service. Le groupe de Lafayette a été actif entre 1999 et 2005 et a décidé l'année dernière de revenir à la vie. Jamais d'albums mais un nombre impressionnant de split singles avec notamment Jeromes Dream ou Index For Potential Suicide et autres singles regroupés un beau jour de 2004 sur la compilation double CDs Disinformtion Fix par Alone records. Soit la bagatelle de 61 morceaux pour une heure trente de musique seulement parce que dans le monde de Usurp Synapse, dépasser les deux minutes était un évènement. Hardcore, screamo, powerviolence et une touche de grind, c'était marche ou crève. Pas le truc le plus intéressant du monde, il faut bien l'avouer. Mais avec ce retour sous forme de cassette sept titres par Zegema Beach records, Usurp Synapse s'est accordé avec l'âge de ces artères. Ça crie moins ou alors moins fort et plus à bon escient. La fougue s'est canalisée. Et si les morceaux sont toujours brefs, Usurp Synapse, à l'instar du retour de Jeromes Dream, a réussi à insuffler du poids à leur rage qui n'est plus juvénile mais autrement plus consistante.
[publié le 01 juin 2024]


Horseboy / self-titled
Nouvelle furie en provenance du Missouri. C'était ainsi que la chronique de Nerver avait débuté pour introduire le premier album Believer's Hit. Ça marche aussi pour Horseboy, nouveau groupe de Kansas City dans le Missouri donc. Deux groupes ne partageant pas que la même ville d'origine. Un vent de noise-rock furieux avec une tendance hardcore ne faisant pas mine de martyriser le micro. Six titres publiés sur une cassette par Tomb Tree Tapes, une féroce attaque sale, bruyante, terriblement abrasive avec ce chant tour à tour qui bave de partout ou plus parlé/modéré voir les deux en même temps pour un effet encore plus aliénant. Un beau bordel jouissif et mordant derrière. Horseboy au grand galop dans un rodéo d'enfer pour débuter dans la vie.
[publié le 01 juin 2024]


Guilt Grip / self-titled
Guilt Grip, un groupe qui fait de la pop comme seuls savent le faire les groupes de Nouvelle-Zélande. Tendue, abrasive, bruyante, dissonante, trépidante, un peu étrange et ce sens de la mélodie dégageant sans cesse un parfum unique comme sur Peerage. Avec ce premier album sous forme de cassette, Guilt Grip qui respecte la parité (deux filles, deux gars) où tout le monde se partage le chant et le plus souvent à plusieurs sur le même titre et une batterie très remontée et décidée, Guilt Grip se montre aussi dur qu'envoûtant, anguleux, perturbé et d'un allant assez fondant. Guilt Grip, un plaisir même pas coupable.
[publié le 29 mai 2024]


Tickle Fight / Somes Ongs
En voilà un sacré beau foutoir ! Tickle Fight, un nouveau groupe de Denver qui a mis tout ce qui lui passait par la tête en quatre titres inclassables mais fortement intrigants et attirants. Expérimental doit être le qualificatif principal. Avec des poussées de noise chaotique, d'électroniques stridentes et perturbées dans un quintet où sévit un type aux synthés, d'art-punk cérébral mais qui parle au physique en le traverse de violentes embardées, des airs lugubres, de grosses montées de fièvre, de l'agitation perpétuelle, des tentatives de mélodies qui ne durent pas, un fil décousu et tout un tas de bordel qui tiennent miraculeusement la route. Tickle Fight ne donne pas envie de chatouilles mais plutôt de se gratter jusqu'au sang en se frappant la tête contre un mur. Et c'est très bien comme ça.
[publié le 20 mai 2024]


Predeceased / The News-Sun Reader
L'année dernière, Predeceased avait publié What Do You Do?, un premier album avec une influence de Fugazi tellement énorme que ça ne pouvait pas être vrai. Écouter le titre d'ouverture Fancy Prison et persuadez vous que ce n'est pas une reprise de Ian Mackaye et sa troupe. Heureusement, le trio de Manchester a plus d'une influence à son arc. Avec un nouveau single numérique sous le bras, Predeceased montre désormais que c'est une grosse boule de rock qui a amalgamé tout un tas de groupes qui les ont précédés sur le grand organigramme du rock'n'roll pour délivrer deux titres furieusement incendiaires, excités, notamment toute la fin de l'urgentissime et hyper intense Sun Reader et que le trio roule désormais pour sa propre bosse. L'avenir est devant eux.
[publié le 16 mai 2024]


Grizzlor / I Hate The Internet
I Hate The Internet. Nous aussi c'est pour ça que nous y sommes tous. Nouvel EP trois titres des mécréants de Grizzlor. Un bon vieux CD-r des familles, tout fait à la main, à la sueur et à la rage qui ne quitte jamais le trio de New Haven. I Complain Too Much. Le noise-rock de l'enfer est leur évangile et c'est une nouvelle et concluante affaire saignante et ultra percutante que Grizzlor balance à la face de ce pauvre monde ultra connecté. Avec samples de modem 56K intégré sur le troisième morceau I Hate The Internet, la préhistoire quand télécharger une chanson prenait une heure en espérant que ça plante pas au milieu. Et qu'il faille tout recommencer. Grizzlor est chaud bouillant pour donner une suite à Hammer Of Life.
[publié le 07 mai 2024]


Family Band / The Dog Box
Family Band vient d'une famille lointaine qui fait rêver. Auckland, Nouvelle-Zélande. Et qu'importe si ce nouveau trio se dit influencé par le Chicago noise-rock. J'ai eu un peu peur au début en entendant des réminiscences de Facs. Mais c'est un Facs qui ne serait pas d'un ennui mortel, où il se passe des choses. Une rythmique pas si répétitive que ça, une magnifique guitare qui écorche, une vraie tension à l'intérieur, qu'elle soit sous-jacente ou explosive, une basse pas frileuse et un chant n'hésitant pas à s'époumoner quand il faut. Quand en plus vous avez cinq titres très bien élaborés avec un son d'enfer, vous n'avez plus qu'à souhaiter la bienvenue à ce trio dans la grande famille noise-rock.
[publié le 03 mai 2024]


Daggers / Chaos Magic
Daggers ne tarde pas à donner une suite à leur cinquième album The Fable Of The Bees, ça s'appelle Chaos Magic et vous allez prendre cher. Ce n'est qu'un EP trois titres mais le groupe belge revient avec des intentions farouches, plus brutes et directes que leurs précédents enregistrements et c'est un vrai festin. Avec une coloration hardcore et noise plus affirmée sur ce EP, Daggers déploie une sombre puissance plus envoûtante que jamais, une lourdeur écorchée et raboteuse filant grand train à l'instar de l'excellent Rancor avec cette alchimie toujours unique et particulière maintenant Daggers dans un univers troublé et chargé en bile se déversant de façon encore plus agressive sur Chaos Magic. Comme The Fable Of The Bees, ce EP ne connaîtra que le monde digital mais ça vaut vraiment le détour pour ce groupe qui mériterait une bien plus grande exposition.
[publié le 01 mai 2024]


Dad's Apartment / Flesh And Bones Become Nothing In The Light
C'est un sacré beau bordel dans l'appartement de papa. Le rangement n'est pas fait tous les jours, ça s'entasse dans tous les coins et on ne s'y retrouve pas à tous les coups. Mais on ne s'ennuie jamais. De la vie à foison, de la folie aussi, beaucoup de folie, pas de tout repos, on n'en sort pas indemne mais la visite vaut largement le détour. Dad's Apartment, un groupe de Roswell (Nouveau Mexique) qui ne fait pas une musique non-identifiée mais ne se laissant pas approcher facilement pour autant. Flesh And Bones Become Nothing In The Light est un premier album rempli ras la gueule d'une noise au sens large, orgiaque, furieusement bruyante, chaotique, expérimentale, fulgurante, sporadiquement apaisée, explosive avec des traînées de poudre crépitant pendant de longues secondes. Un long périple plein de reliefs, de fureur et de cris, des vrais qui viennent des tréfonds d'un chanteur habité et s'étalant souvent dans des compos longues durées (jusqu'à 17 minutes pour I Will Not Scream s'ouvrant évidemment sur un très long hurlement). La démesure de Sprain, l'absurdité du monde qui brûle et tout ce qui peut servir à évacuer cette terrible tension. L'Enclos des fous de Francisco de Goya est une très judicieuse pochette pour représenter ce qui se passe à l'intérieur de Dad's Apartment.
[publié le 30 avril 2024]


Crop Rot / Demo '24
Cette première sortie de Crop Rot a beau avoir la mention Demo '24 pour titre, ça sonne de feu de dieu. Des démos comme ça, on en veut tous les jours. Un trio de Louisville, Kentucky, alignant huit titres qui ne traînent pas en route. Un noise-punk visant les deux minutes en moyenne pour foutre le bordel avec une urgence non-feinte, une batterie te roulant dessus sans vergogne, des larsens pour faire le lien entre et pendant les morceaux, une abrasion de tous les instants, du basique qui n'a rien de simple se terminant par un excellent Feelings Will Follow plus épais. Cette démo est une parfaite carte de visite pour le futur.
[publié le 27 avril 2024]


Mouthbreathe(r) / Knife After Death
Forcément, un groupe qui prend pour nom un fameux morceau de Jesus Lizard, même avec un r entre parenthèse, ça attire de suite l'attention. Mais si la sphère est noise-rock, la musique Mouthbreathe(r) n'a rien d'un hommage appuyé aux dieux vivants de Chicago (dont il se murmure un possible retour avec de vraies nouvelles compos). Un groupe australien qui connait donc ses tables de la loi noise-rock avec Knife After Death, ses composants, ses ramifications, ses affluents pour élaborer un album (virtuel comme tout ce que ce groupe fait depuis 2020) tranchant comme une lame avant le coup fatal avec suffisamment de malice pour que ça ne sonne jamais attendu, voir tirer des bords vers des relents plus grunge et sludge car une bonne dose de lourdeur et de rock'n'roll poisseux et juteux n'a jamais fait de mal à personne. Mouthbreathe(r), pas aussi stupide qu'il le dit et tout l'avenir devant lui et, espérons le, autrement que dans le monde numérique uniquement.
[publié le 23 avril 2024]


Falooda / Demo 2024
Pour un blindtest, comme ça, vite fait, j'aurais dit groupe japonais sur Skin Graft. Pas de chance, ça vient de Grèce et c'est leur première démo. Quatre titres d'une noise absurde et farfelue, déglinguée et pas loin aussi d'un esprit no-wave sans la couche de nihilisme qui va avec. Ça explose en couleurs avec un chant ne semblant pas dire des mots intelligibles, quelle que soit la langue utilisée, un instrument à part entière se glissant dans des structures mouvantes, piégeuses, anguleuses, pétaradantes et pas mal jouissives au final. Falooda est le nom de ce nouveau groupe originaire d'Athènes et c'est à retenir dans un coin de votre sale caboche qui, ça tombe bien, n'a que ça à faire.
[publié le 18 avril 2024]


Ann Bonny / Nee
Harpon n'est plus, pulvérisé en plein vol alors qu'un nouvel album était en boite ou pas loin de l'être. On se console comme on peut avec certains membres du groupe de Reims qui rebondissent tout de suite au sein de Ann Bonny. Différente musique mais l'intérêt reste vif. Domaine noise toujours mais dans un versant plus expérimental, étrange bien que Midgrave et Poor Random Melody gardent ce nerf, cette tension, une rythmique et des éclats de guitare propres au noise-rock et rappelle qu'un ancien 37500 Yens traîne aussi chez Ann Bonny. Chant trafiqué, vicié et plein d'effets à la Fleuves Noirs, ambiance encore plus vaporeuse/défoncée sur Jazz-X qui n'a rien de jazz et cette intensité larvée dans un cadre tout de travers mais néanmoins percutant sur Match Mort, les quatre titres de Ann Bonny sont très prometteurs et atténuent la tristesse de savoir que Harpon a raccroché définitivement.
[publié le 17 avril 2024]


Easy Blame / Little Devices
Déjà une suite pour Easy Blame, onze mois après leur superbe premier album sur The Ghost Is Clear. Cette fois-ci, c'est une version uniquement numérique (pour l'instant ?) mais on prend quand même. Little Devices, cinq titres roulant le hardcore dans la ferraille pour que ça en ressorte tout vibrant et crépitant. On avait parlé de Circus Lupus et Universal Of Armageddon la dernière fois. Il pourrait être question aussi de Moss Icon et Yaphet Kotto avec cette touche farouchement passionnée et une sensibilité sauvage se débattant dans des affres rock et noise. Easy Blame a remis Equinox en jeu, dans une nouvelle version et on va pas s'en plaindre tellement ce titre est beau et bon. Little Devices mais grands effets.
[publié le 11 avril 2024]


Dead Mammals / Killjoy
Vous reprendrez bien une rasade de Dead Mammals ? Après leur tout récent second album, le duo anglais ne s'arrête pas en si bon chemin et ajoute cinq nouveaux titres sous le nom de Killjoy. Mais de rabat-joie, Dead Mammals ne l'est toujours pas. Des titres enregistrés entre 2022 et 2023 ne faisant pas office de chutes de studio ou de recyclage bien qu'un titre ait le statut de demo (Waste Of A Day). Et si ça s'entend, dans le son, ça lui donne un air abrasif et plus noise dont je me réjouis. Quant à des titres comme Forceps, Consumer et Bloodworm, Dead Mammals continue de jongler avec le noise-rock sans jamais tomber dans le banal, maîtrisant parfaitement son sujet et les accroches qui font de Killjoy un heureux bonus et un peu plus.
[publié le 10 avril 2024]


Wipes / Vacuum
Wipes étrenne un nouveau guitariste. Ben Roysdon remplace Matt Molchany. Alors je sais pas si c'est cette force nouvelle qui les booste mais dans le sillage de leur premier album Making Friends, le trio d'Allentown est bigrement inspiré sur ce nouveau quatre titres Vacuum. Toujours ce noise-rock lourd et raboteux mais avec un allant ne donnant pas matière à discussion. Wipes déchire. Les vibrations de la basse rentrent dans les entrailles. Le nouveau gratteux connaît les riffs qui écharpent l'épiderme et la fait frétiller de bonheur, les saturations qui enflamment et les dérapages qui désorientent. Et plus c'est lourd, plus ça décolle, un vrai miracle de la nature à l'instar de Stone Eater alors que Speedway crie sa fougue et le grandiose Medicine Man tape dans tous les angles, bûcheronne, pressurise pour soigner au final tous les maux. A une époque, cela aurait fait un génial 45 tours. Maintenant, ça fait une bonne cassette sur Avarice records. Wipes n'aspire qu'à votre plaisir.
[publié le 04 avril 2024]


Black Beach / Psychic War
Black Beach était tombé dans les oubliettes depuis leur dernier album en date Tapeworm en 2019. Mais voilà que le trio de Boston ressurgit cette année avec deux nouveaux titres (et une cassette, Giallo, passée à l'as entre temps courant 2021). Et il est pleine forme. Une trompette, des samples, des bris de synthé se sont amalgamés à leur mixture punk-noise-garage depuis le second album transformant Psychic War en un champ de bataille hautement jouissif et abrasif. Et qui se danse toute la nuit grâce à une section rythmique ne bougeant pas d'un iota tout au long d'un titre multi-directionnel palpitant. Et comme le second morceau Secret War n'a pas que la guerre en commun mais aussi la qualité, on se met à espérer d'un nouvel album très bientôt dans cette veine très inspirée.
[publié le 03 avril 2024]


Foreign Body/ Fixed
Voilà pourquoi il faut sortir les disques en chair et en os sinon ça s'entasse sur le disque dur d'un ordinateur déjà largement surchargé et ça dort dans un coin oublié de tous. Alors que si Foreign Body avait publié un vinyle, même moche, il aurait été tout en haut de la pile. Et il ne l'aurait jamais quitté parce que Fixed, premier album de ce groupe de Brooklyn, est juste un grand disque de noise-rock malsain et cinglé comme on adore. Un an quasi jour pour jour que Fixed est sorti mais il faut vraiment vous le coller entre les deux tympans si des groupes comme Urine Hell avec qui Foreign Body ne partage pas que la ville d'origine mais aussi une vision similaire du noise-rock nihiliste. Et un timbre de chant féroce très proche, à se demander si c'est pas le même chanteur. Urgence à fleur de peau, hyper tendu et toujours à la limite sans que ça explose réellement, amour des stridences et tout ce qui ne va pas dans le sens du poil, esprit expérimental et perturbé, rythmique en béton, lenteur destructrice (les cinq minutes finales de Confession), un son épais, granuleux, salement abrasif, morceaux froidement tourmentés et anxiogènes qui scotchent au mur, Fixed est totalement aliénant. Mais pas autant de savoir que seul un label de Malaisie, Menora records, s'est manifesté pour publier 100 cassettes de Fixed. Ce monde est dingue. Comme cet enregistrement.
[publié le 29 mars 2024]


Fiasco / Dualité
Fiasco persiste. A son rythme, ya rien qui presse, on chantera quand on aura envie de chanter. Alors Fiasco délivre au compte-goutte ses secrets, se dévoile sereinement. Plus d'un an après des premiers titres qui avaient fait couler un peu d'encre, le groupe français revient avec Dualité. Ça sent la randonnée en montagne qui a mal tourné, le rythme suit la difficile progression, l'intensité va crescendo avec l'effort, les répétitions s'accélèrent avec le pouls et une fois là-haut, c'est l'extase, la récompense d'un titre qui a l'air tout simple comme les mots utilisés et répétés comme les pas qui s'enfilent et s'enfilent encore, c'est limpide, sobre, ça claque et ça possède toujours un style unique sans avoir l'air d'y toucher. Vivement la suite. Mais à leur rythme.
[publié le 27 mars 2024]


Buice / One Day You'll See The Sun
One Day You'll See The Sun. Jusqu'à brûler la rétine. Un enregistrement qui arrive totalement par surprise et apporte une divine lumière. Buice, jeune groupe d'Atlanta dont les premiers émois remontent à 2019, frappe un très grand coup avec cet album. Tout est bruit et passion. Intriqué, dense mais jamais complexe. Furieux, une énergie incroyable, une intensité encore pire mais ça claque incroyablement. Des compos n'hésitant pas à s'étirer mais donnant l'impression de durer deux minutes. L'invitée au chant Karina Teichert sur Untitled apporte une dimension encore plus dingue et prenante. Des titres aux structures merveilleusement tumultueuses, mélodiques, urgentes tissant une trame dont on ne comprend rien mais qui font l'unanimité. Le rêve serait désormais que cette sortie numérique et aussi cassette (Familiar Face records) voit la couleur d'un vinyle ou d'un CD tant vous avez là un enregistrement de qualité supérieure. Révélation.
[publié le 23 mars 2024]


Stuck / Deep Tunnel - Aita?
Stuck, jamais avare d'efforts, publie deux nouveaux inédits. Leur dernier sublime album en date Freak Frequency est toujours bien en tête. Le frénétique et enlevé Deep Tunnel finissant dans un halo désordonné où on jurerait entendre un cuivre enchaînant sans un silence avec le court Aita? sont deux belles et intrépides boules du trio de Chicago. Stuck sera en tournée européenne en avril avec seulement deux dates en France. Paris le 16 et Lyon le 17. Alors si vous traînez dans les parages, foncez, chanceux que vous serez.
[publié le 21 mars 2024]


Minor Discord / Facial Composite
C'est une drôle de bestiole qui débarque de Perpignan. Déjà rien que la ville. Pas l'habitude d'entendre parler de groupes de ce coin de la France. Mais en plus dans un style noise, no-wave, inconfortable, expérimental, bruitiste et dérangé du bulbe, encore moins. Minor Discord est le nom de ce nouveau projet avec cinq morceaux qui mettent mal à l'aise, jouent avec les nerfs (les répétitions tarées de Pardal 023, les rires de Fanfare) mais aussi fument le cerveau, l'explosent dans un délire paranoïaque et percutant (Blind AM, Missing) avec des sons rampants, une basse épineuse et une guitare stridente malmenées de façon très personnelle et une voix de psychopathe aliénante. Un esprit qui n'est pas sans rappeler la démarche d'anciens groupes barrés français comme RWA, Voodoo Muzak, Krümel Monster ou Escare remis au goût du jour. Très curieux d'entendre la suite.
[publié le 18 mars 2024]


Pliers / Ugly Spirit
Première réalisation de Pliers, trio en provenance de Portland, Ugly Spirit invoque que des ondes positives. Un noise-rock et affinités très classe et drôlement bien roulé, aussi nerveux que mélancolique, des vibrations multiples parmi d'autres pour six titres seulement mais prenant le temps de développer son parfum magnétique sur un peu moins d'une demi-heure passionnante. De l'esprit moche comme ça, j'en veux tous les jours.
[publié le 15 mars 2024]


Naked Objects / Disasters
Alors que Naked Objects avait l'habitude de livrer de nouveaux morceaux quasi tous les mois, ne serait-ce qu'un seul titre ou des remixes, on était sans nouvelles du groupe new-yorkais depuis l'été dernier. On se serait presque inquiété. Naked Objects répond bel et bien présent et Disasters n'est pas le signe d'un sale pressentiment, juste le nom de quatre inédits qui fleurent toujours aussi bon le post-punk façon Gang Of Four. Et un peu plus que ça car Naked Objects n'a jamais eu peur de rajouter une bonne couche de bruit et d'échardes noisy avec une guitare magnifiquement brûlante, une basse qui fait des ravages et un ton général pugnace, explosif, brillant, serti avec toujours autant de soin par le rennais Vincent Chevalier (Le Café Mixé). On sait où on met les pieds mais c'est un plaisir sans cesse renouveler d'écouter Naked Objects et quatre nouvelles compos de haute volée.
[publié le 10 mars 2024]


Weird Machine / Normal Music I
Weird Machine pas si bizarre puisque on sait très bien où on met les pieds. Du bon vieux noise-rock qui ne vient pas de Chicago mais Boston. Le problème est que ce nouveau trio sait y mettre les formes et que les quatre titres de Normal Music I sont du genre irréfutablement bons. Avec Seth Manchester dans les parages, c'est en plus l'assurance d'un son qui transperce de part en part. Suffit d'écouter la fin de Dreg Heap pour s'en convaincre, morceau fulminant qui s'enchaînait parfaitement avec le précédent Generator. Du noise-rok avec tous les éléments qu'il faut dedans, un assemblage qui leur est propre, des idées qui fusent et une partition de haute-volée se terminant par les cinq minutes de Coping Mechanism pour insuffler un brin de mélancolie dans ce monde féroce. Weird Machine, votre nouveau jouet noise-rock préféré.
[publié le 06 mars 2024]


Sleepwell / Buried Young
Second chapitre de la vie de Sleepwell à peine moins d'un an après le premier jet Growth//Rot. Trois nouveaux titres qui montrent que le trio de Brooklyn a toujours soif de distribuer des pains et dans la tronche de préférence. Un hardcore dans le sillage de Show Me The Body mais sans le banjo et que Sleepwell va ratatiner s'il continue à ce rythme là, avec un flow des rues encore plus sauvage appelant à l'émeute, un groove incendiaire qui casse les reins et des compos méchamment éclatées à l'instar du saisissant Piss. Sleepwell mais certainement pas sur les deux oreilles que le trio frictionne jusqu'au sang.
[publié le 04 mars 2024]


Catcher / 300 Million Windows
Catcher revient hanter le monde du numérique et toutes les plates-formes virtuelles, même les plus viles, avec le nouvel EP cinq titres 300 Million Windows comme il l'avait fait avec le premier album The Fat Of A Broken Heart. Et c'est bien dommage. Mais on ne va pas bouder son plaisir tout de même car le sextet new-yorkais manie le bruit et la noire passion toujours aussi ardemment. Avec son violon, ses guitares, sa rythmique tumultueuse et chant qui se lamente sur tous les malheurs du monde. Et comme Catcher sait toujours torcher une compo qui colle au corps et à la caboche, voir totalement dichotomique entre douceur éplorée et brutale violence, ça donne un 300 Million Windows aux multiples éclats se plantant en plein dans ton petit coeur.
[publié le 01 mars 2024]


Suntouch House / Laugh To Myself
Après Demonstration, un premier CDEP en septembre 2022, Suntouch House revient avec Laugh To Myself. Quatre titres à nouveau qui ne donnent pourtant pas envie de rigoler et encore moins de leurs propres tronches. Avec des membres de Colonial Wound et Yashira, c'est le genre de hardcore-noise atomisant toutes volontés de moquerie et de légèreté. Lignée Deadguy et compagnie, on sait où on met les pieds mais on est entre de très bonnes mains.
[publié le 24 février 2024]


Sundowner / Asbestos Tiles
Sundowner. On a vu coucher de soleil plus romantique. Un nouveau trio canadien (Toronto) qui envoie son noise-rock dans les cordes, le lamine et inflige une magnifique branlée. C'est le gros son sans les muscles (surtout comparé à leur premier enregistrement un an auparavant où il fallait quasi tendre l'oreille pour s'apercevoir que yavait de la vie là-dedans), de la basse qui charcute, de l'abrasion instantanée, un minimum de calcul et un maximum de matraquage/saccage pour roucouler de plaisir devant telle décharge jouissive. Asbestos Tiles, cinq titres édités sur une cassette qui les mettent direct en orbite sur la planète noise.
[publié le 21 février 2024]


Black Tape / Anti-Materiel EP
Black Tape, c'est l'Angleterre (Wolverhampton) mais le premier réflexe, c'est de penser à Seattle et Nirvana avec le premier morceau qui ne s'appelle pas Tastes Like White Spirit par hasard. L'humour anglais à son top. Une compo clin d'oeil qui n'est cependant pas une reprise même si ça y ressemble fortement. Juste une indication d'un enregistrement cinq titres se démarquant ensuite, bien que cet esprit grunge/fil rouge perdure, parce que Black Tape rajoute un esprit noise et rageur largement plus prononcé. Ça ne fait pas dans la dentelle, ça martèle sévère, ça vibre de partout et ça fait un bien dingue. Après un premier album tout aussi numérique et recommandable en février 2023, Black Tape confirme que c'est le pied. Gauche de préférence. Ça porte chance parait-il.
[publié le 18 février 2024]


Marvin's Revenge / VR Porn
Après une série de EPs tous virtuels depuis 2020, Marvin's Revenge confirme avec VR Porn qu'il semble prendre la bonne tangente. Quatre titres de plus en plus noise, puissants, denses, tapageurs et agressifs. Le trio anglais de Nottingham abandonne toutes idées de légèreté et de gimmicks plus faciles entendus auparavant pour plonger dans les affres tourmentés et sombres de morceaux prenant de la consistance à l'instar des plus longs VR Porn et Wealth sans se départir d'accroches rythmiques et de riffs furieusement prenants et d'un chant très abrasif. De bonne augure pour la suite.
[publié le 17 février 2024]


Docents / Substance - Laser Image
Docents ne tarde pas à donner de ses nouvelles après le sublime album Figure Study. Deux nouvelles offrandes du groupe new-yorkais qui étale toute sa science du noise-rock et son approche diversifiée avec une classe intacte. Avec des cascades de guitares électrisantes sur Substance ou avec plus de mélancolie et de pesanteur sur Laser Image, morceau qui finit par repartir de plus belle dans une éclatante gerbe dissonantes alors qu'on croyait que la lumière s'était éteinte. Docents marque encore de précieux points.
[publié le 10 février 2024]


Holy Popes / Apples
Holy Popes s'en prend à la police britannique et ce n'est pas pour une sainte bénédiction. Apples pour la version pourrie, la police et son système qui la protège sur cette vidéo explicite comme les textes. Un nouveau single du trio anglais dont on vous avait déjà dit le plus grand bien lors de leur premier album et confirmant que ce trio de Hull est à suivre impérativement. Man Demolish records a eu le nez creux avec ce titre sanguin, incisif, tout simplement un putain de bon morceau de rock bruyant. Ça s'annonce parfait pour la suite qui devrait arriver dans le courant de l'année.
[publié le 08 février 2024]



Low Animal / New Nature
Noise, Chicago, version matraquage et sévices. Low Animal, un nouveau groupe féroce déboulant dans le sauvage et intraitable paysage du noise-rock avec la bave aux lèvres et une sacré envie d'en découdre. New Nature, quatre titres cognant avec un certain art de la répétition, une guitare n'affichant jamais un riff conventionnel, des voix malades de la vie. Ça met la pression comme rarement, étouffant, explosif, cinglé, avec parfois des rythmes qui pourraient se danser (Pending Horror) comme sur un bon vieux Arab On Radar dont les stridences hantent aussi la nature brutale et bruitiste de Low Animal. Dans tous les cas, un groupe de noise-rock, un vrai, qui fait mal, dérangeant, aliénant. Vivement la suite.
[publié le 02 février 2024]


FAxFO / Up To Ere
Parce qu'un peu de DBeat et grindcore n'ont jamais fait de mal à personne, parce que ça soigne votre mauvaise peau et nettoie votre graisse abdominale, parce que Human Worth est un label qu'on suit (presque) aveuglément, parce que c'est pas les raisons qui manquent par les temps qui courent pour monter sur les barricades, FAxFO est ce qu'il vous faut. Un quintet de Leeds l'incontournable avec des membres de Thank, Fatalist, Cattle ou Grub Nap pour une première cassette avec huit titres qui poussent au cul et aussi de bonnes montées de fièvre punk et hardcore et que ça dérange le mélomane. En un peu plus de dix minutes, c'est emballé et c'est parfait comme ça.
[publié le 31 janvier 2024]


Arcwelder / Continue
Encore un retour improbable. Après plus de vingt ans de silence, Arcwelder qui avait commencé sous le nom de Tiltawhirl revient avec un nouvel album. Le trio de Minneapolis des frangins Graber (Rob et Bill) et du batteur Scott MacDonald aux six albums entre 1990 et 1999 dont quatre sur l'emblématique label Touch And Go publie Continue, uniquement en version numérique. Arcwelder n'avait jamais officiellement splitté et continuait à donner des concerts, notamment pour le All Tomorrow's Parties en Angleterre quand c'est Shellac qui invitait ou pour le 25ème anniversaire de Touch & Go en 2006. Mais là, c'est carrément l'album, huit inédits de leur indie-rock toujours aussi catchy, reconnaissable de suite et qui ma foi, sonne plutôt agréablement bien que ça fasse tout bizarre d'écouter encore ce genre de musique en 2024.
[publié le 26 janvier 2024]


Sinews / Reanimated EP
La porte s'entrouvre sur Sinews, un nouveau groupe anglais (Oxford précisément), qui la défonce sans vergogne. Reanimated, une cassette six titres louvoyant avec force et habileté entre noise-rock, post-hardcore et quelque chose de plus indéfinissable, un parfum transversal où les émotions qui s'en dégagent sont variées et pas mal magnétiques. Abrupt, colérique, ramassé sur lui mais capable d'aspect plus mélodique (l'étonnant Sinking Feeling) ou de retenue, Sinews fait déjà preuve d'un sacré tempérament et d'une très belle maîtrise dans l'art de manier le bruit. Retenez bien ce nom.
[publié le 25 janvier 2024]


Sentries / Snow As A Metaphor For Death
Il ne fait pas bon voir tomber la neige chez Sentries car le blanc manteau lui fait penser à la mort. Lui parce que Sentries est le projet solo du canadien Kim Elliot. I made this album entirely on my own. L'écriture, l'enregistrement, le mixage, la mastérisation. Seul l'artwork de cet album virtuel lui a échappé. Ce qui n'était pas le cas de Agonizer, son premier album paru en mai 2023 et qui avait bénéficié d'aides extérieures. Un album également recommandable mais un peu moins que Snow As A Metaphor For Death qui jamais ne donne l'impression d'être un effort en solitaire. Vive la technologie. Qui n'a jamais sonné aussi dense et vivante. Une frénésie d'obédience noise mais variée et surtout plus cohérente pour ce deuxième jet. Des vagues déferlantes de guitares très dissonantes, du matraquage rythmique, une course poursuite avec un vrai allant dedans s'engageant dès Performance Art et finissant par les treize minutes finales du titre éponyme beaucoup plus ambitieuses dans une démarche de symphonie noise tumultueuse et fragmentée, Sentries broie large. Avec de l'incisif furieux et pas seulement dans les titres (How Many Fools Can I Kill Today, Force), des rythmes lobotomisant et du bidouillage électro possédant de faux airs de Gilla Band et Thank comme sur Entity/Selector, ce n'est pas que la neige qui s'abat, c'est un déluge noise-rock au sens large, vivifiant et très prometteur.
[publié le 19 janvier 2024]


Nervous Tension / Dosage
Dosage le bien nommé car effectivement, tout est histoire de dosage sur le premier EP cinq titres que Cow Tool records édite en cassette. Nervous Tension, nouveau groupe de Melbourne manipulant le noise-rock et la noisy-pop avec tout ce qu'on peut verser entre les deux. Si le début du EP tend vers la face plus urgente et tendue du noise-rock avec les excellents Plunge et Paroxysm, la bascule se fait avec Comedown. Nervous Tension dévoile un coté beaucoup plus mélodique avec son lot de dissonances fines comme un My Bloody Valentine sans le même volume bruyant et enfonce le clou avec Scorpio Season et Prescription. La tension s'estompe, les voies masculines et féminines se mélangent, une certaine mélancolie s'installe. Le rock est toujours là mais dilué dans une intention plus pop. Un dosage qui ne convainc pas complètement mais ce n'est qu'un début et il est très intéressant.
[publié le 14 janvier 2024]


Yobs / Fortune Teller
Yobs déboule pied au plancher dans le paysage avec deux titres aussi courts que fulgurants. Un nouveau groupe de Liverpool qui donne un sérieux coup de boost au garage-punk avec une dimension noise, un gros abattage rythmique méchamment basique, du volume, du fun et deux morceaux, Fortune Teller et Cemetery Man sur Fuzz Club annonciateurs d'un premier album à sortir cette année qui fait baver d'avance.
[publié le 12 janvier 2024]


MoE / Silent Night
C'était le cadeau de Noël de MoE, un inédit publié le soir du réveillon. Ça sera notre morceau pour débuter la nouvelle année. Silent Night, un titre issu de la session d'enregistrement de leur dernier album en date The Crone. Et s'il a été recalé, ça devait uniquement être par manque de place car ce Silent Night est très bon. Avec un rajout de cordes angoissantes d'un violon et de percussions pour donner encore plus de coffre. Silent Night marche sur vous et vous engloutit.
[publié le 01 janvier 2024]


Kitchen Tool Set / Lockstepping
Kitchen Tool Set remet le couvert. Quasi dix ans que le groupe de Douai n'avait pas donné de nouvelles, depuis l'album Écorce/Essence. Enfin si, le groupe avait montré en 2019 qu'il existait toujours lors d'un split avec Devon Miles. Cette gazette internet était complètement passée à coté. Un groupe qui déclare faire de la musique pour le plaisir de la faire, en prenant son temps, sans aucun plan ni aucune contrainte. À vrai dire, ça c'est toujours ressenti et c'est parfait ainsi. Kitchen Tool Set fait de la musique qu'il a en lui sans se soucier des modes, des flux et des reflux, juste suivre son instinct et tracer sa route. Celle de Kitchen Tool Set a souvent croisé le parcours de Dischord records et ses groupes affiliés comme Fugazi ou Lungfish. Mais le quatuor semble s'en démarquer de plus en plus. Juste garder les émotions qui suintent à travers des structures tendant vers une souplesse exponentielle, des mélodies encore mieux mises en valeur à l'instar du très bon Between The Lines. Un titre qui est tout un symbole pour le groupe. Se placer entre des influences sans les heurter frontalement, suggérer, s'insinuer, des non-dits, tout en subtilité mais avec fermeté. Lockstepping, sept titres où le soin apporté aux ambiances se fait grandement ressentir, avec une pointe de mélancolie supplémentaire, des convulsions parfaitement contrôlées et bel allant général et intemporel mené avec classe. Une sortie hélas uniquement en version numérique.
[publié le 30 décembre 2023]


Terrible Lovers / Ghosting
Cela fait un moment que Terrible Lovers est dans nos radars. Depuis son premier EP en 2019. Au départ, le projet solo de Kenny Johnson qui s'est désormais mué en trio. Mais à chaque fois, c'est la même rengaine. Terrible Lovers ne publie que du virtuel. Mais ces enregistrements valent toujours le détour. Il est donc temps de passer à l'action avec le dernier en date, les cinq titres de Ghosting. Kenny Johnson, un gars de l'Alabama qu'on suit depuis El Chupa Cobras et qui s'écoute toujours par ici pour notre plus grand bonheur. Ed Kemper Trio, Black Racers ou Reverse Engineer sont ou ont été ses autres groupes et des exemples parmi d'autres car Kenny n'arrête jamais de former des projets et de composer. Et de faire ce qui lui passe par la tête. Pour Ghosting, une chanteuse qui ne dit pas son nom a été engagée sur trois titres, donnant une coloration hurleuse-hystérique surprenante à son noise-punk qui nous avait pas habitué à une telle rage. Terrible Lovers plus terrible que jamais, sauf sur The Introduction et l'instrumental de sortie Aftercare sur lesquels le trio calme le jeu. Et n'hésitez surtout pas à aller écouter ces enregistrements précédents pour passer de bons moments en compagnie de Terrible Lovers.
[publié le 27 décembre 2023]


Shan / Knotweed
Dans le cortège ininterrompu de sorties principalement en format cassette par Cruel Nature records, il faut savoir faire le tri. Shan est une bonne pioche. Un duo guitare/chant et batterie originaire de Newcastle Upon Tyne versant dans le sludge lourd, agressif, hargneux, piétinant les plates-bandes de Melvins et autres avatars du genre pour mieux les massacrer, leur donner un coup de pied au fondement parce que Shan est autrement plus téméraire, punk, violent et y croit dur comme fer. Comme nous. Au point de tendre également vers du 400 Blows. Cinq titres furieusement primaires et bons.
[publié le 23 décembre 2023]


Muscle Vest / Three EPs
Muscle Vest résume la situation. Les trois courts formats ou Three EPs en langue originale du groupe londonien Muscle Vest sont disponibles en une seule fournée digitale. Hot Hot Hate et Live Laugh Loathe avaient déjà eu le droit de citer dans ces pages. Le quintet anglais a rajouté le premier EP Human Resources remontant à 2020 ainsi que le titre God Doesn't Love You qui était publié dans le monde virtuel par Muzaï records en tant que split single avec Struggles With Synthax et Glue Trap, dernière composition en date et se retrouvant en ultime position sur cette compilation qui va du plus ancien au plus récent. Dans tous les cas et à n'importe quelle époque, le noise-rock de Muscle Vest bombe le torse et s'en amuse, aussi furieux que jovialement excitant. Un des groupes anglais à suivre de ces deux dernières années et qui mérite amplement de passer au long format avec un vinyle à la clef histoire de bien mettre tout le monde d'accord.
[publié le 19 décembre 2023]


Con Art / Running Of Dogs
Con Art, le nom peut prêter à sourire pour les francophones mais ce groupe australien vous fait vite ravaler votre rictus moqueur. Ou alors si, un sourire jusqu'aux oreilles d'être tombé sur un groupe épatant. En provenance de Perth et après une première cassette en 2020, le quintet Con Art revient avec Running Of Dogs, cinq titres balayant un spectre noise assez large allant du canal historique à la Jesus Lizard sur Over Again à Burn The Words s'achevant dans une sorte de slow bizarre avec un crooner déviant. Au milieu, de l'acerbe mélodique tendance post-punk qui pourrait venir de la grise Angleterre, de l'agité qui flingue, une humeur entraînante et récréative sous l'abrasion naturelle et dans tous les cas, cinq morceaux très accrocheurs, quelle que soit la coloration. Con Art, un nom à retenir.
[publié le 14 décembre 2023]


Slavian / Bruxism
Slavian, c'est neuf, c'est français et Bruxism est leur premier enregistrement dévoilé à la face du monde. Cinq titres qui vous pètent à la tronche en mode noise-rock à la Unsane et ça fait de très sérieux et beaux dégâts. La rythmique lamine et assure un groove de feu. Le slide de la guitare est parfois de sortie pour tirer ce bruit blanc et brutal vers des contrées blues sauvages. Chaque titre percute, casse la nuque et fait mal. Slavian, retenez bien ce nom.
[publié le 08 décembre 2023]


Imelda Marcos / Agita
On avait laissé Imelda Marcos à trois. Il revient en duo. Soit le cheminement opposé de leur dernière apparition. La chanteuse Donna Diane est repartie. Le groupe de Chicago à nouveau dans sa configuration instrumentale d'origine. Batterie, guitare et toujours une incroyable densité de sonorités, une guitare et ses effets qui vous emberlificotent autant que ça vous hypnotisent, un son qui écorche, accroche, gratte et caresse en même temps. Les boucles qui s'enchaînent, l'intensité crescendo, le souffle qui grossit, la batterie qui s'emballe et la folie qui guette comme sur Convulsive ESP, c'est l'alchimie unique de Imelda Marcos frappant une nouvelle fois et fort. Pris dans un engrenage infernal que ne démentiront pas les cinq minutes finales de (Noise Of City) férocement prenantes et grinçantes. Quatre nouveaux morceaux à se procurer en cassette sur Already Dead Tapes.
[publié le 04 décembre 2023]


Maze / Inner Bliss
Youff nous a amené jusqu'à Maze. Via son guitariste Arjen Verswijvelt qui prend le micro uniquement dans Maze. Mais c'est le seul point commun. Avec leur Belgitude. Le credo de Maze, c'est le post-punk. Autant dire que ça nous avance pas à grand chose de savoir ça. Mais vous avez compris. L'important, c'est que chacun des six morceaux se révèle extrêmement séduisant. Qu'importe le parfum. Ou le flacon, c'est pareil. L'ivresse est est la même. A ta santé Joy Division. La basse mélodique, la batterie qui claque, les arpèges qui cinglent, l'intensité qui ne se relâche jamais et qui en rajoute une couche histoire de verser sur le coté punk de l'approche sans jamais renier la perspective entraînante et mélodique. Maze, un groupe bien de son temps. C'est ça le pire. Et c'est parfait. Cassette publiée par Stadskanker et Feles Music.
[publié le 30 novembre 2023]


Blacklisters / Auf Dem Tisch
Blacklisters s'amuse à sortir des formats courts et bâtards. Après la cassette quatre titres Leisure Centre l'année dernière, nos quatre Anglais reviennent avec quatre nouveaux titres uniquement (pour l'instant ?) numériques. Blacklisters se gausse également d'allemand avec le titre Auf Dem Tisch et sur la table justement, Blacklisters pose ses gargouilles pour faire couler un flot de bordel qui a tout l'air d'être enregistré dans des conditions live en studio, une seule prise et qui m'aime me suive. Blacklisters n'a jamais sonné aussi punk, sauvage, débraillé, prenant ainsi leurs distances avec un noise-rock plus anguleux et sous influence et c'est très bien ainsi. Blacklisters a augmenté la dose de noise, de chaos et de dinguerie à l'image de Smart Guy et surtout les six minutes de Personal Training sur lequel les Anglais lâchent les chevaux pour notre plus grand bonheur. La table, Blacklisters l'a fait voler en éclats.
[publié le 28 novembre 2023]


Dust Muscle / EP
Chicago, Illinois. Rien que ces deux mots devraient accélérer le débit de ta fibre noise-rock qui résonne en toi, nuit et jour. Et c'est pas pour capter la 5G mais pour Dust Muscle et leur premier EP cinq titres. La réalité est cependant plus complexe. Avec notamment Kayhan Vaziri (Yautja, ex-Coliseum et ça n'étonnerait personne que les trois autres membres soient aussi connus du milieu), Dust Muscle joue un noise-rock qui devrait autant à The Conformists qu'à Chat Pile. Des ondes qui mettent mal à l'aise, jouant sur les répétitions, les angoisses, une lourdeur abrupte, une menace diffuse, une tension inconfortable. Et quand Dust Muscle accélère pour de vrai, ça donne Piss And Shit, lui même suivi de Hell Isn't Far car la logique, c'est important. Camisole de force.
[publié le 23 novembre 2023]


Mistress Bomb H / Les Nerfs
La parole de Mistress Bomb H se fait rare mais elle ne fait jamais le déplacement pour rien. Cinq ans après Say It Loud : I’m Girl And I’m Proud, Mistress Bomb H a Les Nerfs. La pochette de Matthieu Bourel met dans l’ambiance. Et c’était un défi pour cet artiste visuel habitué des collages dont le challenge était de créer un artwork à partir de l’intelligence artificielle. Tous crocs dehors, parfum d’émeute, le troisième album de la Mistress rennaise fouette le sang, cingle les consciences si jamais tu avais tendance à faire l’autruche et appelle un chat, un chat. Ta France, je m’en branle. Le chant est parfaitement distinct et pas besoin de longs discours pour faire passer le message, quelques mots, quelques samples bien choisis et répétés suffisent. C’est d’ailleurs l’ensemble de l’attirail électronique-synth-punk convulsif de Mistress Bomb H qui se fait de plus en plus percutant et précis malgré les sonorités non-identifiées qui grouillent et zèbrent l’espace, malgré ce sens du rythme qui zigzague, s’entortille dans des angles jamais carrés, se brise pour laisser passer les vibrations sensuelles s’immisçant dans le dédale des machines azimutées, pour se laisser bercer par le chant comme une dangereuse sorcellerie sur un titre qui s’appelle pourtant Fumiers. Sept titres d’une cassette publiée par Kerviniou Recordz qui a le don d’exciter les nerfs et de les soulager.
[publié le 22 novembre 2023]


Baby Fire / A Year Of Grace
A Year Of Grace clôt la trilogie amorcée par le EP Searching For Grace en 2020, puis l'album Grace l'année dernière et enfin ce nouvel EP dont il existe une version cassette sur le label marseillais Coeur Sur Toi. Une année de grâce marquée par la dépression post-covid, l'impression que rien ne bouge dans la scène musicale belge où on cultive l'entre-soi (et ça, ce n'est pas qu'en Belgique) et qu'après 30 ans d'activisme, il est toujours aussi difficile de se faire entendre et accepter pour une artiste de la trempe de Dominique Van Cappellen-Waldock, alias Baby Fire. Trop intègre, trop singulière, ne rentre dans aucun moule que ce soit avec Von Stroheim, Veda ou Baby Fire. Il en découle deux titres inédits, Like Stars et A Year Of Grace, plus lourd, dense et sombre que tout ce qu'à pu faire jusqu'ici Baby Fire. La lumière qui s'en dégage n'en est que plus violente. Baby Fire, à l'instar d'un Big Brave en plus épuré, impose des volumes d'une grande noirceur avec une sobriété exemplaire et une tension palpable qui n'explose jamais mais vous fait décoller dans une autre sphère mystérieuse, une lenteur qui n'a que le nom alors que la profondeur est insondable. Deux titres tout simplement touchants et très beaux. A la suite de ces deux compos, Baby Fire propose trois remixes de titres de Grace par le multi-instrumentiste et producteur Déhà. Sing In Brightness avec une rythmique qui apparait pour une séduisante touche Portishead ainsi que Eternal (avec Laetitia Shériff) et Like William Blake pour un rendu là aussi plus lourd et sombre même si assez proche des originaux.
Brûlez avec Baby Fire ou aller en enfer.
[publié le 17 novembre 2023]


Proofs / s/t
Proofs coule de source. Une évidence faite noise-rock trouvant sa place avec éclat et limpidité entre The Stnnng et Shellac avec le brin de classe de certains groupes néo-zélandais quand il s'agit de distiller des mélodies sombrement lumineuses. Anguleux, racé, nerveux, sobre, avec une qualité de morceaux qui vous prend de cours car ils ont l'air si simples et évoluant dans un cadre mainte fois entendu mais ils deviennent spontanément et profondément obsédants. Un trio de Seattle dont c'est le deuxième album. Il aurait été préférable d'avoir une sortie autre que uniquement numérique car cet album mérite réellement d'être mis en valeur. Et n'hésitez pas à aller écouter leurs précédents enregistrements, ils valent également le détour et vous pouvez aussi les télécharger gratuitement si le porte-monnaie vous en dit.
[publié le 14 novembre 2023]


Stolen Kidneys - Grins/ Split
Deux des meilleurs représentants de la scène noise-rock européenne se sont regroupés sur une cassette que Suspected Of Arson records va se charger de publier. Et ces deux représentants sont finlandais. D'un coté Stolen Kidneys qui nous a déjà maintes fois subjugué avec leur rock qui est devenu de plus en plus noise et de moins en moins (post) hardcore. Ces trois nouveaux titres persistent et signent. Le chant éraillé, cassé, écorché, les guitares perçantes, la rythmique qui pulse, tout concourt à ce que ce noise-rock là pénètre profondément les chairs. Et Grins va faire en sorte de cogner encore plus fort sur les chairs meurtris. Grins n'a sorti que des cassettes jusqu'ici. Elles ont fait un sacré effet. Les trois titres ici présents font encore plus mal. Grins accentue le poids de la rythmique dont c'est le gros point fort. Dantesque basse. J'imagine même pas la gueule de l'ampli. Le duo basse-batterie est d'enfer, écrase tout en assénant un groove carnassier irrésistible. La guitare sonne comme du métal chauffé à blanc. Le chant prend de plus en plus la tangente, de liberté, de variété. Et mon tout est magnifiquement résumé sur les sept minutes et quelques de Flat Tire. Alors que les deux morceaux précédents avaient déjà mis sur les genoux, Flat Tire éclate tout, aussi bien la structure que les dents, aussi carré, martial, répétitif, tendu que branque et disloqué avec la guitare qui pète brièvement un câble et que le chant est plusieurs dans sa tête. Ne croyez pas la pochette. Strictement rien à jeter dans ce split.
[publié le 13 novembre 2023]
 
 

Yellow Bulb / Cabal
On continue de suivre les travaux de Travis Kuhlman (Dug et ex-Buildings). Deux ans après Data Reject, lui et Drew Haddon creuse un peu plus le sillon d'une musique experimentale-electro-indus avec toujours l'aide de Jake Cregger (Multicult, Triac) et cette fois-ci David Mansfield (Stranded) pour son jeu de guitare singulier. Et l'étrangeté, ce n'est pas ce qui manque à Cabal. Un troisième album sorti par Propitious Artifacts sous forme de cassette ou CDr qui pue toujours l'angoisse, les couloirs hantés autant que les chants fantomatiques, les drones rugueux, les rythmes sporadiques se jouant à deux batteries. Pas toujours facile mais Yellow Bulb arrive à en tirer une sorte de sombre hypnose qui peut se révéler attirante comme un puits sans fond.
[publié le 11 novembre 2023]


Pleasure / Candy Samples
J'aime ce hardcore crapoteux fait de glaires et salement débraillé. Qui attaque la jugulaire et laisse pisser le sang. L'aseptisation ne passera pas par Pleasure. Un groupe Anglais qui n'en a rien à foutre du beau, basique et bordélique, marchant sur ses ancêtres servant d'anciens projets (The Wound, Mob Rules, Perspex Flesh) pour rajouter une couche primaire d'irrévérence, de déviances, de virulence brutale et de guitares qui raclent en profondeur, partent en vrille, tartinent du riff en parpaing pendant que le batteur sait se faire entendre et respecter et que le chanteur mord les mollets. Le genre de types qui aiment s'arracher les croûtes. Pleasure est à ce prix et il prend la forme d'une cassette cinq titres éditée par Donor records.
[publié le 10 novembre 2023]


Human Worth records / v/a Vol. III
Le label anglais Human Worth sort sa troisième compilation en version numérique uniquement. Chaque réalisation du label a un but caritatif et c'est encore plus le cas pour ces compilations. Pour le Vol. III, l'objectif est de collecter des fonds pour Save the Children’s Gaza Emergency Appeal. Pas la peine de traduire, tout le monde aura compris. C'est aussi un très bon moyen de découvrir l'impressionnant catalogue du label dont cette gazette se fait régulièrement l'écho et tous les groupes qui gravitent autour. 28 titres sont proposés. Pas vraiment d'inédits et quand il y en a, ça va pas durer longtemps puisque ce sont des morceaux en avant-première qui ne vont pas tarder à sortir sur des albums à venir. L'occasion de mettre l'eau à la bouche sur les futurs disques de Pascagoula, Warren Schoenbright, Beige Palace ou Cower. D'entendre The Eurosuite reprendre et azimuter Zero de Smashing Pumpkins. Avec également des versions demo ou live de Kulk et Why Patterns, un Catch The Flare par Thee Alcoholics qui ne dit pas s'il figurera sur leur 1er album à paraître en février sur Rocket records et découvrir T-800 dont le nom sonne comme un char d'assaut, ce qui est aussi le cas de leur musique.
[publié le 04 novembre 2023]


Dastard / Remote Control From A Distance
Le retour de Dastard dans nos radars. Après un premier jet en 2022, le trio canadien revient avec cinq nouveaux titres. L'enregistrement semble live et plus cru, ça sent la prise directe mais ça ne serait tarir votre plaisir. Si des groupes comme Shale, Swob, Six Horse ou Shiny Beast ont compté pour vous, tout comme tout ce que le noise-rock dans les 90's a fait de mieux, Dastard doit devenir votre préoccupation principale, séance tenante. Surtout que Dastard a su remettre à jour les données. Et rien ne déconne dans vos enceintes sur le dernier titre Chimneysweep, tout est sous contrôle de Dastard et nous, sous leur charme.
[publié le 31 octobre 2023]


Nod Off / LP#1
La dernière fois que cette gazette a parlé de Nod Off, c'était 10 ans plus tôt à l'occasion d'un single intitulé EP#1. Un vrai, en vinyle. Depuis, un autre était sorti (EP#2), tout numérique hélas comme ce premier album LP#1 (les noms de disques, c'est pas vraiment leur truc à Nod Off). Un duo lyonnais qui se fait trop discret avec Gaëlle (voix) et Fred (voix et instruments) pour une alchimie particulière rejaillissant idéalement sur ces onze titres qui font quasi tous la même durée. Une mécanique bien huilée et pourtant imprévisible. Une histoire de mélange entre des cordes acoustiques et l'électricité rampante et heurtée, entre le chant féminin et masculin se complétant merveilleusement bien, entre fragilité et nervosité, entre mélodie et tumulte. Le groove singulier trébuche, se tord tout en se montrant entraînant. Les guitares grincent, des bruits ou des grincements semblent interférer, se greffer, ça titube et ça se fait émouvant également comme sur Song #11 ou Song #7 (les noms de morceaux, c'est pas vraiment leur truc à Nod Off), sculptant des compos déglinguées et incisives. Bref, Nod Off possède son truc bien à lui et mériterait bien plus que cette sortie s'annonçant confidentielle comme par exemple un label qui aurait la bonne idée de sortir cet album dans la vraie vie.
[publié le 27 octobre 2023]


D.R.L.N. / Broadcasting
D.R.L.N. pour Doppler Radar and the Local News. Un groupe de Indianapolis qui a sorti son 1er album en cassette (des exemplaires sont aussi dispos sur Noose Knot records), il s'appelle Broadcasting et il ne diffuse que des ondes positives bien que totalement déviantes et corrosives. Un truc punk et noise où c'est tout urgent et cassé là-dedans, aussi incisif qu'embrouillé, une façon bien à eux de faire du bordel, variée et créative. Avec un peu de sax sur le titre éponyme, une basse qui tricote et qui ne serait pas sans rappeler (et pas que la basse) Dazzling Killmen sur Power Static et bien d'autres évocations qui font qu'on se retrouve au final avec un groupe punk singulier qui fait franchement du bien à entendre.
[publié le 18 octobre 2023]


Kircher / s/t
Kircher, c'est le projet solo de Nathaniel Dominy, guitariste de Prayer Group. Pour la batterie, c'est son pote Andrew Barnes (Florida Man) qui lui donne un coup de main, les deux s'étant connus au sein de Gifts From Enola. Le champ d'action de Kircher se rejoint avec celui de Prayer Group. Un noise-rock encore plus sombre, dur, viscéral. Avec une pointe de détresse urgente supplémentaire et un pas dans l'action expérimentale et plus personnelle avec le troisième morceau sans nom, How I Learned To Start Worrying And Love Eating Alone In My Car qui n'a pas que son titre de savoureux et surtout le dernier Gone. Du haut de ces presque six minutes, ça respire l'angoisse et la parano avec ces synthés inquiétants et sa violence latente. Aucune idée si ces six titres vont sortir sur un format autre que digital mais Fisher King records est sur le coup.
[publié le 14 octobre 2023]


Sweepers / Demonstrations
Sweepers donne un bon coup de (micro) balai à la no-wave et envoie valdinguer les résidus du post-punk sous le tapis en huit morceaux pour autant de minutes. Un nouveau groupe de Philadelphie qui fait augmenter la tension artérielle, trépigne, s'amuse comme des dingues, en font profiter tout le monde, cogne et passe la crème la seconde d'après, comme une version encore plus courte et sur-speedée de Landowner. Un beau numéro de voltige noise-rock qui en appelle d'autres et c'est quand ils veulent.
[publié le 12 octobre 2023]


Crying Loser / Oaf Milk
Crying Loser est un nouveau groupe débarquant d'Irlande (Cork) avec Oaf Milk sous le bras, cassette six titres et ya franchement pas de quoi pleurer, sinon de bonheur. Avec un membre uniquement à la clarinette basse et à la flûte, il était pourtant permis d'avoir peur. Cela leur confère au contraire une originalité en plus à un groupe ne manquant déjà pas de piment. Crying Loser convoque James Chance pour se contorsionner comme un ver, salut brièvement le mouvement no-wave pour s'envoler vers des strates free, noise, rock, jazzy, shamaniques. Les sept minutes de Muscle Man sont tout en élasticité, remplies de convulsions, de grincements, de stridences pour une hypnose irrémédiable. Et ainsi va Oaf Milk tout du long. Intense, vibrant, étrange, concassé, singulier, poétique. Non, franchement pas un enregistrement de loser.
[publié le 07 octobre 2023]


Louse / Wet Work
Il a été récemment question de Louse. C'était lors du split 10'' avec The Shits. Deux groupes différents. Mais des membres en commun. Et cet amour identique, déraisonnable et humide pour le scum rock. Tout ce qui colle, bave, traîne dans le caniveau sur fond d'histoires sordides parce que la bêtise humaine est infinie, c'est pour Louse. Six titres que le groupe anglais a regroupé sous le nom de Wet Work. C'est Industrial Coast records qui régale la cassette. Et comme le groupe anglais le fait encore mieux et plus dépravé que sur le split, notamment pour l'enregistrement qui retranscrit à merveille leurs noirs desseins, aucune raison de bouder son plaisir.
[publié le 01 octobre 2023]


Urine Hell - Nüde / Split
Urine Hell. Derrière ce nom commercialement suicidaire se cache le groupe de Chicago qui nous avait totalement retourné l'année dernière avec sa première cassette Weakling. Le quatuor remet son titre en jeu de groupe le plus malade et intense depuis Dazzling Killmen avec trois titres sur une split cassette avec Nüde, toujours sur Already Dead Tapes. Dreams Return avait déjà été publié par le même label en décembre dernier sur la compilation Honk If You're Already Dead, histoire de nous montrer que le groupe n'avait rien perdu de son aura paranoïaque. Et les deux suivants, Pitiable et The Missionary sont encore une belle et grande débauche de folie ordinaire. L'alternance entre le chant parlé et les cris d'aliéné accentue le malaise. Un noise-rock qui embrase autant qu'il fout les jetons. Faudra juste penser un jour à sortir un vrai disque parce que ce groupe est dingue. Dans tous les sens du terme. Et ce n'est pas Nüde, autre groupe de Chicago, qui va arranger notre santé mentale. Un duo avec Ruby Lucinda et Luke Clohisy se montrant aussi schizo que leurs compères de cassette. Deux titres magnifiquement dérangés avec plein d'effets électroniques pervers, de la saleté et de la rage digne de Uniform, notamment sur les cinq minutes de Gospel Of The Midwest qui te feront monter direct en enfer. Ou Urine Hell t'attend déjà.
[publié le 29 septembre 2023]


War Club / Hostile Environment
War Club monte au front avec Hostile Enivronment, quatre titres qui font suite à Ultranormal, un premier EP publié l'année dernière, toujours dans le monde perdu du numérique uniquement. Un trio de Londres jouant un noise-rock très lourd, épais avec un son qui craque de partout. Un peu comme si Part Chimp s'était mis au hardcore tout en frayant avec le stoner (Set Me On Fire). Et si le trio aime la vélocité et envoyer de gros parpaings, il aime également la lenteur avec les six minutes de Cucumber pour une certaine interprétation personnelle du doom, bien que War Club n'est jamais aussi convaincant que lorsqu'il insuffle tension sur le vénéneux There's Something About Microplastics qui tape aussi les six minutes. War Club possède plusieurs cordes à son arc. C'est à suivre.
[publié le 27 septembre 2023]


Muell / Kunde
Une belle soufflante en provenance de Berlin. Muell, nouveau groupe se résumant à deux types. Un qui hurle dans un micro en faisant crier les cordes d'une guitare. L'autre qui tape comme un sourd sur une batterie tout en actionnant un petit clavier. Kunde, une cassette en guise de carte de visite avec six titres en quasi autant de minutes. De quoi se faire flinguer en bonne et due forme dans un mélange de noise-punk et synthcore (c'est eux qui le disent) donnant envie de sauter sur tous les murs. Bref mais suffisant pour soigneusement noter le nom de ce duo pour le futur.
[publié le 24 septembre 2023]


Statoil / Black Gold
Statoil, c'est le son du Danemark qui marche sur les charbons ardents des Norvégiens de Noxagt ou Staer. Autant dire qu'on les attend arriver de loin. Black Gold, une première cassette dont les quatre titres ont tendance à s'étirer, histoire de bien marquer son territoire. De répéter ses rythmes pour rendre fou. Pour que le poids de la batterie et percussions métalliques rentrent parfaitement dans le cerveau jusqu'à implosion ou l'ivresse d'avoir tourner sur soi-même trop longtemps. Que le bruit des frottements et des stridences cordes mettent les plaies à vif. Statoil n'a pas trouvé le pétrole avec Black Gold (et n'a surtout pas envie de le trouver puisque cet enregistrement est censé dénoncer les tourments causés par l'or noir), mais le trio continue de creuser avec bonheur dans ce noise-rock expérimental, raboteux, méthodiquement combatif et va vite faire son trou.
[publié le 22 septembre 2023]


Mclusky / Unpopular Parts Of A Pig
Mclusky revient parmi les siens. 18 ans plus tard. Le nouvel album est pour l'année prochaine. Mais enregistrer, ça coûte des sous. Alors Mclusky aimerait une avance. Du coup, le groupe anglais a mis quatre titres en ligne du futur album car la moitié a déjà été mis en boite. Et que l'autre moitié devrait suivre rapidement. Parce que Mclusky n'a pas perdu la main et ces quatre nouveaux morceaux le prouvent. Faut dire que Andy Falkous n'avait pas perdu son temps et gardé la forme avec Future Of The Left et Christian Fitness. Au fait, tout est bon dans le cochon.
[publié le 14 septembre 2023]


Cere / Healing Fires
Deuxième sortie pour le trio belge Cere, Healing Fires confirme tous les bienfaits que ce noise-rock fulminant peut procurer après Endless Days en 2021. Avec de nombreuses déclinaisons. Comme le titre d'ouverture Wheels qui commence avec un faux air de Hot Snakes particulièrement urgent puis prend une tournure plus noise, dure et s'embrase dans des sonorités plus post-punk avec toujours une furieuse intensité en fil rouge. Quatre titres marqués par la vélocité, à la limite de la transe parfois, la soif d'en découdre, la course poursuite. Ce qui n'excluent pas les mélodies, les répétitions qui se déchirent dans de belles envolées intensément poignantes. Et pour conclure, les presque huit minutes d'un Croupier éclaté qui en font voir de toutes les couleurs et montrent que Cere a plus d'un tour dans son sac en matière de bruit à toutes les sauces qu'il maîtrise parfaitement. Cere s'est fendu d'un CD (digisleeve) alors n'hésitez pas, c'est du très bon.
[publié le 09 septembre 2023]


Bastard Salt / Secret Moon
Bastard Salt, joli nom épicé en provenance de Portland. Un noise-rock des plus costaud, solidement charpenté et alimenté en puissance qui fait suite à Bad Magic, un premier album (virtuel) en 2019, ne présentant pas la même consistance. Bastard Salt a relevé tous les curseurs, du volume et de l'intensité. Ça tape plus durement, ça se lâche, ça gonfle les pectoraux sans esbroufe pour quatre titres formant un Secret Moon étincelant.
[publié le 08 septembre 2023]


The Hand / Vol. 5
The Hand revient dans le jeu. Cinq ans après When All Of The Shit Hits All Of The Fans, le trio basé à Minneapolis avec Zak Sally (Low), Dale Flattum (Steel Pole Bath Tube) et un nouveau batteur (Kal Tebeest) sort un Vol.5 de leurs péripéties en dilettante. Trois inédits qui les montrent toujours aussi fondants et faciles dans les mélodies, c'est finement noisy et écorché, tendu et sombre juste ce qu'il faut.
Douce magie. The Hand n'a pas perdu la main. On peut même dire qu'elle est toujours aussi verte.
[publié le 31 août 2023]


Means Of Entry/ means of entry
Means Of Entry, c'est la division sculpteur de paysages sonores noise, celle qui transforme la matière brute en une procession électrique dense, aussi tumultueuse que déchirante, traversée par une multitude d'éclairs abrasifs, de feedbacks et de remous se fracassant sans cesse contre un amas de meurtrissures. C'est beau, c'est lourd, ça rend sourd. Un nouveau groupe de Lansing (Michigan) avec le chant de la bassiste Audrey Rose qui vient régulièrement susurrer à l'oreille ou la remplir d'un trop plein de frustration pour rendre l'air encore plus insoutenable. Une rythmique puissante, deux guitares comme des vagues de ronces sachant distiller de profondes entailles mélodiques pour laisser échapper le spleen puis repartir à l'assaut dont les douze minutes de The Spectator sont un grandiose numéro de haute voltige au-dessus d'un gouffre insondable. Cinq compos pour une entrée fracassante dans le monde du noise-rock au sens très large du terme.
[publié le 30 août 2023]


Docents / Figure Study
Docents a beau débarquer sans crier gare avec une modeste cassette sous le bras (avec l'aide de Ten Tremors records), Figure Study est un premier album qui frappe un très grand coup. Basé à Brooklyn, le quatuor visite toutes les facette du noise-rock, tous ses penchants, variantes, tendances et possibilités, ses vices et ses brillances, se plaçant entre The Conformists et Enablers, c'est à dire une position bien personnelle au final, pour accoucher d'un album totalement bluffant. Dix titres d'une grande maturité et diversité avec de nombreux coups d'éclats aussi sombres que mélodiques ou colériques, des cassures pour mieux rebondir sur des structures aventureuses, entre complexité et uppercut et un chant en mode spoken-word grondant au-dessus de tout ce magnétisme absorbant. Docents donne la leçon et c'est du grand art.
[publié le 28 août 2023]


Curve / For The Guilty
Dug est le nouveau terrain de jeu des ex-Buildings Travis Kuhlman et Mike Baillie. Mais on était sans nouvelle du chanteur-guitariste Brian Lake. C'est chose faite désormais avec Curve, nouveau trio avec aussi Adam Rucinski (batterie) et Jeff Marcovis (basse). For The Guilty, trois titres jetés en pâture pour faire connaissance. Accent noise-rock-grunge avec des relents de Nirvana sur I Could Break. Pas vraiment concluant que tout ça, on attendra d'en entendre plus pour se prononcer et que Curve avance dans la vie mais on prend note.
[publié le 22 août 2023]


Split Silk / Drown
Six mois après un premier enregistrement qui avait provoqué un bel émoi, Split Silk revient avec six nouveaux titres. Lucca Cassandra Anastasia Carver et ses ami-e-s (sans qu'on sache qui c'est) proposent une nouvelle fois un noise-rock à fleur de peau, bouscule Unwound et Sonic Youth sur son propre terrain de dissonances et de mélodies déchirantes et désenchantées. Split Silk appelle ça du post-hardcore pour fille triste, des berceuses bruyantes pour de délicates jeunes filles du royaume des fées. Quoi qu'il en soit, Split Silk ne croit plus depuis longtemps au prince charmant qui peut bien brûler sur un bûcher de compos toujours aussi haletantes et magnétiques. (dispo en cassette limitée à 30 exemplaires).
[publié le 20 août 2023]


Taylor / Live @ PRFBBQ 2022 Chicago
Ce n'est pas le signe d'une reformation (quoique, allez savoir) mais un concert pour fêter les vingt ans (et quelques) d'un groupe dont seuls les plus férus, mordus et obsédés de noise-rock (et de tout ce qui a été enregistré par Steve Albini) se rappellent. Taylor. From Chicago, Illinois. Un unique disque à leur actif et pour lequel on vous a raconté à plusieurs reprises toute la tendresse que nous avions pour ce modeste bout de métal coupant. Du trio originel, on retrouve le bassiste Tony Aimone (Nonagon), le guitariste Jeffrey Burton qui chantait aussi parfois. Seul le batteur Tom Florio n'a pas répondu à l'appel et a été remplacé par James Connelly. Taylor interprète ses plus grands tubes, c'est à dire les six présents sur cet unique disque en version instrumentale. Taylor ne chantait pas souvent en 1997 mais il le faisait bien et ça s'entendait parfaitement. 25 ans plus tard, c'est à peine si on entend dans le fond Burton s'époumoner. Le micro n'avait pas été prévu mais il n'a pu s'empêcher de gueuler comme sur Mine si on tend bien l'oreille. Par contre, le petit cadeau bonus, ce sont les trois inédits à la fin. Bug Attack, Super Art, le meilleur du lot
et Sorta Metal qui possède aussi son charme, le charme de ce noise-rock si typique de Chicago se retrouvant ici de façon anecdotique. Mais le charme opère toujours.
[publié le 17 août 2023]


Badge Grabber / Fallopian Tube Amplifier
Badge Grabber, c'est Riley Ponce. Un type un seul né à Los Angeles et qui vit maintenant à San Diego. Seul avec ses instruments, ses machines, sa boite à rythme, sa haine, son lance-flammes, ses rugissements, sa fureur. Et tout ce que vous pouvez mettre entre Big Black et Unsane. Songs about fucking total destruction. Douze titres rudement bien menés dont on ne ressort pas indemne. Badge Grabber sévit depuis 2021 avec pléthore de disques. Tous dans le domaine du virtuel numérique. Fallopian Tube Amplifier aurait mérité un bien meilleur sort mais foncez dessus quand même.
[publié le 14 juillet 2023]


Slunk / Pigtails
Slunk, un nouveau groupe anglais (Bristol) mais quasiment un projet solo. Celui de John Bannister (chant, guitare) qui a retrouvé le chemin de la musique après une longue pause quand il a quitté Milk Teeth en 2016. Avec Peter Miles à la batterie, Slunk forme un duo à caractère relativement intimiste et sobre, tendance slowcore parfois, acoustique le temps de Hold The Pain And Dance mais également souvent et c'est tant mieux, dans une version post-punk-indie-noisy anguleuse, tendue, nerveuse, revêche. Ce qui n'empêche jamais les coups de mélancolie, quand le slowcore revient mettre toute son intensité sans avoir l'air d'y toucher, une désillusion attachante qui traîne dans le fond, même sur les titres les plus directs et mordants. Pigtails, le nom d'un premier album en version numérique uniquement qui donne fortement envie de suivre Slunk.
[publié le 12 juillet 2023]


Romcom / Future Nuisance
La scène de Melbourne sans cesse en pleine bourre. Les petits nouveaux du jour se nomment Romcom et viennent de sortir une cassette cinq titres au nom qui sonne bien de chez nous, Future Nuisance. Le post-punk version australienne, c'est à dire avec des pourtours suffisamment noisy, des triturations sonores non-identifiées et une attitude rock'n'roll pour trépigner et faire couler la sueur jusqu'au bout de la nuit.
[publié le 01 juillet 2023]


Naked Objects / Attack Ships
Naked Objects n'arrête jamais. Depuis Blue Sunlight Artifical Living, l'entité new-yorkaise a eu le temps de sortir Dub Isolate (une cassette trois titres), trois nouvelles compos et maintenant Attack Ships, quatre inédits (+ DME, un bonus digital track uniquement) qui ont la chance de voir le jour sur un vinyle, hélas tiré à très très peu d'exemplaires. Ce qui n'empêchera pas de glisser quelques mots sur cette musique toujours aussi classiquement et diaboliquement post-punk, avec encore des titres hypnotisants, une rythmique de feu qui cogne dans la tête, une guitare et ce son magnifiquement acéré dans la droite ligne de Gang Of Four, noisy juste ce qu'il faut avec un surplus de hargne pour donner envie d'écouter en boucle des titres comme Broken et Orion ou DME avec sa petite mélodie envoûtante et sa ligne de basse dantesque.
[publié le 18 juin 2023]


Hubert Selby Jr. Infants / Good Evening, Pricks!
Les enfants de Hubert Selby Jr. ne viennent pas de Brooklyn mais sont irlandais et montrent qu'à Dublin, l'imagination ne manque pas. Une première cassette cinq titres dont la mélodie du titre d'ouverture How To Steal A Car fait inlassablement penser à Dinosaur Jr en mode Hüsker Dü. La suite est plus insaisissable, entre noise-rock tendu à tendance grungy, indie noisy foutraque et nerveux avec un souci continuel des accroches mélodiques et un titre de sortie Build Me A Monster de plus de cinq minutes étrangement mélancolique et entre deux eaux. Suffisant pour se demander ce que la descendance de Hubert fera plus tard.
[publié le 07 juin 2023]


Faints / Flat Fields EP
Faints, c'est le Canada. Et c'est à peu près la seule chose que l'on sait sur ce nouveau groupe. Et le fait que US Maple est une de leur grande influence. Merci de nous le dire parce que ça s'entend pas du tout. Ou alors dans certaines sonorités ou plans de guitare, à la marge, pourquoi pas. Qu'importe. Un groupe qui cite US Maple ne peut être qu'un bon groupe. Et Flat Fields, un EP cinq titres sur Darkk Era records, est effectivement un enregistrement marquant. Post-punk, no wave, noise-rock, ce que vous voulez mais Faints le fait avec tranchant, déviance racée, détachement et mélodies piquantes où il est donc question de ces guitares cinglantes qui font des merveilles. Faints, le nouveau groupe qu'il vous faut.
[publié le 30 mai 2023]


Daggers / The Fable Of The Bees
Le cinquième album de Daggers est digital only. Et c'est bien triste. Mais on va quand même en parler un peu avant qu'il ne tombe dans les oubliettes numériques des disques qui n'existent pas vraiment. Parce que The Fable Of The Bees est un nouvel acte de classe du groupe belge. Un mélange si particulier et unique qui peut se résumer sobrement sous l'étiquette de rock sombre, dans la lignée de Neon Noir Erotica. Magnifiquement âpre et puissant, douloureusement tendu, rocailleux avec ce grain de voix de granit qui fend l'âme en deux, féroce et agité plus d'une fois, riffs simples mais à l'impact dingue, la dynamique de The Fable Of The Bees transcende une nouvelle fois tous les styles. Seulement six titres (plus deux, Sentinel et Of Cinders, repris en version live) mais tous profondément marquants et charriant un fort sentiment de brûlure noire pour le pire qui reste toujours à venir.
[publié le 24 mai 2023]


Stella Research Committee/ Killed Alive
Sixième enregistrement pour le groupe de Cincinnati Stella Research Committee, Killed Alive ne sortira hélas qu'en cassette contrairement au précédent qui avait connu les joies du vinyle. Par contre, le trio pousse encore plus loin le bouchon d'un noise-rock expérimental qu'il en devient totalement hybride et inclassable. Aussi bien White Suns que Colossamite voir Flying Luttenbachers, aussi bien désaxé que hyper tendu, aussi free que frénétique, mélangeant guitare cisaillante, fourmillante et synthé/sample pad, rythmiques technoïdes, azimutées et trépidantes issues de boites à rythmes ou d'une vraie batterie, créant l'angoisse et la parano dans des ambiances industrielles et flippantes avec ce nerf punk bien présent tout comme les bourrasques électroniques, SRC est sans cesse en recherche et en besoin de créativité pour sortir des sentiers battus. Killed Alive, une oeuvre à part qui vaut la peine d'être vécue et que le groupe annonce comme une réalisation posthume... en tant que trio. Stella n'a pas fini de nous surprendre et c'est une très bonne nouvelle.
[publié le 23 mai 2023]


Sunnnerds / Fool On The Hill
Voilà un nouveau projet qui renvoie à Socrates. Non, pas le joueur de foot. Encore moins le philosophe. Mais le groupe de Lyon qui a sévi au milieu des années 2000 et qui a sorti deux belles boules noise-rock. Sunnnerds avec un abus de n est composé du guitariste (Franck Gaffer) et du batteur de Socrates plus un chanteur. Et ça fait beaucoup de bruit comme on aime. Trois vieux potes qui se remettent ensemble et la soif d'en découdre comme au premier jour. Une guitare qui racle pour deux et en profondeur. Des réminiscences de Arab On Radar mais sans les déhanchements. Un truc bien rugueux, dissonant, cogneur et une voix qui essaye de se frayer un chemin sans chercher à hurler, créant ainsi un certain décalage. Fool On The Hill et My Phone, deux excellents titres annonciateurs d'un futur EP qui est déjà attendu de pied ferme.
[publié le 17 mai 2023]


Vendettas / Coherent Feelings
Cela fait déjà plus d'un an qu'il avait été question du premier EP de Vendettas. Un seul titre à l'époque. Le vinyle est toujours espéré, on croise les doigts. En attendant, les cinq titres de Coherent Feeling s'écoutent et se consomment sans modération. Un post-punk volontaire qui dépasse ce cadre trop restrictif, des titres pugnaces, un batteur qui sait se faire entendre et remarquer, une face noisy, une autre plus swamp-rock et poignante. Le trio anglais a de la ressource et tout l'avenir devant lui.
[publié le 16 mai 2023]


Heir Traffic / Digging
Un titre. Un seul titre. Mais quand le groupe s'appelle Heir Traffic, on ne boude pas son plaisir. Dans le sillage de son magnifique premier album No Hearth, le quintet de Melbourne délivre un inédit, Digging. Et question de creuser, Heir Traffic continue toujours plus profond à creuser dans notre petit coeur de rocker pour déposer une sublime touche de swamp-rock lumineux unique en son genre (avec Jemma Hollway invitée au chant), hyper classe et dont ils sont les seuls dépositaires. Splendide.
[publié le 11 mai 2023]


Green Aisles / s/t EP
Green Aisles n'est ni un nouveau groupe ni à son premier essai. Mais c'est tout comme. Après un split en 2018 avec Heavensend, le groupe de Raleigh a disparu des radars. Il réapparaît cinq ans plus tard en passant de quatuor à trio et seul le bassiste-chanteur Nathan Forbes est survivant. Il est désormais accompagné de Maxton Collins (guitare) et Zachary Mega (batterie,chant) pour trois nouveaux titres qui évoqueront joyeusement Shotmaker pour les anciens et plus généralement un post-hardcore à émotions, abrupte et mélodique, avec un certain talent pour accoucher de titres épatants comme Subversion Subversion.
[publié le 02 mai 2023]


On / Hissunkissun
Quasi un an jour pour jour, cette modeste gazette internet se faisait l'écho des premiers émois de On, un groupe finlandais avec un membre (le chanteur-guitariste) de Loins. L'album était prévu sur Sideeffect records. Il n'en sera rien. Les six titres de Hissunkissun ne verront que la couleur du numérique. Un nouveau projet bien loin des affres noise-rock mais évoluant dans une sphère kraut-rock minimaliste et répétitive. C'est subtil et assez hypnotique avec sa rythmique inventive très présente qui tourne et tourne encore mais ça vibre constamment d'une électricité noire ne demandant qu'à s'échapper. Ça peut aussi s'énerver et virer plus rouge et noise (Hissunkissun et Kuunaama, seul titre qui se fend d'un chant en finnois) et même devenir bien tripant avec les huit minutes et quelques finales du titanesque Goliath, façon Golden Oriole ou Staer. Dommage pour le disque mais content que ces titres voient enfin le jour.
[publié le 26 avril 2023]


John / Trauma Mosaic
Nouveau titre du duo anglais John. Trauma Mosaic s'inscrit dans la récente lignée de Hopper On The Dial, c'est à dire une compo plus longue qu'à l'accoutumée où le duo prend ses aises et son temps pour développer la mélodie, donner de l'espace à la structure avant de peu à peu emballer la machine dans une propension hypnotique plus apaisée que leurs précédents enregistrements malgré le sprint final. Comme une nouvelle quête sonore. Aucune idée si ce titre sera repris sur un futur disque. En attendant, profitez.
[publié le 25 avril 2023]


Sleepwell / Growth//Rot
Brooklyn, New York, nouveau trio qui monte au créneau avec des accointances du coté de Show Me The Body, Sleepwell vient de publier quatre morceaux qui sont également un beau condensé de rage hardcore, de savoir-faire noise-rock et de punk des rues. Les riffs qu'il faut pour aller au combat et rendre les ruines plus belles, des rythmes qui te chopent la nuque et le la lâche plus et des compos déjà parfaitement en place et terriblement accrocheuses, Sleepwell tient en éveil et promet beaucoup.
[publié le 24 avril 2023]


Bite / Acrobat
Bite était sur nos tablettes depuis leur précédent EP Never Satisfied qui avait été édité en CD. Acrobat n'a pas cette chance et ça sera qu'une cassette. Mais les sept titres sont du même bois noise-punk et ça fonce dans le tas pour débiter de la bûchette parce que Bite n'est pas là pour faire de la figuration. Le batteur chante. Le guitariste aussi et donne l'impression d'être plusieurs tellement le son de sa six cordes se démultiplie et est abrasif à souhait. Un duo allemand (Münster) méchamment basique juste ce qu'il faut, naturellement hargneux, joyeusement incisif que ça fait du bien par où ça passe.
[publié le 18 avril 2023]


Piss For Pumpkin / Scared To Die
Le cochon d'Inde de la chanteuse Annie MacLeod a inspiré le nom du groupe.
C'est important de le savoir. L'avenir de Piss For Pumpkin en dépend. La bête est morte, un trio est né. Montréal est leur terre natale. Basse, batterie, exit les guitaristes qui font toujours trop de bordel et le chant donc. Qui peut s'avérer furieusement criard, hystérique mais heureusement, pas tout le temps et loin de là. Scared To Die, premier album en mode cassette, qui n'a pas peur de pousser ses comptines punk brèves et incisives dans des contrées tordues, expérimentales mais pas trop, épileptiques, subitement mélodiques et posées comme sur Conditioner, tout en étant tout sec et squelettique. Bref, ce groupe spécial a un truc bien à lui qui agrippe par les nerfs comme il faut et donne envie.
[publié le 11 avril 2023]


Spoiled Brat / Humility
Des enfants gâtés comme le suggère le nom du groupe en provenance du Delaware qui piquent une crise parce qu'ils n'ont pas eu leur goûter et se transforment en furie. Six titres dépassant à chaque fois à peine la minute de jeu. C'est largement nécessaire pour succomber à leur punk-noise épileptique, étonnamment consistant et férocement ravageur comme leur humour avec des titres parfaits (All My Friends Like Chat Pile ou I Discovered My Prostate, Pray For Me). Espérons que leurs amis s'intéressent aussi à Spoiled Brat. Humility a été publié sous format cassette à 25 exemplaires pour le Al Generated Tour début 2023. Vous pouvez plus sûrement vous procurer ça en le téléchargeant à prix libre.
[publié le 04 avril 2023]


Only Fools And Corpses / Pissant
Only Fools And Corpses, ça sonne comme le titre d'un roman noir et c'est un groupe de Newport dans le sud du Pays de Galles qui décroche la timbale et écrit son premier chapitre avec Pissant. Toute une histoire qui s'annonce malsaine. Celle de ce trio commence donc avec une cassette sept titres sur Gold Mold records. Elle narre les vicissitudes d'un trio en pleine bourre noise-rock avec un peu de gras sur les bords, quelques moments de flottements et inspirations moins heureuses mais suffisamment de rage, de vivacité, de coups de latte, de fulgurances comme avec Greenhouse et une basse carnassière pour donner envie de suivre ce groupe pour les prochains épisodes. Et seuls les fous et les cadavres le savent.
[publié le 31 mars 2023]


Old Mayor / Shelter Ceremony Collapse
Old Mayor renaît de ses cendres. J'ai pas bien compris si c'était juste à l'occasion d'un concert pour célébrer la fin d'activités d'un promoteur à Brighton qui leur avait organisé leurs premiers concerts ou si ça va durer. Toujours est-il que pour fêter ça, Old Mayor sort quinze ans après la fin du groupe le EP Shelter Ceremony Collapse (sous forme de cassette), trois morceaux enregistrés à l'hiver 2008 à New-York mais qui n'avaient jamais vu le jour car le groupe s'était séparé juste après. Plus exactement un duo anglais avec Adam Kammerling (guitare, chant) et Owen Gildersleeve (batterie), le nom de ce dernier n'étant pas inconnu puisque c'est le boss de Human Worth records et aussi le batteur de Modern Technology. Et ça tombe bien car Old Mayor (qui n'avait sorti qu'un CD cinq titres dans sa vie) présente pas mal de similitudes avec Modern Technology, soit une musique portée sur la lourdeur, la lenteur, la puissance, ce qu'on appelle communément le doom. Mais à leur sauce avec bien plus d'ingrédients et un savoir-faire personnel. En plus, la production de Shelter Ceremony Collapse a été complétée pour cette publication, tout comme la mastérisation pour que l'écrasement soit total.
[publié le 29 mars 2023]


Grub Nap / God Pile
Grub Nap, duo anglais avec Steve Myles (Thank, Cattle) à la batterie et Dan Barter (Dvne, Joe Pesci) à la guitare sort une cassette six titres sous le nom de God Pile chez l'incontournable label Human Worth qui reverse comme d'habitude une partie des recettes à une organisation caritative. Et c'est du brutal. Avec un chant hargneux et aux abois pendant que l'autre est typé grognements death-metal n'officiant heureusement que dans le fond et par intermittence. Du punk-sludge bien raboteux, sale sous les ongles et à l'ambiance aussi pesante que les rythmes qui n'accélèrent que rarement. Ça te lamine plus sûrement qu'une charge de CRS.
[publié le 23 mars 2023]


Ce qui est écrit juste au-dessus, c'est du cyrillique et ça veut dire Ersatz pour le nom du groupe et le nom du EP signifierait Force Majeure ou un truc dans le genre. Vous l'aurez compris, on va parler d'un groupe russe. Pas un pays très à la mode de nos jours. Aucune idée si ce groupe moscovite trouve que Poutine est un vrai punk ou non. La seule chose de sûr, c'est que ce EP cinq titres est d'une violence noise-rock de malade et qu'il bombarde nos tympans à la vie à la mort. L'urgence en bandoulière tout comme le désespoir, la bave aux lèvres, l'abrasion naturelle et auto-inflammable, les saturations comme une seconde peau, le matraquage comme règle élémentaire de survie, Big Black qui aurait sorti la sulfateuse et la grosse artillerie avec une surprenante et splendide illumination mélodique sur le dernier titre, la basse qui avance comme un tank et d'ailleurs, ça avance toujours au pas de charge, un son sale et méchant. C'est franchement très très convaincant. La Russie comme on l'aime.
[publié le 17 mars 2023]


Tfbundy / Totally Fucked But Unfortunately Not Dead Yet
TFBUNDY est l'acronyme de Totally Fucked But Unfortunately Not Dead Yet qui est donc aussi le nom de leur premier album cassette et qui est à la base un terme médical pour dire que t'es très mal barré dans la vie. Un groupe de Wichita (Kansas) développant des saveurs d'un noise-rock puissamment charpenté avec des reflets swamp, une classe rock'n'roll et une vivacité à la Gun Club sur On The Table, des soufflantes cuivrées sur une poignée de morceaux et tout ce qu'il faut de passion, de chaleur, de rage, de turbulences pour composer sept titres qui te chamboulent sans coup férir.
[publié le 10 mars 2023]


Cushing / In The Clutches Of...
Cushing n'avait pas donné de nouvelles depuis 2018. Ça tombe, on ne les connaissait pas du tout. Un groupe de Portland qui se fait découvrir avec ce second album dix titres (publication numérique uniquement mais ça pourrait changer non ?) In The Clutches Of. Et dans les griffes de Cushing justement, on retrouve pêle-mêle des lambeaux de noise expérimentale avec des titres bruitistes instrumentaux comme les quasi dix minutes finales du judicieusement nommé La Fin en français dans le texte ou Lvl1 et Zona, un noise-rock heureusement plus entraînants et crépitants (parce que faut avouer que les morceaux pré-cités font plus office de remplissage), des titres plus complexes et sombres comme Barstow et surtout Heavy Seas, des mélodies, de l'abrasion fine dans une approche plus indie-rock mais avec toujours une bonne grosse basse qui vibre, des explosions punk, des stridences, des coups tordus. Bref, de quoi donner du relief et de l'attraction à ce groupe qui a tout pour s'établir dans le paysage noise-rock.
[publié le 04 mars 2023]


Fake Hands / s/t
Fake Hands, un drôle de nom pour un nouveau groupe de Seattle qui est bien réel et n'est franchement pas manchot. On apprendra sûrement plus tard que les cinq membres de Fake Hands ont participé à de multiples groupes auparavant car tout est magnifiquement en place, que ce soit pour le son ou les compos, une maturité bluffante pour six titres qui mériteraient bien mieux qu'une simple sortie numérique. Fake Hands est à cheval entre plusieurs genres, noise-rock, post-hardcore, post-punk, aussi bien The Stnnng que The Future Of The Left ou Desperate Living. C'est généreux dans l'effort, les guitares ont beaucoup de choses à dire mais elles le font très justement, les deux chants sont à l'unisson. C'est virevoltant, catchy, piquant, enthousiasmant, c'est Fake Hands et il est très fortement conseillé de suivre leurs futures pérégrinations.
[publié le 02 mars 2023]


Thermostat / Thermostat EP
Thermostat fait chauffer le noise-rock depuis Detroit. Tout en le faisant disjoncter. Un nouveau groupe avec notamment Mahadeva et Sree Kota qui séviss(ai)ent au sein de Dirt Bomb mais là, ça n'a rien à voir. Un noise-rock hybride, mutant, approche unique. Thermostat maintient une pression constante, a de quoi vous faire péter un plomb car inclassable et c'est ça qu'on aime. Quatre titres de haut vol plus un cinquième, Wayma, radicalement punk en cinquante seconde, une matière incandescente, expérimentale tout en étant structurée, fiévreuse, originale et magnifiquement magnétique. Révélation.
[publié le 28 février 2023]


Hauspoints / Bloody Interference
C'est le nom de Steven Hodson (USA Nails, Blacklisters, Rubbing) qui a attiré notre curiosité vers Hauspoints, nouveau projet originaire de Chorley, patelin au nord de Manchester et qui vient de sortir Bloody Interference, une cassette quatre titres s'éloignant des standards noise-rock des groupes précités mais pas de notre ligne d'intérêt. Un trio avec Hodson à la batterie qui oeuvre dans un genre de krautrock assez tendu, mélodique, répétitif, hypnotique, saupoudré d'électronique et de synthés pour planer plus haut tout en restant un peu retors. Bref, la curiosité a parfois du bon et vous auriez tort de vous en priver.
[publié le 21 février 2023]


Inksuit / self-titled
Inksuit, groupe de Nashville, Tennessee, débarque dans la vie avec quatre titres à la personnalité déjà très affirmée. Un noise-rock hybride et expérimental avec des effets électronique vampirisant les dissonances, des structures surprenantes tout comme certaines sonorités, narratives, accidentées, mélodiques, haletantes. Un chant intense qui peut aussi verser dans le crooner retors ou simplement parlé et les sept minutes finales de Belfry pour asseoir définitivement ce quatuor dans la catégorie noise originale. Mais qu'importe comment vous appelez ça, la certitude que Inksuit est un sacré bon groupe en plus d'être un drôle de phénomène est bien présente alors vivement la suite.
[publié le 16 février 2023]


Exhibit / Folli Rei
Les Italiens de Exhibit frappent un grand coup avec Folli Rei, premier album que Controcanti Produzioni sort hélas uniquement en cassette. Du noise-rock de haute-volée, celui qu'on aime tant, urgent jusqu'au bout des cordes vocales, hyper tendu, abrasif, avec des relents industriels qui doit autant à
White Tornado qu'à Deity Guns. Dix titres qui sifflent entre les dents, intelligemment bruitiste, c'est riche d'idées et de convulsions explosives qui vous laissent pantois, de noirceur impénétrable, de grésillements mystérieux, d'ondulations vénéneuses, d'expérimentations pénétrantes et percutantes qui forment des morceaux magnétiques. Passionnant de bout en bout, une vraie belle surprise.
[publié le 13 février 2023]


Ssold / Passionate Horse
Ssold a un CV long comme le bras, voir les deux, tatouages compris. Maxamillion Avila à la batterie (Antioch Arrow, Get Hustle, Holy Molar, Chromatics etc.), Joshua Hughes pour le chant et la guitare (Angel Hair, Rabbits, The VSS, etc.), Robert Comitz à l'autre guitare et récemment entendu avec Still/Form et Corey Dieckman à la basse et au chant (Landlord, Ponies). Ça vous pose son groupe. Et on n'est pas déçu. C'était déjà le cas avec leur première cassette Ssolid Ggold, sept titres en 2019. Passionate Horse, nouvelle offrande numérique de quatre morceaux continuant à merveille de maltraiter le noise-rock, l'épaissir, le chauffer à blanc avec une section rythmique qui pulse sans arrêt et notamment une basse de dingue sur Honest Living, un allant de furieux et bien punk, un chant grondant qui sait marquer son territoire et mine de rien, une façon bien à eux de mener leur noise-rock avec quatre compos hyper virulentes, secouées de toutes parts et tout bonnement fantastiques. Retenez bien ce nom, c'est du très très bon.
[publié le 09 février 2023]


Department Of Teleportation / Lifestyles Of The Spatially Unreasonable
Department Of Teleportation, un nouveau groupe de Providence avec de vieux briscards dedans qui ont participé à des tonnes de projets auparavant. Mais un seul nom m'a vraiment parlé, c'est Marjan Crash dont le bassiste, Scott, a fait partie. Ça nous rajeunit pas mais ça fait surtout réellement plaisir de retrouver un membre de cet excellent groupe noise-rock trop tôt disparu. Lifestyles Of The Spatially Unreasonable est leur seconde cassette six titres après une précédente cassette self-titled sept titres publiée en 2021 et elle aussi très chaudement recommandable. Du noise-rock hybride. Si vous voulez absolument un nom de comparaison, c'est Cop Shoot Cop qui viendrait à l'esprit. Ne demandez pas pourquoi. Un truc qui flotte dans l'air parfois. Ce qui est sûr, c'est que ce groupe a de la moelle, un beau brin de classe, une solide section rythmique prépondérante qui fait des étincelles, une guitare qui griffe et la ramène juste ce qu'il faut et un chanteur qui a du coffre, en impose et bidouille aussi un synthé pour glisser des perturbations entre les lignes. Ce groupe pourrait être issu de la scène new-yorkaise avec ce sentiment urbain, sombre, tendu mais la seule chose qu'on demande désormais, c'est de passer à la vitesse album et vinyle parce que Department Of Teleportation est un groupe vraiment excitant.
[publié le 07 février 2023]


Great Falls / Funny What Survives
Funny What Survives mais faudrait-il encore survivre à ces trois nouveaux titres pour trouver ça drôle. Great Falls n'a jamais eu la réputation de faire une musique amusante et là, le trio de Seattle rigole encore moins que d'habitude. Trois assauts de déments, courts, convulsifs à en crever, punitifs en mode tornade, avec des samples discrets qui font tout le charme de Up To The Gums. Pas de survivant possible. Great Falls démontre une fois de plus qu'il est le roi du noise metalcore de malade. La seule mauvaise idée de ce disque, c'est que Great Falls l'a pressé au chiffre pharaonique de trois exemplaires, façon single lathe cut. Épuisé avant de l'écrire. Mais le téléchargement est libre alors gavez-vous.
[publié le 04 février 2023]


Split Silk / self-titled
Split Silk est une seule et même personne, Lucca Cassandra Anastasia Carver qui se définit comme artiste Sapphic Non-Binary Trans-Girl. Mais qu'importe, pourquoi préciser tout ça alors que la musique se suffit à elle-même. Et quelle musique. Ça vient d'Atlanta, ça sonne comme un groupe à part entière avec une urgence et une fêlure dans la voix qui fait beaucoup dans le charme de Split Silk pour un noise-rock (avec un léger parfum shoegaze) qui baigne dans une aura étrange et magnétique, comme une violente mélancolie, des mélodies omniprésentes, aigres-douces, belles, mordantes, sur un fil, un malaise palpable et à la fin, six titres qui vous retournent sans coup férir méritant de sortir sur un beau disque. Pour une entrée en matière, c'est un coup de maître.
[publié le 02 février 2023]


Rien Virgule / Concert au Goutailloux
Rien Virgule sort un live, en cassette, et c'est La République Des Granges qui régale. Un concert enregistré à la ferme du Goutailloux (Tarnac et son magnifique et reposant Plateau de Millevaches) le 9 juillet 2021. Sept titres extraits du dernier album La Consolation Des Violettes plus une improvisation. Si vous avez aimé le disque, vous allez adorer aussi le concert, Rien Virgule étant aussi à l'aise sur scène qu'en studio pour retranscrire toute la richesse et la diversité de leur musique toujours aussi magique et envoûtante. Et pour se consoler (un peu) de ne pas avoir été présent ce soir là, le concert a été filmé.
[publié le 24 janvier 2023]


Fiasco / Bas Les Coeurs
Fiasco. Outre que c'est un nom parfait pour un groupe, Fiasco est venu nous chatouiller les oreilles parce que l'ancien batteur de Kourgane y figure. Et ça, ça mérite franchement de s'y intéresser. Musicalement, c'est très différent sauf pour le coté original, inclassable et un chant féminin et des paroles qui marquent et sonnent juste. Bien en peine de décrire cette musique mais si vous aimez tout ce qui est un peu expérimental, avec un charisme décalé tout en restant dans un cadre plus ou moins rock avec de l'électronique dedans, Fiasco vous tend les bras. Bas Les Coeurs est leur dernier titre en date mis en ligne mais vous pouvez écouter les cinq précédents, c'est tout aussi séduisant, notamment Droite pour les paroles. En espérant que tout ça se concrétise un jour sur un disque en bonne et due forme. Fiasco, une réussite.
[publié le 22 janvier 2023]


Officine / 2E
On attendait comme des cons que la version vinyle sorte pour en parler parce qu'on est des puristes butés. Il faudra se contenter d'une cassette sur Ideal records pour 2E, second album du trio parisien Officine qui nous avait fortement impressionné avec Dieu. Et à nouveau, quelle claque. Aller et retour. No-wave un jour, no-wave toujours. Avec une virulence accrue. Droit dans le mur qui brûle de ses plus belles flammes. Un son encore plus dense, charcuté, grimaçant sur lequel souffle un vent mauvais. Les morceaux gagnent en consistance et folie. Hakike et Injuries s'enfoncent loin dans le crâne pour mieux le vider de toute la merde ambiante. Le groove irrépressible et grinçant de Thriller donne une seconde vie à Michael Jackson. Et Officine possède aussi un art aiguisé du malaise quand il s'agit de ralentir les pulsions sanguinaires, dompter l'abstraction du bruit, se faire nerveusement convulsif et imprévisible avec l'étrange, angoissante et lancinante triplette Lamentation, A711 et Vices. Sept titres d'un délicieux supplice noise.
[publié le 16 janvier 2023]


Risk Relay / Dead Sitcom Star
Qui l'eût cru ? Risk Relay respire encore. Sept ans que le groupe de New Brunswick ne s'était pas manifesté, depuis As We Descend. Un groupe tellement discret et ça fait vingt ans que ça dure. Et c'est justement pour souffler ses vingt bougies que Risk Relay repointe son nez avec un nouveau morceau, Dead Sitcom Star. Et c'est toujours aussi bon et classe. Si des groupes comme Drive Like Jehu, Unwound, Come vous font vibrer, essayer tout de suite Risk Relay. Peu de personnes ont croisé sa route mais chaque personne qui l'a fait s'en souvient pour toujours.
[publié le 13 janvier 2023]


Body House / Hose Man
C'est en 2021 que Body House s'était manifesté au monde virtuel avec sept titres bien piquants. Le groupe de Los Angeles revient avec Hose Man, quatre titres qui, contrairement à ce que laisse penser la pochette, ne sont pas dopés aux stéroïdes et anabolisants. C'est toujours aussi acéré et nerveux, catégorie noise/no-wave bien que la ligne de basse sur le morceau d'ouverture (Magic Bullet) possède de forts airs de Fugazi. Mais le reste est très tendu, dissonant façon Sonic Youth des années 80 et ça donne envie de les suivre inconditionnellement.
[publié le 07 janvier 2023]


Grins / Painful Breakup
Seconde sortie pour le groupe finlandais Grins. Painful Breakup est un cinq titres, une cassette qui va sortir sur Suspected Of Arson records qui avait également fini par publier en cassette le premier album Unflattering Angles. Et ça commence de façon assez surprenante comme du Kowloon Walled City avec les six minutes et quelques The One Where Everything Fells Apart, tout en mélancolie qui n'éclate jamais et ça met l'eau à la bouche. Sur les quatre morceaux suivants, le trio retrouve plus de niaque, une rythmique sèche et intraitable, une basse qui tabasse et d'intensité, l'école Chicago sound version grand nord. Sans en mettre de partout. Grins devient alors un animal aux griffes acérées, contrôlant ses gestes et ses humeurs et son noise-rock n'en est que plus intéressant, avec cette petite touche de désespoir qui fait mal et de rage qui voit rouge s'entremêlant pour que ça soit encore plus splendide.
[publié le 03 janvier 2023]


Gloop / Maze Maker
Gloop ne lâche pas l'affaire et on ne lâche pas Gloop. Quatre mois à peine après Television Fire, une cassette EP quatre titres, le trio de Baltimore revient avec le même format et le même nombre de morceaux sous le nom de Maze Maker. Par contre, Gloop sonne différemment. Punk, noise toujours mais blues aussi, au vitriol, garage, sale, déviant de sa trajectoire habituelle, comme si Captain Beefheart bataillait avec Hoaries, avec une guitare qui glisse admirablement bien sur les perfidies d'un rock'n'roll malmené. Jusqu'à devenir totalement détraqué et aliénant sur le répétitif Drunk & Undead. Toute la spontanéité (le chant notamment, bien frappé) d'un enregistrement sur un jour qui voit Gloop prendre une nouvelle tangente. On les suit sans problème, comme toujours.
[publié le 30 décembre 2022]


Danes / Dislocation
Danes, nouveau groupe canadien (Vancouver), publie Dislocation. Six titres qui posent le décor et il s'avère aussi imaginatif qu'insaisissable. Post-hardcore, noise-rock, art-punk, le trio privilégie plusieurs angles d'approches avec autant d'émotions différentes à la clef pour former un tout cohérent. Le noise-rock made in Chicago côtoie la sensibilité des groupes de Dischord et renvoie à feu leurs compatriotes Rockets Red Glare ou The Plan. Anguleux, abrasif avec plein de pièges et de trouvailles à l'intérieur, direct et porté sur les ambiances à la fois, plus complexe parfois et soyeux, Danes est particulièrement convaincant. A surveiller de très près pour une publication existant aussi en cassette.
[publié le 20 décembre 2022]


Less / Trauma
2022 aura été l'année où Less a commencé à répandre la bonne parole. Cela avait débuté en janvier avec le deux titres Useless et on ne s'était pas privé de la répandre aussi la bonne parole. Negative Authority et Harmful avaient continué à montrer que tout ça n'était pas qu'un feu de paille. Et pour finir l'année en beauté, le trio français publie deux nouveaux morceaux sous le nom de Trauma. Et malgré un important changement de personnel avec l'arrivée d'un nouveau bassiste et batteur ne laissant que le bassiste-chanteur d'origine, Less assène toujours son noise-rock avec une virulence à toutes épreuves. Rien ne peut le déroger de sa ligne de conduite où la rythmique est prépondérante, lourde, pulsative et éruptive tout en montrant un penchant aussi pour des germes plus mesurées et mélodiques sur les cinq minutes de Substance, sans se départir de son âme punk et jusqu'au-boutiste sur Bad To The Bone. 2023 leur tend les bras. Espérons qu'un vinyle aussi.
[publié le 14 décembre 2022]


Stilts / split with Kuroishi
Stilts, seconde édition. La première où avait été question de ce groupe finlandais, c'était déjà en décembre mais un an plutôt avec cinq titres affriolants. La nouvelle livraison en comporte trois. La production pourrait être plus au cordeau. Mais c'est pas le genre de groupe à fignoler les détails, mettre trop de beauté et prendre de gants pour asséner un noise-rock toujours aussi badass, dans la lignée d'un Mama Tick, Pachinko ou Festering Rinyanyons. Le genre teigneux, irrespectueux, nauséeux, dérangé tout en gardant un sacré sens du rock, du groove qui cogne et du bruit sale et abrasif se répandant comme une traînée de poudre. C'est censé être un split avec Kuroishi mais pas de titres en écoute. Par contre, si c'est ce groupe , vous pouvez passer votre chemin.
[publié le 08 décembre 2022]


Malflora / Mama I'm Bad
Grace Ambrose, qui est aussi coordinatrice du contenu de Maximum Rocknroll, a crée depuis Kansas City le label Thrilling Living avec pour but de mettre l'accent sur les wild feminist sounds. Dans son catalogue déjà fort bien fourni et pertinent, Malflora est la dernière prise et elle s'annonce encore judicieuse. Mama I'm Bad, le nom d'une cassette huit titres composés par trois filles de New Orleans dont Maria Elena qui joue dans Special Interest, autre groupe digne d'intérêt qui a publié un album en 2020 sur Thrilling Living. Malflora, ça sent le punk DIY, les intonations riot grrrl, la no-wave, le revêche, le tendu, capable d'être basique et colérique, d'appliquer un groove pas loin de se montrer entraînant ou plus éclaté et imprévisible à l'instar de Kick The Can. Mama I'm Bad et c'est ce qu'on aime.
[publié le 05 décembre 2022]


Lassiters / The Charred Remains Of Gusso The Clown
Lassiters vient de Londres. Heureusement que c'est marqué dessus parce que franchement, on aurait juré que ce noise-rock venait de l'autre coté de l'Atlantique. Plus punk, plus déjanté et déconnant, plus gras (mais le bon) avec parfois une touche stoner et moins dans le calcul et les mélodies que le trio a de toute façon jeté au feu. Celui dans lequel a cramé Gusso The Clown pour un premier album en forme de cassette éditée par Rat Run records. The Charred Remains Of Gusso The Clown, ça racle et ça bastonne, se débat dans les affres d'un rock décomplexé et est un bel antidote aux premiers frimas de l'hiver.
[publié le 01 décembre 2022]


Chat Pile / Tenkiller Motion Picture Soundtrack
Chat Pile a écrit la bande-son du film Tenkiller (de Kara et Jeremy Choate, sorti le 18 novembre dernier sur une petite compagnie insignifiante qui distribue des colis pour passer le temps). Ne vous attendez pas à un God's Country, second épisode. Ou à du Chat Pile tout simplement. 17 vignettes sonores, très courtes, la plupart du temps instrumentales, qui ont l'odeur parfois de Chat Pile mais qui ne font que passer. On a même le droit à un pur morceau de country avec Lake Time (Mr. Rodan). Le seul vrai titre qui pourrait prétendre avoir sa place sur un vrai disque de Chat Pile, c'est Tenkiller, ultime compo de cinq minutes qui tient la route. Pour tout le reste, avec les images derrière, cette musique peut éventuellement s'avérer intéressante mais se procurer cette musique qui sortira plus tard sur vinyle n'apparaît vraiment pas judicieux.
[publié le 24 novembre 2022]


Naked Objects / Blue Sunlight Artificial Living
Cela fait un moment que l'on suit Naked Objects, un projet dont on ne sait quasi rien à part qu'il est localisé à Brooklyn. Groupe d'une seule personne ou non, Naked Objects se présente en tout cas comme un groupe post-punk et collectif dub. Des publications au compte-goutte très régulières sur leur bandcamp avec des visuels mystérieux et minimalistes, jamais aucune sortie physique mais pour Blue Sunlight Artificial Living, Naked Objects se dit prêt à presser un vinyle. Et ça serait une judicieuse idée tant cet enregistrement de huit titres est sûrement un regroupement de ce que le groupe a sorti de plus consistant. On n'ira pas à l'encontre de l'étiquette post-punk que Naked Objects s'est auto-affublé. Version Gang Of Four ou NOV3L en plus sec et dépouillé, plus noise parfois avec de superbes parties de basse (le dub n'est effectivement pas loin non plus) et un sens de l'écriture qui fait passer allègrement les influences tant chaque titre est très accrocheur. On attend donc le vinyle de pied ferme.
[publié le 22 novembre 2022]


Blacklisters / Leisure Centre
Blacklisters, même si c'est qu'un 4 titres, on prend tous les jours. Le groupe Anglais qui n'avait pas donné signe de vie depuis Fantastic Man revient avec Leisure Centre, modeste cassette publiée par Sad Tapes en Europe et Exploding In Sound aux USA. Et les bougres de Leeds sont très en forme et s'éclatent au Leisure Centre. Leur noise-rock franchit un nouveau pas dans la personnalisation, surtout avec l'ajout d'un saxophone en mode free, celui de Rob Mitchell, sur deux titres, Why Deny It? (qui ferait presque danser) et The Wrong Way Home. Et l'intégration est on ne peut plus jouissive. Je ne sais pas si c'est une piste pour le futur mais c'est tous les jours pour remettre ce cuivre zélé dans des compos par ailleurs toujours aussi fumantes.
[publié le 18 novembre 2022]


Dastard / Horselip

Dastard, nouveau groupe en provenance du Canada (Victoria) et ça va piquer fortement. Parce que c'est du noise-rock pointu, qui vrille la cervelle, l'explose en mille menus morceaux, acéré, aigu et ça fait un bien dingue. Horselip est leur premier album qui n'a l'air de sortir pour l'instant que sur leur bandcamp mais si vous aimez votre noise-rock écorché, puisant dans les meilleures sources du style en y apportant son lot d'accroches mélodiques hautement abrasives et servies sur un lit de fils barbelés, il ne faudrait surtout pas bouder ces excellents neuf titres de la part d'un trio très prometteur.
[publié le 16 novembre 2022]


Psychic Graveyard / Haunted By Your Bloodline
C'est pour fêter leur tournée commune avec les inusables Melt-Banana que Psychic Graveyard vient de publier via Deathbomb Arc records un inédit, Haunted By Your Bloodline. Tout ce qu'il faut pour vous rassasier d'une nouvelle lampée de noise glaçante et sanguinairement synthétique, ce qui ne veut strictement rien dire mais s'insérant parfaitement dans la lignée inconfortable de Veins Feel Strange.
[publié le 14 novembre 2022]


Lifeguard / Crowd Can Talk
Déjà repéré par deux singles sur Chunklet Industries (et rapidement épuisés) en 2021, le trio de Chicago Lifeguard est un (très) jeune groupe puisque ces trois gamins sont encore au lycée. Le talent (et la productivité) n'attendant pas les années, Lifeguard, après Dive un premier album cassette en 2020, a publié cet été une nouvelle cassette quatre titres (Crowd Can Talk) sur Born Yesterday records assez bluffante. Ce n'est pas que ce soit spécialement singulier mais leur noisy-rock agité est pleinement maîtrisé, agencé avec ce qu'il faut de finesse, de profondeur, de relief, de mélodies dissonantes, d'idées pour évoluer dans les traces d'un Unwound bien que cette comparaison soit bien sûr réductrice. Avec un final de sept minutes (Typecast) qui montre que Lifeguard a de la ressource et peut voir loin. L'écoute de leurs deux singles est également fortement recommandable.
[publié le 09 novembre 2022]


Fucking Lovely / Catalogue Of Errors
Fucking Lovely est à la base le jouet et surtout le défouloir de Joel Harries, membre du trio 72%. Après un premier EP en 2019 avec James Bashford, un autre tout aussi numérique en 2021 avec Joshua Ryan (un camarade de 72%), Harries s'est associé avec Luc Hess, batteur de Coilguns et Thomas Lacey au chant (Cower, Yards) et c'est Human Worth, toujours à l'affût des bons coups qui sort la cassette répondant à l'étrange nom de Catalogue Of Errors parce que de faux-pas, Fucking Lovely n'en fait pas sur ces quatre titres comportant pour la première fois une voix et quelle voix. Parfaite de venin, de rugosité pour enflammer le noise-rock tendu, crochu, paranoïaque et explosif de Fucking Lovely, et de variétés aussi comme ce joli soupçon de vocalises plus lyriques sur Billy Boy ou en mode spoken-word caverneux sur Bricked. Une collaboration épatante qui en appelle d'autres tant Fucking Lovely semble avoir trouvé la formation idéale. Mais ce n'est sans doute pas le but.
[publié le 04 novembre 2022]


Dernier / EP 2
Dernier, ça sent la défaite et les week-ends moroses. Et c'est justement pour occuper leurs dimanches brumeux que ces trois brestois ont formé un groupe de vieux comme ils disent. Une bonne idée qu'ils ont eu ce jour là. Noise cinématographique et tristement élégante, dark spoken-word, Beak, une touche à la Bästard/Zëro, les six titres de ce EP2 publiés en numérique sur Offoron font sacrément une remarquable impression. Claviers, guitare, batterie et chant en anglais, c'est sombre, c'est beau, c'est douloureusement intense. Les dimanches ont de la gueule à Brest. Et le EP1 sorti en 2021 est tout aussi recommandable.
[publié le 30 octobre 2022]


Sweaty Palms / The Pursuit Of Novelty
Après Quit Now, un premier album resté trop confidentiel, les Écossais de Sweaty Palms se sont occupés pendant la pandémie pour ne pas tourner en rond en se lançant dans le projet d'un morceau par mois, moyennant un abonnement depuis leur site (certains titres étaient tout de même dispo gratuitement sur leur bandcamp). Désormais, ces douze titres ont été regroupés sur une cassette, The Pursuit Of Novelty. Sweaty Palms continue de taper dans plusieurs genres, parfois au sein d'un même morceau mais il existe une constante chez eux, c'est le talent pour écrire des morceaux très accrocheurs et sans facilité. The Pursuit Of Novelty aligne une belle brochette de six très bons morceaux post-punk de luxe, enrichis par des mélodies magnétiques, de l'intensité noise, de l'abrasion sur une vague de velours noir, un caractère sans cesse entraînant dont le point d'orgue se nommerait Convoi Exceptionnel dans un style poignant qui ne peut laisser de marbre. Après ça, les six derniers sont moins prenants. Sweaty Palms verse dans une dimension plus électro avec régulièrement des gimmicks synthétiques un poil énervant, notamment sur les trois derniers. Mais ça ne serait gâcher la superbe impression du début et confirme que ce groupe possède quelque chose de spécial.
[publié le 27 octobre 2022]


Self Improvement / Visible Damage
En direct de Long Beach, Californie, post-punk über alles ! Mais pas un post-punk d'école. Une mixture à l'américaine d'un groupe qui était parti pour faire du The Spits et se retrouve avec quelque chose de plus anguleux, sec tout en étant mélodique, mordant, légèrement tordu parfois avec le génial chant de Jett Witchalls dont le timbre de voix colle à merveille aux compos acérées de Self Improvement tout en leur conférant plus d'ampleur et de diversités. Visible Damage, dix compos dont une reprise de The Prodigy (Firestarter) fortement séduisantes et addictives pour un premier album publié uniquement en cassette sur Floating Mill records.
[publié le 23 octobre 2022]


Loobs / Word To The Wise
Melbourne un jour, Melbourne toujours. Loobs publie Word To The Wise, qui contrairement à son premier album Bubblewrap en 2018, ne bénéficie apparemment pas de sortie vinyle, juste un fanzine avec un coupon de téléchargement à l'intérieur. Qu'importe (enfin non mais bon), ce rock qui ne se justifie d'aucun qualificatif supplémentaire s'écoute avec aisance et grand plaisir. Ça coule tout seul, clair, éclatant, hyper entraînant et futé, mélodique avec de vrais tubes dedans comme l'irrésistible Hour By Hour et aussi I'm Not A Communist, finement noisy, nerveux, nonchalant parfois avec un ou deux titres plus anodins et un I Shall Remain de six minutes délicieusement répétitif et hypnotique. Le bonheur est souvent très simple.
[publié le 21 octobre 2022]


A Future Of Bad Men: A Melvins Tribute
Le label de Portland Black Donut records vient de sortir 250 exemplaires vinyles de A Future Of Bad Men en hommage à ces increvables Melvins. Ça fait longtemps que la messe est dite pour la bande de King Buzzo et que j'ai décroché de l'affaire (en gros depuis le milieu des années 90). Et ça tombe bien, les neuf titres repris sont tous des morceaux datant des débuts du groupe sauf un, Bride Of Crankenstein datant de 2014 sur l'album Hold It In. Ce tribute a surtout titillé la curiosité car quelques groupes qu'on aime beaucoup y contribuent. Grizzlor reprend Oven (Ozma, 1989) et c'est du taillé sur mesure pour eux. Trigger Cut s'intéresse à Houdini (1993) avec la reprise de Lizzy que le groupe fond parfaitement dans son moule noise-rock. Work Party s'attaque à Skin Horse (Stag, 1996) de façon très personnelle et surprenante car éloigné de leur registre habituel. Les six autres groupes me sont totalement inconnus et leurs reprises ne donnent pas envie d'en savoir plus. Un tribute pas plus pire qu'un autre.
[publié le 19 octobre 2022]


Venus Twins / Raxis
Venus Twins n'a pas été cherché loin son nom. Jake et Matt Derting sont jumeaux, des vrais, pratiquent la basse, la batterie, le chant du dragon et viennent de sortir Raxis, un second album uniquement en cassette (comme le premier, Eat Your Dog, en 2020) sur Softseed Music. C'est du lourd, du noise-rock à l'état pur et le duo de Brooklyn en connaît un rayon, la science infuse du bruit épileptique, qui fait mal, jouissif à mort, avec des bouts de mélodies qui traînent (le génial Return To Dust), des rythmiques aussi étourdissantes que frappantes, l'impression que les cordes crissantes d'une guitare figurent dans la mêlée et tout un attirail d'idées, de fritures, de saturations, de fractures, d'explosions, de diableries jamais gratuit mais au service de compos hautes en couleurs et rondement menées. Même les 10 minutes de God's Machines en paraissent moitié moins. Si tu veux des références, Lightning Bolt et Glazed Baby auraient pu enfanter un tel garnement mais Venus Twins a su très vite voler de ses propres ailes. Cet album monstrueux sortait en vinyle et c'était la perfection de l'année. Du très grand art, à s'en repaître sans modération.
[publié le 12 octobre 2022]


Exhibit A (A benefit compilation for the SPLC)
Une compilation pour la bonne cause. A l'initiative de Jeff Tirabassi, batteur de Bitter Branches et publié en cassette par Knife Hits records, Exhibit A regroupe 17 groupes et les recettes seront reversées au Southern Poverty Law Center, une organisation à but non lucratif basée en Alabama dont l'objectif est de garantir la promesse des droits civils par le biais de la défense juridique, la dénonciation des groupes haineux et la fourniture de ressources éducatives. On va pas se mentir, un certain nombre de groupes présents sont zappés allègrement. Pas notre came tout simplement. Mais vous avez aussi du lourd et des groupes qu'on adore par ici. Avec quasi à chaque fois des inédits ou des raretés comme le Sociopathetic de Exhalants qui offre encore un excellent titre (mais ont-ils déjà fait un mauvais morceau ?) ainsi que Faking, Multicult, Easy Prey, Rid Of Me qui reprend Beastie Boys (Sabotage) et bien sûr Bitter Branches. C'est toujours ça de pris.
[publié le 11 octobre 2022]


Drill For Absentee / Strand Of A Lake, Vol. 1
Drill For Absentee revient d'entre les morts. Après 23 longues années de silence, le trio américain qui avait sévit entre 1995 et 1999 avec deux disques dont on avait narré tous les bienfaits a décidé de se reformer. Avec deux membres d'origine, Mickael Nace (guitare, chant) qui se trouve à Philadelphie et Kevin Kelly (basse, chant) à Los Angeles et Ken Kuniyoshi, un nouveau batteur japonais (Okinawa) à la place de Bryan Sargent, Drill For Absentee a réussi à vaincre non seulement les barrières du temps mais aussi géographiques pour écrire quatre nouveaux titres regroupés sous le nom de Strand Of A Lake, Vol. 1. Un Vol. 2 paraîtra d'ici la fin de l'année, toujours virtuellement et mon tout sera réuni courant 2023 sur un vinyle grâce à l'action conjointe de Fonoradar records en Europe et Friend Of Mine au Japon. Et le moins que l'on puisse dire après toutes ces années, c'est que DFA n'a rien perdu de sa fougue et de son talent. Leur noise-rock à émotions dans le vague sillage d'un Shipping News, A Minor Forest ou certains groupes de Dischord a même pris du muscle et des couches de bruits supplémentaires, une tendance post-hardcore qui se mélange idéalement avec leur approche noise 90's toutjours emprunte de finesses. Superbe retour et vivement la suite.
[publié le 29 septembre 2022]


Wipes - Day Job / split tape
Le patron de Hex records avait juré craché de ne jamais sortir de cassette (je le soutenais secrètement) mais il a fini par craquer. Trois titres pour chaque groupe sur ce format qui donne un son ingrat ou comment dans ce cas là vanter les avantages du numérique (un comble). Wipes, deux membres de Tile avec un troisième larron qui avaient déjà sorti un (bon) single et qui, avant de publier imminemment sous peu un premier album sur un vrai vinyle de champion, se fendent de trois inédits. Productivité maximale pour efficacité redoutable. Noise-punk avec un petit coté Hammerhead pas dégueulasse sur Pick Me et un sens de la compo affirmée comme sur l'excellent Disappointment Sucks (ce qui n'est donc pas le cas ici) plus grésillant de gras et de lourdeur, ce qui est le cas aussi de Recognize.
Day Job piétine des plates-bandes assez similaires avec une approche plus sludge ou grunge ou métallurgique, c'est au choix. Un nouveau groupe avec deux anciens Null qui donne envie de surveiller la suite mais en attendant, ça fait parfaitement... le job.
[publié le 27 septembre 2022]


Cornice / tape
Le projet de sortir des inédits de Cornice était dans l'air depuis quelques temps. Sun in yr Head, label de Clermont Ferrand concrétise nos souhaits en publiant une cassette d'inédits live et studio enregistrés entre 1993 et 1997. On y retrouve The Stringed Instrument Maker (en version live) seul morceau qui avait bénéficié d'une sortie à l'époque et dont on vous avait narré un bout d'histoire l'année dernière. 16 autres compos sont également présentes et c'est un vrai bonheur d'entendre enfin toute l'étendue de leur poésie punk, déglinguée, étrange, unique.
[publié le 26 septembre 2022]


Muscle Vest / Hot Hot Hate
Plus rien n'arrête Muscle Vest. Moins d'un an après Live Laugh Loathe, le quintet anglais sort Hot Hot Hate. Alors c'est toujours un EP (4 titres), c'est même plus en cassette (sans oublier un split 7'' également virtuel en juillet) et c'est toujours aussi bon. Trublion noise enragé et enthousiaste, le groupe londonien se donne sans compter, virulent tout en ne se prenant franchement pas au sérieux si on en croit le clip de Solitary Life, frénétique tout en étant punitif, à deux doigts du chaos mais délicieusement rentre-dedans. Ruby (c'est le nom du chien sur la pochette) peut être content, ces maîtres font du très bon boulot.
[publié le 23 septembre 2022]


Demons / Swallow
Quatre titres aussi brutaux qu'accrocheurs, chaotiques que fulgurants, c'est Demons, groupe de Norfolk (Virginie). C'est la tradition Botch à votre porte et elle vous claque à la tronche en même pas six minutes avec ces brûlots courts, lourds, denses, limpides comme un coup de trique et ça se gobe cul sec sur Swallow, cassette éditée par Knife Hits records.
[publié le 16 septembre 2022]


Chihuahua / Crythor Du
Chihuahua sort de sa tanière pour la seconde fois après Violent Architecture. Et question architecture, le groupe anglais voit ses ambitions à la hausse tout comme pour la violence dans le sens débauche sonore. Avec l'ajout d'un saxophoniste à plein temps et quatre invités (trompette, trombone, scie musicale et chant), Chihuahua devient une infernale machine krautrock-noise-free-rock. Ça fait toujours autant de bordel façon Gnod poussé dans ses retranchements sans se dénaturer de sa force noise-rock, ses coups de butoir, ses déflagrations qui prennent juste des chemins tortueux, élargis, tumultueux, expérimentaux pour répandre toute sa nocivité qui n'est pas dénué de beauté et d'atmosphères sombrement troublées. Cinq nouveaux morceaux regroupés sous le nom ésotérique de Crythor Du et publiés en cassette par Cruel Nature records qui mériteraient également de sortir en vinyle.
[publié le 14 septembre 2022]
MAJ 12/10/2022 : Chihuuhua n'aura pas fait long feu. Le groupe a annoncé le 9 octobre dernier qu'il cessait ses activités suite à des différents personnels.


Noise For Change ERA Benefit Compilation
Learning Curve records et Caterwaul Society s'associent pour publier sur le net uniquement une compilation afin de récolter des fonds pour le Equal Rights Amendment, c'est à dire une proposition d'amendement à la Constitution des USA visant à garantir l'égalité des droits juridiques à tous les citoyens américains, quel que soit leur sexe. Quinze titres pour autant de groupes livrant généreusement des inédits, des raretés ou des versions modifiées et du lourd vous allez trouver : Chat Pile (avec la version demo de Brutal Truth, titre qui arrache tout et qui figure sur un split 7'' avec Portrayal Of Guilt), Intercourse, Bedtimemagic, Asbestos Worker, Dug, Bronson Arm, The Tunnel et d'autres trucs moins fréquentables mais c'est pour la bonne cause !
[publié le 07 septembre 2022]


Tropical Fuck Storm / Moonburn
Toujours aussi fort sur les pochettes qui posent question sur la nature profonde de l'être humain, Tropical Fuck Storm passe en mode cassette avec le quatre titres Moonburn sur Joyful Noise records. L'inédit Moonburn est donc le titre principal dans la grande tradition des compos de TFS qui prennent aux tripes et les font frémir coté pile et face. Pas aussi fort qu'un You Let My Tyres Down mais quand même. Aspirin est la version plus ou moins acoustique et simplifiée du titre qui était sorti à l'origine sur le second album Braindrops. Et les deux autres sont des reprises. Ann par The Stooges et Heaven des Talking Heads. Ces Australiens ont très bon goût et leurs versions sont étonnantes, personnelles et ma foi assez bluffantes, surtout concernant Ann pour qui on avait rien vu venir.
[publié le 01 septembre 2022]


Gloop / Television Fire
Un an à peine après son troisième album Crayon Sun, le trio de Baltimore répondant au nom de Gloop sort Television Fire, un EP quatre titres uniquement en version numérique sur Grimoire records. Rien de neuf depuis la dernière fois mais une nouvelle et saine rasade d'un punk-noise aussi incisif que pétillant. C'est tout ? Oui c'est tout.
[publié le 29 août 2022]


Polevaulter / Move
La très prolifique et multiforme scène de Leeds accouche d'un nouveau groupe (qui sévit tout de même dans le coin du nord de l'Angleterre depuis 2017), un de plus et c'est pas pour faire le nombre. Polevaulter, duo qui mélange basse caverneuse, machinerie électronique avec rythmes intégrés et spoken-word profondément vibrant et intense est une redoutable arme à faire du bruit penchant aussi bien du coté industriel que post-punk hargneux ou electro-noise grésillant et sifflant. Move est une cassette quatre titres et - c'est pas pour vous tendre la perche - mais vous devriez fortement vous intéresser au cas de Polevaulter. C'est quand ils veulent pour publier un disque en bonne et due forme.
[publié le 24 août 2022]


Sue / I Will Dance With Hell So You Can See Heaven
Nouvelle furie noise en provenance de la perfide Albion. Sue, un trio anglais qui publie un premier album uniquement numérique répondant à la douce sentence de I Will Dance With Hell So You Can See Heaven. J'ai pas tout compris mais ce qui est sûr, c'est que l'enfer et le paradis vous aurez. Diabolique bande-son qui amène à l'extase plus d'une fois, infernale fureur qui peut verser dans le poignant et chercher à étreindre autant qu'à tabasser (I Need A Cure et A Pathetic Man), le désespoir et la rage dans un même élan confus. Sue fait abondamment transpirer tout en provoquant des frissons. L'enfer à votre porte ne demandant qu'à s'ouvrir encore plus sur un avenir à surveiller.
[publié le 18 août 2022]


Muscle Vest/Struggles With Syntax | split 7''
Muscle Vest et Struggles With Syntax ont déjà eu l'occasion de figurer dans cette rubrique lors d'enregistrements cassettes l'année dernière. Les deux groupes anglais sont cette fois réunis grâce à Muzai records pour un split single virtuel. Muscle Vest montre toute sa capacité à vriller les oreilles avec God Doesn't Love You et son noise-rock débraillé, perçant et un chanteur extraverti. Et se marrie très bien avec Struggles With Syntax qui aime aussi monter dans les aigus avec Feel Love, nouvelle preuve que leur noise-rock est à multiples visages, imprévisible, chahuteur et intéressant.
[publié le 12 juillet 2022]


Facet | 44
Facet, un trio d'Oakland qui s'était fait remarquer en 2020 par Devoid, une reprise d'Unwound mais aussi la cassette Duck l'année d'avant. C'est avec 44, un nouveau morceau et un clip désopilant que Facet revient. Un pur bonheur de noise-rocker. Cliquez sur Play, vous ne regretterez pas ou alors on ne peut plus rien pour vous.
[publié le 11 juillet 2022]


Montbéliard | Satisfaits
Montbéliard, c'est pas que de la saucisse et Peugeot, c'est aussi un groupe. Qui vient de Paris. C'est surtout un pedigree avec Vincent Beysselance, batteur des cultissimes Cheval de Frise (qui a joué ensuite dans Tormenta) et Bruno Kuchalski, guitariste de POLes, groupe mort dans l'indifférence générale sans jamais avoir réellement vécu avant (et c'est bien dommage car ce groupe valait le coup). Le duo fraîchement monté qui joue ensemble depuis à peu près huit ans vient de publier Satisfaits, un enregistrement fait dans leur coin qui oeuvre dans ce que ces deux là ont toujours su maîtriser, le rock instrumental. Soit, pour faire court et facile, la rencontre de Cheval de Frise et POLes. De beaux entrelacs et envolées en perspective avec des bouts de synthés qui trainent et plein de souvenirs qui remontent.
[publié le 08 juillet 2022]


Strangelight | The World Needs Laughter
Le monde a besoin de rire et si la musique de Strangelight ne prête pas spécialement à se détendre les zygomatiques, les quatre titres du vinyle uniface The World Needs Laughter font un bien fou. Du rock qui fuse dans la lignée de Hot Snakes en plus punk, mordant, abrasif et tout aussi jouissif. Et on ne saurait trop vous recommander également Adult Themes, le premier album de ce groupe d'Oakland paru en 2020.
[publié le 02 juillet 2022]


Daddy's Boy | Great News!
C'est un premier album virtuel, les onze morceaux ont bien du mal à dépasser les deux minutes, le tout fait à peine plus d'un quart d'heure mais c'est une tornade en provenance de Chicago qu'il ne faudrait pas rater. Avec notamment Bryan Gleason à la guitare (ex-Fake Limbs) et la chanteuse Jes Skolnik, Daddy's Boy joue un hardcore-punk frénétique passé à la moulinette noise-rock made in Steve Albini qui a mis Great News! en boite et ça déboîte furieusement. Aussi dur et anguleux que trépidant et hargneux, fait pour la vitesse parce que c'est plus marrant quand on se fracasse contre un mur de béton - ce que Daddy's Boy est assurément fait pour - avec plein de chicanes au milieu de la route, c'est une musique aussi incisive que les paroles sont perspicaces. C'est papa qui va être content.
[publié le 23 juin 2022]


Imelda Marcos | Albularyo
On avait laissé Imelda Marcos à deux. Il revient en trio. Le duo de Chicago (qui comprend le guitariste Dave Cosejo à l'oeuvre également chez les fulgurants Urine Hell) revient trois ans après Tatlo avec la chanteuse Donna Diane (Djunah) qui bidouille aussi des machines. L'instrumental tendance math-rock mutant de Imelda Marcos prend ainsi une nouvelle dimension. Moins math-rock, encore plus frappé. Porté par le chant expressif de la charismatique Donna Diane, les quatre titres de Albularyo (édités en cassette par Already Dead Tapes) sont hautement percussifs, même la guitare qui s'enchevêtre dans des sonorités frénétiques, angoissantes, trafiquées, synthétiques et traversées par des effets électroniques perturbants. Les structures sont tour à tour répétitives, hypnotisantes, disloquées, sentent le soufre et la tension, abruptement lyriques par moment. Imelda Marcos est en passe de devenir une sacré bestiole étrange ne demandant plus que confirmation sur un long format.
[publié le 10 juin 2022]


Cellos | Locked In The Stocks/Death Zone
Cinq ans que que le trio canadien Cellos n'était pas réapparu dans ces pages, depuis un premier album en demi-teinte après une série de EPs épatants. Cellos avait bien ressorti un split 7'' en 2019 avec Not Of mais l'intérêt était retombé. Il se pourrait qu'il retrouve une belle vigueur avec de nouvelles compositions que Cellos compte offrir tous les mois. Cela a commencé le mois dernier avec les sept minutes de The Downward Gaze et ça continue en juin avec deux nouveaux titres. Avec Locked In The Stocks, le trio se rappelle qu'il avait débuté dans la vie en étant un groupe viscéralement noise-rock. Un titre qui les montre sous leur visage que je préfère, méchamment abrasif et hargneux avec un chant plus sous-mixé, ça s'appelle un instrumental. Avec Death Zone, c'est leur coté plus lent, lourd, un poil stoner, mélodique mais Cellos s'en tire avec les honneurs. Rendez-vous le mois prochain en espérant que tout ça soit compiler en fin de course sur un beau vinyle.
[publié le 04 juin 2022]


Gad Whip | Sky Bird EP
Après leur précédent album Fanimal Arms en 2020, Gad Whip revient avec Sky Bird, EP quatre titres qui montre le groupe anglais plus focus que jamais. C'est rock, punk ou ce que vous voulez mais qui va direct dans ta face avec toutes les subtilités requises. Quatre types remontés, acérés, ne perdant pas cette petite excentricité inexplicable dans leur approche, carrés et enlevés comme un nouveau souffle qui espérons va les porter très loin.
[publié le 31 mai 2022]


Hammerhead | Excommunications
L'annonce d'un nouvel album de Hammerhead devrait faire bondir de joie. Excommunications va vite ramener sur terre. Le trio cultissime d'Amphetamine Reptile n'avait pas donné signe de vie depuis 2015 et New Directionz. Il aurait été impossible de reconnaître le groupe de Minneapolis si ça n'avait pas été marqué dessus. Trois bidouilles de moins de trente secondes. Un très long titre d'un quart d'heure très répétitif et psychédéliquement tordu que même un Helios Creed en plein bad trip n'aurait pas voulu. Et quatre autres morceaux dans un format plus normal qui ne sont que triturations, expérimentations et vaines éjections bruitistes. Excommunications est sorti uniquement en CD à série limitée et est commandable auprès du groupe uniquement et uniquement seulement si vous êtes un habitant des glorieux États-Unis d'Amérique. Ça tombe bien, on n'avait franchement pas envie de l'acheter. Hammerhead annonce également la sortie d'un second album pour cette année. Cela permettra de savoir si Excommunications était une sale blague à la Melvins ou s'il fallait prendre au sérieux le titre de leur album de 2015, auquel cas, nous ne somme pas prêt de les suivre dans cette nouvelle direction.
[publié le 26 mai 2022]


Urine Hell | Weakling
À Chicago, ça ne rigole pas avec les noms de groupes. Urine Hell ne s'est pas uniquement fait remarquer pour son patronyme mais surtout pour sa première démo (virtuelle) en décembre 2020. Le groupe qui comprend un membre de Imelda Marcos revient avec Weakling, cassette quatre titres sur Already Dead Tapes & Records et le jet est monstrueusement bon. Et corrosif, méchamment incisif. Pas franchement noise-rock dans la lignée historique de nombreux groupes de Chicago mais un peu quand même avec du Chat Pile ou Bruges dedans et du Dazzling Killmen aussi dans les intentions, c'est à dire une approche plus malsaine, torturée, angoissante, un chant entre le mode parlé et psychopathe pour un résultat unique qui prend aux tripes pour mieux les retourner. Diaboliquement intense et infernal à l'instar de la fin de Judas Song.
[publié le 13 mai 2022]


Row Of Ashes| Bleaching Heat
Troisième album mais cette fois-ci uniquement en cassette sur Surviving Sounds records, Bleaching Heat est une fulgurante et massive charge punitive. Si le premier album Let The Long Night Fade comportait une chanteuse, le trio londonien évolue désormais en trio, a resseré les rangs comme le propos et tape (fort) dans un registre post-hardcore/noise/metal particulièrement venimeux, rageur et convaincant, désespérément intense et urgent. Ken Mode, Neurosis, Deadguy ou Kowloon Walled City en plus sale, sombre et teigneux pour vous donner une idée (approximative) du tableau car Row Of Ashes est du genre à brûler tout ce qui se trouve sur son passage et piétine tout ce qui bouge avec une colère non feinte et des subtilités dans l'écriture qui font les morceaux qui marquent au fer rouge. Impressionnant et tragiquement beau comme un incendie la nuit.
[publié le 07 mai 2022]


On | Kentällä Tavataan
Baxter Stockman, encore et toujours. Apparemment, c'est le même ex-Baxter Stockman, Markus Leminen, qui vient juste de créer Loins qui participe également à On, nouveau projet finlandais dans une veine noise-rock mais beaucoup moins classique. Minimalist repetitive rock music qu'ils disent. C'est pas faux mais c'est aussi bien plus que ça. A écouter, Kentällä Tavataan, un titre extrait du futur 6-titres Hissunkissun à sortir sur Sideeffect records. Deux autres morceaux, Kädet et Kivipurnu sont également en écoute. On en reparle plus tard en détail quand on aura mis la main sur ce disque !
[publié le 30 avril 2022]



Loins | Mainline
Un Baxter Stockman au chant et à la guitare, deux Fun à la section rythmique, vous savez où vous mettez les pieds et aucun risque pour se les prendre dans le tapis. Mainline est le premier titre proposé par ce nouveau trio finlandais qui prépare sûrement quelque chose de plus conséquent mais vous pouvez d'ores et déjà noter le nom de Loins sur vos tablettes noise-rock, c'est du tout bon.
[publié le 30 avril 2022]


Thee Alcoholics | Seven Inch
Thee Alcoholics - c'est eux qui le disent - sont anglais (n'y voyez aucun rapport), te saoulent de coups et c'est nous qui trinquons au doux bruit d'un noise-rock à l'haleine chargée en frustration, construit pour la baston et la vitesse avec une lourdeur vénéneuse, des saturations nauséabondes et une épaisse couche de crasse. Un synthé à temps complet vient foutre son bordel, les chants sont suppliants et trafiqués, ça sent le soufre, les lendemains difficiles et c'est subtilement répétitif et terriblement accrocheur. Seven Inch est un single 4-titres publié par Wrong Speed records et dont les 100 exemplaires ont rapidement été épuisés. Tout comme leurs deux albums-cassettes précédents. C'est comme ça chez Thee Alcoholics, la descente est rapide, les stocks partent vite alors ne ratez pas la prochaine tournée, ce groupe vaut le détour.
[publié le 22 avril 2022]


Mirakler | Instant Drugs
TRVSS a décidé de changer de nom, bienvenue à Mirakler. Le groupe de Pittsburgh en a profité pour apporter quelques changements à sa formation mais on a strictement rien perdu au change. Instant Drugs est un morceau à paraître (sûrement) sur deux singles programmés plus tard dans l'année (l'album est à suivre) et il mérite amplement son nom. L'addiction est fulgurante, un noise-rock de catégorie supérieure et totalement renversant. Vivement l'album.
[publié le 15 avril 2022]


Nape Neck | Look Alive EP
Leeds, encore une fois. Mais cette fois-ci, le registre n'est pas le noise-rock pur et dur. Nape Neck fait pourtant du rock, du bruit mais la tendance est post-punk, option dissonance et acidité, c'est à dire que ça va bien au-delà ou quand The Slits rencontre Dog Faced Hemans/The Ex via Theoretical Girls. Ça fait de belles références et Nape Neck n'a pas à en rougir. Cinq titres de haute volée réunis sur une cassette, un groove à se cogner la tête de plaisir, une guitare qui ponce et écorche dans les grandes largeurs, des chants qui débarquent de partout et se répondent et des compos imaginatives, mordantes et carrément emballantes. Nape Neck, un trio (avec deux anciennes Beards) qu'il est vachement bien. Et l'écoute de leur premier album cassette en 2020 est aussi fortement conseillée.
[publié le 07 avril 2022]


Den | Beyond The Lantern Fire
Une cassette en forme d'au revoir définitif. Den, un trio de Chicago (avec notamment Dylan Piskula à la basse des frappés Bruges) qui n'aura eu que des miettes du gâteau sludge-doom-noise à la sauce cosmique et nappé d'électroniques. Ça semble indigeste dit comme ça mais leur dernier album Iron Desert avait de très beaux restes. Avec les cinq titres de Beyond The Lantern Fire, Den prouve qu'en matière de musique lourde, sale, poisseuse et étrange, il maîtrisait les principes en insufflant une belle vitalité sur Blackout et l'imposant The Anti-Prophet. Par contre, vous pouvez retirer les trois autres morceaux qui ne sont qu'interludes instrumentaux. Ça fait peu à l'arrivée mais en guise d'adieu, on prend avec plaisir.
[publié le 06 avril 2022]


Headkicker | s/t EP
Headkicker, un groupe punk de Raleigh qui sort sa première cassette six titres sur Sorry State records. Et c'est furieusement bon et vivifiant. Classique et déviant. Trépidant et sinistre. Six morceaux parfaitement au point donnant autant envie de pogoter que de hurler à tue-tête avec eux ces airs obsédants même si on n'y comprend rien, jusqu'à fondre comme du sucre sous une giboulée de printemps sur Crafty pour repartir de plus belle sous les affres intenses et jouissives de Televise ou plus tordues de The Law. Un sans-faute. Headkicker, c'est du sérieux.
[publié le 01 avril 2022]


Care Home | Assisted Living (Part 1)
La très prolifique scène de Leeds accouche d'un nouveau groupe. Care Home est son nom et les soins prodigués vont à l'encontre de toutes les déontologies admises dans les établissements de santé (excepté faite de quelques EHPAD). Les tremblements sont en augmentation, les vomissements redoublent, la sueur froide coule en abondance, les nez saignent et les tympans implorent. Assisted Living (Part 1) est une cassette quatre titres d'un noise-rock acide avec du synthé malfaisant lorgnant ainsi vers une tendance névrotique de certains groupes de 31G records. Vivement la Part 2.
[publié le 27 mars 2022]


Vendettas | Never For You
Never For You. Ce n'est qu'un titre pour l'instant mais il possède toutes les promesses d'une histoire haletante. Vendettas, nouveau trio anglais qui frappe sèchement le post-punk, regard froid et vengeur droit dans les yeux, le malmène, le secoue, à tel point que le post-punk peut aller gentiment se faire voir. Un titre extrait de Coherent Feelings, futur EP à venir à l'automne prochain. Et à vrai dire, pour avoir entendu les quatre autres morceaux, il est à espérer vivement que Cowboy à la Mode puisse également sortir une version vinyle d'un disque qui va être patiemment attendu.
[publié le 22 mars 2022]


Why Patterns | Regurgitorium
C'est une sacré cassette que Human Worth records vient de sortir et qui aurait grandement mérité de se faire tirer le portrait sur un vinyle. Why Patterns, nouveau trio anglais avec des membres de Wren (Seb Tull, guitare, basse), Warren Schoenbright (Dan McClennan, batterie) et Deleted Narrative (Doug Norton, voix), le tout orchestré par l'inévitable Wayne Adams. Regurgitorium, un album qui pourrait vous faire vomir votre dernier repas tant ça secoue là-dedans. Une douce folie qui ne ressemble pas au truc noise-rock convulsif habituel. Le groove est carnassier et meurtrier, un lourd barrage rythmique qui semble frapper au hasard alors que c'est chirurgical, synonyme surtout d'une grande liberté et force créatrice, des figures acrobatiques de haute volée et des murs qu'on se prend de plein fouet, entre saccage et virtuosité. La basse fait un bruit d'enfer avec un chant tout aussi imprévisible et désinvolte pour aller où bon lui semble quand il ne reste pas bloqué sur un mot pendant de longues minutes. Le mélange s'avère assez unique, déroutant, rugueux, anguleux, fiévreux, free, barré. Why Patterns explose les cadres et ça fait un bien dingue.
[publié le 18 mars 2022]


Day Job | Be A Friend, Make A Friend
Que c'est bon quand ça donne l'impression d'écraser des cafards sous les semelles. Day Job, nouveau trio de Birmingham dans l'Alabama, aime son noise-rock croustillant, sale, taillant dans le gras pour ne garder que le meilleur de la lourdeur, en extraire un groove intenable et des riffs s'élevant de la masse terrestre comme un bombardier venant de larguer tous ses engins de mort. Cinq titres pour se faire des amis. Ou les faire fuir (bien fait pour eux) parce que là, Day Job, ça sera du genre ami pour la vie.
[publié le 16 mars 2022]


White Suns | Dead Time
Un an à peine après The Lower Way, White Suns revient avec Dead Time, cassette quatre titres publiée par Orange Milk records. Et le trio new-yorkais ne relâche pas la pression. C'est pas le moment. Excepté l'ultime titre Melnais Balzams qui n'est que résidus et crépitements marquant la fin du monde, les trois autres compos sont violence et fragments déchiquetés. White Suns bombarde à tout va à l'instar du terrible de Nights Pour In, lumière fulgurante symbolisant un enregistrement tendu comme une nuit dans une cave. Paranoïa aiguë, stress post-traumatique et l'art retrouvé du bruit blanc de White Suns comme à ses plus belles heures.
[publié le 11 mars 2022]


Iron Linings | Pressure Valve
La route choisie par Iron Linings pour se manifester aux yeux du monde est familière pour toutes les personnes pour qui le noise-rock et le post-hardcore sont comme une seconde peau. Mais le trio de St Louis (Missouri) possède déjà tout ce qu'il faut pour vous faire vibrer. Pensez Ken Mode, Faking, tout ce qui secoue bien sans jamais perdre le nord avec son quota de riffs qui percent toutes les carapaces. Pressure Valve, quatre titres qui mettent une pression positive pour la suite.
[publié le 10 mars 2022]


Rubbing | Vocal Harmony Trio
Rubbing, c'est de l'inconnu avec du connu. Un nouveau trio anglais avec Steve Hodson (Blacklisters, USA Nails) qui retrouve son compère de Kong, Jon-Lee Martin ainsi qu'un troisième individu pas encore identifié (mais ça ne serait tarder), un certain C. Hartley. Tout ce beau petit monde vient tout juste de sortir son premier enregistrement, une cassette quatre titres, Vocal Harmony Trio, et si vous appréciez tous les groupes qui viennent d'être cités, de fortes chances existent pour que Rubbing soit votre came également (tout en étant différent). Vivement la suite !
[publié le 04 mars 2022]


Tangled Up | Silk Embroidered Light
Tangled Up, ça veut dire un truc du genre emmêler, enchevêtrer et difficile de trouver des verbes définissant mieux la musique de ce groupe de Philadelphie. Noise-rock, punk, art-rock avec un aspect mélodique pas du tout négligeable, une grande variété de chants dont l'importance est évidente dans l'apport d'une musique à tiroirs qui peut parfois paraître complexe, avec plusieurs niveaux de lecture et en même temps capable de fulgurances et de refrains très accrocheurs, Tangled Up, en cinq titres d'une cassette éditée par Knife Hits records, montre une sacré créativité et un beau potentiel. À suivre de près.
[publié le 27 février 2022]


Abandoncy | Pastel//Anguish
Second album pour Abandoncy, groupe de Kansas City, mais cette fois-ci uniquement en cassette contrairement au précédent qui avait réussi à se faire graver sur un modeste CDr joliment emballé. Le trio garde une optique noise à tout va, aussi rock que emo, screamo et punk, aussi sauvage que mélancolique, direct ou délié. Le chant est toujours aussi régulièrement limite voir faux (Magenta High Noon), pas fier pour deux sous et c'est ce qui caractérise Abandoncy, ça joue comme ça vient, ça ne calcule pas et si tout n'est pas d'équerre et convaincant, c'est extrêmement vivifiant et touchant.
[publié le 26 février 2022]


Catcher | The Fat Of A Broken Heart
C'est l'exemple type de l'enregistrement qu'il est fortement regrettable de ne pas pouvoir écouter sur un support physique (un vinyle s'entend). Le genre de disque que tu as envie de te précipiter à acheter à la fin du concert, le genre de disque qui sera appelé à disparaître des mémoires un jour si une trace ne reste pas dans le monde réel, à disparaître si Catcher vient à se saborder demain comme tant de groupes avant lui qui se sont évanouis dans la nature sans jamais rien publier et dont l'existence est totalement oubliée. Alors espérons que Catcher sorte The Fat Of A Broken Heart en vrai (ce n'est pas du tout d'actualité pour l'instant) car ce premier album est viscéralement prenant. Une entité à six têtes en provenance de Brooklyn dont deux guitaristes et un violoniste pour une interprétation pleine de fouge et d'inspiration dans le sillage de Birthday Party et surtout Nick Cave & The Bad Seeds ou Bambara avec qui Catcher ne partage pas que la ville en commun. Entre swamp rock, post-punk tendu et mélopées noires, intenses, noisy, The Fat Of A Broken Heart brise effectivement le coeur (et pas seulement parce qu'il est virtuel) mais il l'irrigue aussi, le fait battre plus vite et offre dix flèches volant au-dessus d'un terrain certes connu et atteignant cependant sans difficulté aucune sa cible.
[publié le 24 février 2022]


Big Water | Park
Big Water revient déjà, à peine neuf mois après leur premier album, sous la forme d'une cassette cinq titres dénommée Park sur The Ghost Is Clear records. Un hardcore-noise toujours aussi furieux, intriqué, à la limite du chaos pour une durée qui leur va idéalement bien au teint que le trio de Kansas City a rouge cramoisi et qui aurait fait un single parfait.
[publié le 18 février 2022]


Running | Asked You Nicely
Running n'avait plus donné de nouvelles depuis 2016 et son troisième album Wake Up Applauding. Enfin si mais c'était une mauvaise nouvelle, la mort du batteur Alejandro Morales en mars 2021. Le groupe de Chicago est tout de même revenu, on ne sait pas trop dans quelle configuration mais qu'importe. Asked You Nicely est une cassette deux titres (plus un remix du second morceau) sur Physical Medium records et Running n'entend pas céder une once de terrain à la tristesse et l'abattement. Le demander gentiment, c'est pas vraiment le genre de la maison alors Running frappe d'abord et pose les questions ensuite, encore plus sauvagement, intensément en perçant les tympans avec cette drôle de lueur dans les yeux qui fait peur. Running n'est en fait pas du genre à attendre une réponse. Un retour en très grande forme.
[publié le 17 février 2022]


Tue | Misanthropic Era
Le nom est radical. Et quand tu regroupes tes trois premiers morceaux sous le titre Misanthropic Era, faut pas s'attendre à de grandes déclarations d'amour. Un nouveau groupe de l'est de la France avec deux batteurs et deux chanteurs qui font aussi de la guitare et de la basse et que vous avez déjà pu croiser dans des groupes comme Membrane, Pauwels, Spanked, Kompost et bien d'autres plus obscurs. Ça ne rigole donc pas, l'horizon est bouché et Tue l'éclate au doux son d'un noise-hardcore cruellement éruptif, faussement complexe mais méchamment rentre-dedans, lourd et massif, deux batteries apportant une approche différente et trois grandioses compos qui en disent long sur la totale maitrise de Tue à qui on espère une longue vie pleine de tourments à infliger.
[publié le 10 février 2022]


Yrre | Luhlae x The Witch
Ce n'était à la base qu'un projet éphémère répondant au nom de Luhlae x The Witch, soit la bande-son par cinq musiciens (Alex Straubhaar, Julien Floch, Naser Ardelean, Anna Sauter-Mc Dowell et Iannis Valvini) du film d'épouvante The Witch (Robert Eggers, 2015) lors d'un ciné-concert à La Chaux-de-Fonds en Suisse. C'est désormais un groupe qui a pris le nom de Yrre et qui a adapté ce ciné-concert pour en faire un album. Six compositions à part entière s'écoutant sans problème sans les images, un déchaînement de musique forcément diabolique avec des râles de sorcière venant hanter des parties atmosphériques lugubres, magnifiquement belles et funestes mais aussi de longues montées de violence noire, de black metal déviant, de tourbillons fulgurants, noise, saturés, hypnotisants. Une réelle surprise que Hummus records a pressé en vinyle pour seulement 25 exemplaires rapidement épuisés (ça serait bien de remettre ça, ce disque le mérite) mais que vous pouvez télécharger à prix libre (c'est à dire gratuitement (comme toutes leurs réalisations d'ailleurs) si les fonds de poche sont vides) sur le site de Hummus.
[publié le 09 février 2022]


Glaas | self-titled EP
Nouveau projet avec Seth Sutton, un Américain exilé à Berlin aux multiples groupes (Useless Eaters, Clock Of Time, Idiota Civilizzato etc...) qui s'est associé avec Raquel Torre (Lacquer) et Cosey Mueller (Das Das) pour former Glaas. Une première cassette trois titres a été publiée par Static Shock pour une dose énergique de post-punk avec une forte insistance sur le versant punk. C'est dans la mouvance de Clock Of Time et Dïat, fonceur, brut, tendu avec des keyboards pour dégeler l'ambiance comme cette sirène de bagnole obsédante sur Concrete Coffin. Un album est prévu cette année sur Static Shock records et cette cassette promet de belles choses à venir.
[publié le 04 février 2022]


Slow Burning Rage | self-titled
Ryan Parrish est surtout connu et apprécié par ici pour sa présence derrière la batterie de City Of Caterpillar. Mais on ne compte plus sa participation dans de nombreux groupes dont Iron Reagan, Terminal Bliss, Suppression. Des groupes qui évoluaient tous dans la sphère punk-hardcore. Avec Slow Burning Rage, Parrish sort de sa zone de confort (j'adore cette expression). Un projet né en solitaire mais ce n'est pas un disque solo comme il tient à le préciser. Une multitude d'invités pour mettre en forme une musique aussi variée qu'inclassable. Esprit expérimental avant tout dans lequel se confrontent ambiances troubles et angoissantes, saupoudrage electronics, violence free-jazz à la 16-17 ou God (le furieux Agonal Gasp), batterie comme élément central de Slow Burning Rage pour des rythmiques de feu culminant dans l'orchestre de quatorze batteurs sur Dark Thunder, basse grondante, éclairs acides pour des paysages sonores à chaque fois (ou presque) prenants. Typiquement le genre d'album qui aurait mérité une sortie sur un vinyle. Il faudra se contenter de la publication numérique sur Pax Aeternum.
[publié le 01 février 2022]


BAE Sessions | Vol 1

Beastie Noise est une famille très incestueuse. Le label de Malakoff (Paris) comptait déjà dans ses rangs Avec Toi Dans Un Champ et Stenifer. Avec ce troisième projet au nom de groupe ne sonnant pas comme un nom de groupe, on retrouve une nouvelle fois Louima de Summer à la basse (qui jouait dans les deux précédents groupes en donnant en plus de la voix) ainsi que DJ Gügü qui est derrière la batterie chez ATDC. Avec Djohra (chant) et Rrrrrose Azerty (guitare, sax), BAE Sessions se lance dans la vie avec un court huit titres qui en appelle d'autres puisque c'est un Volume 1. C'est pas aussi virulent, abrasif et noise que ce que le label avait pu sortir mais ça fera l'affaire sans problème. La colère est toujours là, la basse gronde, le groove est plus prégnant en présentant des formes plus hybrides et variées, murmurantes (Liebeslied), sensuelles, cold, post-punk avec un brin de saxo reptilien (Casework), des trafiquants de sonorités dont la suite est donc attendue avec curiosité.
[publié le 28 janvier 2022]


Torpors | T.V. Genius
Torpors va réveiller en vous des souvenirs d'Unwound, voir de Drive Like Jehu et franchement, ya pire comme évocation du passé. Il est permis de rajouter bien d'autres noms dans le sillage de T.V. Genius, premier enregistrement diffusé uniquement dans le monde numérique, parce que ces dix titres sonnent classiquement et que pour la surprise, il faudra repasser. Mais comme Torpors sait aussi insuffler de la tension, une dose de noise (rock) accrue et un sens de l'écriture emballant, ce nouveau groupe californien a tout pour plaire et se faire une place au soleil.
[publié le 26 janvier 2022]


Rhino Body Lover | A Tribute To Shallow North Dakota
On aimerait parler de Shallow North Dakota autrement que pour mentionner le fait qu'un des leurs, le batteur Tony Jacome, est décédé mais un bel élan de solidarité de la scène musicale s'est créé autour de ce groupe dont les débuts remontent à 1994. On avait mentionné en octobre dernier un split LP entre Ken Mode, Kowloon Walled City et Shallow North Dakota. Cette fois-ci, c'est Rhino Body Lover, un double CD (dans un boîtier DVD) dont la vente est directement reversée à la femme et aux deux jeunes enfants de Tony. Et franchement, vous avez de quoi faire. Deux heures vingt de musique, 29 groupes qui reprennent un titre de Shallow North Dakota avec sur la liste quelques beaux clients très appréciés par ici comme Intercourse, Bedtimemagic dans une longue reprise hallucinée, The Grasshoper Lies Heavy qui s'est acoquiné avec Tunic, Throat, Work Party, The Great Sabatini, Cellos, Asbestos Worker qui se lâche deux fois dans des compos tournant autour du quart d'heure, Adolyne, Worse ou encore Them Teeth. À chaque fois une seule constante pour chacun des 29 groupes, connus ou inconnus : retranscrire la lourdeur légendaire de Shallow North Dakota. Mission accomplie.
[publié le 25 janvier 2022]


Less | Useless
C'est tout nouveau tout frais (merci au passage à Tom de feu le blog Rad-Yaute pour l'info), c'est Less, un trio d'Annecy qui vient de mettre en ligne ces deux premiers morceaux, Nervous Breakdown et Devil Take Care, pour se loger directement sans coup férir dans la boite crânienne à la case noise-rock, option sidérurgie. Deux basses, une batterie, du chant par là-dessus, ça ne rigole pas et c'est sacrément convaincant. On se croirait revenu aux plus belles heures de Milkmine mais c'est Less, un groupe bien trop jeune pour avoir connu ces dinosaures. Cependant, la filiation est là et Less file à toute berzingue avec acuité et une grande maîtrise de la violence pour rudoyer le noise-rock avec des rythmiques ultra abrasives et un chant brûlant. Longue vie à Less.
[publié le 20 janvier 2022]


Plot | What Happened To Your Face
What Happened To Your Face, c'est une multitude de coups variés et surprenants, c'est asséné frontalement ou de biais, à déflagration lente ou par saccade. C'est punk, noise-rock, tordu, étrange, electro, samplé, vérolé, grave ou frénétique. C'est l'oeuvre de Plot, un trio de Philadelphie qui avec une batterie, une basse et un chanteur s'occupant des claviers vient de publier un album fortement attirant à qui il ne manquerait qu'un support vinyle pour être parfait.
[publié le 19 janvier 2022]


Nowhere | E.P.
C'est un premier E.P., pas loin du statut de démo avec un enregistrement ne rendant pas totalement justice à la fougue des cinq morceaux mais cette cassette marquant les débuts de Nowhere, trio originaire du Nebraska, possède un paquet de charmes donnant tout de suite envie de les adopter. Oscillant entre un noise-rock au cordeau et sans une once de gras, du punk acéré qui laisse de la place pour les émotions et un chant intense, Nowhere a tout pour plaire et tout l'avenir devant lui.
[publié le 15 janvier 2022]


Went White | s/t
Went White, nouveau groupe en provenance de Syracuse (New York). Premier enregistrement, cassette six titres sur le prolifique The Ghost Is Clear records. Rentre dans le lard direct. Tend les muscles au maximum. Post-hardcore qu'ils disent avec du punk dedans. Rêche avec plein de chaudes vibrations à l'intérieur. Un truc à fleur de peau qui interpelle. Pensez Circus Lupus et Kiss It Goodbye, quelque chose dans ce goût là mais que du bon en tout cas.
[publié le 12 janvier 2022]


Most Efficient Women | Eating The Hawk
C'est avec un split poster entièrement numérique que Most Efficient Women avait été découvert. Et si le trio de Forth Worth (Texas) évolue toujours dans le monde virtuel avec cette nouvelle offrande se nommant Eating The Hawk, ce n'est pas une raison nécessaire pour ne pas s'occuper de leur cas. Cinq titres (dont deux, Eating The Hawk et Slow Fella qui figuraient déjà sur le split poster) d'un noise-rock particulièrement perçant, remonté, effilé et excitant dans les parages d'un Trigger Cut et toute une lignée de groupes qui montent au front sans se poser de questions.
[publié le 08 janvier 2022]


Recent Ancestors | self-titled 10''
Recent Ancestors, un nouveau duo avec que de l'ancien dedans. Matt Grande (chant, batterie), ex-Devola et I, Robot. Craig Woods (guitare baryton, basse, keyboards, chant), ex-Elder, Engines, The Combine et des tonnes d'autres obscurités. La combinaison des deux donne une violente et revigorante charge hardcore avec voix qui s'entrechoquent, rythmes, guitares et autres triturations dans une course à la mort pour six salves très courtes mais méchamment jouissives. Si vous vous dépêchez, peut-être arriverez-vous à dégoter un des cinquante exemplaires en format 10'' lathe cut publiés par Forge Again, Be Happy, Middle-Man et Protagonist Music. En attendant éventuellement un autre pressage, ce qui serait à souhaiter.
[publié le 04 janvier 2022]


Ex-Giant | Sprocketland
Ex-Giant, nouveau groupe londonien. Ils sont cinq sur la photo, six musiciens sont crédités, qu'importe, ça fait du monde pour Sprocketland, une cassette dont les cinq morceaux (plus un remix dispensable) ont été enregistrés en 2019 mais qui ne sortent qu'en décembre 2021. Ex-Giant, des ex-plein d'autres groupes, qu'importe (bis), les compteurs sont remis à zéro avec ce noise-rock qui n'en est pas vraiment. Du Birthday Party encore plus titubant que l'original, du Penthouse aussi dépravé et juteusement rock que l'original et un truc qui n'appartient qu'à eux. Le chanteur vous foudroie de sa grosse voie décadente et décapante. Ça donne envie de traîner dans la nuit noire en maintenant un équilibre précaire que seuls les Anglais sont capables de trouver. Bref c'est du tout bon.
[publié le 30 décembre 2021]


Stilts | Dimwit On The Loose
La Finlande s'y connaît vraiment en noise-rock et celui de Stilts, nouveau groupe originaire de Oulu, est particulièrement malsain et acéré. Dimwit On The Loose, cinq titres pour merveilleusement bien débuter dans la vie avec une guitare qui sent régulièrement Unsane comme sur le morceau éponyme, un chant magnifiquement dégoûtant, une musique qui sent la bave, la sueur, le vice, les dérapages, une odeur constante de soufre et de baston, bref, un véritable sens du noise-rock digne des meilleurs représentants du genre. C'est quand ils veulent pour la suite.
[publié le 22 décembre 2021]


Futurat | Incinerat
En même temps que le vinyle de Elastic Heads, le label lyonnais Echo Canyon a publié la cassette de Futurat. Un trio ramené de Russie, Saint-Petersbourg exactement avec une guitare généreusement arrosée de fuzz et une approche générale punk-garage qui n'a plus de frontières. Et qui auréole tout ça d'une bonne couche de noise cradingue, des larsens, de la reverb avec du chant dans le fond et une belle envie de tout saccager.
[publié le 18 décembre 2021]


Big Evil | We Walk On Our Dead
We Walk On Our Dead et j'irais cracher sur vos tombes. Big Evil n'y va pas par quatre chemins. Bille en tête sur ce premier enregistrement avec quatre titres furieusement noise, déjantés, saturés, alliant le meilleur des enragés de Three One G records et des sirènes hurlantes nous rappelant que la mort doit bien frapper un jour. Un groupe canadien (Toronto) qu'il est bien et qu'on va même garder un oeil dessus, au cas où.
[publié le 13 décembre 2021]


Struggles With Syntax | Petrichor
Premier album uniquement en cassette pour le groupe londonien Struggles With Syntax sur Muzai records et le moins que l'on puisse dire, c'est que Petrichor a de quoi faire perdre le nord. Petrichor, un terme savant pour parler de l'odeur de la terre après la pluie. C'est poétique, inattendu et fantasque. Et c'est ce qui transpire à la fin de l'écoute des douze compos. On part avec l'idée d'un disque noise, batailleur, alerte et un rien foutraque à la Future Of The Left. A l'arrivée, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Les approches se montrent diversifiées. C'est souvent surprenant rythmiquement ou vocalement quand le chanteur perd sa tonalité nasillarde pour partir dans des envolées plus risquées. Déviant, percutant, fuyant, goguenard, acide, original, pas toujours probant mais avec un vrai vent de fraîcheur soufflant sur un groupe qui laisse une odeur alléchante qu'on suivra dorénavant à la trace.
[publié le 10 décembre 2021]


Pomelo | Validations
Pomelo débarque sans crier gare de Rochester dans l'état de New York avec Validations, un premier album qui ne connaît (pour l'instant ?) que les affres de la version numérique. Et pour valider, on valide sans problème. Un trio pratiquant le noise-rock élégant, sur la retenue, précis, mélancolique parfois mais sachant mettre les taquets quand il faut, aiguiser les angles, faire ressortir l'intensité qui ne manque jamais et des mélodies illuminant un propos emprunt d'un grand classicisme à la Neutrino, voir certaines émotions à la Hoover ou qui a également fait la renommée d'une ville comme Chicago , notamment pour l'esthétique sonore. Et on ne s'en lasse jamais.
[publié le 07 décembre 2021]


Gloop | Crayon Sun
Les deux premiers albums de Gloop avaient eu le droit à une version CD. Crayon Sun ne verra que la couleur de la cassette. Ce n'est franchement pas celle qu'on préfère mais on ne va pas bouder pour autant. Sur les traces de The Tourist et Smiling Lines, le troisième album du trio de Baltimore est une nouvelle salve noise-punk jouissive, spontanée tout en étant encore plus fignolée, retorse, piquante, éclatée, rafraichissante et plus de longueur en bouche. Un groupe qui mériterait vraiment une attention bien plus grande.
[publié le 06 décembre 2021]


Tongues Of Fire | Burn My Body Clean
Tongues Of Fire a publié son premier enregistrement en 2016, un album cassette en 2019 (Everyone Hate Us) mais c'est avec ce nouveau disque cinq titres, Burn My Body Clean (CDEP et cassette sur Godless America) que le groupe d'Asheville en Caroline du Nord semble prendre une dimension supérieure. Aux frontières du punk, noise, indie voir grunge et sa tête de pont Nirvana, Tongues Of Fire a l'accroche très facile, catchy à souhait, le son qui pétarade, presque trop parfois diront les mauvaises langues qui ne sont pas de feu. Mais c'est ultra efficace et faut l'avouer drôlement bien chiadé avec ce qu'il faut de baston, de rudesse, de frénésie, de mélodies piquantes et des rythmiques engendrant une dynamique irrépréssible pour rendre ce disque très attirant. Tongues Of Fire, un nom à noter pour voir ce que ça va donner.
[publié le 02 décembre 2021]


Wipes | Dumpster/You're The Boss 7''
Wipes, c'est deux membres du trio américain Tile. L'habituel guitariste Michael Morekin ayant d'autres chats à fouetter pour l'instant, le batteur Michael Dumoff et le bassiste Ray Gurz ont crée un autre groupe pour ne pas se rouiller. Et pour le recrutement, ils n'ont pas été chercher bien loin. Matt Molchany était le gars qui avait enregistré les deux derniers disques de Tile (Stendell et Come On Home, Stranger). Ça tombe bien, il fait aussi de la guitare et il sait hurler dans un micro. Wipes pouvait ainsi débuter dans la vie. Dumpster et You're The Boss, deux titres taillés dans le même moule noise-punk sludge que Tile avec un surplus de Pissed Jeans, c'est du tout bon. Seul bémol, le single publié par Limited Appeal est déjà out of stock. Sauf si vous êtes un petit malin et que vous l'aviez précommandé avant le 27 août dernier. Et je ne suis pas un petit malin.
[publié le 30 novembre 2021]


Bunsen | Antiface
L'inestimable label finlandais Kaos Kontrol mais qui se fait plus discret en terme de réalisation ces derniers temps a publié cette année Antiface, une cassette quatre titres de leurs compatriotes Bunsen. Un groupe qui avait émis en 2013 et puis plus rien jusqu'en 2021. Un retour qui s'accompagne d'un son fortement marqué par Godflesh, Head Of David ou Pitchshifter, la boite à rytmhe qui cogne le plexus autant que la basse et une ambiance encore plus sombre et poisseuse qu'à Birmingham. Ça sent l'hommage et c'est rudement bien fait. Depuis, Bunsen a publié Lazarean Section, deux nouveaux titres labourant le même terreau fertile en cauchemars et ça s'écoute par ici.
[publié le 26 novembre 2021]


Sneers | Ode To The Past
Tales For Violent Days, le quatrième album de notre très cher duo italien Sneers ne sortira que le 4 mars 2022 sur God Unknown records. Alors pour combler cette longue attente, la vidéo de Ode To The Past, premier extrait réalisé sans trucage. Le duo sera en tournée en France à la même époque.
[publié le 23 novembre 2021]


Grins | Unflattering Angles
La Finlande s'y connaît en noise-rock et le nouveau trio Grins fait honneur au pays. Unflattering Angles, un premier album publié uniquement en version numérique qui va surchauffer quelques processeurs. Si vous voulez rester avec quelques bûcherons locaux, il est possible d'imaginer un croisement entre Baxter Stockman, Hebosagil et Throat, autant dire que du tendre. Une basse centrale et monumentale qui racle et fend la banquise dans un même geste inconsidéré. De la lourdeur, de la laideur, un groove qui prend autant aux tripes qu'il les retourne, une voix qui beugle divinement comme un cerf en rut mais qui sait se faire présentable parfois pour neuf compositions férocement mordantes et sauvages plus une autre, la dernière, qui cache bien son jeu avec son titre (Sleeping Son) et dix minutes qui vont vous faire tenir éveillé toute la nuit. Comme l'ensemble de l'album. Du bien bel ouvrage.
[publié le 20 novembre 2021]


Muscle Vest | Live Laugh Loathe
C'est anglais, c'est enregistré par Wayne Adams, ça a la gueule d'une bonne pioche et c'est effectivement une très bonne pioche qu'on se prend pleine poire. Live Laugh Loathe, une cassette éditée par Prank Monkey records où explosent quatre titres d'un furieux punk-noise-rock par un quintet londonien qui ne fait pas mine de monter au combat. Deux guitares qui tirent dans tous les coins, une rythmique hyperactive en béton et un chanteur déchaîné pour un groupe qui contrôle la bête en eux. Muscle Vest, c'est pas de la frime et ça distribue des pains qu'on espère se multiplier à l'infini.
[publié le 18 novembre 2021]


MTN ISL | Big Question
MTN ISL continue de publier des enregistrements dans une indifférence générale. Excepté les deux premiers ayant bénéficié d'un support vinyle pour le split avec Bodyfather puis le CDEP God Become Animal et le premier album en 2015, tout ce qui a suivi a été sorti sous le manteau en numérique ou en cassette comme ce nouvel album (le cinquième) Big Question. Et je pense que ce groupe d'Atlanta s'en tape royalement de tout ce désintérêt. Un groupe de potes, seule compte la camaraderie, se retrouver pour refaire toujours plus ou moins la même musique avec plus ou moins de bonheur et Big Question figure dans le rayon des belles réussites de MTN ISL. Au carrefour du post-hardcore, du noise-rock et d'un truc plus terreux et poignant avec la bonne grosse voix chaleureuse de Josh Lyner et la dextérité du jeu de batterie de Daniel Deckebach magnifiant le mid-tempo, Big Question est un album à chérir égoïstement dans son coin.
[publié le 10 novembre 2021]


Horror In Clay | Live From Toad Hall
Horror In Clay, c'est la suite logique de Girls Pissing On Girls Pissing, c'est le cauchemar qui continue. Les membres du groupe néo-zélandais se sont dispersés entre le Canada et l'Angleterre. C'est ainsi qu'est né Horror In Clay avec notamment Casey Latimer, son gourou illuminé. Après un premier album en 2019 n'existant que dans le monde virtuel, la troupe revient avec Live From Toad Hall (Muzai records) qui est aussi live que The Fall avec son Live At Witch Trials, soit une cassette six titres dont une version est richement agrémentée d'un artbook illustré par le groupe et à ne pas mettre entre toutes les mains. Si vous êtes familiers des affres étranges de Girls Pissing On Girls Pissing, vous ne serez pas déroutés par Horror In Clay. Vénéneuse beauté, ensorcelantes mélodies, chants d'inquiétantes sirènes capables de hurler leur désespoir sans prévenir (Last Of The Summer Whining), Horror In Clay revient aux fondamentaux, ténébreux et dur tableau d'un monde en lambeaux. Magie noire.
[publié le 08 novembre 2021]


Girls In Synthesis | Pulling Teeth
Très productif Girls In Synthesis. Après le récent Shift In State, un album l'année dernière et pléthore de singles, le trio londonien revient avec un inédit de neuf minutes trente, rien que ça. Aucune idée de ce que le groupe va faire de Pulling Teeth, s'il se retrouvera plus tard sur un album mais en attendant, il serait vraiment dommage de passer à coté d'une compo à la longueur inédite pour Girls In Synthesis, sans temps mort, sans remplissage, qui ressemble à ce que le trio fait habituellement tout en étirant le fil de leur furie qui était jusque là très condensé, leur ouvrant ainsi de nouvelles possibilités plus expérimentales pour le futur d'un groupe qu'on surveille de près.
[publié le 06 novembre 2021]


TRVSS | Instant Drugs
Des nouvelles de Trvss, trio de Pittsburgh dont l'album New Distances est encore tout frais en mémoire. Et c'est pas un misérable confinement qui va leur faire peur. Instant Drugs est un nouveau titre instantanément addictif qui vous enfume direct, une raclée noise-rock en bonne et due forme avec un final hallucinatoire, une preuve supplémentaire à leur dossier que ce groupe devient un incontournable. Vivement la suite.
[publié le 05 novembre 2021]


Bronson Arm | Tosser
Kalamazoo dans le Michigan vient de donner naissance à un nouveau groupe, Bronson Arm et c'est un duo. Guitare baryton/chant (Blake Bickel) et batterie (Garrett Yates) dont les débuts se font modestement sur une cassette cinq titres édités par Off White House records mais sur Tosser, tout est déjà bon. Une approche du noise-rock à la Vaz, c'est plein de finesses et de malices, de dissonances post-punk, anguleux juste ce qu'il faut et des idées qui sortent du lot pour donner de la personnalité à un groupe qu'il va être sacrément intéressant de suivre.
[publié le 02 novembre 2021]


Stuck | Content That Makes You Feel Good
Change Is Bad, le premier album de Stuck, avait mis tout le monde d'accord. Le groupe de Chicago revient avec cinq titres, Content That Makes You Feel Good (Exploding In Sound records) et prouve que c'était pas un coup de chance. Toujours cette qualité scandaleuse pour écrire des morceaux imparables entre post-punk et noise-rock justifiant parfaitement le nom de cette cassette. Stuck vous fait du bien, faut juste que le groupe pense à sortir son contenu sous un autre format que la cassette et le bonheur sera total.
[publié le 23 octobre 2021]


Totally Unicorn | Yeah, Coach
Se méfier des licornes, toujours, surtout si elles viennent d'Australie. Totally Unicorn donne des nouvelles, deux ans après leur premier album Sorry. Yeah, Coach est le troisième nouveau titre que le quatuor de Sydney donne en pâture en 2021. Il est agrémenté d'une vidéo. Et si j'étais coach de vie, j'éviterais de croiser la route du chanteur de Totally Unicorn. Sauf si vous aimez les voyages en brouette. Tout ça sent un nouvel album et ça s'annonce grandiose. Yeah yeah yeah, yeah yeah yeah yeah.
[publié le 21 octobre 2021]


Enola Gay | Gransha EP
Un tour à Belfast avec Enola Gay dont on ne sait pas si c'est un hommage au tube du groupe 80's Orchestral Manoeuvres In The Dark, au bombardier ou à rien de tout ça. Ce qui est sûr, c'est que Gransha est un EP quatre titres tout numérique qui mélange avec bonheur noise-rock élancé, post-punk rageur et phrasé hip-hop à la Show Me The Body avec des stridences industrielles et une basse irrésistible. Tout ce qu'il faut pour se faire un nom qui fera penser à rien d'autre qu'à eux-mêmes.
[publié le 21 octobre 2021]


The Byker Grove Fan Club
Aucune idée si l'enregistrement de ces cinq titres sortira un jour dans la vraie vie. En attendant, profitez des débuts de The Byker Grove Fan Club, nouveau trio de Bristol fracassant le noise-rock avec une belle application, des convulsions maitrisées et du doigté pour parfois rendre cette rage très émouvante. Un nouveau groupe anglais à suivre.
[publié le 16 octobre 2021]


Thought Partner | Work Cake
En direct de Boston, Thought Partner a sorti confidentiellement Work Cake, un premier album qui ne connaît que le support cassette. Et qui aurait mérité meilleur sort tant son noise-rock déviant teinté par une approche plus (post) punk, expérimentale, au cordeau avec les ondes d'un synthé se mélangeant aux fines dissonances est un début dans la vie très enthousiasmant. Retenez ce nom et reprenez une part de gâteau.
[publié le 10 octobre 2021]


Searing Arrow | Distress Signals
Le premier album Paranoid Fiction est hélas totalement passé inaperçu. Le second, Distress Signals, qui lui ne bénéficie qu'une sortie numérique contrairement à son prédécesseur pressé en vinyle à la somme astronomique de 100 exemplaires, va connaître un sort encore pire. P&F va donc y aller de son petit couplet pour attirer votre attention déjà fortement sollicitée sur ce groupe Texan avec un ex-Black Congress dans ses rangs. Parce que cette mixture de post-punk âpre, tendu et death-rock teigneux possède un beau brin de classe. Il existe bien un ou deux morceaux chelous et anachroniques mais Distress Signals est une nouvelle fois une offrande fortement délectable.
[publié le 09 octobre 2021]


Cere | Endless Days
Six titres pour débuter dans la vie, six titres qui marquent d'entrée. Cere est un trio belge (Bruxelles) et ce mélange de noise-rock passionné, d'émotions rageuses et d'un post-punk agité et chaud dans les angles ne laisse vraiment pas insensible, à l'instar des morceaux Umbrellas et Roses qui sont plus qu'un superbe bouquet final mais une belle claque en bonne et due forme (de tempête sous un crâne). Endless Days est sorti en numérique uniquement par l'intermédiaire de Black Basset records.
[publié le 06 octobre 2021]


Garbage Collector |1988
Réédition vinyle d'un groupe pionnier de la scène noise française à la fin des années 80. Si vous fréquentez régulièrement les pages de ce site, Garbage Collector n'a plus de secret pour vous. Une Oldies, un The Art of Losing (avec aussi le CDEP qui suivra cet album) et une interview. On en rajoute donc une couche par l'intermédiaire de Replica records, label de Metz, qui s'est occupé du cas du groupe de Longwy. C'était dans l'air du temps depuis un bail. Cette réédition voit enfin le jour agrémentée d'un coupon de téléchargement avec six titres de cet album appelé 1988 en version démo. Toujours aussi incontournable.
[publié le 05 octobre 2021]


Shallow North Dakota, Ken Mode, Kowloon Walled City
En début d'année, un vinyle comprenant Ken Mode, Kowloon Walled City et Shallow North Dakota a été publié. Il aurait été préférable de ne jamais le voir. Un disque pour aider Tony Jacome, le batteur de Shallow North Dakota qui venait de se faire diagnostiquer un cancer du pancréas, afin de récolter des fonds dans ce système de santé américain impitoyable. Hélas, on vient tout juste d'apprendre que Tony est décédé. Reste ce beau disque, cet élan de solidarité avec Ken Mode et Kowloon Walled City qui reprennent un morceau de Shallow North Dakota, ces derniers offrant aussi un inédit. Vous pouvez aussi faire un tour sur le bandcamp de SND et découvrir ce groupe canadien qui avait sévit dans les années 90 avant de réapparaître en 2004 avec l'album Mob Wheel. Un mélange de Helmet, Tad et d'un truc encore plus lourd. C'est du brutal, comme ce putain de cancer.
[publié le 05 octobre 2021]



Poster Split | Exhalants, Moon Pussy, Most Efficient Women, Dug
C'est un poster de Ethan A. Hahn que vous pouvez acheter. C'est surtout sept inédits de quatre groupes en vue dont vous pouvez vous gaver. Exhalants nous gratifie de Void, titre fleuve de dix minutes qui laisse pantois. Moon Pussy - dont l'album publié l'année dernière dans une indifférence un peu trop forte alors que c'était un summum de noise-rock - démontre toute sa dextérité avec Splice et Erasure délicieusement mordants et acerbes. Dug, duo avec Travis Kuhlman, le batteur de feu-Buildings, passe à la vitesse supérieure avec deux morceaux plus convaincants que l'album sorti quelques mois auparavant, notamment avec le génialement angoissant I Have The Right To Destroy Info Myself. Quant à Most Efficient Women, il est le groupe le moins connu mais pas le moins doué pour nous percer divinement les tympans d'un noise-rock affriolant. Un Poster Split numérique, format on ne peut plus étrange mais c'est pour la bonne cause et elle se nomme Lilith Fund.
[publié le 02 octobre 2021]


MoE | interview + 1st preview track from The Crone
Veil of Sound est un webzine basé en Allemagne mais de langue anglaise. Ils ont eu la très bonne idée d'interviewer les Norvégiens de MoE dont Perte & Fracas n'arrête pas de vanter les mérites à la moindre occasion. Et là, c'est coup double car en plus d'apprendre plein de choses sur eux, on peut écouter en avant-première un morceau de The Crone, le prochain album de MoE qui ne sortira qu'en 2022. 9 minutes 17 dans les gencives pour notre plus grand bonheur et qui augure du meilleur. Encore une fois avec MoE.
[publié le 02 octobre 2021]

Interview with MoE + preview track

Yellow Bulb | Data Reject
Buildings n'est plus mais le batteur Travis Kuhlman reste très actif. Outre Dug, il n'est pas resté les bras croisés pendant le confinement et a également formé Yellow Bulb avec Drew Haddon. Une première cassette du nom de Data Reject a été publié par Stickfigure records en juin. Avec la collaboration de Jake Cregger (batteur de Multicult) et Chris Besinger, impayable chanteur de Stnnng, vous pouviez envisager une bonne branlée noise-rock dans les règles. C'est un tort. L'ambiance est à l'expérimental, à l'électronique grouillante, la noise-indus, le ryhme sous toutes ses formes et souvent barré, le sample angoissant et les synthés analogiques pleins de mauvaises intentions. C'est pas simple, ça sent le cauchemar et c'est pas inintéressant.
[publié le 02 octobre 2021]


Ash Mouth | Infinity Land
Minneapolis, toujours aussi prolifique quand il s'agit de fournir sa dose de groupes noise-rock cintrés sur les bords. Les derniers nés s'appellent Ash Mouth et leur première cassette Guess We're Born ? publiée par le désormais incontournable label The Ghost Is Clear est une belle invitation à se laisser aller à des mouvements inconsidérés et des propos déplacés parce que ça sent l'huile de moteur et le cuir tanné. Un quintet qui demande déjà toute votre saine considération.



Dans le même ordre d'idée qui est de vous déboussoler et vous les faire perdre (les idées), Infinity Land se pose comme un bel exemple de noise-rock agité du bocal, velu, aussi carré que vicieux, incontrôlable, prêt pour vaincre tous les assauts et franchement bon. The Ghost Is Clear a publié cette année deux cassettes. Quatre titres en mai, Honest Comedy, et une pochette stressante. Et Under Light, split tape avec Virgin Mother et Heel Turn, deux autres groupes qui n'arrivent pas à la cheville de Infinity Land.
[publié le 02 octobre 2021]



Death Eyes
A l’écoute des trois titres de State Of Fear, Death Eyes s’apprêtait à sortir un album qui allait tout casser sur son passage. Hélas, c’est surtout la grande faucheuse qui est passée. Le chanteur Alberto Jurado est décédé en janvier 2020 pendant l’enregistrement de l’album. Ne reste plus que ces trois compos que Three One G a publié en juillet dernier uniquement en format digital. De quoi raviver encore un peu plus les regrets car ce punk-noise avec ce ton acerbe de Jurado est grandiose, bien mieux que ce que Death Eyes avait fait auparavant, c’est à dire un self-titled en 2015 et le 7’’ Si La Revancha Fuera Una Opcion en 2017. State Of Fear pour la postérité.
[publié le 02 octobre 2021]