wipes
hex


Wipes
Making Friends – LP
Hex records 2022


La présentation de Wipes avait été effectuée en novembre 2021 lors de la sortie du single chez Limitied Appeal. On la refait en version courte. Wipes, c’est deux membres de Tile (Michael Dumoff, batterie et Ray Gurz, chant/basse) et un nouveau guitariste (+ chant), Matt Molchany en remplacement de Michael Morekin, le guitariste de Tile qui a décidé de devenir adulte. Aucune idée si Tile est en hibernation ou si la page est totalement tournée. En attendant, Wipes reprend les travaux de Tile. Et l’intégration de Molchany est d’autant plus facile car il avait enregistré deux disques de Tile. Le gars connaît la musique, sait où il met les pieds et c’est souvent dans la gueule aurait répondu Chuck Norris.
En même temps, Wipes n’est pas non plus tout à fait Tile. Et c’est ça qu’est bien. La lourdeur, la puissance, le fait que ça joue dans les graves, que ce noise-rock fricote avec le sludge, cette volonté d’écrasement, Wipes en connaît donc un rayon et ne donne pas sa part au chien. Mais pour se faire de nouveaux amis, Wipes n’hésite pas à visiter plus régulièrement la face mélodique de la vie, quitte à troquer le massif contre un brin d’insouciance, les grésillements et la saleté contre une parcelle de limpidité, voir d’acoustique sur Frogger, d’approfondir les reliefs entre les sons claires et graves, les passages qui démâtent et les progressions plus calmes, mesurées (Narrows), voir mélancoliques (I Don’t Want To Be Here). Making Friends va assurément permettre à Wipes de se faire apprécier d’un cercle de connaissances plus large.
Treize morceaux variés et pas loin de quarante-cinq minutes (ce qui est assez rare pour ce genre de musique) durant lesquelles Wipes maîtrise son sujet et fait surtout preuve d’une étonnante qualité d’écriture et d’accroches avec dans le rôle principal du pourvoyeur de trouvailles lumineuses, le guitariste. Il possède dans sa besace une ribambelle de riffs et d’arpèges à la finesse inattendue , et ça commence dès Discarded, alors que l’on pensait être piétiné de la tête au pied et plus que les os à ronger. Ce qui peut être aussi le cas, faut pas déconner non plus. Mis bout à bout, ça donne une succession de titres imparables, qui vous écrasent tout en vous laissant respirer, la rythmique qui plombe, une mise sous tension en mode position d’attente, se faire plus sinueux, sombrement et sobrement mélodique, basiquement tapageur, salement efficace, rageur et acharné ou racé et lucide sous la tempête, avec plus de nerf que de gras et cette guitare qui n’a de cesse de vous séduire et vous surprendre. Making Friends, c’est du noise-rock (au sens large) à la vigueur tonifiante, une belle bouffée d’oxygène en toute simplicité.

SKX (06/01/2023)