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Tropical Fuck Storm
Braindrops – LP
Joyful Noise records 2019

Nouvel avis de tempête tropicale sur nos têtes. Après A Laughing Death In Meatspace qui avait sérieusement fait chavirer le rock, les Australiens de Tropical Fuck Storm reviennent avec le second album Braindrops. Mais la tempête s’est adoucie. Ou alors c’est l’effet de surprise qui s’estompe.
Toujours est-il que les deux anciens The Drones (Gareth Liddiard et Fiona Kitschin), Erica Dunn et Lauren Hammel qui signent désormais Gaz, Fi Fi, RKO et Hammer (faites gaffe, Crocodile Dundee va pas tarder à débarquer) persistent à donner libre cours à leur imagination débridée, de s’amuser avec les codes du rock, le triturer, le dévier de sa source, l’empaqueter dans des arrangements intriqués et bizarres, l’amener dans des territoires osés angoissant le puriste tout en le magnifiant grâce à quelques mélopées blues incandescentes et des mélodies sublimes et sobres allant à contre-pied de tout le bordel dont ils sont capables.
C’est juste que sur Braindrops, le niveau des compositions est légèrement en-dessous de son brillant prédécesseur qui avait, il est vrai, placé la barre très haut. Pas aussi globalement incendiaire et enthousiasmant. Avec même des trous d’air et l’envie de zapper plusieurs morceaux qui ont pour nom Maria 62, Aspirin ou l’instrumental Desert Sands Of Venus. Des morceaux vaporeux, indolents, inoffensifs ou chargés d’effets vains. Pas de titres aussi forts et poignants que You Let My Tyres Down ou Rubber Bullies bien que Paradise et Maria 63 peuvent y prétendre. Deux titres placés en ouverture et fermeture dans le registre complaintes poignantes passées au vitriol qui ont de quoi largement rassasier les plus grandes exigences. Parce qu’on l’est avec Tropical Fuck Storm quand on connaît le talent des protagonistes à mettre de la folie et de l’absurde dans leur tambouille à l’instar de cette pochette encore plus invraisemblable que la précédente.
Et si Braindrops ne fait pas monter au septième ciel, l’album assure l’essentiel avec également le sensuel Who’s My Eugene chanté par la guitariste et la bassiste et son rythme propice aux déhanchements sulfureux, suivi de près par le barré et éclaté The Happiest Guy Around et son groove tordu ou les presque sept minutes de Braindrops lors duquel TFS retrouve ce sens de la (dé)construction, du phrasé et de l’inattendu qui font toute l’essence du groupe.
Tropical Fuck Storm reste ce groupe unique débordant de fantaisies, de plaisir et d’idées qui, si elles ne sont pas toutes pleinement réalisées sur Braindrops, ne nous empêcheront pas de continuer à suivre ce groupe de près. Mais il ne possède pas le totem de l’immunité.

SKX (18/12/2019)