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Fun
Death Star – LP
Kaos Kontrol/If Society records 2019

Six ans que les trois lettres de Fun n’avaient pas résonné dans le ciel du grand cirque du rock, depuis le single 1/3. Fun n’était pas mort et enterré, juste en hibernation prolongée. Malgré son nom, Death Star signe le retour du trio finlandais parmi les vivants pour faire briller toujours un peu plus fort l’étoile du noise-rock qu’il maîtrise si bien.
Seulement six titres mais idéal pour une remise en route. Un laps conséquent de temps qui n’a pas foncièrement modifié la donne depuis le dernier album en date New 13. Juste une pointe de mélancolie ou de désenchantement plus présente donnant un relief encore plus classe à leurs joutes anguleuses. Ou appelons ça de la sagesse, eux qui avaient commencé leur carrière dans la peau de jeunes trublions fougueux n’ayant peur de rien pour peu à peu travailler la matière du bruit, lui donner une patine, le façonner en profondeur, implanter des saillies qui restent en mémoire. Death Star suit une trajectoire logique, un palier supplémentaire franchit en ce sens.
Une musique encore plus déchirante à l’instar de Conan Of Love, un morceau qu’il était difficile d’imaginer sortir un jour des fourneaux de Fun. Du sang noir qui coule des veines ouvertes, de l’émouvant dans sa forme âpre, un trait de caractère qui sert de fil rouge à Death Star bien que les cinq autres morceaux soient plus croquants. Fun, c’est la filiation Shellac largement sublimée, secouée de l’intérieur, finement convulsive avec de magnifiques accroches, des riffs qui suintent la nuit et électrisent l’épiderme pour des compositions de plus en plus belles, contrastées et personnelles. Le début de At The Center fait fondre la banquise tout en la fendant en deux avec des points de rupture royalement douloureux et des accélérations poignantes. Death Star est sans doute le morceau le plus évident avec ses paroles entêtantes qui font écho à du vécu dépassant les frontières de la Finlande (it’s not my country, it’s not my government) et une structure aussi mouvante que subtilement répétitive. Rock Heavy et Draw A Clock sont également des sculptures pétries d’élégance sauvage et de mini-incendies que ne renieraient pas Bellini ou Uzeda tandis que Spy Vs. Spy est un instrumental juteux à la dynamique follement étincelante comme de l’aluminium émanant des forges du Chicago sound éternel. Fun a bien fait de réveiller le volcan qui sommeillait en eux. Le trio le dompte plus que jamais.

SKX (12/06/2019)