
tile
corpseflower

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Tile
Stendell – 12’’
Corpse Flower records 2019
Les pochettes de Tile sont toujours très spécifiques et
déphasées. Celle de Stendell ne déroge pas
à la règle tout en changeant de registre/thématique
par rapport aux deux précédents albums. Par contre, musicalement,
le trio d’Allentown ne propose pas de renouvellement ou autant d’originalité
que les visuels et, vous savez quoi, on s’en tape royalement. Le
contraire serait même décevant.
Il va donc être question de moteurs crasseux et de vieilles mécaniques
increvables qui ont bouffé de la route à l’image de
cette musique inusable, cet alliage indécrottable composé
de massivité et d’accroches salvatrices, le bruit et la mélodie
dans un registre d’une densité incroyable et plein de craquements
dans les rouages pour bien entendre geindre à des kilomètres
à la ronde la puissance de feu de la machine.
Stendell, uniquement cinq titres gravés sur une seule face
mais ça n’a rien d’un disque bancal. C’est de face,
sans le temps nécessaire pour faire un pas de coté, qu’on
se prend ces cinq engins magnifiquement carénés. Le seul
bémol viendrait du son, œuvre pourtant de la même personne
qui a mis en boite Come
On Home, Stranger, un certain Matt Molchany. Un enregistrement
plus condensé, étouffant ne possédant pas autant
d’impact et de dynamique que l’album. Tile voudrait nous oppresser
jusqu’à la parano plus sûrement qu’une mesure de
confinement qu’il ne s’y prendrait pas autrement. A part ça,
Tile devient expert en compositions affûtées, manipule la
lourdeur et une fausse lenteur – parlons plutôt de ralentissement
des rythmes n’empêchant nullement l’agression et les brusques
avis de tempête – pour mieux s’enfoncer dans les cotes,
pénétrer les chairs avec doigté et savoir-faire,
l’écrasement pervers par suffocation et des structures adroitement
pensées sous un dehors féroce. Le noise-rock-sludge de Tile
a encore de nombreuses heures de vols devant lui. Le trio revient nous
voir quand il veut.
SKX (19/03/2020)
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