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Demikhov
The Chemical Bath LP
Dio Drone/Sweetohm/Kontingent records 2023
Demikhov nest pas resté inactif entre son précédent
album
en 2017 et ce nouveau et deuxième six ans plus tard, The Chemical
Bath. Un titre sur un split LP avec Calf
et Feedbacker, deux morceaux live qui ne sont pas des inédits avec
trois autres groupes dont Buzzøøko,
une cassette avec un seul titre dune demi-heure. Une période
pendant laquelle on a bien senti que le trio italien poussait de plus
en plus loin son envie dexpérimenter et de jouer avec le
feu, quitte à se brûler.
The Chemical Bath est le fruit de cette obsession bruitiste et
expé qui ne se déverse pas encore entièrement sur
ce disque. Demikhov a gardé sous le coude deux titres plongeant
corps et âme dans les affres dun noise-rock extrême
et tourmenté avec The Leader Is Dead And Everyone Is Grieving
et Abrikosov Formula. Quand Demikhov est dans cette position de
combat, il est impossible de résister. Une machine de guerre lourde
et convulsive, assourdissante, broyant les chairs et les cervelles. Avec
une voix plus présente bien quelle reste dans le fond entre
hurlements screamo et cris aigus à la The Body sans le coté
tête à claque. Jen aurais bien repris de cette bonne
trempe.
Mais les trois membres de Demikhov qui sont Groundlicker (basse), Kaiser
(batterie) et Zano (guitare) ont tous accolé à coté
de leurs instruments de prédilection le mot Noise ou Noiseboard.
Et cest pas pour faire de la figuration. Avec en plus la présence
dun spécialiste de lélectroacoustique et de
la manipulation électro, Mauro Diciocia et la trompette de l'américaine
Monica Khot (Nordra) qui intervient en plus de rajouter elle aussi sa
couche de noise sur Science! Science! Science!. The Chemical
Bath prend ainsi tout son sens. Une immersion sonique où les
machines et les triturations diluent lorganique sur le titre qui
a donné son nom à lalbum, Science! Science! Science!
sans oublier les seize secondes de A Short Journey To The Soviet Brain
Institute. Trois moments de crissements, de grouillements, de bruits
glauques, de samples flippants et dun paysage dévasté.
Reste le cas de Mausoleum. Dix-neuf minutes occupant toute la face
B. Il est permis de serrer les fesses. Ça sannonce colossal
et démesuré. Ça sera écrasant et dronique.
Une compo dune grande lourdeur, rythme de trois tonnes, lenteur
doom qui prend peu à peu son envol, devient tribal, semballe
avant de se faire désintégrer par une vague de quasi silence
et un drone qui sépaissit dangereusement au fil des secondes.
Le piétinement repart ensuite de plus belle. La goule hurlante
maudit la terre entière toujours en retrait dans le mix. Et pour
la fin, Demikhov a pitié de vous et sort un vieux sample tout tordu
mais apaisant dun chur sans doute soviétique puisque
Demikhov est très branché par tout ce qui se passe par là-bas.
Demikhov a voulu faire la totale. Et je dois avouer que ce péplum
nenflamme pas les sens et a tendance à me laisser indifférent.
Si The Chemical Bath a donné la vie éternelle à
Lénine dont tout lalbum est lié à cette histoire
de vie éternelle et de cosmisme russe, il ne donnera pas labsolution
pour Demikhov. Un disque bancal entre anciennes pratiques, nouvelles ambitions
exigeantes et ralentissement des rythmes au sein dun album bizarrement
monté. Reste une magnifique pochette gatefold imprimée sur
du papier avana, cest à dire granuleuse au touché
et sérigraphiée avec une couleur dorée plus un poster
conséquent.
SKX (01/04/2023)
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