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Tile Come On Home, Stranger LP Limited Appeal records 2018 Il aura fallu cinq ans à Tile pour donner suite à leur premier album You Had A Friend In Pennsylvania. L'amitié ne se manifeste pas souvent, les nouvelles sont rares et pourtant, on les aime beaucoup ces gars d'Allentown. Et comme en écho, c'est maintenant toi l'étranger que Tile invite à la maison pour siffler un bourbon avec Come On Home, Stranger. D'ailleurs, tout est lié chez Tile. La pochette s'inscrit dans la continuité de la précédente, toujours aussi décalée, cachant les intentions hostiles du groupe et ne dit pas ce qui se trame à l'intérieur. Elle est luvre une nouvelle fois de Tim Wynarczuk, batteur de Pissed Jeans sur l'album Shallow, batteur de Tile aussi mais qui a laissé cette fois-ci sa place à Michael Dumoff (qui lui jouait dans Bad American avec Ray Gurz, bassiste/chanteur de Tile, c'est bien, on reste entre potes). C'est donc en toute logique qu'il ne faut pas s'attendre musicalement à une évolution radicale. Tile aime le bruit, la lourdeur, expulser sa frustration, la gravité qui plaque au sol, le goût du sang. Viens à la maison étranger, n'aie pas peur, tu auras tout ça en quantité généreuse. Et encore plus pour s'amuser. Car Tile possède aussi le don du divertissement. Et ça, c'est plus nouveau. Une touche rock'n'roll s'invite au bal. Comme si Fudge Tunnel avait choisi Pissed Jeans pour cavalière. Comme du stoner rapide sans les poncifs du genre. Comme du noise-rock vif et lesté de plomb. Un alliage détonnant. Je ne sais pas qui fera honte à l'autre mais le mariage vaut le déplacement. Il en résulte douze titres dont l'écriture gagne des degrés Celsius, perd de la graisse, augmente le rythme cardiaque pour des morceaux devenant des bêtes à concours. Les riffs sont plus que jamais luisants et redoutables. Le groove n'est pas impénétrable mais tentraîne jusqu'au bout de la nuit. La basse racle et donne envie de chérir une enclume. La double lame des chants entre celui du guitariste Michael Morekin plus rageur et celui plus tonitruant du bassiste pimente les rapports. Et surtout, le trio de Pennsylvanie est désormais capable de composer des titres marquant durablement, de véritables brûlots qui font tout le sel d'un album sans temps faible et donnant du relief à une musique bien moins monolithique qu'elle en a l'air, des tornades balayant les récalcitrants qui pensent avoir fait le tour de tout et n'importe quoi. Et même de distiller des aiguilles de finesse, des parties de guitare plus osées comme sur Flammable Human et son drôle d'écho qui émoustille, un brin de piano sur I'll End You ou se mettre à nu en tout simplicité sur les paroles de Father. Tile, un groupe aussi racé que féroce et massif, c'est là tout le miracle d'un disque à consommer sans modération. SKX (23/01/2019) |