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Kourgane
Bunker Bato Club – LP
A Tant Rêver Du Roi records 2021

Pour la première fois de sa discrète vie, Bunker Bato Club connaît le bonheur d’être édité en vinyle par A Tant Rêver Du Roi. Label palois qui à cette occasion fête sa centième référence. Quelle (belle) histoire ! Un CD digipack sorti à l’origine en 2006 (et dont vous pouvez voir l’artwork différent du vinyle à la fin de cette chronique) par Amanita et Relax Ay Voo et qui marquait le retour ou le début de la deuxième vie de Kourgane, celle qui nous intéresse et surpasse tout ce que le groupe aussi palois que son label avait fait depuis ses débuts en 1996 (tous les détails sur la genèse du groupe dans cette interview).
De l’époque du premier album en 1999 (Ivan Rebrof, Lonely Hearts Club Band), Kourgane avait laissé tomber la section cuivrée (saxo et trompette). Le guitariste Gilles Lahonda avait opté pour une guitare baryton pour remplacer la basse qui avait disparu et un nouveau guitariste, Ryan Kernoa, avait débarqué. Jérôme Renault et Frédéric Jouanlong-Bernadou restaient respectivement à la batterie et au chant. La nouvelle mouture de Kourgane pouvait commencer et elle allait tout exploser.
Bunker Bato Club n’atteint pas encore la magnificence de Heavy, l’album suivant en 2008 qui avait permis de découvrir Kourgane et donc Bunker Bato Club en remontant l’échelle du temps – parce qu’à l’époque de Heavy, ce groupe déboulait de nulle part et il avait fallu urgemment découvrir d’où cet ovni venait et tout ce qu’il avait fait avant – ni le grandiose Corps De Chasse en 2011, dernier album en date qui nous laisse depuis sans nouvelle du groupe. Mais les bases étaient présentes.
Un heavy noise comme Kourgane aime à se définir, tendu comme une arbalète qui veut battre des records de distance pour balancer des javelots transperçant l’acier le plus pur, des cicatrices phosphorescentes au milieu d’une nuit païenne, un truc sans nom et sans visage qui vous dévore de l’intérieur en cadence répétitive, avec plein de rage et d’émotions aussi belles que bestiales à l’intérieur. Bunker Bato Club, la machine était lancée. Dès l’introductif Cerf A, sans round d’observation, brame dans les brancards. La pression prend ensuite des chemins détournés voir tordus, se relâche, c’est pas toujours tranchant mais sans cesse original, déjà unique. Kourgane faisait encore preuve de mansuétude à l’époque pour nos petites têtes de girouettes pas prêtes à affronter une tempête au long cours. A se confronter à cette poésie de boxeur qui claque un phrasé phonétique qui me retourne la cervelle, se joue, s’amuse des sons (Tanzanie sur Victoria Lac répété comme s’il avait bouffé de l’hélium), transforme sa voix avec des pédales de la discorde pour faire furie dans les fêtes foraines (Guernica Sobresalto). Non, les sept morceaux de Bunker Bato Club n’ont pas encore la force infernale, la beauté angoissante et obsédante des albums suivants mais pourtant tout est là et c’est bon. Et pour que cette centième soit inoubliable, cette réédition se fend d’un inédit, un huitième titre qui n’était pas là en 2006. Ça se nomme Proche, compo la plus barrée, surréaliste, entre la valse à quatre temps et le coup de poing, l’aboiement et le cri de singe, une petite gâterie qui nous va droit au cœur. Alors fait pas l’imbécile, écoute Kourgane. Tu savais pas mais maintenant tu sais.

SKX (21/07/2021)






Kourgane
Bunker Bato Club CD
Amanita/Relax Ay Voo records 2006 :