bitterbranches
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Bitter Branches
Your Neighbors Are Failures – LP
Equal Vision records 2022

Ce disque a dû mal à quitter la platine vinyle, peut-être parce qu’il a mis du temps à y arriver, se procurer un disque de Bitter Branches en Europe étant un véritable chemin de croix. Ce qui est une hérésie tant Your Neighbors Are Failures devrait figurer en première ligne de toutes les devantures, virtuelles ou non. Des voisins rêvés. En plus, c’est pas comme si Bitter Branches était un petit groupe de débutants dont tout le monde s’en tape. Avec notamment Tim Singer en tête de gondole, l’ex-Kiss It Goodbye et Deadguy (qui vient de reprendre du service) possède de quoi attirer plus d’un chaland élevé au bon grain du hardcore et du noise-rock dont ces groupes sont d’incontournables représentants. Et avec ce premier album qui fait suite au EP This May Hurt A Bit, ces vétérans montrent qu’ils ont toujours la main verte. Et plus que ça. Bitter Branches monte d’un bon cran le niveau. L’adversité à ta porte. Ça grouille de vermine. Aiguiser les couteaux. Le postillon plus acide. Bitter Branches crache des morceaux qui dérouillent, acérés et qui se plantent sans possibilité de les retirer de la planche qui te sert de tête. Incroyablement addictif. Dans toute sa fragmentation et sinuosité, son agressivité et son intense pression, cet album est un boulet d’abrasion qui te roule dessus avec délectation, qui claque à chaque seconde. Dix titres charismatiques et dont le principal talent est de savoir diluer la violence sans l’édulcorer, la distribuer comme un coup fatidique qui fera d’autant plus mal, emprunter des chemins tortueux voir tristes (le poignant Monsters Among Us) pour vous toucher au plus profond. Je ne m’attendais pas à citer Jesus Lizard pour parler de Bitter Branches mais je me suis souvent surpris à penser au groupe de Chicago comme sur Solo Trip, la mise en place rythmique ou les nombreuses parties de basse dantesques de Dan Yemin (Paint It Black, Kid Dynamite, Lifetime et qui ne figurait pas sur le premier EP). Et ça, c’est forcément pas pour me déplaire. Mais ce n’est qu’une évocation, le rendu qu’en fait Bitter Branches étant différent et personnel. Avec la boule de nerf Tim Singer au chant qui pèse chaque mot et chaque cri, qui parle plus qu’il ne chante, prêt à mordre et dont chaque explosion est redoutée et redoutable et le jeu très inspiré des deux guitaristes Matt Ryan et Kevin Sommerville, Bitter Branches n’a besoin de personne pour écrire des morceaux possédant autant de muscle que de cervelle, de puissance que de subtilité, de force et de folie brute. Chaque titre vous prend aux tripes, est meilleur que le précédent, totalement aliénant. Une grande réussite.

SKX (25/09/2022)