37500 Yens
Astero - CD
Distille 2007

Ca fait à peine six jours que j'ai cet album entre les mains mais c'est largement suffisant pour en parler vu que je l'écoute en boucle. 37500 Yens, deux chacals en provenance de Reims, sortant un premier album complètement bluffant. La catégorie duo mais celle qui sort de l'ordinaire. Pas le duo de service qui vous donnera dans l'habituelle équation math-rock. De leurs batterie et guitare, ils en tirent beaucoup plus que ça. Bien sûr, il y a un peu de ça. Un peu de cette complexité de bon aloi, de ce dialogue un rien échevelé entre deux musiciens qui parlent le même langage. Mais ce premier album est beaucoup plus que ça. Toutes ces compositions ont - allez je n'ai pas peur, je lâche le mot - une âme. Une âme où toute notion de technicité est largement dépassée. Des morceaux avec chacun leur ambiance, leur trouble qui vous prend aux tripes. Ces atmosphères variées auxquelles on ne s'attendait pas venant d'un duo. Car 37500 Yens ne se contentent pas d'une instrumentation limitée. Des samples sur le jazzy Microphonie. Un saxophone en mode free et déjanté sur Canard boiteux et joué par le père du guitariste. Un chant - ou plutôt un cri de bête agonisante - sur The Sullivan's Quartet qui, même si il ne dure que quelques secondes, fait son effet. Tout un tas de détails qui, mis bout à bout, forment une cohérence stupéfiante. Ce groupe viendrait de Lyon que la comparaison avec les Bästard leur sauterait dessus aussitôt. Bien que différent, ils partagent avec les lyonnais cette même musicalité, cette même retenue dans un rock qui sait pourtant se faire véhément et explosif, à la manière également des autres lyonnais de Doppler. Des arpèges qui vous bercent, un riff qui vous pète à la tronche, une cavalcade qui vous laisse pantelant sur le bord de la route. 37500 Yens joue avec les sentiments. Le son est éclatant. Ca claque, c'est net (enregistrement et mixage que l'on doit à un certain Urb1 à L'Ilot, chapeau mec !). Tout est parfaitement en place. Huit morceaux qui vous emmènent très loin, très haut. Quand la musique noise est pensée aussi bien avec la tête qu'avec le coeur, que des groupes cherchent encore à se démarquer des schémas pré-établis, on a droit un album carrément impressionnant. Une révélation.

SKX (16/06/2007)