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The
Art of Self-Defense |
Slightly
Dishevelled /
Dirty Dishes And The West Wing |
L'Irlande
a le vent en poupe ces derniers temps en matière de noise.
Avec Slightly Dishevelled, on tient un rejeton qui vaut le détour
et sort du lot. Dirty Dishes And The West Wing est leur premier
album uniquement dispo en cassette et s'il y a à boire et à
manger, vous en ressortirez repu dans tous les cas. Le quintet de
Dublin s'en donne à coeur joie dans la débauche sonique.
De brefs interludes descendant jusqu'à quinze secondes se contentant
d'une simple sirène hurlante qui roule à toute allure
(Nenagh, Nenagh) pour surcharger les sens. Une très
longue compo de plus de douze minutes (Passing) où il
ne se passe pas grand chose et que vous pouvez zapper. Une reprise
d'un fameux morceau traditionnel irlandais popularisé par The
Pogues (Waxie's Dargle). Et neuf autres titres (sur 14) affichant
un visage tendu, virevoltant, urgent avec un Smokey Bacon bien
barré au milieu, un noise-punk éclaté, trépidant,
extraverti à l'instar de son chanteur, enthousiaste, qui met
de réelles bonnes claques comme Fairly Regal ou Bank
Account et une touche psyché pour conclure avec Mezzanine
Mind. Un truc assez inclassable au final et plein de vie qui inflige
une bonne grosse dose de fraîcheur à vos tympans toujours
en recherche de bruits nouveaux.
[publié le 21 mars 2025]
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Weird
Machine /
Normal Music II |
Second
EP pour le trio de Boston et ça s'annonce de mieux en mieux
alors que le début
était déjà vachement bien. On touche du doigt
crochu le noise-rock dans ce qu'il a de meilleur. Fort en gueule et
durement poignant (le monstrueux Golden Age), anguleux, abrasif,
tortueux juste ce qu'il faut avec la section rythmique qui tabasse
avec souplesse et mesure, un souffle de rock à la Metz sur
Desk Job et des compos à se damner et se pâmer
de plaisir comme Complainer qui s'écoute en boucle.
Weird Machine, retenez bien ce nom.
[publié le 16 mars 2025]
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Radar
Men From The Moon x Twin Sister /
Mirrors For Discharge |
La
rencontre des six hollandais de Radar
Men From The Moon et le trio Twin
Sister sur la scène du Roadburn Festival en 2022 donne
Mirrors For Discharge. Cinq longs morceaux dont Echo
qui résonne quasi un quart d'heure. Vous n'entendrez jamais
le bruit du public, pas d'applaudissement, rien, nada. Sonne comme
un enregistrement studio que cette hydre à neuf têtes
n'a d'ailleurs pas manqué de modifier en studio en faisant
des ajouts. Mais c'est pour notre bien, pour profiter pleinement de
cette lourdeur, ces répétitions qui s'envolent ou éclatent,
cette pression qui monte et monte encore, cette masse aussi sombre
que lumineuse s'étendant comme une grosse boule d'angoisse,
bénéficier de la puissance des trois batteries, deux
guitares, deux basses plus un synthé et un chant qui sont capables
également de s'engager dans des structures plus rock, explosives
et intenses comme sur Well Of Reflection. Une très belle
bête qui mériterait de voir le jour sur un vrai disque.
[publié le 14 mars 2025]
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Sinews
/
Choreography |
Deuxième
sortie pour le groupe anglais Sinews après Reanimated
EP tout début 2024. Cinq nouveaux titres sur une cassette
pour continuer à parcourir de multiples courants bruyants sans
véritablement s'attarder sur l'un. Ça l'air un peu bâtard
dit comme ça mais Sinews ne manque pas de personnalité
ni de charme grâce à des compos énervées
et enlevées qu'on rangera sous la bannière noise-rock.
Mais c'est fait sans débauche excessive de violence ou de matraquage
velu. C'est de l'Anglais avec le souci de la mélodie, un brin
de subtilité à l'instar de Prop Comic alternant
entre calme et puissance, chaque titre possédant son accroche
bien placée finissant par tout arracher avec les stridences
d'un violon sur le dernier morceau The Steps. Ça peut
paraître affreusement classique comme approche et ça
l'ait sûrement mais Choreography fait valser les doutes,
vous pouvez suivre leurs pas sans crainte.
[publié le 08 mars 2025]
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Excrucis
/
There Are Collectivities That Devour Souls |
Excrucis
vient de Chicago et tout ce qui vient de Chicago ne sonne pas noise-rock.
Mais ça fait beaucoup de bruit quand même. Et de cris
avec Linda Sherman. Et pas que des cris. Tout un panel vocal qui la
rapproche de la chanteuse de Couch Slut qui fait que c'est elle qui
détient les rênes de l'affect, capable d'être aussi
mélodique que se torturer les cordes vocales, colérique
et désespérément rageuse avec beaucoup de justesse
et de conviction. Il en va de même pour la musique. Dans les
milieux autorisés, on parle de sasscore. Un truc qui vient
du punk, du screamo, du post-hardcore avec une pointe de no-wave et
pas mal d'émotions derrière tout le raffût. Et
surtout de surprenants décrochages mélodiques avec un
guitariste beaucoup plus fin et inventif que la moyenne du genre comme
sur Parasite, des changements de rythmes inopinés qui
passent crème (allant jusqu'à une fin trip-hop sur la
fin de Dépassement), une urgence à fleur de peau
et un florilège de titres assez brefs qui accrochent parfaitement
le ciboulot à l'instar de I Resign, Misery Must End
ou Ceasefire. Cassette sur Zegema
Beach records.
[publié le 07 mars 2025]
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The
Art of Losing (+) |
Condominium
Gag - 7''
Deer Healer records 2010
Carl - 7''
Sub Pop records 2013
Thug - 7''
Condominium records 2014
[publié
le 23 mars 2025]
 
Quatrième single de Condominium et le dernier
en formation quatuor avant le départ de la bassiste Kim. Il
a pour nom Gag et cela na rien à voir avec la
pochette quon appellera pudiquement une performance. Par contre,
la musique de Condominium ne fait toujours pas rire. Le groupe de
St Paul nous avait laissé sur une très bonne impression
lannée précédente avec Barricade.
Il revient en 2010 armé dintentions aussi belliqueuses
que larvées. Quand Condominium nest pas frontal, il nen
est que meilleur. Et qui aurait pensé après le premier
single qui alignait quatre titres en quasi autant de minutes que ce
groupe allait sortir une compo de plus de sept minutes deux ans plus
tard ? Cest le délire de Gag et cest un
grand moment de passion primaire, une longue montée ne sembarrassant
pas de superflu, qui avance méthodiquement, cogne avec amour
et délivre son fiel dans une simplicité prenante. Sur
la face B, si Condominium semble vouloir se racheter de quelques mauvaises
actions avec Redemption Song, ce nest sûrement
pas de lorgner chez quelques bons groupes sauvages et hirsutes de
Amphetamine Reptile avec un titre qui secoue bien le cocotier noise-rock.
Quant à The Entire Human Body, cest un instrumental
ressemblant à une descente de trip avec une mélodie
psychédéliquement malade et plein de bruits étranges.
Condominium est décidément plein de surprises sur ce
single loin des standards du début.
:: download
Gag 7''
info : 33 rmp, 1 insert with lyrics. Recorded by Matt at A Harder
Commune Studios May 2009. Condominium are Brad, Kim, Joe, Matt.

 
Après un album dont on reparlera plus tard,
Condominium désormais en trio refait son apparition avec un
cinquième single en 2013 chez Sub Pop. Rien que ça.
Après des sorties à larrache sur leur propre structure
et autres labels DIY miséreux, cest une belle promotion.
Qui ne fera rien de plus pour leur gloire. Faut pas déconner
non plus. Pouilleux un jour, vilain petit canard pour la vie. Ce single
trois titres a pourtant de quoi en mettre plein la tronche. Tout dabord
avec Show Them et Eating The Universe qui font songer
à une version plus farouche de Pissed Jeans, cest à
dire un rustre moment de rocknroll noise ne faisant pas
de quartier. Jouissif. Et puis avec Carl, la face B qui a donné
son nom à ce single. Le chanteur-bassiste Matt Castore en a
bouffé de ce rongeur et avec les poils pour donner ce grain
enroué inimitable et menaçant. Et comme Carl
fricote de travers, soupèse la tension, se cabre, avance à
une cadence plus tempéré incitant à la méfiance
afin de mieux libérer toute la frustration qui le travaille,
Carl est tout simplement un des meilleurs morceaux de leur
répertoire. Passé et à venir.
:: download
Carl 7''
info : 45 rpm. Condominium are Brad, Joe, Matt. Engineered by Matt,
January 2013 at A Harder Commune Studio.
 
 
Thug paraît en 2014. Cest le sixième
single et le dernier. Le batteur est parti vivre à New York.
On retrouve trace dultimes concerts en 2017. Le groupe na
jamais officiellement splitté mais na pas donné
signe de vie depuis. Après Sub Pop, retour à la maison
sur leur propre label qui a le même nom que le groupe pour la
référence Condo-05. Trois titres qui laissent des regrets
car le trio semblait maîtriser de mieux en mieux son sujet.
Entre leur approche punk-noise plus frontale et ce désir de
brouiller les pistes et un peu les structures, Thug, Limits
Of Awareness et encore plus Perfect Gift sur la face B
sont trois belles balles fumantes, un mélange idéal
de nuisances et de jubilation primaire, de matraquage et de tortuosité.
:: download
Thug 7''
info : 45 rpm with lyrics. Condominium are Brad, Joe, Matt. Engineered
by Matt at A Harder Commune Studio, March 2014.
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Condominium
Hello Tomorrow - 7''
Condominium records 2008
Pupils - 7''
Condominium records 2008
Barricade - 7''
Fashionable Idiots records 2009
[publié
le 16 mars 2025]


Condominium, un groupe de St Paul, Minnesota, un album
au compteur et surtout spécialiste du format single. Il en
compte six. On débute par les trois premiers. On oublie trop
souvent que Condominium a commencé en tant que quatuor avec
Matthew Castore (chant), Brad Stiffler (guitare), Joe Boyd-Brent (batterie)
et une certaine Kim à la basse quelle délaissera
au bout du quatrième single. Cest Castore (qui à
la base du groupe) qui cumulera alors les postes de bassiste et de
chanteur. Hello Tomorrow est le nom de leur premier single
en 2008. Quatre titres qui ne sont pas les meilleurs de leur répertoire
mais pour ce groupe qui venait de se former à peine un an auparavant,
lurgence a toujours été de mise alors pas de perte
de temps, il faut bien commencer un jour, on peaufinera plus tard.
Quatre titres entre 90 et 120 secondes dun hardcore-noise crapouilleux
et primaire, entre Black Flag et les énergumènes dAmphetamine
Reptile résidant à quelques encablures de St Paul avec
ce quil faut de dissonances et de larsens à linstar
de Elevators ou la fin de Lets Die pour vriller
les oreilles et se dire que le meilleur est à venir.
:: download
hello tomorrow 7''
info : 45 rpm, 1 insert with lyrics. Condominium is Brad, Joe, Kim
and Matt. Recorded October 2007 by Matt at So Mournful Studios. As
if you could kill time without injuring eternity.

 
La même année, en 2008, Condominium enchaîne
avec Pupils. Cest le nom de la face A, le titre principal
et on sent déjà chez Condominium la volonté de
tordre le cou à des structures trop rectilignes, de rajouter
de lintensité et de labrasion sans que cela passe
par la rapidité du rythme, aller voir si au-delà des
trois minutes sil existe une vie pour le punk qui sommeille
en eux et se rapproche ainsi dun Hammerhead première
période. Cest leur premier bon morceau. Face B, On/Off
et Displacement reviennent aux fondamentaux. Avec hargne et
panache et une couche de puissance supplémentaire par rapport
à Hello Tomorrow et dun bon gros bordel en plein milieu
de Displacement. Tout ça est bon signe.
:: download
pupils 7''
info : 45 rpm, 1 insert with lyrics. Condominium are Matt, Kim, Brad,
Joe. Recorded by Matt at So Mournful Studios June 2008.

 
Lannée suivante, Condominium publie Barricade.
La basse de Kim en intro commence à prendre du nerf et plus
de place montrant la voie à une compo qui na plus peur
de sétendre. Et ça sera pareil pour la face B
Big Plans qui titille les cinq minutes. Le quatuor nhésite
pas à développer ses idées, se faire un brin
plus tortueux, réfléchir avant de frapper pour que ça
soit plus efficace, voir carrément ralentir sévèrement
la cadence sur Big Plans donnant dans la ballade instrumentale
virile. Linfluence de certains groupes de chez Amrep se fait
de plus en plus sentir et ça, cest vraiment un signe
fort.
:: download
barricade 7''
info : 45
rpm, 1 insert with lyrics. Condominium are Brad, Joe, Kim, Matt. Recorded
May 2009 at A Harder Commune Studios with Matt.

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The
God Machine
One Last Laugh In A Place Of Dying... - CD
Fiction records 1994
[publié
le 02 mars 2025]
 
Le blanc du deuil. Une pochette dun dépouillement
exemplaire. Et ces tristes et sobres mots au verso, Dedicated To
Jimmy Fernandez et à lintérieur du CD, For
Our Friend Jimmy. Jimmy Fernandez, bassiste de The God Machine,
mort à 29 ans alors que le trio portait la touche finale à
son deuxième album One Last Laugh In A Place Of Dying
.
Qui ne se serait sans doute pas appelé ainsi sans ce funeste
évènement. Il a été dit que les deux membres
restants, Robin Proper-Sheppard (guitare, chant) et Ron Austin (batterie)
sous le choc du décès de leur ami ont laissé
les morceaux en létat, aucune modification supplémentaire
na été apporté et les titres utilisés
pour les sessions de travail pendant lenregistrement sont restés
ainsi. The Devil Song, The Life Song, The Train Song,
The Sunday Song, etc. Est-ce pour cette raison que cet album
sonne plus brut (toutes proportions gardées), avec moins darrangements
ou de samples comme sur Scenes From The Second Storey ou cela
naurait rien changé ? Toujours est-il que One Last
Laugh In A Place Of Dying consacre The God Machine comme un formidable
groupe à la qualité décriture hors-norme.
Encore plus dune heure de musique, quatorze compos et pas une
seule seconde à jeter. Des riffs qui marquent au fer rouge
(The Tremolo Song, Mama, Alone, The Love Song,
Painless) sur un disque aux effluves générales
plus dures et rock à linstar de Evol qui est le
morceau le plus abrupt et noise de leur répertoire. Dans un
monde parfait, ces morceaux auraient dû être mondialement
connus. Les mélodies coulent de source. Les compos aussi longues
soient elles se déroulent sans accro et sans temps mort. Et
la subtilité na pas quitté The God Machine, tout
comme cette profonde mélancolie, cette sourde tension qui rend
la musique encore plus belle et prenante. Et les violons présents
sur In Bad Dreams et The Hunter, les samples se mélangeant
à la fin de The Devil Song, la guitare acoustique sur
The Flower Song et la classe de ces morceaux qui navaient
pas besoin dajouts font dire que cet album était le produit
final que The God Machine souhaitait et que la mort subite de Fernandez
na rien changé. Comme pour Scenes From The Second
Storey, ce second album vient dêtre réédité
en vinyle et en a profité pour se refaire un relifting sonore.
Aucune idée comme ces rééditions sonnent mais
si vous voulez loriginal, ces deux albums incontournables sont
là pour vous. Après The God Machine, Robin Proper-Sheppard
a crée Sophia
(toujours actif) alors que Ron Austin, après près de
trente ans darrêt de toutes activités musicales,
a retrouvé le chemin des studios avec Mercylane.
:: download
one last laugh in a place of dying CD
info : Produced by The God Machine, engineered by Kenny Jones, recorded
at Blackwing Studios and Matrix Studios. Strings for In Bad Dreams
and The Hunter arranged by Robin Proper-Sheppard and Nick Ingam, performed
by Peter Lale, Martin Loveday, Perry Montague-Mason and Gavyn Wright.
Thanks to all those who still believe. Dedicated To Jimmy Fernandez.

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The
God Machine
Scenes From The Second Storey - CD
Fiction records 1993
[publié
le 23 février 2025]
 
La réédition en vinyle en ce début
dannée des deux albums de The God Machine a donné
envie de ressortir les vieux CDs. Et si un groupe mérite quon
braque à nouveau les projecteurs sur lui, cest bien The
God Machine. Cest pas quil soit totalement inconnu, loin
de là, mais il aurait pu être énorme, devenir
un groupe phare des 90s. Il est juste devenu culte, un groupe
oublié, un groupe quon chéri jalousement en marge
des courants dominants et dont le nom fait toujours frissonner ceux
qui savent. Mais la tragédie a frappé The God Machine.
Pendant lenregistrement du second album en 1994, le bassiste
Jimmy Fernandez meurt dune hémorragie cérébrale
après avoir été admis à lhôpital
quelques jours plus tôt suite à de violents maux de tête.
Dévastés, les deux autres membres du groupe, Robin Proper-Sheppard
(guitare, chant) et Ron Austin (batterie) mettent fin à The
God Machine. Mais ceci nexplique pas entièrement le fait
que leur premier album Scenes From The Second Storey publié
un an auparavant nait pas connu le succès quil
aurait dû obtenir. Ne figure jamais dans aucun bilan et autres
classements à la con des meilleurs albums de lannée.
The God Machine na pas réussi à trouver sa place
dans un monde musical trop compartimenté. Et encore moins sa
place dans son pays dorigine. Les trois membres sont américains,
originaires de San Diego et Los Angeles. Mais cest en déménageant
en Angleterre en 1990 quils vont se faire connaître et
passer pour un groupe anglais et quil reste largement méconnu
de lautre coté de lAtlantique. Après quatre
maxis, le trio publie carrément un double-album pour ses débuts
sur Fiction records, le label connu pour héberger The Cure.
78 minutes. Rien que ça. Qui commence par un sample dune
citation de lécrivain Paul Bowles sur Dream Machine,
soit exactement le même sample qui ouvre Enemy Of The Sun,
lalbum de Neurosis paru aussi en 93. Un premier disque dans
lequel The God Machine a déversé toute sa grandeur,
ses tourments, sa colère, sa tristesse. Un disque aussi sophistiqué
que brute, solennel, mystique, profondément mélancolique
et sombre, tribal et lumineux, capable de passer de rythmes lourds
et de riffs puissants à des moments dune rare grâce
et beauté (Its All Over qui fend le cur,
The Piano Song), parfois au sein dun même morceau
comme The Blind Man qui débute à la guitare acoustique
et termine dans une chevauchée violente et exaltée ou
les neuf minutes de Purity balançant entre musique symphonique
et cavalcade tribale et répétitive. Capable dalterner
le calme et la tempête, la simplicité et la complexité,
décrire des titres qui avaient tout pour devenir des
tubes (She Said, Out, Home avec les magnifiques
Voix Bulgares en intro) et les longues pièces à se damner
(Seven qui en fait seize de minutes avec clarinette, violon
et violoncelle à l'appui), évoquant aussi bien Swans
période Love Life que Spacemen 3, The Cure ou Joy Division
pour ne finir par ressembler quà eux-mêmes, pratiquant
autant le post-rock qui ne sappelait pas encore comme ça
que le metal le plus brillant et bien dautres courant que le
trio a amalgamé pour le fondre dans sa propre matrice. Un mélange
unique de force et de fragilité avec le chant du torturé
Robin Proper-Sheppard pour treize compos marquantes et charismatiques,
avec de lespace et de lampleur qui décuple limpact
de cette musique, tout comme elle pouvait se révéler
hypnotisante en concert si mes maigres souvenirs dun show à
Londres en 93 ne sont pas déformés. Un album épique
qui na toujours pas déquivalent.
:: download
scenes from the second storey CD
info : Robin Proper-Sheppard vocals, guitar. Ron Austin drums,
piano. Jimmy Fernandez bass. Produced by The God Machine, engineered
by Kenny Jones. All songs recorded at Blackwing, Maison Rouge and
Matrix studios, London except the Piano Song and It's All Over recorded
at Joe's garage with Roger Askew and Temptation as a live improvisation
recorded in room three. All songs mixed by Kenny Jones at Matrix studios.
Mastered at the Townhouse by Kevin Metcalfe. Vocal chant on The Desert
Song by Katharine Gifford. Programming by Andy Montgomery, preacher
provided by the burting church, vocal on Home by the Voix de Bulgares,
clarinet on Seven by Ian Bishop. Purity recorded acoustically with
Christiane Van Der Lee on cello, Anthony Pleeth on cello, Gavyn Wright
on viola and Neil Filby on violin, string arrangement by Robin Proper-Sheppard;
conducted by Nick Ingman. All other atmospheric nuances and nuisances
created by The God Machine and Kenny Jones. Sleeve by Designland.

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Roof
The Untraceable Cigar - CD
Red Note/Manifatture Criminali records 1996
[publié
le 09 février 2025]
 
Roof était un groupe né de linitiative
de Tom Cora au violoncelle et Luc Klaasen plus connu sous le pseudo
de Luc Ex pour avoir été le bassiste de The Ex de 1985
jusquà lalbum Dizzy Spells en 2001, qui
se connaissaient depuis les deux albums collaboratifs entre Cora et
The Ex en 91 et 93. Avec le batteur Mickael Vatcher et le chanteur
Phil Minton qui a fêté ses 84 ans en novembre dernier,
le quatuor a publié en 1996 The Untraceable Cigar, premier
et unique album et pas seulement parce que ce fût le seul album
de Roof. Tout concourt à ce que ce disque soit un mets de choix.
Musique improvisée, punk, avant-garde, rock débridé,
free-jazz déconcertant, The Untraceable Cigar reflète
les univers de musiciens venant dhorizons très variés
pour créer une symbiose aussi dingue que poétique, une
secousse tellurique et des envolées sensibles explosant en
milliers de fragments semblant prendre des trajectoires opposées
pour finalement se regrouper sur un canevas improvisé qui tient
divinement la route et embarque dans des contrées inexplorées.
Le chant de Minton, vocaliste dexception à base de scat
(technique venant du jazz consistant à émettre des sons
uniquement composés de borborygmes, onomatopées, couinements,
syllabes inintelligibles, imitation vocale dinstruments) et
qui ne chante que le temps de The Prince dans un registre proche
de Tom Waits ou sur The Letter (une reprise de Harry Partch)
est pour beaucoup dans ce sentiment de folie aliénante qui
suinte dans chaque morceau. Lintensité quil y met
est subjuguante. Et entre le jeu de batterie très free et plein
de convulsions et déchirements de Vatcher, les lignes de basse
toujours aussi inspirées et percutantes de Luc Ex et les tirades
de Tom Cora se révélant mélodiques, tendues,
tortueuses, grinçantes, libres daller où bon il
veut, The Untraceable Cigar est une création originale,
belle, cathartique, dérangeante, fertile en rebondissements
et en accalmies somptueuses avec des titres comme The Trace,
Blind Spots, Janna Lied, Sage In Doubt et surtout
Diving Bell. Neuf minutes trente dune répétition
qui va crescendo dans la tension, la démence, joue avec les
nerfs, un Phil Minton quon ne contrôle plus pour une compo
qui devient encore plus belle avec les notes du violoncelle prenant
des tournures simples, profondes et mélodiques avec un minimum
de changement. Une transe saisissante. Hélas, Tom Cora meurt
le 9 avril 1998. The Untraceable Cigar naura donc pas
de suite. Reste un album live, Trace, qui paraît en 98,
avec trois inédits à la clef. Les trois membres restants
vont tout de même créer 4
Walls avec le pianiste Veryan Weston à la place de Cora
mais la magie nest pas aussi forte. Reste aussi le souvenir
tenace dun concert de Roof à Rennes aux Tontons Flingueurs,
deux jours avant le décès dun Tom Cora qui avait
voulu faire une dernière tournée alors quil se
savait condamné par la maladie, mourir sur scène où
il avait toujours vécu et rayonné. Et cest limpression
quil a donné ce soir là. Personne noubliera
le sourire quil avait affiché comme par magie une fois
sur la scène exiguë des Flingueurs alors que juste avant,
depuis que javais été le chercher à la
gare de Rennes avec Phil Minton jusquà quelques secondes
de quitter le backstage, son humeur était massacrante. Le bonheur
navait pas quitté son visage une seule seconde du concert
pendant quil triturait son violoncelle dans tous les sens. Le
concert avait été de toute beauté et restera
à jamais un moment spécial personnellement.
Ça me tenait à cur de lui dire par ces quelques
mots, bien quil ne le saura jamais, quavec la discussion
que nous avons eu après le concert alors que je le raccompagnais
à son hôtel, il ma tout simplement sauvé
la vie.
:: download
Roof CD
info : Tom Cora cello, Luc Ex bass, Phil Minton vocals, Michael
Vatcher drums. Recorded and produced by Dolf, mixed by Dolf and Roof,
at the Koeienverhuurbedrijf studio in Purmerland, Netherlands, in
January and February 1996. Photos and design Isabelle Vigier, cover
photo by Les Frères Lumière.



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