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Sweet Williams
Four Five – 3xLPs
Wrong Speed records 2025

Mais qui sort encore un triple album en 2025 à l’heure des plateformes de streaming et des playlists et qu’écouter plus de trois morceaux à suivre d’un même artiste est un digne d’un marathon pour plus d’un pèlerin ?! Rien que pour ça, j’adore ce nouveau Sweet Williams. Une idée loufoque et téméraire née de l’esprit de Thomas House, le seul à la barre de Sweet Williams. Four Five comme 45 ans et comme quarante-cinq morceaux pour fêter chaque année de son existence. Plus de deux heures s’étalant sur six faces gorgées de musique. A écouter comme un tout. Je l’ai fait deux fois. Yavait pas de récompense à la fin. Ou disque par disque, comme un album unique à chaque fois. Sans qu’un fil précis distingue un disque d’un autre. A faire selon l’envie, le hasard, l’humeur du jour.
Une collection de vignettes sonores généralement assez courtes et impressionnistes. Sauf pour le morceau d’introduction Ghost Jury qui dure pas loin de dix minutes ou les six de Send Rope mais pas de quoi se pendre, rassurez-vous. Un Sweet Williams libre d’aller où il veut, se faire plaisir avant tout, aller dans des contrées inexplorées par son projet qui a déjà six albums au compteur, inviter quatre personnes sur une poignée de titres et dérouler le fil de sa vie au gré de sa fantaisie. On va pas se mentir. Chaque morceau de Four Five n’est pas inoubliable. Mais vous avez de quoi largement trouver votre bonheur dans cette orgie de compos. Il faut juste de l’attention et du courage et ce ne sont pas vos qualités premières.
Sweet Williams déambule au milieu de morceaux sombres et introspectifs, trimballe le poids des ans et son anxiété pour mieux la dynamiter dans des punk songs vivifiantes (The Bangles From Hell, Rope Science ou Even Funnier) bien que l’ambiance générale évolue dans une aura traînante et mélancolique avec juste son chant et sa magnifique guitare électrique qui sonne toujours aussi bien (le flamboyant Wreck), ère dans les parages d’un slowcore à la Brick Layer Cake ou plus répétitif, sorte de Lungfish minimaliste (Fred Is Dead) sur les faces E et F qui ne sont pas loin d’être mes préférées avec des compos belles, graves et attachantes.
Sweet Williams se lance aussi dans des morceaux plus expérimentaux, des collages sonores, des instrumentaux anguleux, triture une boite à rythme, passe au chant féminin avec Alessia Lee sur Moper et Little Numbers ou donne sa version du blues avec Send Rope. Alors certes, s’enfiler un triple album, c’est long mais Four Five recèle de trésors et témoigne de la vitalité jamais prise à défaut et de la créativité débordante de Sweet Williams. Un Thomas House qui avait terminé l’album précédent en glissant un CD bonus qui était censé être la version démo de son prochain album. C’était déjà pas banal mais il est parti sur un autre délire. Il faut s’attendre à tout avec Sweet Williams et le coup du triple album, c’est quand même une sacrément bonne idée osée qui vaut le déplacement. Happy Birthday Thomas et merci du cadeau !

SKX (24/06/2025)