louse
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Louse
Creep Call – LP
Riot Season records 2024
Small Pleasures – LP
Makeshift Swahili records 2024

Louse attaque bille en tête avec Worm à un rythme qui n’est pas de limace. Ça n’empêche pas le groupe anglais de baver son scum rock en laissant une belle trace chaude et poisseuse. Découvert par l’intermédiaire du split avec The Shits avec qui Louse a partagé bien plus qu’un disque puisque deux membres de The Shits jouent également au sein de Louse. Et devinez quoi, ces deux groupes partagent également un goût immodéré pour le scum rock. Monomaniaque. Le clan avance en rangs serrés.
Louse avait remis ça avec Wet Work, une cassette qui vomissait comme il se doit son dégoût de l’humanité sur fond de gros riffs crasseux. Creep Call prolonge le plaisir et consacre le groupe de Newcastle sur l’autel de la dépravation. Les deux guitaristes Septic Pete et The King of Sting sont dans un bateau et le premier qui fait un riff harmonieux tombe à l’eau dans un océan de honte. Alors ça ponce, ça couine, ça patine, ça déraille jusqu’à l’amnésie. Dieta di Patata à la slide basse fait de la basse moite et glissante qui rebondit sur ton ventre velu et dodu. La batterie de Mister P. tient la barre, impulse la vie dans un marécage visqueux. Et au chant, The Captain est le coq qui a pondu les œufs (I am the rooster that lays the eggs). Ne vous étonnez donc pas que l’omelette ait un goût douteux. Sans oublier celui qui ne dit pas son nom qui souffle parfois dans un saxo comme un crevard.
Creep Call, une sale ligne fréquentée par des experts en la matière. Brainbombs, Drunks With Guns, The Stooges et aussi Clockcleaner quand les titres se font plus hargneux et rentre-dedans. Une belle brochette qu’un Louse sans peur et sans reproche embroche, avilit, déglutit et recrache avec encore plus de friture sur la ligne, des bouts d’os sanguinolents, de la chair qui trépigne et une volonté d’aller encore plus profondément dans le primitif, la répétition aliénante et le désespoir hurlant.
Mais ce qui fait que Creep Call vous colle vraiment à la peau, c’est l’extrême ardeur avec laquelle Louse enfonce son dard. Pas le genre de la maison à s’apitoyer sur la misère du monde mais plutôt à la répandre pour mieux se rouler dessus avec force et virulence. Mister P. est une pulsion essentielle, une solidité percutante s’autorisant parfois quelques rythmiques entraînantes (Phrogging). Worm est une brillante entrée en matière vigoureuse mais que dire de Suffer ou du chaud-bouillant Camel Blue. Et quand c’est plus lancinant et retors, l’intensité et la furieuse abrasion restent à un taux identique. Quand c’est plus long aussi avec Wishlist / Slave Morality à double tranchant comme son titre entre un début sournoisement lent et une fin vive, brutale qui laisse la langue pendante. Et avec la touche de saxo en prime, c’est l’extase, les compos qui s’enflamment (You Don’t Eat The Bull) ou Wet Work qui siffle par toutes ses artères sous pression, l’emballement général, The Captain qui a bouffé le coq les plumes avec pour hurler du matin au soir de sales histoires donnant envie de traîner dans tous les mauvais coups. Creep Call, ne rater surtout pas cet appel.







Et comme ya pas de petits plaisirs, quelques semaines avant la sortie de Creep Call, Louse avait publié Small Pleasures. Qui n’en est pas un entier à l’écoute de la face B puisque ces trois titres figurent à l’identique sur le split avec The Shits. Certes, il est épuisé. Pour les retardataires, c’est une aubaine. Pour les pressés, c’est une rengaine. Alors allez (re)lire les lignes écrites pour une fois en temps et en heure, ça vous fera les pieds. Par contre, les trois morceaux de la face A sont inédits. Et c’est pas de refus. Louse ne connaît pas la crise avec Small Pleasures bien juteux et Little Jimmy plus traînant pour un scum rock toujours incendiaire. Et la cerise dans le caniveau, Christian Rat Attack, une reprise de Stick Men With Rayguns. Louse paye son hommage aux anciens (comme il le fait sur la face B avec Fist Puppet, une cover de Drunks With Guns) à qui le groupe anglais doit beaucoup. C’est pour ça qu’il le fait mieux que quiconque avec The Captain qui s’égosille magnifiquement les cordes vocales dans un nid de morpions pour une reprise aux petits oignons respectant l’original qui était déjà grandiose.

SKX (06/01/2025)