less
atrdr


Less
Crawl In The Blur – LP
A Tant Rêver Du Roi records 2025


Less continue de grandir et à en faire toujours plus. Cette fois-ci, c’est l’album en bonne et due forme après un échauffement six titres et toute une série de EP ou cassette. Et ce n’est pas qu’une question de taille et de format. C’est surtout la faculté d’atteindre une dimension noise-rock supérieure, développer les acquis pour les rendre plus violents, intraitables et passionnants, les transformer en une succession de torpilles incendiaires capables de percer les bétons les plus épais en gagnant en efficacité. Less n’a jamais été prêté le flanc à la rigolade mais là, c’est du sérieux.
Crawl In The Blur ne nage pas dans le flou, il déchire les flots à la hache en semant la tempête autour de lui. En formation trio batterie deux basses plus chants, le groupe de Tours a resserré le propos, fonce dans le tas et dans le rouge avec des structures simples, matraquées, une volonté de faire mal à chaque intervention tout en maintenant une certaine aptitude au refrain tueur, d’une basse jouant le rôle de la guitare déguisée pour pondre le riff accrocheur et un groove agressif mais propice aux mouvements irrépressibles du cou vers la direction des genoux et du tremblement de tout le reste du corps. Ça n’empêche pas Less d’aller tâter le terrain au-delà des cinq minutes sur Burn, de propager le chaos, de convulser, de faire un bordel noise comme rarement entendu en France (on comprend l’intérêt de labels américains chevronnés en la matière avec Reptilian et The Ghost Is Clear qui ont sorti la version pour leur continent) avec une texture chargée en densité, en gravats, en larsens n’ayant pas peur du mur du son en mode barrage de grosses basses sales et distordues et voix trafiquées n’hésitant pas à montrer les crocs et monter le volume et jouer avec comme sur l’explosif et bien nommé Make Them Bleed. Avec toujours cette pointe de Metz coincée dans leurs secousses noise, Less aligne les compos aussi urgentes qu’entraînantes, concassées et salement percutantes. Mis à part le début plus calme de My Sentence et autres menus passages, Less n’arrête jamais. Ça peut paraître éreintant pour les pieds-tendres mais Less pilonne avec une sauvage maîtrise, des accroches/idées multiples qui aèrent les bronches et offre un grand moment de bravoure.

SKX (23/06/2025)