jaaw
svart


JAAW
Supercluster – LP
Svart records 2023

JAAW, soit les initiales des prénoms des quatre protagonistes. Jason Stoll (Mugstar, Klämp, Sex Swing), Adam Betts (Three Trapped Tigers, Goldie, Squarepusher), Andy Cairns (l’inusable guitariste-chanteur de Therapy?) et Wayne Adams (Petbrick, Death Pedals et surtout connu pour ces multiples enregistrements de toute la crème noise-rock anglaise). JAAW, le prototype du supergroupe. Un vieux réflexe pavlovien a toujours provoqué une certaine réticence à de tels assemblages fabriqués de toutes pièces. Quand on vous annonce en plus que ce projet se range dans la case metal industriel, la fuite devient un autre réflexe.
Heureusement, Wayne Adams, qui a bien sûr mis en boite Supercluster, lui a donné une bonne couche d’abrasion et un vernis noise pour conférer à ce style suranné une puissance et un mordant moderne qui font que Supercluster explose bien au-delà des limites d’un genre qui n’aurait jamais dû dire son nom car finalement, il ne saute pas vraiment aux oreilles.
Par contre, ce qui traverse les tympans possède un sacré volume et de la densité. Une texture de sonorités riche en effets synthétiques, saturations, triturations, feedback, avec des guitares qui envoient du lourd et une batterie qui enfonce le clou créant un amas industriel où s’agglutinent Ministry, Killdozer, Godflesh et autres faiseurs de bruits urbains pour des lendemains de fin du monde où le grand ménage a enfin été fait. JAAW y va donc de sa contribution avec sa propre coloration qui ne fait pas mouche à chaque fois. C’est parfois plus assourdissant que réellement touchant et vibrant, le froid envahit les circuits et on écoute ça de plus loin. Mais la force de frappe peut se faire aussi captivante et impressionnante, l’angoisse palpable, la tension croissante, les volutes psychédéliques s’épaississent et prennent un malin plaisir à venir brouiller les pistes et diversifier le propos (Total Protonic Reversal et The Dead Drop). Huit morceaux avec chacun leur personnalité, allant aussi bien dans la pulsation lourde et frénétique que le lancinant s’étirant pendant près de neuf minutes (Bring Home The Motherlode, Barry) avec même une surprenante reprise de Bjork (Army Of Me) pour clore l’album. Supercluster n’est donc pas que le résultat d’une association de membres de groupes venant de galaxies différentes mais fédère des personnalités hétéroclites et aboutit à un véritable disque cohérent.

SKX (06/11/2023)