sexswing
rocket


Sex Swing
Type II – LP
Rocket records 2020

Second numéro d’acrobatie avec la balançoire du plaisir pour se faire exploser dans les grandes largeurs. Quatre ans après un premier album qui avait provoquer de vigoureuses et brillantes étincelles, le sextuor anglais remet le couvercle avec Type II. Tim Cedar qui désirait se concentrer sur Part Chimp a laissé sa place aux claviers à Oliver Knowles et la foudre continue de s’abattre impitoyablement. Elle prend même une dimension supérieure. C’est ce qu’on doit appeler mettre les bouchées doubles ou se donner les moyens de son propre vertige.
Le son s’est étoffé (Martin Ruffin à l’enregistrement et ce diable de Wayne Adams au mixage). Prolifération de sonorités galvanisantes et dérangeantes tout en soignant les finitions, charpente abrasive sur laquelle s’enflammer, densification du propos, ces six gars sont remontés, durcissent le ton, le chargent de sombres contours et en veulent à votre petit cul. Rythmique hypnotique et obstinée, électroniques qui grouillent, synthés qui grincent de concert avec la guitare baryton de Jodie Cox et la saxo également baryton de Colin Webster en électron free et perturbateur pour pousser ses camarades de jeu dans leurs derniers retranchements. C’est Skull Defekts et Terminal Cheesecake dans une même galère sur des flots déchaînés mais c’est surtout un sacré souffle portant Sex Swing au sommet de vagues imposantes et charriant un sentiment de toute puissance.
Mais ce qui fait toute la beauté de Type II, c’est qu’au delà de l’aspect agressif et animal, Sex Swing inflige de la profondeur, de la générosité, une gravité dans les moments les plus intenses pour emballer les sept compositions d’une gangue libre et totale à la folie maîtrisée. L’expérimentation se cale dans les pas d’un rythme incassable. Les déflagrations électriques et les triturations ne sont pas gratuites et participent à la richesse des atmosphères. La sourde transe de Garden Of Eden/2000 AD et le magnétisme du saxo sur la retenue ne rendent que plus belle la subite accélération finale alors que l’album semblait tranquillement s’éteindre. Type II avance en se nourrissant de ses répétitions, de sa propre férocité, en accumulant les sons tout en permettant de voir le bout du tunnel et garder l’auditeur dans son giron dans lequel il est bon de se faire malmener, intelligent dans sa débauche. Radical, organique, pénétrant et aliénant, le deuxième album de Sex Swing transcende les genres et propose une expérience de choix. Grandiose.

SKX (18/06/2020)