cower
humanworth


Cower
Boys – LP
Human Worth records 2020

Quand d’éminents membres de la scène anglaise joignent leur force pour former un nouveau groupe, la tendance serait de ne pas se poser de questions et se procurer tête baissée leur première offrande. Gareth Thomas (USA Nails, Silent Front), Wayne Adams (Death Pedals, Petbrick, Big Lad et surtout connu pour enregistrer toute la crème noise-rock anglaise depuis plusieurs années) et Thomas Lacey, chanteur de Yards et The Ghost Of A Thousand, c’est un pedigree très alléchant. Pour un résultat très surprenant. Cower n’est pas la somme de leurs projets passés ou présents. Cower part dans une autre direction, explore de nouveaux mondes. C’est tout à leur honneur mais c’est surtout mitigé. Et très varié. Boys va parfois sur le terrain sur lequel le trio était attendu, c’est à dire l’intensité du noise-rock avec un chant qui s’époumone, de la basse qui vrombit, des bruits stridents, l’urgence en bandoulière avec les excellents Proto-lion Tamer et Enough. Mais déjà on sent que ce noise-rock est légèrement déviant. Qu’il est assombrit par une chape sinistre que certaines personnes avisées n’hésiteraient pas à taxer de gothique alors que c’est bien plus compliqué que cela et que les sonorités synthétiques jouent un rôle important face à la chaleur de l’organique flamboyant.
Boys tremble dans le noir. Montre ses failles, tend les nerfs, se met à nu, désarçonne. Cower s’aventure sur des ambiances industrielles, neofolk, électro et autres bizarreries inattendues, balance un chant clair, posé, accessible qui pose parfois problème comme le lénifiant Saxophones By The Water alors que le titre d’ouverture Tight Trousers And A Look Of Intent ou For The Boys dans un registre ballade noire romantique font se demander où on vient de mettre les pieds et que erreur de livraison il doit y avoir. Car franchement, un disque d’électro-crooner dans le genre Depeche Mode même vaguement étrange, ce n’était pas vraiment ce qu’on attendait de ces types là. Tout comme il était difficile de s’attendre à ces assourdissantes vagues martiales, froides, triturées, ostentatoires que sont Midnight Sauce et Park Jogger mais qui pour le coup sont fortement appréciables. Quant à des morceaux comme Arise, You Shimmering Nightmare et Fog Walker, le trio navigue entre plusieurs eaux aux reflets tourmentés renvoyant une image incertaine, un caractère électro rock décalé pimenté à la sauce noise et dark troublant à défaut d’être captivant.
Non, Boys n’est pas le disque auquel je m’attendais de la part de ces trois musiciens et c’est une très bonne chose d’être interloqué, ce qui compense le fait que cet album ne soit pas toujours concluant, loin de là, tout en possédant une personnalité suffisamment marquante pour s’y attarder et se demander ce que Cower réserve comme surprise pour le futur.

SKX (12/01/2021)