silentfront
triplejump
|
Silent
Front
Three LP
Triple Jump records 2018
Three car c'est le troisième album de Silent Front. Et surtout
leur dernier album à tout jamais. Comme leurs potes de Death
Pedals dont le bassiste (Wayne Adams) a mis en boite Three,
le trio londonien a décidé d'arrêter une aventure
faite de multiples singles, splits, concerts dans les bars, de dilettantisme,
d'amour de la musique pour le simple plaisir de pratiquer leur sport favori
et de tournées do it yourself qui ne payent jamais. La dernière
a même failli leur coûter la vie. Un accident de van dans
les contrées d'Amiens en janvier dernier avec leurs amis de galère
Bruxa
Maria. Un cou très endolori pour le batteur Gareth Thomas,
des blessures beaucoup plus grave pour un membre de Bruxa Maria et une
grosse peur pour tout le monde. Sans oublier quelques semaines plus tard,
tout leur équipement volé dans le van qui était entreposé
dans un garage à Amiens sinon ça serait pas drôle.
Il faut avoir la foi pour faire un groupe de rock DIY. Indéniablement,
Silent Front l'avait et continu de faire quelques concerts avant fermeture
définitive.
Pour leur dernière réalisation, Silent Front a mis tout
ce qui leur restait en stock, c'est à dire seulement six titres
très modestement. Six titres résumant parfaitement l'approche
noise-rock émophile, la dualité entre bastos transperçantes
et échappées plus sensibles. Rythmique en avant, sèche,
directe, la basse qui se tord de bonheur, riffs piquants et postillon
dans le micro. Silent Front connaît la chanson et l'applique à
merveille dans une recette qui n'a rien de nouveau, ne changeant pas ses
habitudes mais fait mouche avec une désinvolture désarmante
comme sur la triplette Pyramids, Communion et Void.
Silent Front est élégamment tueur. Mais le trio a toujours
su laisser passer les émotions, mélanger habilement l'école
Dischord records avec leur rage punk-rock, tempérant les ardeurs
pour mieux mettre en valeur les accès de rage. Iteration
est un titre magnifiquement construit avec plein de faux départs,
de tension sous-jacente et d'explosions racées. Dans le même
genre de sensation, Suffocate n'est pas loin, le chant en plus
pour une compo qui ne manque pourtant pas d'air et de classe. Et quand
arrive Overmorrow, c'est la carte instrumentale mélancolique
que le trio abat, Slint ou June of 44 qui s'invitent aux ébats.
Mine de rien, ce groupe très attachant qui venait régulièrement
nous rendre visite en France où ils ont toujours été
royalement accueillis et leurs disques classiquement impeccables vont
beaucoup nous manquer.
SKX (14/05/2018)
|
|