trueradicalmiracle
ironlung




True Radical Miracle
Cockroaches - LP
Iron Lung 2006/2011
Termites - LP
Iron Lung 2012

Double dose de miracles avec les Australiens de True Radical Miracle. Une actualité chaude comme la braise pour un groupe resté longtemps confiné dans son Melbourne natal. Le label de Seattle Iron Lung records a craqué sur ce groupe et a décidé de rendre le miracle possible… Cockroaches, réédition d'un album sorti en 2006 par Missing Link records en CD uniquement et qui a vu le jour en vinyle fin 2011. Dans la foulée, un nouvel album, Termites, True Radical Miracle restant fidèle à son imagerie de bestioles grouillantes et méphitiques.
Ce qui colle parfaitement au dos de True Radical Miracle, la beauté et la compassion n'étant pas les termes vous venant à l'esprit à l'écoute de ces deux albums unis dans la douleur. Brutal, cruel, râpeux, froid dans le dos, furoncle purulent, ta tronche dans le journal, le quatuor se situe dans le domaine de la souffrance des chairs, la flagellation des sens, la négation de l'harmonie, le narcissisme brûlé sur le parvis du sacrifice de soi. Les organes en bouchon de liège avec un chanteur au premier rang de cet abécédaire des horreurs. Une voix qui ne laisse pas indifférente, que vous détesterez, rejetterez en bloc ou à laquelle vous vous soumettrez et idolâtrerez. Mon cœur a balancé mais il a fini par céder. Il a suffi de réécouter un disque des Laughing Hyenas, se souvenir que John Brannon était un être en tout point remarquable et respectable pour voir en Mark Groves un personnage tout aussi passionnant et inquiétant. La voix venue des tréfonds de ces entrailles, cette voix qui a vu la Bête, ce grondement intérieur, ce tonnerre infernal s'abattant sur vos frêles épaules, le chanteur de True Radical Miracle en est doté.
Un élément à forte personnalité et déterminant dans l'approche que l'on peut avoir de ce groupe. Une mise en bouche malsaine dans laquelle Scott O'Hara, Leith Thomas et la batteuse Evelyn Morris s'engouffrent sans broncher. Il y a dans la musique de True Radical Miracle, un climat délétère propre aux premiers Swans. Des fondations lourdes et graves, un certain éloge d'une fausse lenteur régulièrement secouée de mini-tremblements. L'espace, voir le quasi silence, sont présents rendant la musique encore plus oppressante. Le jeu basse-batterie est prépondérant, se rapprochant du noise-rock alors que la guitare ne s'embarrasse pas de riffs ou d'arpèges mais joue le registre de la texture, de la toile d'araignée dans laquelle on se fait piéger.



Entre les deux albums et cinq années d'absence, l'ambiance chez True Radical Miracle ne s'est pas réchauffée. Mélange d'acier et de souffre. D'une tension occulte, d'une guitare plus présente, successions de déflagrations qui n'explosent pas toujours, de courts morceaux, à une ou deux exceptions près, comme sur Cockroaches, les interludes en moins. La règle des deux minutes, True Radical Miracle étant un groupe économe, salement sobre, ne débordant jamais d'un cadre précis, même si de temps en temps, ça serait souhaitable, comme sur les cinq minutes finales de Scotch For Breakfast, l'assurance d'une journée réussie, mais qui ne signifie pas chez eux perte de contrôle de soi et brin de folie supplémentaire. Le noise-rock des Australiens est en tout cas un animal spécial et unique dans le paysage et mérite toute votre attention.
Après les sorties de Walls, Slices, Kim Phuc et donc True Radical Miracle, Iron Lung est clairement le label de ce début d'année.

SKX (09/05/2012)