slices
ironlung






Slices
Still Cruising - LP
Iron Lung 2012

Je dois reconnaître qu'une grosse pointe de déception était présente à la première écoute. Il aura fallu un peu de temps pour que le beau vinyle tout violet rosacé, comme la pochette qui a forcé sur la dose, laisse éclater sa couleur offensive sur la platine et que l'agression de Slices prenne sens. Un disque plus direct, plus basique, plus hardcore. Malgré le titre Still Cruising qui pouvait faire penser à une suite logique de Cruising, premier album incroyable, les quatre de Pittsburgh ont modifié leur approche. Drague en eaux profondes. Le burin bien raide. Crachat au vitriol et coups de boule à volonté. Slices fonce dans le tas. Mode Husker Du, Black Flag avec un son noise-rock, épais, charnel, massif. On ne comprend rien au début, ça va trop vite, trop fort. Et trop simple pour ne pas cacher quelquechose de plus énigmatique. Et alors là, on est saisi par la fantastique violence rock'n'roll se dégageant d'une poignée de titres fulgurants. Bizarrement, ce ne sont pas les compositions les plus courtes qui, contrairement aux blagues, sont les meilleures. Elles ont même eu tendance à parasiter l'approche de Still Cruising, à n'entendre que ces missiles jugées trop bas du front, trop punk, tapant sous la minute incandescente ou à peine plus (Slices Is Dirts, Human Resources, Mustard et Forever Cruising). Non, Slices est encore plus menaçant quand il rallonge le tir, que le rythme joue mid-tempo, délivrant des riffs lumineux et fantastiquement rock, portés par l'imposant organe vocal de Greg Kamerdze qui aurait pu sans peine hurler sa joie de vivre dans Laughing Hyenas. Why Do You Make Yourself So Sad et ses magnifiques accords à la coloration slide déboulant sur la deuxième partie du titre. Idem pour un Trying To Make a Living fumant, un Greensleeves sous pression constante que Horse Race et All Life perdurent sans jamais vraiment exploser. A partir du moment où ces morceaux font parti de vous-même, deviennent une extension armée de votre bras, tout prend vie, vous prenez également de plein fouet les titres courts et uppercuts, surfant d'urgence et de plaisir sur un Class Time torride, tout s'assemble, devient cohérent. Dix morceaux, vingt minutes, un vrai disque de punk-rock brutal, abrasif, allant à l'essentiel sans se brûler les ailes, le pied intégral.

SKX (29/04/2012)