walls
degraanrepubliek

Il serait facile de dire que Walls fait une musique qui fonce droit dans le mur. Une musique dont la mort violente ne peut être que l'issue fatale. Sauf qu'on peut prendre le problème à l'envers. Une musique salutaire, une musique expurgeant toute la frustration et la crasse de votre tête pour éviter de se la fracasser contre les murs.
You're just a fucking piece of shit. Les mots sont à l'avenant. You're so fucking naive/when I touch you on the bed. Un grand moment de poésie continuelle et le hardcore de Walls pour l'expulser. Un hardcore au sens Dazzling Killmen de la haine, pour son traitement noise, renvoyant directement dans les cordes d'un Deadguy / Kiss It Goodbye, un Playing Enemy qui se contenterait de morceaux de deux minutes pour cracher sa rage.
La voix est l'élément le plus hardcore (for hardcore). Un hardcore au sens agressif, les nerfs à vif, pure hate comme il dit le doux chanteur, grommelant toute sa joie de vivre. Mais un hardcore mutant. Testant toutes les cadences, entre le pas de charge brutal, les soubresauts rocailleux, le rampant, le visqueux, une lourdeur étouffante. Un jeu de guitare noise avec des pointes génialement acérées, de grands coups de basse-massue, avec une reprise de SPK, vieux groupe industriel australien dont Walls se réapproprie magnifiquement le morceau Mekano (sur un single datant de 1979), et signe que ce groupe de Seattle a bien d'autres influences que le hardcore de base.
Des morceaux chaotiques mais qui ne s'éparpillent jamais, la déstructuration plutôt que la dispersion, décousus mais jamais de fils blancs, cogneurs tout en feintant sa proie. Une atmosphère sans cesse menaçante où on ne sait jamais vraiment bien qui est la victime, à l'image de It Never Rolls Right Off, à se demander si c'est Walls qui se les bouffe et se consume dans le jus de sa haine ou si c'est votre pauvre cervelle qui va finir par arroser les quatre murs de la pièce.
Iron Lung records, le label de Jensen Ward, batteur de Walls, est à l'origine de ce deuxième album mais c'est De Graanrepubliek, label hollandais, qui se charge du pressage européen de ce très grand disque de hardcore-noise.

SKX (05/04/2012)