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Clockcleaner Sentiment toujours partagé quand un groupe comme Clockcleaner cesse toutes activités. Le regret de ne plus voir leurs sales tronches exécutés leur swamp rock libidineux, de donner une suite à deux albums inestimables (Nevermind et Babylon Rules sans oublier le EP des débuts The Hassler) tout en se disant qu'ils ne feront pas le disque de trop, on se quitte bons amis, merci, au revoir, à jamais tatoué sur l'avant-bras droit (sur le gauche, ya déjà Jesus Lizard). Le sentiment partagé également devant une énième sortie d'un groupe qui semble avoir des difficultés à arrêter définitivement. On pensait que la Skinheaded Lady saluait la toute fin mais Clockcleaner envoie un tout dernier Auf Wiedersehen. On se dit encore une basse manuvre du label de Providence pour soutirer quelques deniers à des fans transis désireux de recevoir un ultime glaviot dans la tronche. Au verso de la pochette, en surimpression noire sur une pochette de la même couleur (avec une tête de mort au recto, comme vous pouvez magnifiquement le voir), Clockcleaner a mis ce commentaire sarcastique : This record looks like a homo stupids record. It's better, tough. On confirme.
Point d'entourloupe commerciale. Bien que ces quatre titres surprennent.
La sauvagerie, les mauvaises manières, l'odeur de terres brûlées,
bref tout ce qui faisait le charme de Clockcleaner a disparu. Et pourtant,
ce disque a encore plus de classe que ces prédécesseurs.
Quatre compostions comme quatre marches funèbres. La reverb sur
la voix de John A. Sharkey III a disparu, enterrée par une voix
de crooner d'outre-tombe qui aurait trouvé le repos éternel,
avec des hululements en guise de churs pour l'accompagner. Un chant
où les paroles sont audibles sur Clockcleaner, ça fait peur
mais c'est beau. Un chant qui se rapproche de ce qu'il fait désormais
avec son nouveau projet, Puerto Rico Flowers, de la new-wave gothique
qui hante les nuits de ce pauvre Sharkey et dont on n'est pas loin de
retrouver des réminiscences également dans la musique de
ce Auf Wiedersehen. Sauf que s'il a franchi la ligne jaune avec
PRF, Clockcleaner reste du bon coté de la barrière. La guitare
tourne en régime clair, les arpèges sont tour à tour
cinglants et mélodiques. La section rythmique marque un tempo de
fin de bal, lent, traînant, menaçant, presque dansant sur
Something's on Her Mind. J'ai bien cru à une reprise d'une
vieille casserole new-wave mais non, ça m'a tout l'air d'être
du Clockcleaner. Un Clockcleaner plus désabusé que jamais,
ça sent la fin de partie mais c'est miraculeusement prenant. Tristement
lumineux. Qui eu crut utiliser de tels termes affectés pour un
disque de Clockcleaner ?! Le morceau de bravoure reste Chinese Town,
le titre évoquant à lui seul les sonorités des arpèges.
Un parfum d'orient chez Clockcleaner, là encore fallait le deviner
mais c'est comme pour tout le reste. Hypnotisant. Un disque de tapette
mais bien rude sur les bords et très sombre en son centre. Clockcleaner
ne pouvait aller plus loin et restera à jamais un groupe primordial
de cette décennie passée. Ce dont ils se foutent royalement. SKX (31/10/2010) |