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The Chrome Cranks
s/t - LP
PCP Entertainment records 1994
[publié le 07 avril 2024]



La sortie toute récente de l’album de The Stabbing Jabs, le nouveau groupe de Peter Aaron et William Gilmore Weber dont on reparlera très bientôt, a donné envie de ressortir du placard le premier album de The Chrome Cranks, le groupe qui les a fait connaître. C’était trente années plus tôt, à New York City, sur PCP Entertainment, un label davantage orienté noise-rock (Unsane, Slug, Slowworm) et c’était un signe. Chrome Cranks (vous n’êtes pas obligés de mettre The devant, ça dépendait de l’humeur du groupe) avait le rock’n’roll dans le sang, avec le satané blues aussi qui coulait noir et ça ressortait tout sale, déformé, bruyant, fuzzé à mort, féroce. Peter Aaron hulule comme Jeffrey Lee Pierce (Gun Club) sur certaines intonations avec Pussy Galore qui met ses affreuses pattes pleines de cambouis dedans, The Cramps qui n’est jamais loin pour un coup tordu ou tout simplement te faire déhancher comme un zombi, The Stooges parce que ce sont les maîtres et des giclées de Unsane pour faire bonnes mesures. Suffit d’écouter la basse sur Subway Man ou l’énorme bordel jouissif sur Dark House et on jurerait que Pete Shore est dans les parages. C’était l’œuvre de Jerry Teel alors que le batteur se nommait Charles Hanson. Un gars qui n’a pas duré dans Chrome Cranks, qui n’a jamais réussi/voulu s’intégrer dans le groupe. A tel point que le jour avant la photo du groupe qui allait servir pour la pochette, il s’était rasé le crane pour s’opposer aux cheveux en pagaille des trois autres membres. C’est Bob Bert (Sonic Youth, Bewitched, Pussy Galore) qui lui succédera. C’est sous cette formation que The Chrome Cranks sera le plus connu. Et si leur discographie comporte d’autres bons enregistrements, ce premier album qui ne m’avait pas marqué à l’époque est devenu un incontournable quand Chrome Cranks s’est reformé et avait sorti le fiévreux Ain’t No Lies In Blood en 2012, permettant ainsi de redécouvrir les New-yorkais. Une succession de morceaux garage-punk-noise (dont un de plus, Party’s Over, uniquement dispo en version vinyle) à tendance swamp violent qui griffent les intestins, charcutent le cœur, Peter Aaron recrachant toute sa rage accumulée depuis sa période à Cincinnati, quand il essayait de monter ce damné groupe et que rien ne fonctionnait. Un déménagement plus tard à NY, les étoiles se sont enfin alignées dans le Lower East Side (c’était pas gagné d’avance) et cet album expulse tout le venin dans une belle gerbe incandescente qui pue le rock et que c’est éternel.

info : 33 rpm. Recorded/Engineered/Produced/Performed By The Chrome Cranks in the Funhouse, NYC 1994 & Waterworks (NYC) 1994 (Eng. Jim Waters). Design: Aaron. Execution: Jean Farrel Miles. Cover Photo: Tim Owen. Back Cover Photo: Kit Halsted.