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bang






The Chrome Cranks
Ain't No Lies In Blood - LP
Bang 2012

J'avoue ne jamais avoir été particulièrement séduit par les Chrome Cranks dans leur jeunesse qui était aussi la mienne, très peu bercé par ces New-Yorkais d'adoption mais Ain't No Lies In Blood me claque sévère. The Chrome Cranks avoue sans peine que c'est leur disque le plus dur, le plus violent. Pour cette raison qu'il me plait autant. Ca et le fait que les goûts changent et que leur punk-blues-garage décapant d'antan a fait son chemin, au point de tendre comme il faut mes vieux os.
Après quinze ans de silence, The Chrome Cranks dépoussière le style, revient affûté et rageur à l'heure où d'autres se rangent des bagnoles ou prennent l'acoustique pour une lanterne éclairante. Connerie. Dès I'm Trash, morceau sanglant à l'image du recto de la pochette où le sang et la baston ont coulé à flot, The Chrome Cranks montre à Woman que les patrons, c'est toujours eux. Bob Bert rajeunit et matraque, comme à l'époque de Pussy Galore, une pauvre batterie s'enfonçant dans le sol, sous le choc. Peter Aaron a l'organe vocal fiévreux, heureux de pouvoir cracher tous ses poumons silencieux depuis trop longtemps. Sa guitare et celle de William G. Weber rivalisent de pains dans la tronche, de saturations, lacérations et fuzz branchés sur une chaise électrique où on vient se cramer les derniers neurones, reprennent les riffs des anciens et les pulvérisent.
Le swamp blues-rock des Cranks retrouve une seconde jeunesse, au point de se faire dynamiter dans les belles largeurs et en profondeur, alignant sur la face A trois beaux coups de crocs (I'm Trash, Rubber Rat et Living / Dead). Quand le blues diabolisé d'un Gun Club et l'allure de grandes fauves d'un Stooges rencontrent le bruit vicieux, dégoulinant de New-York et ces groupes noise, toisant sans problème le dernier Unsane, alors Jon Spencer file au musée pendant que Cristina reçoit enfin la fessée qu'elle n'attendait plus.
Outre une reprise en fin de face A (Black Garage Door de The Libertines, un groupe américain des années 80, pas le Libertines de l'autre grosse tâche de Pete Doherty), Chrome Cranks en place deux autres en face B. '50s French Movie de Chip Taylor, plus connu pour avoir composé Wild Thing et pour finir, les dix minutes de Lover of The Bayou, une reprise des Byrds, avec des soli de guitare qui ne font même pas peur, donnant envie de revisiter tous ses classiques rocks, tant qu'ils sont transportés par autant de souffle et de sueur.
Le nouveau Chrome Cranks est brutal et magnétique. En grands seigneurs, ils n'oublient pas de dédier Ain't No Lies In Blood à Lux Interior et au Captain Beefheart. Le sang ne triche pas. Celui qui coule dans les veines des Chrome Cranks est pure, adoubé par les grands esprits, signant dans la douleur un retour animal.

SKX (21/04/2012)

CD sur Thick Syrup records.