Prague. 10 heures. Embouteillage. Bondé de touristes. Trouver un parking. Régis met pour la énième fois son morceau préféré de Part Chimp. Je vais finir par détester ce groupe. En plus, je suis censuré sur mon Kill The Thrill. Dégoûté. Achetez vous des oreilles! Finalement, on se pose à pratiquement 500 mètres où on s'était garé il y a deux ans. Que le monde est petit hein ma p'tite dame. Au pied du château. Kafka veillera sur notre van. Et à Prague, que faire sinon déambuler comme des cons de touristes. On traverse sans le vouloir le fameux pont St Charles. Ca cause toutes les langues. Surtout américain et leur affreux accent de canard. Et français aussi. On ne s'attarde pas. Ensuite, c'est la scission en deux groupes. Entre (tentative) d'achat de caisse de gratte, achat de bouffe et achat de cartes postales. Vraiment des cons de touristes! Mais le breton a l'instinct et tout se petit monde se retrouve par hasard au fond d'une cour et des sentiers balisés, autour de quelques pintes. Le rencart est pas avant 18 heures. On a du temps à tuer. Un endroit branchouille en fait avec tatoueur, cybercafé et un magasin de disques où trône le double-vinyl Trout Mask Replica de Captain Beefheart à…. 60 euros ! Re-bière pour tout le monde.

Puis, c'est l'instant star. Celui qu'on ne rencontre pas tous les jours dans la vie d'un groupe de campagne. Le barman reconnaît Gilles et demande dans un anglais aussi assuré que le notre, si les gars ici présents assis à sa terrasse ne sont pas les fabulous Moller-Plesset. Bin si coco, tu devines pas le privilège que t'as. Bon en fait, le mec a vu les Moller ya deux ans et se tape la discute avec nous entre deux clients. Gilles, dans sa grande bonté naturelle, lui propose aussitôt de le mettre sur la liste d'invités. Le problème, c'est que ce soir, il bosse, il pourra pas venir au concert mais bon forcément, ça se refuse pas, ya toujours moyen de s'arranger, je finis pas si tard que ça en fait. Et puis si tu pouvais mettre le nom de quelques potes sur la liste, ça serait pas mal non plus. Bon Gilles, on va peut-être s'arrêter là hein! Les tournées de pintes commencent à s'agglutiner et notre nouvel ami nous offre une dernière tournée d'un rhum succulent, comme ça, vite fait sur le zinc, en franche camaraderie, pour sceller notre nouvelle amitié.

Le club Strahov 007 se situe en plein campus universitaire. A deux pas du légendaire stade de foot du Sparta de Prague. Là aussi où se déroulaient toutes les grandes parades communistes. On arrive dans la même foulée que The Third Memory, groupe marseillais également en tournée à travers l'Europe. Deux autres groupes tchèques sont prévus au programme : Deti Deste et Bugmen. La soirée s'annonce chargée.
Adam arrive quelques minutes plus tard. On se demande comment une voiture aussi ridicule peut abriter un tel gaillard. Adam, c'est deux mètres dépliés quand il sort de sa minuscule voiture pour pratiquement le quintal. Un bien bel homme aurait dit ma grand-mère. Toujours un grand plaisir de le revoir. Un doux géant qui a le cœur sur la main. Moller a des cadeaux pour lui. Quelques bouteilles de rouge (ça plait toujours) et un magnifique sweet-shirt estampillé Moller-Plesset. Un exemplaire unique taille XXL mais qui sera sûrement encore trop petit. Il n'aura qu'à le filer dans quelques années à son premier gosse qui est peut-être arrivé à l'heure ou j'écris ses lignes…
Le club est en sous-sol. Au-dessus, les chambres des étudiants. Le concert doit commencer tôt. Le sommeil des étudiants est sacré, c'est bien connu.
Bugmen commence les hostilités. Ils ne nous sont pas inconnus. Lors du dernier concert de Moller-Plesset en 2003 à Kostelec, ils faisaient déjà la première partie. L'occasion de nous rappeler cette soirée à jamais graver dans nos mémoires. Cet ancien club clandestin avec un patron fou qui sert aux groupes pendant qu'ils jouent des rasades non réglementaires de trucs liquides non brevetés, suivi d'alcools qui rendent aveugles comme si il en pleuvait. En tout cas, Bugmen n'a pas du répéter depuis 2 ans. C'est rassurant. Un genre d'emo-rock très scolaire et finalement très touchant.
Puis c'est au tour des Marseillais. Un groupe très jeune qui font trop du screamo-hardcore. Ca passe au début, l'espace de quelques morceaux mais si vous lisez régulièrement ce site et ses chroniques, vous vous êtes aperçus que ce style commence à me gaver et qu'il ne me touche pas plus qua ça désormais. Mais dans leur style, c'est convaincant. Ca bouge comme tous les groupes screamo-hardcore bouge. No surprise. Moi je suis trop de la bière. Je vais trop à l'urinoir.

Deti Deste nous sont également connu. C'était à l'occasion du premier concert en territoire tchèque en 2003 dans cette bonne vieille ville de Cheb. Ville qui donne son nom à un morceau de Moller-Plesset sur le dernier disque. Comme Kostelec, ce lieu mériterait un roman. Je vais finir par faire un scene report de cette tournée si ça continue. Les Enfants de la Pluie (Deti Deste en français) ont quant à eux bien évolué. Ils sont passés de trois à cinq membres. Leur hardcore un peu cold a évolué vers une version beaucoup plus moderne et violente. Deux guitares, un synthé en plus. Les corps se plient. Les têtes se jettent. 10 fois plus convaincant.

Pour les Moller-Plesset, la salle est définitivement pleine. Genre 150 personnes qui s'agglutinent devant la scène. C'est beau à voir. Moller se met au diapason. Avec un tel public, on ne peut faire qu'un excellent concert. Le public en redemande. Fin habituelle avec la reprise méconnaissable de God save the queen. Notre cher Adam est un fan. Il n'a pas lésiné sur la promo et un tas d'articles ont fleuri sur les sites tchèques. Dommage qu'on ne pige rien à cette langue. Je m'accroche au stand de disques. Comme il ya deux ans, le Praguois (et la Praguoise) achètent du CDs au kilo. Record de vente sur un concert assurément. Tout ça vaut bien une tournée de shot (= petit verre rempli de vodka qu'on boit cul sec) de la part de l'associé de Adam au sein de Silver Rocket records et qui joue aussi dans Lyssa (désolé mec j'ai oublié ton prénom !), ce qui lance les hostilités. On passe rapidement des tournées de 2 verres à un plateau garni de shots. La montée est belle, si belle que Adam vient nous prévenir que le club ferme, il est à peine 23 heures, il faut tout ranger le matos, se taper l'escalier, le déposer à un autre endroit et finir nos discussions philosophiques ailleurs.
Cet ailleurs sera le studio d'enregistrement de Ondrej Jesek (appelons le André), membre du groupe OTK, rencontré quelques minutes plus tôt au détour d'un shot. Personnage éminemment sympathique dont le studio se trouve dans la maison de ses parents en banlieue praguoise. Une baraque dingue, immense, avec ascenseur, plusieurs niveau de jardins (suspendus ?) dont Mitch aura l'occasion de faire connaissance plus en profondeur… On se retrouve une pelleté dans son studio au milieu d'une batterie, de l'ordinateur-enregistreur et de trois tonnes d'instruments dont certains n'ont pas d'âge. OTK vient de gagner le prix de meilleur groupe indépendant tchèque, l'équivalent local de nos victoires de la musique. Ondrej se fait bien chambrer par ses potes et tout ça vaut bien une photo souvenir avec le trophée ! Comme le tchèque est avare en verres, c'est au goulot que tout se passe. Les effets ne se font pas tardés. Si seul le matos devait au départ rester coucher chez André, nous décidons de faire comme le matos et, sagement, éviter de prendre le volant (c'est zéro tolérance alcool au volant ici), se taper 15 minutes de conduite et dormir chez un tchèque qui parle très bien français et qui se surnomme Bistrot (ça s'invente pas !). Une autre nuit sans matelas à même le sol ne nous fait plus peur. Alors que tout le monde se disperse, c'est à ce moment que la mère de Ondrej entre en scène par interphone interposé. Il est environ 2 heures du matin. Elle veut nous faire de la sole!!!! On s'inquiète quand même, on l'a peut-être dérangé mais notre hôte nous assure que ya pas de problème, elle est juste du genre insomniaque et très mère poule… (Le André a quand même dans les 35 ans avec femme et enfants). Bref, après plusieurs sonneries d'interphone, André arrive à (comme il dit) arrêter le train (vous apprécierez l'image), la sole finalement n'est pas si fraîche que ça, elle est mineure comme dirait l'autre (la sole), elle voudrait pas nous empoisonner. Salut, bonne nuit tout le monde. Et alors que les 3 survivants (Tom, Fred et myself) rentrent tant bien que mal dans nos sacs à viande, la mamma arrive avec un plateau où trône une magnifique omelette aux tomates et s'éclipse aussitôt!
C'est donc en pleine nuit que nous nous offrons ce festin du rocker en bout de course à la lumière de l'écran de l'ordinateur.


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