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Ça
fait bizarre de chroniquer Dazzling Killmen dans la rubrique Oldies
tant j'écoute très régulièrement encore leurs
disques. 10 ans en gros que ce groupe a splitté pourtant et l'impression
que c'était hier. L'histoire a débuté fin 80/début
90 avec la volonté de Nick Sakes de former un groupe alors que
la trentaine se pointe. Un rêve de gosse qu'il va concrétiser
au delà de tout ses espoirs. Il apprend les rudiments de la guitare,
se colle au chant, recrute deux étudiants en jazz (Darin Gray à
la basse, Blake Fleming à la batterie) et forme Dazzling Killmen.
La différence purement technique entre lui et ces deux étudiants
est flagrante mais c'est une des clefs de leur musique. L'aspect technique
et affolant d'une section rythmique hors norme face aux tripes et le feeling
à fleur de peau de Sakes. Le premier
disque réalisé par le désormais fameux label mais
alors inconnu Skin Graft records est un disque de Dazzling Killmen. Ou
plutôt un split. On est toujours en 1991. The Strangulated Beatoffs
et Snailboy
(qui donnera plus tard Shorty puis US Maple) ont été pressenti
pour l'autre coté de la face, mais c'est Mother's Day (qui ne fera
jamais parler d'eux, bien que j'ai retrouvé dans un carton un double
45, sur Project-A-Bomb records, qui ne vaut pas plus que les deux titres
de ce split) qui complètera ce single avec le comic book, un marque
de fabrique chez Skin Graft. Un comic satanique où il est question
en gros d'un serial killer qui fini sur la chaise après avoir trucidé
la terre entière. Que du banal en fait. Avec le retard accumulé par cet album, Skin Graft sort un nouveau single Medicine Me (+ comic book) pratiquement en même temps. Un second guitariste est définitivement ajouté au line-up, le dénommé Tim Garrigan. Toujours enregistré par Albini, Dazzling Killmen montre effectivement une évolution vers une musique plus complexe et travaillée avec une seconde guitare qui donne du volume à l'ensemble. Medicine Me est une des pièces maîtresses de leur répertoire. De l'autre coté, une reprise de PIL avec le morceau Poptones. Si la mélodie reste fidèle à l'original, Dazzling Killmen lui donne une intensité que l'original n'a pas, s'appropriant de façon inespérée un titre plutôt calme voir dub. C'est à cette même époque que sort un album live sur Skin Graft mais uniquement en version cassette ! Hé oui, la bonne vieille cassette ! Etrange idée mais le son est carrément correct. Quand on sait que David WM Sims, le bassiste de Jesus Lizard, est derrière les manettes, on comprend mieux ! En 1994, Dazzling enregistre son deuxième album, le pyramidale Face Of Collapse (Skin Graft records, enregistrement Albini). Le disque en déroute plus d'un. Certains préfèrent même le précédent, plus facile d'accès. C'est vrai que la bête ne se laisse pas approcher facilement. Il faut prendre des pinces, vouloir plonger et se perdre dans ce labyrinthe. Plusieurs écoutes nécessaires avant la révélation, le point ultime de non-retour. Cette précision technique où on ne glisserait pas un doigt, ces joutes rythmiques incroyables, ces parties on ne peut plus complexes et déstructurées mêlées à cette émotion qui suinte, cette rage palpable qui vous explose à la tronche. Cette alchimie incroyable vous donnant un morceau qui peut être tout autant incompréhensible et sauvagement binaire, une face obscure et une efficacité redoutable, le groupe étant passé maître dans l'art de maintenir une pression insoutenable avant de la libérer là où vous ne l'attendiez plus. Dazzling Killmen est littéralement écorchant. Des compositions comme Bone Fragments ou My Lacerations sont symptomatiques de cette évolution musicale, ce tour de force où se succèdent de multiples changements de rythmes et de parties avec une exécution chirurgicale mais où la compo garde toujours un noyau central qui avance inexorablement vers une intensité croissante. Et puis cette voix, cette putain de voix, qui fait beaucoup dans Dazzling Killmen, cette voix où se mêle le désespoir et la frustration, grave, chargée, puissante sans jamais être vraiment hurlée. Le hardcore compte de nombreux organes vocaux qui en calme plus d'un mais on reparlera jamais assez du chant unique de Nick Sakes. Painless One, Agitator qui clôture l'album sur une boule de nerf et toujours le morceau long de l'album, plus de 10 minutes d'un In The Face Of Collapse là encore éreintant. La pochette du peintre Paul Nitsche est sublime (ça vous fait un très beau fond d'écran), point d'orgue d'un album qui garde tout son mystère. Les années n'ont pas de prise. L'album connaît un vif succès critique, une des pièces maîtresses du hardcore/rock des années 90 pour Alternative Press et nombreux autres zines, mags et leurs confrères dans les groupes. Dazzling Killmen n'a sans doute pas eu la même renommée que d'autres groupes de l'époque comme Jesus Lizard, Helmet, No Means No etc Mais tous ces groupes sont unanimes pour saluer l'uvre de DK et de nombreux groupes actuels dans le monde du hardcore ont régulièrement cité Dazzling Killmen en référence. De Botch à Dillinger Escape Plan, de Craw à Breach et tout un tas de groupes moins connus. Hélas,
le groupe connaissait trop de problème interne pour continuer l'aventure.
L'entente était loin d'être cordiale. On raconte même
que le groupe se foutait régulièrement sur la gueule à
la fin ! Le groupe n'est jamais venu faire de concerts en Europe. Mais j'ai eu la grande chance de récupérer un DVD d'un concert des Dazzling (merci 10000 fois Nick !), quelquechose de pas officiel du tout mais de bonne qualité, de constater toute la ferveur de leur prestation scénique, de s'apercevoir que le bassiste et son extraordinaire jeu sont le centre du show avec ses grimaces et ses provocations pendant que Nick Sakes, qui n'a jamais été David Yow, se contente de rester derrière son micro (faut dire qu'il joue de la gratte en même temps) et d'assurer pleinement l'intensité de son chant. Depuis, chaque
membre a continué de façon plus ou moins heureuse dans d'autres
formations. Tim Garrigan, le moins impliqué du groupe, a sorti
un disque
solo où il tente de concurrencer Nick Drake au coin du feu. Les tueurs étincelants ont fait plus d'une victime sur leur route dont votre humble serviteur, vous l'aurez compris ! Pour ceux et celles qui ne connaissent pas ce groupe (ça me surprend toujours mais ça existe !) et qui sont sensibles à tous ces groupes cités en référence, je ne saurais que trop vous conseiller de vous ruez sur toute leur discographie de ce groupe vraiment unique. Rien à jeter. A la droite de Père Jesus Lizard, Saint Dazzling Killmen a son siège à vie. SKX (30/06/2005) Discographie
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