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Grand
Ulena
Gateway
To Dignity LP
Family Vineyard records 2003
[posté le 18 novembre 2012]
Alors que Nick Sakes a déjà eu le
temps de fonder et dissoudre Colossamite puis rebondir sur Sicbay, que
Blake Fleming a tout explosé avec Laddio Bolocko avant de se pourvoir
dans des impasses, il aura fallu attendre 2003 pour avoir des nouvelles
de Darin Gray, le bassiste du dernier des rescapés de feu-Dazzling
Killmen (mort officiellement en 1993). Grand Ulena s'était fait
laborieusement les dents sur un split
45 tours avec
Sicbay
l'année précédente mais c'est avec Gateway to
Dignity, premier et unique album de Grand Ulena, que le trio de St
Louis acquiert directement ses lettres de noblesse.
Il ne faut cependant pas voir Grand Ulena comme uniquement le groupe de
l'ex-Dazzling Killmen. C'est Gray qui le dit lui-même : Au début
du groupe, les gens voyaient Grand Ulena comme un groupe dont j'étais
le leader, parce que j'étais le plus vieux et que j'avais joué
dans d'autres groupes. Mais c'était plutôt le contraire.
Le rôle de Danny McClain était énorme. Les compos
étaient composées autour de sa batterie. Nos morceaux étaient
une façon de mettre en avant son jeu de batterie. Un bel hommage
post-mortem de Gray pour son batteur décédé le 28
mars 2011 à l'âge de 31 ans. Mais il est vrai que la batterie
est assez phénoménale et propulse le free-noise-rock de
Grand Ulena dans une sphère tapant au-delà d'une stérile
vision musique improvisée qui fait n'importe quoi en se branlant
le manche. Ce qui avait le don d'exaspérer Darin Gray qui déclarait
toujours en 2011, juste après le décès de McClain
: ça nous peinait énormément que les gens disent
que nous faisions qu'improviser ou que nous faisions juste du bruit, tout
spécialement pour Danny car il mettait toutes ses tripes dans chaque
morceau.
C'est donc avec précision et folie que Grand Ulena accouche de
sept titres furieusement trépidants, jouissifs, froids, implacables,
construits où l'ombre de Dazzling Killmen plane plus d'une fois
sur des ambiances vous broyant les nerfs, d'un Darin Gray qui n'a pas
perdu une once de son pouvoir maléfique à la basse, une
machine infernale enregistrée
sur une seule journée de 2002, la plupart du temps dans des conditions
live.
Une très belle journée donc, notamment pour Shane Perlowin,
guitariste de Ahleuchatistas qui considère Gateway to Dignity
comme un des disques les plus importants du 21ème siècle.
Rien que ça ! Sans aller jusque là, cet album mérite
toute votre attention, sachez aller au-delà de cette maison austère
peinte par Michael Trull, membre de la famille du guitariste de Grand
Ulena Chris Trull (brillante déduction uniquement basée
sur un patronyme identique) pour percer le mystère d'une musique
tortueuse, orgiaque et flamboyante.
Dans la foulée, Grand Ulena a sorti Neosho,
un EP trois titres dans une veine identique. Mais comme disait Francis
Heaulme, à chaque jour suffit sa peine.
infos
:
33
rpm, black vinyl, 1 insert. Darin Gray, Danny McClain, Chris Trull.
Recorded and mixed at Semaphore by Jeremy Lemos. Mastered at Colossal
by Dan Stout and Jeremy Lemos. Paintings by Michael Trull. Photo by
Nathan Keay. Layout by Angela Pifer. Pre-dignity assistance - Mike
Bowler - Rooms at the Inn - Gwen Gubanich and Jeremy Lemos, Glenn
and Miiri Kotche. Karaoke M.C. - Thymme Jones - Aides from afar -
Jim O'Rourke, Weasel Walter. Familial tolerance - Jill Pifer, Alexander
and Joshua Gray. Pre-lemp dignity space - Mom Trull - Dignity rescue
- Eric Weddle. The rhythm method - Will. |
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