lifesavings
narrominded

Life Savings
The Remote – LP
Narrominded records 2020

En 2014, quand il a été dit qu’il fallait noter le nom de Life Savings dans un coin de sa tête, je ne pensais pas que six années auraient été nécessaires pour parler à nouveau du trio hollandais. Alors déjà que personne ne l’avait retenu ce nom voir même et ça fait pas un pli, n’en avait jamais entendu parler, c’est comme si tout repartait à zéro. La vie est sans pitié.
À la base, Life Savings n’a pas modifié sa partition depuis Endings, un court enregistrement de quatre titres. Et c’est une très bonne chose en soi. Mais il a rajouté une généreuse dose de plomb et de vigueur pour déplacer subtilement le curseur d’un indie-rock-noisy vers un power trio noise-rock dans toute sa splendeur. L’enregistrement par Silvia Vermeulen et le mixage confié à Scott Evans (Kowloon Walled City) ont aidé à tailler un son bien plus musculeux et incisif. The Remote claque véritablement.
Ensuite, la qualité d’écriture du groupe de La Haye fait toute la différence et ça, ça n’a pas changé. Parce que Life Savings ne possède pas une personnalité musicale hors-norme, n’est pas pourvu de signes caractéristiques le portant vers des contrées qui le rendrait tout de suite spécial et palpitant, le trio a tout misé sur des compositions de haute volée s’imposant sans forcer au fil des écoutes. Les éléments mélodies, dissonances, distorsions, abrasivité, c’est pas ce qu’on appelle une surprise quand un groupe pratique ce genre de combat. Il faut une sacré ration de talent pour les accommoder et tirer son épingle du jeu. Et indéniablement, Life Savings sait y faire. Sans jouer la surenchère et en mettre partout. C’est au millimètre que le trio nous sert des morceaux magnifiquement élaborés, sans faire plus de bruit ou d’acrobaties qu’il n’en faut mais surtout, en accentuant le coté émotionnel d’un noise-rock à la profondeur qui le rend plus d’une fois beau et captivant sans voir le coup venir.
On part sur un album classique avec plein de références en tête et on se retrouve avec un album dont le nom va finir par rester. The Remote aligne neuf morceaux plus forts les uns que les autres même si Fennepa, Journey To The End Of The Nile ou Runner Up sont de belles portes d’entrée à ce premier album avec la longue et puissante charge sensitive Light Sleepers qui conclue The Remote. Des morceaux avec plein d’échappatoires, d’envolées, de mid-tempo ravageurs, de bourrasques épiques et de riffs tour à tour piquants et poignants.
Et qui, en plus d’être un disque excellent est – et ça, c’est pas une bonne nouvelle – le dernier du label Narrominded. Après vingt ans de bons et loyaux services et des réalisations de Boutros Bubba, Katadreuffe, Fine China Superbone ou Gone Bald, Narrominded cesse toutes activités. Les quatre fondateurs du label dont Gabry de Waaij, guitariste-chanteur de Life Savings, ont décidé de se consacrer pleinement à leurs projets musicaux respectifs. Merci pour leur dévouement et toutes ces années totalement financièrement désintéressées et complètement consacrées au support de groupes locaux.

SKX (30/01/2021)