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Fine China Superbone
Plaguey – LP
Geertruida records 2019

Ce n’est même pas que je suis surpris du retour aux affaires de Fine China Superbone parce que pour ça, il aurait fallu se souvenir de l’existence de ce groupe hollandais. Mais quand la mémoire revient, c’est le grand bonheur instantané. Les réminiscences du passé remontent direct à la surface, celui d’un disque en 2010, Make-Machine, qui était sacrément bon mais totalement passé inaperçu.
Neuf ans plus tard, le quatuor s’est transformé en trio avec quelques changements notables de fonctionnement. Fine China Superbone a retrouvé de la voix comme à l’époque du premier album en 2002 avec un guitariste qui s’est découvert des talents de chanteur. Un ex-Boutros Bubba a débarqué à la basse. Ce qui fait donc un guitariste en moins alors que le duel de guitares faisait tout le sel du précédent disque. Pas de panique, Fine China Superbone ne perd pas de sa superbe.
Enregistrement à Londres chez Wayne Adams (Dead Arms, Death Pedals, etc) parce que le trio hollandais est un fin observateur et a bien compris que tous les groupes qu’il adore (USA Nails, Silent Front, Nitkowski.. ) allaient voir chez lui pour se faire une beauté sonore et exploser les compteurs. Une liste de groupes pas anodine et qui doit vous mettre sur la voix choisie par Fine China Superbone pour malmener vos tympans. Ce groupe peut regarder sans problème tous ces groupes dans les yeux et s’il venait ce cette île perdue dans la Manche, nul doute que la scène anglaise pourrait s’enorgueillir d’un nouveau rejeton de qualité.
Mais à La Haye, on sait aussi faire du bruit. On sait conjuguer complexité et efficacité. Mettre le doigt sur le nerf, le titiller, l’exciter, ne surtout pas le lâcher, verser de l’abrasif dessus et regarder le feu se propager. Une guitare solitaire est suffisante pour dresser des pointes crochues et flamboyantes, se répandre dans le moindre interstice, délivrer des accroches acérées sans s’appesantir, des micro-riffs obsédants, enchaîner, frapper, repartir vers d’autres furies. Une certaine frénésie noise contagieuse qui s’étend à la section rythmique. Les pièges, les fausses directions, les changements de cadences sont tellement huilés et rapides qu’on ne s’aperçoit de rien. Comme une longue ligne droite traversée d’une multitude d’accidents imperceptibles et qui arrive toujours à destination. Un groove tapageur, maniaque, déchiqueté. C’est l’incendie généralisé, des titres qui flambent de leur plus belle fougue, une succession de morceaux jouissifs et chauds comme la braise ne connaissant pas la crise, sans aucun temps mort, arrivant même à tenir la pression sur la longueur et les six minutes inoubliables de 40 Years In The Desert ou du plus mesuré et poignant How Miserably.
Espérons maintenant que Fine China Superbone est à nouveau définitivement en place et que le trio ne mette pas autant d’années à pondre un nouveau disque parce que du noise-rock de cette trempe, j’en veux tous les jours.

SKX (03/05/2019)