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USA
Nails
Shame Spiral – LP
Bigoût records/Hominid sounds 2017
L’Angleterre a le vent en poupe : on ne compte plus ces dernières
années les groupes qui débarquent de Londres (principalement)
pour nous laminer les oreilles, nous botter les fesses et nous liquéfier
la cervelle à nous autres, pauvres petits français plaintifs
et d’ordinaire beaucoup trop friands de délires mathématiques
ou d’haltérophilie tatouée. Ce n’est peut-être
pas pour rien qu’historiquement une bonne partie du punk vient de
la perfide Albion. Bon, évidemment, au milieu de toute cette bande
de joyeux lurons consanguins – non seulement ils sont potes mais
en plus ils jouent tous les uns avec les autres – il y a des groupes
que je préfère largement aux autres et certains que j’aime
beaucoup moins, voire pas du tout. Tout en haut du panier je mets sans
hésitation aucune les très punk as fuck Dead
Arms et les plus noise Death
Pedals (ils ont un guitariste en commun) et surtout les incroyables
USA Nails (dans lesquels joue également le bassiste de Dead Arms).
Incroyable ? Oui, pour de vrai. Et ce n’est pas Shame Spiral,
troisième album du groupe en quatre ans, qui va me contredire.
Pourtant, a priori, il n’y a pas grand-chose de très nouveau
ici. Sauf qu’USA Nails c’est un groupe de teigneux et que depuis
Sonic Moist
(2014) et le plus maitrisé No
Pleasure (2015), ces petits gars n’ont cessé de progresser,
d’aiguiser leurs compositions et d’affiner leur son. C’est
même dans ce dernier domaine que Shame Spiral s’avère
le plus impressionnant. Encore une fois mis en boite au Bear Bites Horse
studio par Wayne Adams – co-fondeur de Hominid sounds et bassiste
de Death Pedals et de Shitwife – Shame Spiral possède
une ampleur et une épaisseur qui feraient presque oublier le quasiment
parfait deuxième album de USA Nails. Et surtout, il y a cette froideur
implacablement sauvage et inévitable qui se dégage du disque
et qui donne des frissons dans le dos. Une véritable déferlante
de compositions finement aiguisées par une volonté irréductible,
indestructible. Shame Spiral est un album court (vingt-cinq minutes)
qui ne laisse rien au hasard, n’offre pas de répit et fourmille
de détails qui font toute la différence – écoutez
bien cette putain de deuxième guitare qui n’arrête pas
de sortir des sons incroyables et même parfois étranges.
Encore une fois USA Nails synthétise donc tout ce que l’on
espère d’un groupe qui se sert de ses guitares comme de lames
de rasoir : Shame Spiral est sublimement punk, souvent noise mais
aussi et surtout voilà un album racé, classieux et…
élégant. Et l’élégance dans la fureur
et le martèlement, ce n’est vraiment pas un mince exploit.
Seule petite ombre au tableau, la reprise d’Eisbär placé
à la toute fin du disque. Tout le monde connait ce titre de Grauzone
– groupe de Martin et Stephan Eicher –, c’est un classique
absolu des soirées dansantes à la gloire nostalgique des
80’s et le problème n’est pas que la version, plutôt
bonne, qu’en propose USA Nails n’apporte rien à l’original,
non le problème c’est qu’elle n’apporte rien de
plus au disque ni au groupe (si tu veux vraiment avoir un point de comparaison,
penses à ce que Big Black avait en son temps réussi à
sortir de sa reprise de The Model de Kraftwerk). Mais que ce soit
un petit caprice, un simple clin d’œil ou un véritable
hommage, Eisbär n’entache finalement pas la réussite
éclatante d’un album haut de gamme et déjà incontournable
de l’année 2017. Alors Vivement l’année prochaine
et le quatrième LP d’USA Nails. Sans déconner.
Hazam (17/05/2017)
 
 
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