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Dernière Transmission
s/t – Tape
Zéro Égal Petit Intérieur 2016

Dernière Transmission sort sa première émission. Ce n'est qu'une modeste cassette mais elle est riche de plein de nuances de noirs et d'électricité grinçante. L'électricité de la guitare d'Emmanuel Boeuf (ex-Sons Of Frida). L'électricité des machines de Guillaume Collet et l'électricité des mots de Jérôme Orsoni, ces deux derniers étant membres de Rome Buyce Night. Et un halo de noir tout autour. Une nouvelle étincelle entre trois personnes ayant déjà collaboré dans un ensemble plus large avec leurs groupes respectifs pour une belle réussite.
Dernière Transmission émet ses ondes sur un registre beaucoup plus intimiste et singulier. Obscurité complice, mouvante, le trio parisien se déplace sous les sonorités frêles et grésillantes d'une boite à rythmes mécanique, à travers le champ de synthés glaçants, perçants, entre les arpèges mélodiques ou le canevas brumeux d'une guitare semblant comme venir de l'arrière, tapie dans l'ombre pour mieux apporter son aura de lumière et de spleen. Et puis le chant en français. Un spoken-word et le choix des mots. La poésie rude et lettrée, pleine d'une colère froide et d'une mélancolie lucide. C'est toujours une prise de risque, manier littérature et musique, à l'instar d'un Pascal Bouaziz et Mendelson mais les mots claquent, les phrases fusent, se répètent, s'intensifient, s'entourent de mystère et laisse place à l'imaginaire. Avec un soupçon d'étrange. Seule façon de vivre avant de disparaître. On regrettera juste dans cette façon de narrer, la voix parfois chevrotante venant terminer des phrases.
Mais l'ensemble fonctionne. Captive même, souvent. Un mélange original entre une vague froide et synthétique venant des années 80, des développements noisy, des tournures mélodiques ou abstraites ou bruitistes, des mots qui interpellent, des climats décharnés, névrosés ou élégamment ténébreux. Guitare et machines ne font qu'un, s'entremêlent, tissant un tapis sonore consistant sous son apparente fragilité. Puis les synthés sortent le gimmick qui fait la différence, la guitare s'envole vers des mélodies en boucle, des notes classieuses ou un fin wall of noise. Les neufs titres égrènent une histoire inquiétante, forment une ambiance personnelle et prenante, un peu plombante parfois, un univers se démarquant de la masse grouillante et redondante pour faire de Dernière Transmission une histoire un peu plus profonde et lumineuse qu'une simple affaire d'ondes et d'électricité.

SKX (10/09/2016)