pord
pleindechoses
nothingtothetable
|
Pord
It's Always Sunny Here 12''
Plein de Choses / Nothing To The Table 2014
It's Always
Sunny Here. Drôle de titre pour une musique qui n'est que grosse
masse sombre, entrailles hurlantes et boule de feu. On a pu en témoigner
samedi dernier 19 avril, lors du Rejuvenation Festival à Bobigny,
pendant un concert qui a remporté haut la main la palme du show
le plus dévorant du week-end. Et le meilleur en ce qui me concerne,
Réju d'or à l'aise. Raison supplémentaire pour se
procurer le nouveau disque du trio lozérien sauf qu'en fait, c'est
faux, l'achat s'est fait dès l'installation du stand du groupe,
bien avant le concert parce que c'est Pord, bordel et depuis Valparaiso,
toutes nouvelles sorties du groupe était avidement guettées.
Et elle est un brin frustrante cette sortie. Uniquement trois titres,
gravés sur une seule face, avec l'énigmatique mention Punkoïd
Orchestra and Raymonde in The Dark écrite de l'autre coté.
Ceci n'est pourtant pas la nouvelle étiquette à la mode
pour décrire Pord. Dazzling
Killmen est toujours inscrit au burin au fronton de Pord. A tel point
qu'ils reprennent un morceau de Dazzling Killmen, Staring Contest,
premier titre du deuxième album Face of Collapse. Pour un
groupe qui se voyait joyeusement comparer au groupe de Chicago, ça
ne va pas les aider à se débarrasser de cette étiquette
de Dazzling Killmen français et on peut s'interroger de la pertinence
d'une telle démarche. Mais Pord n'en a cure et met les deux pieds
dans le plat. Leur reprise est fidèle à l'original, exécuté
avec une seule guitare contre deux pour les Dazzling et à défaut
de surprendre, prouve qu'ils maîtrisent parfaitement les codes des
Maîtres et leur rend un bel hommage. Les choses sérieuses
ont lieu avec les deux premières compositions. Bave entame
le disque en répandant sa bile haineuse, les crocs entre les dents,
rouleau-compresseur de cinq minutes qui va peu à peu ralentir la
cadence, devenir divinement pervers, lentement torturant, brutalement
poignant et senchaîne dans un fondu idéal avec le morceau
de bravoure se nommant Staying Here. Pord avait terminé
le concert du Réju Fest par ce titre. C'était incroyable.
Il avait laissé tout le monde sur le cul. Les onze minutes de la
version vinyle procurent un plaisir aussi intense et féroce. C'est
leur Code Blue ou Face of Collapse (le nom du morceau pas
l'album) à eux. Une odyssée épique qui rend dingue.
Pord nous fait la totale, s'inspire de qui vous savez mais accouche d'un
monstre personnel. Avec ce quasi silence au milieu pour mieux rebondir
et sauvagement nous tuer à petit feu d'enfer, de répétitions
conduisant au supplice, une section rythmique inarrêtable et flamboyante
jouée avec des regards de psychopathes et une guitare qui vous
emmène très loin dans la souffrance et la nuit bleue acier.
It's Always Sunny Here est répété avec un
fond de désespoir dans la gorge comme pour mieux se persuader que
tout n'est pas pourri ici bas. Avec Pord, tous les espoirs sont en effet
permis.
SKX (24/04/2014)
Post-scriptum amusant et intéressant : Pord signale que les deux
inédits datent en fait de 2007, époque où ils jurent
ne jamais avoir entendu parler de Dazzling Killmen. On les croit sans
problème mais ça n'a pas fini de les poursuivre héhé...
Du coup, la reprise de Dazzling Killmen est un clin d'oeil à cette
histoire revenant sans cesse. Longue vie à Pord !!
|
|