De Valparaiso, port du bout du monde au Chili à Valparaiso, premier album de Pord en Lozère, des milliers de kilomètres et un océan de différences. Valparaiso le mythe, le tout est possible d'un nouveau départ et Valparaiso le disque, le début d'une belle aventure, bien ancrée dans la réalité d'une terre (la Lozère) qui ne nous avait jamais habitué à enfanter des groupes aussi denses. La racine Dazzling Killmen bien consommée, Craw digéré et désormais, c'est soir de peine capitale. Gifles de sang à couper le souffle. Aller à l'essentiel, répéter les mesures, façon Kourgane mais tellement rageur et boule de nerf. Je ne sais pas si c'est la fâcheuse habitude d'écouter régulièrement ce genre de musique toute en crispation mais je n'y entends aucune complication, besoin d'aucun manuel de technicien. C'est le marteau du forgeron qui s'abat avec force sur une enclume chauffée à blanc. Une musique têtue, entière, obsessionnelle, qui se frappe la tête contre les murs. Taper jusqu'à ce que la viande devienne rouge. Des muscles malades, des doigts cassant sur des lignes de basse faisant tourner une rythmique à rendre fou, une conviction dans chaque note forçant le respect. Chaque coup de baguette taillée dans le bois le plus rude vous enfonce encore plus profond dans la noirceur de leur forêt locale. Pendant que ces deux là assoient une fondation aussi inébranlable que charnelle, on apprécie la simplicité du guitariste qui ne cesse de frotter ces cordes avec l'urgence nécessaire pour finir de mettre le feu par strates consistantes et radicales. Mais jamais ils ne se reposent ? Si, 1 Litre, 1 Jour. A la bonne votre ! Fin de face et retour à la brûlure parcourant les neuf titres. Chaque titre est le prolongement du précédent. L'écho ne faiblit jamais. Le cerveau baigne dans le phénol. Avec par derrière, dans le fond du mix, cette voie qui vous choppe le cortex sensitif, expulsant au feeling des paroles d'un Anglais que même le plus reculé des Lozériens pourrait aisément comprendre. Valparaiso, fin du voyage. Il fut exténuant mais on a qu'une seule envie, repartir au plus vite. Ca va laisser des traces.

SKX (17/05/2011)