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The
Dictaphone
s/t - LP
Kill Shaman 2010
Tout va très
vite à Tours, chez le one-man band The Dictaphone. Après
quelques morceaux balancés sur son myspace (comme quoi ça
sert ce machin) et vite repérés par le label canadien Sweet
Rot pour un single,
c'est le label californien Kill Shaman, autre grand spécialiste
de groupes français, qui repère ce single et propose illico
un album.
Des morceaux en stock, Jérémie en a plein. Et des idées
aussi. Elles n'ont pas fait mouche tout de suite. Elles n'ont pas cette
immédiateté, cet allant séducteur que possédaient
les six morceaux du single. Cette fois-ci, c'est taillé pour un
album, pour durer, ça s'installe lentement dans votre caboche encrassée
puis ça ne vous quitte plus. Lumière blafarde. Les temps
sont durs. Beats mécaniques de la boite, essence rock'n'roll de
traviole, blues décati dans lequel surnage des mélodies
imparables. Minimalisme minimum vu la formule, ça pourrait sonner
plus sec, plus rachitique mais ça tremble, ça grésille,
ça vie, même si on sent bien le malaise derrière,
que la pas de danse est macabre. L'écho de la voix dans le lointain,
les effets sur la guitare, malaxe, le cur de l'automate, j'entends
comme du Suicide dans les conduits, version Jon Spencer et Feeling of
Love avec un doigt de The
Anals. Treize titres qui vont de la perle garage rock vicieuse (Mummmers),
ou la perle tout court (Hassle cult) avec sa tendance noise épileptique
(Weak Patterns), aux bizarreries expérimentales vaudous
(Drug Punk), bidouillages intensifs qui font grincer les dents
(Mental Teeth) mais jamais gratuitement, une ballade sifflante
(Wrong Soundings) et les champs défrichés d'une industrie
ravagée (le final Ants). The Dictaphone, bricoleur solitaire,
construction parfaite d'un album pensé comme un tout et non pas
une succession de titres uniquement accrocheurs et la confirmation d'un
beau talent.
SKX (21/09/2010)
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