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The
Anals
Total Anal - LP
Permanent 2009
Il serait
tentant avec un groupe portant un tel patronyme de s'en donner à
cur joie et de dire que The Anals pratique une musique qui vous
laisse sur le cul et autres métaphores douteuses, qui plus est
avec un bouquetin sur la pochette, évoquant des histoires de légionnaires
seuls dans le désert avec leur chèvre maaaaaais, il y a
un mais, The Anals, groupe de Metz n'a rien d'un duo de comiques troupiers.
Le batteur a décidé de quitter ce monde et ça fait
déjà moins rigoler. C'était également le batteur
de AH
Kraken, ce qui signifie que The Anals faisait parti de cette fameuse
Grande
Triple Alliance Internationale de l'Est, donnant tout de suite une
idée de l'humeur glauque régnant sur ce disque. Total Anal
regroupe l'ensemble de leur répertoire, enregistré en 2006
et ne sortant que trois ans plus tard sur Permanent records, un label
de Chicago.
Duo synth-punk d'un autre siècle, celui où traînait
les Screamers, croisé avec l'esprit no-wave, non pas pour faire
comme les grands, mais par désoeuvrement et par cette limitation
technique qui accouche d'un disque difficile, atonal et chaotique. Des
compos où les synthés qui viennent du même siècle
que celui des Screamers dominent, chuintant, crissant, délivrant
des mélodies new-waveuses et aliénantes (Commando of
Love et Wake Ip you're Dead, sorti à l'origine sur un
45 tours sur Sweet Rot). Des fragments plus rock et noise sur Vaginal
Death Tunnel qui n'a pas besoin de lubrifiant pour vous faire atteindre
l'orgasme. La danse de la pluie sur Love Lives in the Street, des
impasses et du nihilisme primaire (I Married a Slut). Girls
Just Want To Have Fun qui n'est pas une reprise de Cyndie Lauper ou
alors elle cache bien son jeu cette salope (la reprise bien sûr)
et que Cyndie doit se retourner dans sa tombe (comment ça elle
est pas morte ?!). Sans oublier une autre de leurs potes strasbourgeois
de The Normals (I Prefer Her Dead). Avec à chaque fois une
constante. Ce climat sordide sentant la traversée de la Ruhr sous
le crachin, une quinzaine commerciale au supermarché de Béthune,
un désespoir latent, le poids du quotidien rempli de larsens, de
rythmes primitifs, d'une incapacité totale à communiquer.
Comme dans tous les disques de la Triple Alliance, on y parle crudités
mais pas de salades. He Was in Love With a SS Who Was in Love With
a Jew. Provocation facile et perturbante. Cris de bêtes sur
The Animals ou cris d'amour déchirants (Zero Divided
By Two), total abandon de soi bien des fois, tout le temps, une maladie,
pour s'étaler dans sa propre crasse et se foutre de tout et de
tout le monde. The Anals, une belle musique d'enculés mais pas
pour des trous du cul.
SKX (20/02/2010)
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