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Deity
Guns Cette chronique
n'était pas prévue au programme. Mais suite aux atermoiements
que le Diesel Dead
Machine de Zëro a procuré, une irrésistible
envie de remonter à la source et d'écouter les Deity Guns
s'est pointée. Alors autant profiter de cette occasion pour reparler
de A Recollection, compilation trois CDs de l'oeuvre des lyonnais
sortie il y a presque un an. Comme on est chaud comme la braise, on complète
le tableau dans la rubrique Art
of Losing avec Electricity, le live in Italy de 1991 et
le 45 tours sorti sur la Bande à Bonnot en 1992, le morceau Extra
love on a parallel world étant bizarrement non présent
ici alors que l'autre face, Doors of India, y figure. Deity Guns,
c'est essentiellement deux albums. Stroboscopy en 1991 sur Black
& Noir, (feu)le label de leur potes des Thugs et Trans-lines Appointment
en 1993 sur Big Cat, le label de Jim Thirlwell (Monsieur Foetus). Les
Lyonnais avaient mis leur destinée entre de bonnes mains. Pour Trans-lines Appointment, Deity Guns s'exile à New-York, rencontre leurs maîtres (Wharton Tiers et Lee Ranaldo) et passe dans une dimension supérieure. Fini la puissance brute et le bruit de masse. Les Lyonnais élague leur son. Le rythme ralentit, élargit son champ d'action. Deity Guns dompte l'énergie qui bouillonne en eux, la torde, joue avec la tension et l'explose en vagues déferlantes, garde le rock au centre du débat tout en lui faisant subir outrages et sévices. On ne va pas repasser en détail les neuf titres de cet album vu qu'on était même pas censé en parler. Il n'est pas difficile de trouver des commentaires sur de nombreux sites et l'interview ci-dessous en parle déjà pas mal. Juste retenir que Trans-lines Appointment est, sans vouloir en faire des tonnes dans l'exégèse, un disque angulaire de la scène française (on pourrait aller au-delà des frontières mais ça va devenir compliqué), un mélange de l'urgence du rock et d'une approche expérimentale, ne privilégiant jamais l'un au détriment de l'autre mais une musique toujours tendue vers une émotion, quelle qu'elle soit. Cet album est l'aboutissement parfait d'une démarche pour aller sans cesse de l'avant, prendre des risques, transcender ces influences de base pour trouver son propre terrain de jeu. Un album achevé en février 1993 et sorti dans la foulée, le groupe se séparant juste après, en décembre de la même année. Mais A
Recollection ne propose pas que ces deux plats principaux. A la fin
de chacun de ces deux albums prenant place sur deux CDs différents,
Deity Guns a sorti les trésors de guerre. Deux titres figurant
sur des compilations. La fameuse Serial Killers vol. 1 avec l'excellent
Vacuum Tubes et la compile Passionnément et le titre
qui m'était totalement inconnu jusqu'à ce jour et toujours
une histoire de rendez-vous, Appointment in Sète, ou comment
cauchemarder au pays de Brassens. Le troisième
CD est une affaire de concerts. Pas ma tasse de thé préférée,
ces moments de sueur collés pour l'éternité sur le
froid support numérique. C'est surtout l'occasion de se remémorer
des faits anciens, les kilomètres tracés pour voir un paquet
de fois les lyonnais sur scène, endroit qu'ils maîtrisaient
à merveille, que ce soit à L'Arapaho à Paris avec
Unsane ou au festival de Saffré (près de Nantes) devant
un public venu voir les Urban Dance Squad. Ou encore dans ce troquet à
Janzé, à 30 bornes au sud de Rennes, avec Drive Blind, devant
six personnes dont les deux proprios (la Quimperlé connection,
ceci expliquant l'incongruité de ce genre de concert dans un tel
bled) et une équipe de basket de retour de leur entraînement
du vendredi soir et qui avait modérément apprécié
les effluves soniques de l'équipe lyonnaise. SKX (13/02/2010) |