xiuxiu


Xiu Xiu
Remixed And Covered - 2xCDs
5 Rue Christine 2007

Reprendre des chansons de Xiu Xiu semble couler de source. Une chose évidente tant les compositions de James Stewart prêtent leur flanc à d'autres réinterprétations, tant elles semblent composer comme un immense jeu de legos, un assemblage hétéroclite dont les pièces pourraient changer de place à l'infini pour un résultat toujours surprenant. Le présent objet est en deux parties. Un CD de reprises avec des groupes se servant de leur univers musical habituel pour reprendre Xiu Xiu. C'est covered. Un CD où ça triture de la bande à tout va mais en gardant la voix de James Stewart. C'est le remixed. Vous partez ainsi pour une heure vingt de Xiu Xiu à toutes les sauces. Périlleux périple. En fait, l'intérêt principal de ce boîtier consiste dans la reprise de Oxbow. Ou comment réduire 1h20 d'efforts à quatre minutes trente-deux ! Oxbow dans sa version minimale avec Niko Wenner et Eugene Robinson quand ils se présentent en duo et en acoustique. Une reprise magnifique que tous les fans du groupe de San Francisco se doivent de connaître. La guitare acoustique et cristalline percée par les gémissements de Eugene Robinson la pleureuse, le touché d'un xylophone sur la fin pour une relecture de Saturn (sur l'album La Forêt) remarquable. Oxbow a tout compris. Désossé Xiu Xiu, ne pas essayer de faire aussi riche et bricolo (même de génie). Garder la seule trame mélodique, aller à l'essentiel et lui apporter toute la force d'interprétation nécessaire. Presser le jus de l'émotion qui se cache dans chaque titre de Xiu Xiu, les débarrasser de ses oripeaux et mettre Xiu Xiu à nu. Parce que pour les autres reprises, personne n'arrive à retranscrire les sentiments à fleur de peau que Xiu Xiu divulgue derrière son bordel apparent et qu'à ce petit jeu là, mieux vaut écouter les originaux. Ca beau donner dans le délicat, dans les nappes de synthés, dans le folk pour bobos (Devendra Banhart), l'electro de branleurs (Kid 606), le cabaret (Her Space Holiday) et j'en passe des moins connus, on saisit là toute la difficulté, et par la même occasion la richesse, des compos de Xiu Xiu. Le fil invisible entre une musique vide de toute substance malgré son apparente émotion et une musique qui vit, vibre, dérape derrière son apparente fragilité.
Pour l'étape remixed, c'est le même laïus. Mais en pire. Avec beats et rebeats dansants à l'appui pour (presque) tout le monde. Le seul intérêt pourrait être la reprise du Ceremony de Joy Division/New Order par Xiu Xiu eux-mêmes. Version hystérique et azimutée qui n'empêche pas de danser. Passable à la rigueur avant de se finir avec le groupe To live and shave in LA remixant la totalité de l'album The Air Force dans le temps record de 3 minutes et 27 secondes. Vous avez dit n'importe quoi ? Excepté le morceau de Oxbow, tout ça n'a rien de percutant. Que vous aimiez ou détestiez Xiu Xiu, ce projet ne changera pas la donne.

SKX (10/12/2007)