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Lydia Lunch Hysterie (1976-1986) - 2xLPs Widowspeak records 1987 [publié le 07 décembre 2017] Les compilations sur Lydia Lunch, c'est pas ça qui manque. Hysterie a le privilège d'être la première et de regrouper l'essentiel des travaux de Lydia Lunch de 1976 à 1986 sans s'encombrer de live, démos ou autres fonds de tiroirs inutiles et inaudibles, se focalisant ainsi uniquement sur les enregistrements studios qui n'étaient franchement pas nombreux. L'époque se vivait dans l'instant, dans l'urgence, sans calcul. Les groupes de Lydia Lunch sont tous mort-nés. Une poignée de concerts et très peu de disques pour témoigner de ce vivier new-yorkais chaotique, expérimental, créatif, un mouvement no-wave dont l'impact est beaucoup plus important sur les générations futures que sa durée de vie. La face A parle du groupe de Lunch le plus connu et représentatif de la no-wave, Teenage Jesus & The Jerks. Dix titres qui commencent et s'achèvent par le même titre, le bien nommé Red Alert. Stridences maximales, éclats décharnés, cris perçants et intenses de Lunch qui était aussi la guitariste (on a tendance à trop souvent l'oublier), section rythmique pulsative, primaire, Teenage Jesus & The Jerks jouait à l'instinct et il était sauvage. Un groupe éphémère et un chant qui va inspirer et libérer de nombreuses autres filles bien des années plus tard chez les groupes noise. Sans toujours autant d'à-propos. Teenage Jesus & The Jerks, groupe emblématique qui a retourné le cerveau avec un nombre ridicule de morceaux. Mais la meilleur description de Teenage Jesus est celle de son batteur James Sclavunos : Lydia always wanted Teenage Jesus & The Jerks to sound like rough sex, like a hate-fuck. I could relate to that, having recently been deflowered by her. Face B, Beirut Slump, un groupe beaucoup moins connu de Lydia Lunch qui ne fournit plus la voix et intervient seulement à la guitare. Le chant se partage entre la bassiste Liz Swope et son frère Bobby 'Berkowitz' Swope qui malmène également un violon. Sclavunos reste à la batterie et Vivienne Dick titille de loin un orgue. Lunch a écrit toute la musique et les paroles sont collectées par Lunch auprès de personnes vivant dans la rue. Après trois concerts et à peine un an d'existence, Beirut Slump était déjà terminé. Reste huit titres, violemment erratiques, furieusement dissonants, osseux, confus. Vous pouvez avoir peur. Face C, 8 Eyed Spy voit le jour après la fin de Beirut Slump. Mais là encore, l'existence de 8 Eyed Spy a été météorite. Juste avant d'enregistrer leur premier album, le bassiste George Scott III meurt soudainement. Fin du groupe. Un album a tout de même été publié avec huit titres live et six titres studios figurant sur Hysterie tout comme le single Diddy Wah Diddy (une cover de Willie Dixon/Bo Diddley) avec la face B Dead You Me. Et cette reprise d'un blues n'est pas totalement un hasard. Le propos de 8 Eyed Spy s'éloigne singulièrement des extrémités de la no-wave et s'attaque à de nombreuses reprises de standards sixties comme The Sonics ou Creedence Clearwater Revival dont on retrouve Run Thru The Jungle (repris aussi en 82 par le Gun Club) sur Hysterie alors que l'intro se nomme Swamp. Tout un symbole. Lydia Lunch en mode rock'n'roll du bayou/big band perverti par New-York, sans les cris de succube violente et avec saxophone intégré qu'on peut notamment entendre sur Love Split with Blood, titre repris plus tard par Dog Faced Hermans. Hélas, la qualité d'enregistrement de ces titres pris la plupart dans des conditions live laisse à désirer. Et rien ne vaut une Lydia Lunch en mode batcave cyclothymique. La dernière face appelée Slow Choke correspond à des collaborations de Lydia Lunch avec trois groupes différents. I Fell In Love With A Ghost avec une partie de Birthday Party (Rowland S. Howard, Mick Harvey) ainsi que Barry Adamson (Magazine) et Genevieve McGuckin (These Immortal Souls) pour un morceau à l'ambiance fielleuse d'un Birthday Party qui aurait troqué son Cave contre une Lunch vénéneuse. Superbe. Les deux autres titres sont aussi excellents avec As She Weeps avec les Danois de Sort Sol et Der Karibische Western avec les Allemands de Die Haut. Une période ou Lydia Lunch se fait plus sombre que violente, intériorise, chante plus qu'elle ne hurle et trouve en ces groupes un écrin parfait à ses noires pensées qui accompagneront toute sa riche discographie dont vous avez un brillant aperçu avec Hysterie.
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