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Ink
s/t CD
Monitor
records
2000
Reagent
Specs CD
Monitor
records
2001
[posté
le 12 septembre 2015]
Ink
n'a jamais fait coulé beaucoup d'encre (mouhaha). Tout comme était
resté très discret sept ans auparavant Candy
Machine, le groupe dans lequel sévissaient déjà
Peter Quinn (chant/guitare) et Lyle Kissack (batterie). A l'aube du nouveau
millénaire, Quinn et Kissack, avec l'aide de Craig Bowen à
la guitare, vont épurer
jusqu'à l'os leur style entrevu avec Candy Machine pour en faire
un rock minimaliste, aride,
étrange. A l'époque où on en avait parlé,
les groupes néo-zélandais étaient déjà
pointés du doigt. Mais un groupe comme The
Gordons (futur Bailter Space) ne les
a surement pas laissé insensible, si jamais l'écho de leur
musique violemment neurasthénique était parvenu jusqu'à
Baltimore. Ink en propose une lecture encore plus maladive, dépouillée,
douloureuse, répétitive mais profondément troublante.
Un cuivre vient parfois mettre un peu de suavité, tous les morceaux
se jouent sur une corde raide et sur deux cordes, une voix monotone, jouent
avec nos nerfs aussi, se tend sur une batterie qui ne fait jamais un mouvement
de trop tout en restant étonnement créative. Et de cette
musique à se faire pâmer de bonheur My Disco, Ink ne crée
pas une ode au vide mais créé des morceaux à la chaleur
diffuse (REZ Icons ou Tokyo Western), à la tension
qui met mal à l'aise, assimilant et réinterprétant
de façon personnelle et brillante tous les préceptes de
Slint.
Avec
le deuxième album Reagent Specs, Ink voit le groupe s'étoffer
puisque six noms de musiciens sont mentionnés sur la pochette,
à l'endroit ou à l'envers. La musique également s'étoffe
tout en respectant la ligne de conduite du premier album. Des frictions,
des résonances, une clarinette, un piano mais toujours au service
de morceaux répétitifs tendant vers une douce et bizarre
hypnose, montées nonchalantes qui rend dingue et accro, ambiances
impressionnistes, fausse monotonie mais nervosité palpable, basse
ronde d'un dub de blanc, groove lancinant comme du Fugazi ou Hoover au
ralenti et réduit à l'essentiel, polyrythmie dans un cadre
toujours sans superflu, mélodies sous-jacentes d'un album plus
musical et travaillé que son prédécesseur. Il est
à noter que ce disque a été écrit ET enregistré
simultanément en studio. Comme un défi, une spontanéité
recherchée d'où résulte onze compos pourtant parfaitement
alignées et écrites, plus troublantes que jamais et dont
le souvenir était lointain,
tour à tour onirique et âpre, harmonieux et insondable. Bref,
unique.
infos
s/t : nom
du groupe inscrit sur le boitier, pas de pochette. Peter Quinn, Lyle
Kissack, Craig Bowen. Rec@ACR.
infos
Reagent Specs : | |