The Art of Losing
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Engine Kid
Astronaut - CDEP
C/Z records 1993
[publié le 24 octobre 2021]



2021 aura été une année du souvenir pour Engine Kid qui n’existe plus depuis 1997. Le groupe de Greg Anderson aura vu fleurir sur sa tombe trois compilations. C’est d’abord Southern Lord, le propre label d’Anderson, qui a publié Everything Left Inside, un volumineux coffret de six vinyles reprenant l’intégralité de la discographie du trio de Seattle. C’est à dire les deux albums Bear Catching Fish et Angel Wings, trois singles, les deux splits avec Iceburn et Silkworm et différents morceaux égarés sur des compilations. Puis ce fût le cas également pour le label japonais Daymare records sous la forme de deux coffrets double-CDs reprenant la quasi totalité de l’œuvre du Kid. The Art of Losing y va donc aussi de son rappel avec Astronaut, un EP quatre titres qui faisait le lien entre l’ancien Engine Kid, celui plus pop et posé de Bear Catching Fish et celui de la transfiguration, l’énorme Angel Wings, le disque d’Engine Kid qu’il vous faut absolument. Astronaut combinait ainsi les deux aspects mais s’il reste mémorable, c’est surtout pour un seul morceau, le dénommé Furnace, sous-titré If I Were Your Mother I’d Kill You I’m Insane. Oui, rien qu’ça. Les mauvais langues disent que c’est le meilleur morceau jamais écrit par Slint. Qu’importe, Engine Kid, qui ne s’était jamais caché de son amour pour Slint, sublime le style, magnifie la tension entre parties mélancoliques et déflagrations et une puissance qui retournent le cerveau et annonciatrices d’Angel Wings. Six minutes toujours aussi grandioses. Mais les deux titres ouvrant le CD qui existe aussi en version single (mais sans Furnace, autant dire qu’il perd énormément de son intérêt), Astronaut et Treasure Chest (The Liver Is (The Cock’s Comb)) ne sont pas dénués d’intérêt. Ils reprennent les mêmes ingrédients, l’impact est juste (beaucoup) moins fort. Et pour la route, Engine Kid se fend d’une reprise de Neil Young, The Needle, et dont le véritable titre est The Needle And The Damage Done. Un hommage à deux amis de Neil Young qui ont succombé à des overdoses et dont la profonde tristesse est électrisée par la version d’Engine Kid qui s’en sort très bien. Une reprise poignante qui fait désormais écho bien des années plus tard, en 2006, à la mort de Chris Vandebrooke, assassiné dans un campement de sans-abri à Los Angeles, lui qui fût le batteur originel du Kid sur le 7’’ Novocaine, Bear Catching Fish et Astronaut qui se termine par un long blanc suivi de vains bruitages.

infos : cd cardsleeve. Recorded at Music Source by John Goodmanson.