|
Distorted
Pony
Punishment Room - LP
Bomp!
records 1992
Instant Winner - CD
Trance
Syndicate records 1994
[publié le 10 septembre 2017]
Passons
aux plats de résistance après les deux très bons
amuse-bouches Concrete
Bruises et Work
Makes Freedom. Distorted Pony n'a publié que deux albums
et ce sont deux coups de maître. Le premier est sorti en 1992 et
se nomme Punishment Room. Distorted Pony nous soumet à la
question et c'est une douce torture. Surtout si vous aimez racler vos
ongles sur un tableau, les mecs qui tapent sur des poubelles et Big Black.
London May a intégré le groupe comme second batteur et plus
précisément aux percussions en tapant comme un forcené
sur des tôles tordues. Steve Albini s'est mis en tête de mettre
ce bruit divin en boite. Et tout le groupe a explosé le compteur
qualité. Punishment Room est un album piquant et acide.
Les compos ne s'éternisent pas. L'influence Big Black se précise
mais Distorted Pony sait s'exprimer avec ses propres armes, notamment
avec cette doublette rythmique batterie-percussions qui donne un relief
personnel à leur bordel. L'autre doublette magique, c'est la paire
Uskovich et Hammer aux guitares. Chaque titre possède son riff,
sa ligne de guitare qui font toute la différence avec l'appui grondant
et distordu de la basse, les cordes crissantes et éclairées
transformant chaque morceau en une bombe en devenir. Impossible d'en dégager
un du lot, ils ont tous un impact similaire. Le chant est aussi une histoire
de duo. La voix rauque et enragée de Dora Jahr (alias Tricia de
son vrai prénom) en osmose avec le chant tout aussi intense de
Uskovich. Alors quand Dora Jahr crie sur Splinter, I want to
fuck, on fait comme David Uskovich, on hurle en choeur Just like
you. La plus agréable des punitions.
Sur la version CD, vous trouvez les cinq titres de Work Makes Freedom.
info
: 33
rpm, black vinyl, 1 insert with lyrics. Distorted Pony : Der Hammer, Theodore
Jackson, London May, Dora Jahr & U. Recorded at Surrogate Spike LA,
mixed in th Guest Room, Chicago by a bespectacled wisp of a fellow from
the Midwest. Art concept by D. Pony. Execution by Mackie Mcaleer.
Quand
Instant Winner sort en avril 1994, Distorted Pony a splitté
depuis août 1993. Un album posthume donc et qui lui a très
vraisemblablement coûté une plus grande reconnaissance. Un
album mort-né dont l'impact aurait pu, aurait dû être
beaucoup plus grand. C'est l'album parfait du quintet de Los Angeles.
Albini (son nom napparaît pas sur la pochette - une de ses
lubies mais le cantankerous midwesterner crédité
sur la pochette, c'est lui) leur taille un son sur-mesure. Les compositions
se sont passablement rallongées, l'album tape dans les cinquante
minutes avec en point d'orgue les dix minutes finales de A Fine View
From The Temple, chef duvre de désolation mélancolique
et de puissance contrôlée. Avant ça, Distorted Pony
a fait la totale. Que du morceau qui prend aux tripes, aucun temps mort,
aucun répit. Jamais Distorted Pony n'a été aussi
dense, tumultueux, menaçant, rampant, épique, plantant des
germes mélodiques un peu partout comme autant de venin pour transporter
l'ensemble de l'album vers des hauteurs vertigineuses.
On retrouve les deux titres, Dept. Of Existence et Go Cart,
sortis également sur un single qui avait pris les devants en 1993
sur le label allemand Gasoline Boost, deux perles au milieu d'une profusion
d'offrandes synonyme de noise-rock idéal. On ne dira jamais assez
combien ce groupe est indispensable à votre bien-être quotidien
et qu'il est encore trop injustement méconnu. Distorted Pony, un
très grand groupe.
Après ça, chaque membre s'est plus ou moins éclipsé
dans le paysage. Dora Jahr a joué au sein de Saraspoden avec un
membre de Oiler et un
seul single (Torn) à
la clef sur Big Jesus Entreprises en 96. Theodore Jackson a joué
avec un mec de Slug au sein
de Go-Kart (un single, Lighthouse/Summertime sur Magnatone Products
en 1994). London May est reparti jouer dans des groupes de metal/hardcore
comme Samhain. Le plus prolifique est Uskovich. Sweet
Pea, Switchhitter
et Red
X Red M, trois projets qui ne comptent pas pour du beurre.
Et comme tant d'autres, en 2010, Distorted Pony a franchi le pas de la
reformation. Seul Robert Hammer a décliné l'invitation,
remplacé par un certain Eddie Rivas. Une tournée européenne
est dans l'air depuis longtemps mais je crois que ça ne s'est finalement
jamais fait. En attendant, vous pouvez aller mater une performance de
reformation pendant une émission de radio ici
et là.
Et comparer avec un vrai concert de l'époque.
info
Instant Winner : applied
to magnetic medium in Chicago. Comedy and commonsense provided by a cantankerous
midwesterner. Layout by David McCreath.
|
|