Davy Jones Locker
s/t - LP
Go Get Organized records 1991
I Shake My Head 7''
Self-released records 1989
[publié le 06 juin 2021]



A Thionville, il avait déjà été question de Hems. Place à l’autre seul groupe intéressant que cette ville de l’est de la France n’ait jamais compté, Davy Jones Locker. Davy Jone’s Locker, une expression anglaise imagée pour parler des profondeurs des océans, là où reposent des milliers de marins ayant péri en mer. Un nom bien poétique pour une musique qui ne l’est pas du tout. En 1991, le quintet (basse, batterie, deux guitares, chant) sort sept titres sous la forme d’un mini-album sans nom appelé le plus souvent celui des dinosaures qui fument. Une pochette marquante et originale ne laissant aucun indice sur ce qui peut bien se tramer à l’intérieur, à quelle sauce la musique va nous dévorer. Trente ans plus tard, on n’a toujours pas la réponse. Un mélange de rock et de garage, milieu d’où ils venaient, avec du fuzz qui déborde mais plus Telescopes que Mudhoney, grunge aussi donc si vous voulez vu qu’on était en plein dedans, noise qui suinte et perce sous la crasse, psychédéliquement punk, dark également sous le bordel ambiant et du Brainbombs pourquoi pas, nihiliste, répétitif. Un mélange qui détonne et bien à eux au final avec des morceaux qui ne durent pas mais frappent les esprits, cinglants, une rythmique qui cogne, une guitare qui plaque les accords pendant que l’autre dérape, couine régulièrement et un chant qui tente de se frayer un chemin du bout de ses cordes vocales semblant manquer de coffre. Power, Rocket In My Head, Chemical Terror, ya pas que les titres qui font mal et peur mais cette musique entêtante qui n’a rien perdu de sa force pénétrante après trois décennies. Sur la version CD, un morceau supplémentaire sans titre, long pour le coup, continuait de répandre le bonheur tout au long de huit minutes d’une lente plongée cauchemardeuse. Dans notre grande mansuétude, il est compris dans le téléchargement ci-dessous.








Davy Jones Locker n’avait pas débuté dans la vie par cet album aux dinosaures accrocs à la clope. En 1989, un single deux titres avait été publié par le groupe. On vous le met pour le fun, pour l’histoire et pour comprendre d’où venait le groupe, l’intérêt musical étant plus que limité. I Shake My Head et Wow Wow Wow en face B, deux morceaux tout gentils qu’il est possible d’affilier à la scène garage et qui ne présageaient pas du tout ce que Davy Jones Locker allait donner dans le futur. Au mieux, on pourrait faire passer ça pour de sympathiques démos de Movie Star Junkies. Au pire, vous pouvez vous en passer. Mais ce brouillon de jeunesse en dit long sur la capacité d’un groupe qui n’arrêtera pas d’évoluer à chaque enregistrement, proposant pour chacun de ces trois albums une ambiance et un style assez différents sans que l’intérêt ne se perde en route.