Child Bite + Fordamage
Lundi 25 mars 2013
Le Stakhanov, Nantes

Nouveau trajet en direction de Nantes. Un peu plus de 10 jours après Uzeda, la voiture connaît la route et se conduit toute seule. Par contre, elle a beaucoup plus de mal à se remplir. Child Bite est pourtant l'un des meilleurs actes noise-rock du moment mais c'est lundi, le monde est rempli de traîne-savates, de personnes qui s'en mordent les doigts et les absents ont toujours tort. Adage qui va se révéler encore exacte avec la furie Child Bite.
Le Stakhanov est un bar-rock relativement récent, en plein centre de Nantes et là, la voiture a beaucoup plus de mal à trouver une place toute seule. Monde moderne de merde. Le Stakhanov est assez bizarrement foutu. Une salle bien plus petite que je me l'imaginais, en forme de U, comme le comptoir, avec, quelques marches plus haut, la scène qui fait pratiquement parti du bar ou alors c'est le contraire. Ce qui donne l'impression que les groupes vont jouer de biais avec un dégagement devant pour le public. Public qui peut aussi mater le groupe carrément sur le coté, à hauteur de batteur, juste devant la porte d'accès aux toilettes et loges ou rester tranquillement au comptoir et ne rien rater non plus. Finalement, c'est pas mal comme salle.
C'est en tout cas la place adoptée pour regarder les locaux de Fordamage. C'est que la route, ça donne soif et ce n'est pas comme si je voyais Fordamage pour la première fois. Mais de coté, Fordamage, ça le fait sans problème. Ca semble lundi aussi pour eux. Ca ne démarre par le feu au cul comme à chaque fois. Juste ce qu'il faut de pression pour la faire peu à peu monter. Ce schéma tactique leur va comme un gant. Le dernier album Volta Desviada passe bien sûr en majorité. La connivence sur scène entre les quatre est toujours palpable. Les deux guitaristes commencent à faire des intrusions dans les premiers rangs acquis à leur cause, les rythmes tropico font monter un peu plus la chaleur et les Nantais jouent suffisamment court pour ne pas faire redescendre leur soufflé noise-rock incendiaire. Impeccable pour un début de semaine.



Pour Child Bite, déplacement stratégique juste devant Shawn Knight, chanteur-prédicateur-guitariste à la barbe drue. Avant le concert, sa veste de cuir avec dans le dos, un énorme patch Napalm Death, n'est pas passé inaperçue et, sans le savoir, nous donnait une indication sur la teneur du concert à venir. Non pas que Child Bite s'est mis à faire du grindcore mais dans le genre tout à fond et méchamment punk, un concert de Child Bite explose les vumètres des disques déjà prodigieusement bons et bruyants. Je suis donc loin de reconnaître tous les morceaux de leurs deux précédents 10'' mais qu'importe, les quatre membres du groupe de Detroit, lundi ou pas lundi, dès la première note, envoie la sauce comme on dit joyeusement dans le milieu porno.
Le batteur et ses magnifiques rouflaquettes fait penser à Jeff Mooridian (Hammerhead et Vaz). Il tape hyper fort, hyper vite, on ne comprend pas tout, il n'avait pas l'air sur disque comme ça mais c'est beau à voir. Et un peu hallucinant. Le bassiste à la barbe abondante, dans le fond près de la porte des chiottes, n'est pas en reste et kilos en trop ou pas, n'est pas loin de se cogner littéralement la tête contre les genoux à force de sauvagement se plier en deux. Le guitariste est également parti dans une contrée indéfinie et les postillons de Shawn Knight volent bas, avec cette pointe de regard allumé comme on aime. Dire que les compos sont transcendées serait faux. Elle sont explosées, dynamitées, ébouillantées dans un flux noise tendu et intense. Les titres s'enchaînent, on continue de ne pas comprendre grand-chose, se laissant porter par une succession de déflagrations et de structures tour à tour alambiquées ou furieusement punk-noise. Comme on dit vulgairement, avec les regards entendus et les hochements de têtes qui vont avec, ça joue. Le concert ne dure pas très longtemps ou alors je n'ai pas vu le temps passé et quand ils demandent de ne pas les rappeler, le public s'exécute parce qu'il a un peu pitié et il a compris que le groupe devant lui venait de tout donner.

SKX (28/03/2013)