Musique lourdingue
ou comment donner de la confiture aux cochons. La délicatesse avec
laquelle ce groupe de Boston est venu au monde tient plus du cri du porcinet
qu'on égorge que de la cigogne gracieuse. Une guitare, une batterie
et surtout deux basses. Les deux bassistes s'adonnant aux joies de la
vocifération toute masculine. Vous avez dit noise ?
Leur premier méfait remonte à 1991 avec un 45 tours sorti
sur Cinder Block records et limité à 750 exemplaires (j'ai
le 69
pas fait exprès). Les deux basses remplissent forcément
l'espace de façon vertigineuse. Firestone, le surnom du guitariste,
laisse de la gomme à chaque attaque de guitare qu'il manie tout
en larsen. Swine, gut et 100 Gloves, trois morceaux avec
un arrière goût de rock-noise industriel.
En 1993 sort un split 45 tours avec les punks de Spore sur Reproductive.
Le morceau Forcefeed est excellent mais on le retrouve tel quel
sur le premier album Grit !, tout comme Power Behind, le
morceau de Spore figurant sur leur premier album She Knows Better.
Intérêt subitement limité.
En 1994, Slughog met les bouchées doubles avec deux singles. Hangman/Hanker
sur Self Abuse records et Fossil/Mannix sur Super 8 records. Seul
le batteur a changé. La musique reste toujours aussi solidement
ancrée dans la terre ferme. La dimension bruyante a légèrement
diminué au profit d'une lourdeur rythmique à déterrer
un char. Les voix feraient passer le chanteur de Killdozer pour un petit
chanteur à la croix de bois. Slughog soigne son groove. Tribal
et assourdissant. Assurément, Slughog ne devait pas passer inaperçu
en concert, le groupe traînant une réputation assez sulfureuse
derrière lui d'ailleurs.
Ces deux 45, Forcefeed (le morceau du split avec Spore) ainsi que
six inédits se retrouvent sur leur premier album Grit!,
sorti en 1995 sur Wonderdrug records. Une pochette toujours à la
gloire du cochon, mort de préférence. Aux cotés de
groupes comme Unsane ou les Melvins, Slughog est sûrement un des
poids lourds (musicalement parlant) les plus conséquent. Avec des
morceaux comme Organ grinder et Forcefeed, vous avez à
manger pour le restant de votre vie !
Après, c'est le trou noir. Il aura fallu attendre 2004 pour que
je m'aperçoive que le groupe avait sorti un autre album en 1998,
toujours sur Wonderdrug !! Les membres de Slughog n'ont apparemment jamais
pris très au sérieux ce projet. Un vaste défouloir
avec des enregistrements épisodiques. Tout comme leurs concerts.
Un deuxième album largement confidentiel se nommant Ungodly
amounts of meat, toujours ce rapport à la viande avec à
boire et à manger. On les retrouve pratiquement inchangés.
Avec le recul, Slughog fait de plus en plus penser à du Tad (mais
avec 2 basses !). Et si on les trouve juste un peu gras du bide sur certains
passages (Firestone a la gomme usée, quelques parties de guitares
sentant le réchauffé), l'album tient la route, saignant,
cru, direct et rouleau compresseur. Aujourd'hui, leurs fils spirituels
pourraient être les tendres Keelhaul.
Depuis, plus aucune nouvelle. Andrew Schneider, l'un des deux bassistes,
a formé Barbaro (un single sur Hydrahead et 2 albums) mais le groupe
a eu la vie courte. On retrouve encore des chroniques de concerts de Slughog
en octobre 2004, signe que le groupe existe toujours et qu'il occupe le
week-end de ses membres épisodiquement.
Alors ils nous referont peut-être le coup du trou noir et nous ressortiront
un album très bientôt. Mais pas d'inquiétude, on ne
saura au courant qu'en 2032 !
SKX (01/07/2005)
Mise à jour 2012 : Andrew Schneider joue désormais dans
Pigs et
est surtout connu pour son travail de production (Cave In, Converge, Made
Out of Babies, Unsane, Keelhaul, etc...)
Discographie
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