Faucet,
c'est pas le 5 étoiles du noise-rock. Des Faucet qui ne tomberont
pas les filles à moins d'aimer les sourires carnassiers. Néanmoins,
leurs deux albums ont suffisamment de crocs et d'accroches pour que l'on
s'attarde sur leurs cas.
Faucet, quatre gars du Texas, Austin pour être précis. Contrairement
à une idée tenace qui voudrait que tous les groupes originaires
de cet état américain soient complètement barjots
et pratiquent une musique de fêlés vous laissant dans un
drôle euh
d'état, Faucet s'amusait plutôt à
jouer un rock carré, lourd, bruyant mais sans folie apparente.
A l'oreille, comme ça, on les imagine de Seattle ou Chicago et
c'est justement sur Southern records qu'ils sortent Bleeding head (you
can't laugh all the time), leur premier album, et non pas sur Trance
Syndicate, le label texan à la mode d'alors qui ramassait dans
le caniveau tous les groupes noise de la région.
On est en 1993, soit deux ans après la création du groupe
et une première démo enregistrée par Ray Washam,
batteur incontournable de Scratch Acid et Rapeman (entre autres). Mais
c'est le maigrichon à lunette, l'incontournable Albini qui enregistre
les onze titres de cet album. Il n'est pas évident de prendre au
sérieux un groupe dont le patronyme se traduit par robinet mais
de cet album coule un heavy-rock qui ne prête pas à rigoler
sur leur passage. Chris Goyer n'a pas une voix de fausset et il n'y pas
que cet organe qui évoque Tad. Chez Faucet, tout est gros. Gros
riffs. Grosses rythmiques. Avec le gras qui va autour. C'est un peu ça
le problème. Sur le troisième morceau, Redwoods,
qui sortira en version 45 la même année, le chant alterne
entre chant clair et beuglé, tout comme les guitares qui mettent
un peu de finesse dans leurs cordes. Mais c'est pour mieux repartir avec
Elmer et sa rythmique plombée et son chant à la limite
du faux qui ferait fuir Daniela. Raspberry est un long morceau
à la mélodie pas dégueulasse mais trop de soli de
guitares tuent la guitare et quand en plus, on rajoute de la wah-wah,
on change rapidement de face.
Face qui s'ouvre sur Theresa. Sarah aurait été plus
approprié mais Faucet n'était assurément pas cinéphile.
Une compo plus fine que la moyenne. Tendance qui se confirme avec l'instrumental
Steel belted penis (qui sera la face B du single Redwoods),
dont la mélodie alerte rappelle un titre des Pixies. Hugh
est le pendant de Theresa. Une ballade virile qu'elle aimait entendre
de son balcon. Quand Faucet y mettait un peu de douceur, il savait séduire.
Une tendance se confirmant sur une face B plus noise que grunge comme
sur l'excellent dernier titre Waiting wide eyed où la compo
se fait plus complexe et variée. Faucet était fameux pour
son déluge sonore mais ce n'était pas pendant ces moments
là qu'ils étaient les meilleurs. Sur la pochette, je ne
vous en dirais pas plus vu l'exemplaire promo qui n'est plus d'un blanc
immaculé mais elle avait l'air bestial et en feu.
En 1994,
Faucet sort le split 45 Crust
Busting avec le groupe de Chicago Mama Tick. Une pochette agricole
bien dans l'esprit de ces deux groupes de rednecks. Sur la hay side,
Faucet fait encore tout un foin. Daddy-o est un morceau à
la rythmique presque groove comme Faucet aimait les distribuer. Morceau
présent et en tout point identique sur leur deuxième et
dernier album qui sort l'année d'après. Pour le morceau
cochon de Mama Tick, allez mettre votre groin par là.
Pour cet
album sans titre, Faucet sort les rayures. Pochette hideuse qui prouve
une nouvelle fois tout le bon goût de ces jeunes texans. A force
de traîner à Chicago et dans les pattes de Steve Albini,
le groupe se la joue moins ploucs. Sauf que le disque a aussi été
enregistré pour quatre morceaux par un certain Adam Wiltzie, à
la maison !
Qu'importe, dès le premier morceau, le tranquille instrumental
Marnie, on sent bien que Faucet n'est plus ce jeune chien fou tout
crotté. Les guitares n'en font plus des tonnes. Le chanteur a perdu
des hormones. Et t'as moins l'air d'une conne (pas facile de trouver des
rimes en onne). Un album qui a définitivement opté
pour la face noise-rock, le coté obscure de la chose. C'est tout
dégingandé là-dedans comme l'énorme 146
ou le luxuriant Song in progress. Tout en gardant cette impression
qu'ils en foutent partout, Faucet gagne en concision et efficacité
pour un album qui, douze ans plus tard, s'écoute encore avec plaisir.
Ce n'est pas le plus beau fleuron de la scène noise-rock des années
90 mais jetez une oreille sur cet album si vous avez le temps !
SKX (17/07/2007)
Discographie
::
Bleeding
Head (You Can't Laugh All The Time) - LP
Southern 1993
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Redwoods/Steel
Belted Penis 7''
Southern 1993
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Faucet/Mama
Tick
Crust Busting split 7''
Noise Vacuum 1994
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s/t
LP
Southern 1995
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