carnivorousbells
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Carnivorous Bells
Beacons In Limbo – LP
Human Headstone Presents records 2025

Au risque de se répéter, Carnivorous Bells sonnent un nouveau chapitre de son histoire mais peu de monde semble entendre son appel. Toujours aussi confidentiel, le groupe de Philadelphie n’en a cure. Beacons In Limbo, troisième album, continue le travail remarquable et montre le talent aussi indéniable que singulier que les deux premiers albums ont révélé.
Avec un nouveau bassiste (Jared Radichel remplace Michael Bachich) mais sans le saxophoniste qui n’était là que pour Room Above All, Carnivorous Bells croise le fer entre les arabesques tranchantes d’un noise-prog-rock avec un hardcore mutant et toute la sagacité qu’il est possible de tisser entre des courants contraires, entre des humeurs variables faites de tension, de feeling jazzy, de structures en équilibre et d’attaques punk. Une approche aussi savante qu’instinctive avec le guitariste David Vassalotti en mode virtuose ou le batteur Leo Suarez, au jeu bien plus subtil et créatif que quand il battait l’enclume pour Meatwound dont il ne fait plus partie et qui sont capables de sinuosités incroyables et de motifs captivants tout en électrisant la chair et insuffler l’urgence nécessaire que demande n’importe quel disque rock.
Et avec le chant fielleux de Matthew Adis qui semble parfois habité par des images qu’il est le seul à voir, la musique de Carnivorous Bells prend une tournure encore plus particulière. Entre le titre éponyme qui ouvre cet album et les presque neuf minutes de Extinctions/Unsaid, il n’y a pas que sept minutes de différence mais tout un éventail de perspectives et de dynamiques permettant à Carnivorous Bells de s’exprimer sans contrainte stylistique tout en restant fermement cohérent d’un bout à l’autre. Un groupe qui n’a aucun mal pour vous emmener dans tous les recoins de son imagination débridée. Soupeser l’intensité, jouer avec, devenir rampant, exploser quand on ne s’y attend plus, accélérer brusquement à devenir frénétique, se lancer dans de longues tirades à l’issue incertaine, des dialogues effrénées, se laisser bercer par une basse plus ronde limite funk parfois ou illuminer par les touches abstraites d’un piano sur le sulfureux dernier morceau The Puppeteer’s Dilemma, être envoûter par des mélodies délicates ou gifler par des accords piquants. Carnivorous Bells ont une nouvelle fois mis tout leur cœur et leur inventivité au service de huit compos magnétiques et inclassables. Fidèles à leur ligne directrice mais en maintenant toujours un niveau splendide. Faites vous du bien, écoutez Carnivorous Bells.

SKX (20/12/2025)