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The Stabbing Jabs
s/t – LP
Beast records 2024

The Stabbing Jabs, c’est le retour aux affaires de Peter Aaron (chant) et William G. Weber (guitare), les ex-Chrome Cranks. Autant dire que la filiation est vite trouvée. Avec Chris Donnelly (Gang Green) à l’autre guitare, Jamie Morrison (Motorbike) à la basse et Andrew Jody (Barrence Whitfield & the Savages) à la batterie, le premier album de The Stabbing Jabs pue le même rock’n’roll sauvage et incandescent dont Chrome Cranks a été capable de brûler par les deux bouts sur leur album en 1994. Une éternité mais le rock’n’roll, ce rock’n’roll primaire et cru, est increvable. Avec une bonne couche de noise, de gravats, de crachats et une attitude de pittbull. Et la classe qui sent le vieux cuir pour délivrer ça comme si c’était une seconde peau. Et ça l’est d’ailleurs parce que ces gars là baignent dans ce marécage depuis la naissance, qu’ils portent le cambouis naturellement et qu’éclater des riffs, ça ne s’apprend pas, on l’a ou on l’a pas. Indéniablement, Peter Aaron et sa bande possèdent la science infuse pour dynamiter le rock, s’appuyer sur ses fondamentaux pour mieux les pervertir et les enflammer.
Un enregistrement qui sonne comme si c’était un live. Brut, sans fioriture. On voit la fumée sortir des amplis, on sent les saturations qui chauffent les doigts, on entend la sueur qui vole et ça tabasse sans arrêt. Avec des éclats de blues qui taquinent les ombres, alimentent les contours de l’incendie et pas seulement sur le bien nommé Uptown Blues. Ça macère dans chaque corde des guitares, ça s’étend comme la misère qui prend des visages bien différents mais le blues est là, collant et indémodable. Alors Aaron hulule encore plus fort, de son grain saturé et éraillé, une jeunesse ne semblant jamais l’avoir quitté et The Stabbing Jabs peut balancer des ogives rock’n’roll rougeoyantes avec hargne et assurance, fendre le chaos et rajouter une dose d’un furieux bordel comme sur le dernier titre You’re A Drag, c’est de la matière vivante à l’intérieur qui bouillonne et le quintet en tant que bon jongleur de feu sait parfaitement la malaxer. Comme il sait redonner vie à d’obscurs groupes punks de sa ville, Cincinnati, avec deux reprises. Une de Dennis the Menace (Go-Go Wah-Wah) et une autre de the Verbs (Little in Doubt) dont les originaux s’écoutent sur une compilation, We Were Living In Cincinnati, Punk and Underground Sounds From Ohio’s Queen City (1975/1982) que Hozac et Shake It! records avaient publié en 2019. The Stabbing Jabs, c’est à dire Les coups de couteau en français, c’est droit entre les omoplates et proche du cœur et ça fait un bien dingue.

SKX (17/06/2024)

Version US à sortir sur Reptilian records.