blacklisters
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Blacklisters
This Is Not An Album By Blklstrs – LP
A Tant Rêver Du Roi records 2024

Ceci n’est pas un album. C’est un regroupement de deux Eps quatre titres à chaque fois, intitulés Leisure Centre publié en novembre 2022 et Auf Dem Tish, pile un an plus tard. La cassette était le format du premier nommé. Mais franchement, qui achète encore des cassettes en 2024 ? Nan, sérieux, ça existe encore ?! Le second nommé vivait que sous forme binaire. Remercions donc A Tant Rêver Du Roi d’avoir déboursé quelques deniers pour étaler tout ça au grand jour sur un beau vinyle violet/mauve (à chacun sa rétine) avec un artwork de Dan Holloway (USA Nails, Dead Arms, The Eurosuite). En plus, deux inédits se sont glissés dans cet album qui n’en est donc pas un. Alors le groupe peut bien préciser This Is Not An Album Just A Bunch Of Songs, ce tas de morceaux fera largement notre affaire.
On comprend bien où veut en venir le groupe anglais avec cette précision. Pas pensé comme un tout, pas fait pour se retrouver ensemble sur un même disque. L’esprit était à l’expérimentation, le groupe était là pour tenter, se faire plaisir, sortir du confort habituel de leur noise-rock carré et parfaitement huilé. Sur Leisure Center (la face A), le saxophone de Rob Mitchell a été invité sur Why Deny It? et The Wrong Way Home. C’est carrément réjouissant. Une touche de free, c’est une touche de folie supplémentaire et ça leur fait le plus grand bien. On sent également plus de libertés dans les formes, plus de lâcher-prise, l’envie de ne pas se donner de réelles limites, ce que confirment les compos de Auf Dem Tish (la face B). Le son n’est pas aussi léché. Il est plus sauvage, brut, naturel, comme si l’enregistrement était en direct live dans le studio que George Riley a mis en boite à chaque fois avec l’aide du groupe. Les titres sont ainsi de jouissifs rasades punks débraillées sur lesquelles le groupe n’a pas cherché à être le plus parfait possible, ne pas tout contrôler tout en conservant son mordant et son intensité plus vivante que jamais. Des titres comme Smart Guy ou Personal Training, Blacklisters peut les refaire quand il le veut dans des conditions identiques. Ça déborde de partout, la folie guette, ça attaque les cordes, c’est cru et urgent, c’est parfait. Et comme les deux inédits, Pity Party et Tech Guy, sont issus des mêmes sessions, c’est du bonus qui ne demandait qu’à voir le jour. A se demander pourquoi Blacklisters ne les avait pas mis à l’origine sur les Eps.
Ce disque, c’est Blacklisters sous un autre jour, un angle différent, quelque chose de plus personnel où le groupe de Leeds prend ses distances avec un noise-rock pour lequel il n’a plus à faire ses preuves, c’est à dire autant de pistes nouvelles à explorer. Ceci n’est pas un album mais il n’est pas anodin et on le prend tel quel avec grand plaisir.

SKX (15/07/2024)