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Daddy’s Boy
Great News! - LP
Drunken Sailor records 2022

C’est un groupe qui avait éveillé notre curiosité en juin dernier. A l’époque, il n’était question que d’un enregistrement virtuel. C’était sans compter sur le label anglais Drunken Sailor qui a craqué sur Daddy’s Boy, nouveau groupe de Chicago. Le vinyle est là, il est beau, il est chaud, il est jaune pisseux et il tourne à la vitesse de 45 tours par minute car Daddy’s Boy est un sale gamin furieusement agité et pressé.
Daddy’s Boy a tout de même pris le temps d’aller faire un tour chez Steve Albini pour mettre en boite ces onze titres qui tiennent en un gros quart d’heure (et ça fait longtemps que la phrase enregistré par Steve Albini n'avait pas été sortie). Pourtant, Daddy’s Boy n’est pas franchement le groupe typique noise-rock qui traînent souvent dans les studios du Electrical Audio. A la limite, il serait possible d’évoquer les mythiques Jaks avec qui Daddy’s Boy partage quelques accointances frénétiques. Et bien sûr la patte sonore inévitable d’Albini donnant une coloration noise et implacable à ce groupe comptant dans ses rangs un ex-Fake Limbs (le guitariste Bryan Gleason).
Pour tout le reste, Daddy’s Boy a une fibre punk et hardcore plus prononcée. Avec ce vernis noise, cela donne un Great News! étourdissant de frénésie, assourdissant souvent, âpre comme du béton sur lequel tu viens te râper la gueule, avec des angles bien saillants pour être sûr que ça marque encore plus. Un groupe taillé pour la vitesse mais qui en garde la maîtrise avec la section rythmique tout en urgence, roulements de tonnerre et débitage de troncs à faire passer Bolsonaro pour l’écolo de l’année. Le guitariste multiplie les riffs de folie, les trouvailles aguicheuses, les dérapages sans jamais y rester plus d’une poignée de secondes. C’est parfois frustrant mais c’est à ce prix là que les morceaux font saigner les tympans et donnent envie d’y revenir constamment (en plus j’avais pas tout compris à la première écoute). Et pour couronner le tout, la chanteuse Jes Skolnik qui parle (intensément) beaucoup plus qu’elle ne crie (quasi jamais) - ce qui serait tout à fait compréhensible et attendu pour ce genre de déflagration - apporte une touche contrastée donnant un relief tout à fait séduisant à la fureur environnante. Daddy’s Boy a très bien travaillé. C’est papa qui va être content.

SKX (17/11/2022)