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The Eurosuite
Hot Off Depress – LP
A Tant Rêver Du Roi records 2020

La scène noise anglaise n’en finit pas de sortir des nouveaux groupes. À ceci près qu’on retrouve toujours un peu les mêmes personnages. Et ce n’est pas un problème du tout. L’Angleterre accouche de The Eurosuite, pied de nez au Brexit qui va rendre la vie encore plus difficile pour tous ces groupes anglais qui ne peuvent compter que sur eux, maintenant plus que jamais, pour joindre les deux bouts.
Prenez un USA Nails, Dan Holloway, qui officiait aussi dans Dead Arms. Rajoutez un autre USA Nails, Gareth Thomas, récemment entendu chez Cower puis Mike Carey qui évoluait avec un groupe dont je ne suis pas sûr qu’il soit encore en activité (Screen Wives) et terminez avec un ex et feu Nitkowski, Mike Neaves. Mélangez bien, tellement bien que le bassiste Holloway passe au chant pour la première fois de sa vie et Thomas à la batterie, place qu’il occupait déjà au sein de Silent Front. Pour arriver à un résultat n’égalant pas la somme de tous ces autres projets. Aucun ne peut même se targuer de tirer la couverture à lui.
The Eurosuite, c’est une donne nouvelle dans leur pedigree déjà fourni, une grosse explosion anarchique, un gros pâté bruyant fait pour se décharger de toute la merde ambiante. C’est en tout cas comme ça que j’ai pris Hot Off Depress à la première écoute. Un gars qui se défoule derrière le micro comme ça lui vient, sans se soucier de justesse ou d’être en phase avec ses acolytes, juste le plaisir sauvage de sortir toutes les sonorités possibles de son organe vocal comme un sale mioche qui découvrirait qu’il peut faire un sacré beau bordel avec son gosier. Le synthé de Neaves et la guitare de Carey lancent des flèches qui sifflent au gré du vent en prenant soin de bien te gratter les tympans au passage. Et le batteur Thomas essaye tant bien que mal de tenir tout ça à flot bien que l’envie de mettre son grain de sel au foutoir le démange. Mon tout dans un beau libertinage et télescopage sonore difficile à appréhender, entre déchirures synthétiques punk option fraiseuse, chaos no-wave strident d’un nouveau genre (le genre anglais donc) et noise acide dans un registre aigu s’achevant avec un Line/Void incongru et dépressif avec un piano triste, lointain et un maigre filet de voix pour seul habillage.
Les fragments d’une musique qui n’en fout pas de partout non plus se mettent en place au fil du temps en laissant pendre des cordes auxquelles se rattraper et un groove assez entraînant sous le matraquage apparent. C’est primaire et tordu, direct et vicieux, presque ludique parfois, grinçant souvent avec des alternatives surprenantes comme le début de Stimulate ou I Draw, les deux morceaux les plus longs, corrosifs, évolutifs et libres d’aller où bon leur semble. Car si Hot Off Depress ne possède pas encore des morceaux digne de ce nom qui font les albums inoubliables, c’est un premier jet montrant un groupe ne s’interdisant rien, capable de tout, que ça tape sur les nerfs ou non, l’envie de repousser les limites et d’aller voir ailleurs de ce qu’ils font ou ont fait jusque là. Bref, un groupe qui ne fait que commencer à vous titiller les sens et à suivre de près.

SKX (11/02/2021)